Dans un contexte de montée d’incertitudes sociales, économiques, politiques et environnementales, un état des connaissances s’impose sur leurs effets en termes de vulnérabilités, de processus de résistance et de reconnaissance. Apporter des clés de compréhension sur les transitions sociales qui traversent les sociétés et les recomposent tout en éclairant la diversité des modes d’engagement et d’action, des plus discrets aux plus violents, est un enjeu majeur des sciences humaines et sociales et de la sociologie en particulier. Ces journées internationales revisiteront les notions de vulnérabilité, de résistance et de reconnaissance sociale et leur complémentarité, sur différents objets d’étude et dans différents pays. Les vulnérabilités en particulier seront étudiées sous trois angles : l’action publique qui en fait une catégorie de plus en plus prégnante dans des politiques d’individualisation de l’action sociale ; la mobilisation de collectifs qui œuvrent pour la reconnaissance de droits ; le vécu ordinaire de populations en survie qui y font face quotidiennement. 

Présentation

L’Institut SoMuM (Sociétés en Mutation en Méditerranée) organise deux Journées d’étude internationales sur le thème « Vulnérabilités, résistances, reconnaissances sociales » avec les laboratoires affiliés CNE, LEST, LPED, IREMAM, MESOPOLHIS, PRISM, l’École doctorale ED 355, le département de sociologie d’Aix Marseille Université, et le laboratoire ECUMUS de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax. En présence de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) et d’un invité d’honneur, le sociologue Serge Paugam, à l’occasion de la parution de son livre L’attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine (Éditions du Seuil, 2023). 

Tables rondes et ateliers sont organisés avec la contribution des membres des Comités de Recherche et Groupes de Travail de l’AISLF (Association internationale des Sociologues de Langue française) : Sociologie de l’environnement (CR 23), Éducation, formation, socialisation (CR7), Film et recherche en sciences sociales (GT 06), Éducation et diversité (GT 13), Héritage et patrimoine (GT 14), Résistance ordinaire et reconnaissance sociale (GT 34 avec le laboratoire ECUMUS FLSHS-Sfax).

Ouvert à toutes et à tous, étudiants et chercheurs en sciences humaines et sociales, acteurs socio-économiques et culturels …

Inscription

Inscription obligatoire avant le 2 octobre 2023 en cliquant ici

Contact : institut-somum-communication[at]univ-amu.fr

Programme

Mercredi 11 octobre 2023

9h00 – Accueil des participants au Cube

9h30 – Ouverture des journées par Imed Melliti (Président de l’AISLF) et Sylvie Mazzella (Directrice de l’institut SOMuM)

10h00-10h45 – Serge Paugam, L’attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine

10h45-11h00 – Pause

11h00-13h00 - Table ronde 1 autour de L’attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine de Serge Paugam

Animée par Sylvie Mazzella

Hier comme aujourd’hui, l'individu ne peut vivre sans liens. Il passe sa vie à s'attacher - ou à se rattacher après une rupture - à sa famille tout d'abord, aux proches qu'il s’est choisis par nécessité, par amour ou par amitié, à sa communauté ethnique ou religieuse, à ses collègues de travail ou à ses pairs, aux personnes qui partagent les mêmes origines géographiques, sociales ou culturelles, et bien entendu aussi aux institutions de son pays. Autrement dit, l’être humain est anthropologiquement solidaire. Ses attaches lui assurent à la fois la protection face aux aléas du quotidien et la reconnaissance de son identité et de son existence sociale.

• Imed Melliti (Université de Tunis El-Manar) questionnera l’ouvrage sous l’angle de la comparaison internationale en prenant appui sur des terrains effectués en Tunisie.Il abordera les mécanismes de résistances et plus particulièrement, la place de la famille et des relations de proximité, perçues à la fois comme ressource et espace de valorisation de soi et comme foyer d’injustice.
• Axelle Brodiez-Dolino (Centre Norbert Elias, CNRS) reviendra sur la place ambiguë de la notion de "solidarité" dans l'ouvrage ; sur le rôle des associations dans les différents attachements, qui pourrait notamment conduire à nuancer les différences entre régimes organiciste et volontariste ; enfin, elle interrogera la façon dont ce travail peut permettre d'améliorer, voire repenser, les politiques de lutte contre la pauvreté-précarité.
• Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) examinera les vertus heuristiques du concept d’attachement social proposé par Serge Paugam dans son dernier ouvrage en le mettant en parallèle avec celui de lien social/liens sociaux et celui d’affiliation. Pour ce faire, il prendra appui sur ses propres travaux sur l’accompagnement des "grands vulnérables".
• Maryse Bresson (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines / Paris-Saclay) proposera d’approfondir l’héritage conceptuel et le renouvellement théorique que représente l’attachement par rapport à la conception durkheimienne de la solidarité. Elle interrogera la hiérarchie/articulation des divers types de liens sociaux et les évolutions du fondement de la cohésion sociale à l’échelle des sociétés nationales, mondialisées et (ou) de l’humanité.

12h00 – Discussion

13h00-14h00, au Cube, niveau 1 : buffet et session de présentation des posters des doctorantes et doctorants

14h00-16h00 - Table ronde 2 – Altérité, altérisation

Animée par Françoise Lorcerie

• Daniel Mercure (Université de Laval), Transformations récentes des modes d’altérité dans les milieux organisationnels de la nouvelle économie
• Marie Vannetzel (IREMAM, CNRS, AMU), Vivre une vie “normale” ? Une famille égyptienne de classe moyenne provinciale, de la précarisation à la remise en cause normative
• Zouheir Ben Jannet (Université de Sfax), Approche genrée de l'extrémisme violent en Tunisie : l'altérité et l'altérisation au cœur du processus
• Ariane Richard-Bossez (MESOPOLHIS, CNRS, AMU, Sciences Po Aix) et Philippe Vitale(LEST, CNRS, AMU), Formes d’altérisation observables dans le champ scolaire
• Mustapha El Miri (LEST, CNRS, AMU), Le parcours des jeunes migrants subsahariens entre altérisation et quête de dignité

16h30-18h30 - Table ronde 3 – Vulnérabilités et territoires

Animée par Antoine Dolez

• Muriel Girard (École nationale supérieure d’architecture de Marseille, INAMA), Patrimoine ordinaire délaissé : habiter dans un territoire abîmé
• Nathalie Lewis (Université du Québec), Quand l’imprédictibilité de la nature s’invite sur les territoires, enjeux décuplés pour les élu·e·s de proximité
• Carole Barthélémy (LPED, AMU, IRD), Vulnérabilités environnementales et sanitaires en territoires pollués
• Zouheir Ben Jannet et Fethi Rekik (Laboratoire ECUMUS, Université de Sfax), Collecte ou traitement des déchets : la ville de Sfax prise dans l’étau des priorités du pouvoir central et la résistance des communautés vulnérables
• Laurence Dufresne Aubertin (IREMAM, MESOPOLHIS, CNRS, AMU, Sciences Po Aix), Les paradoxes de la précarité. Penser la reconnaissance et la résistance au prisme des demandeurs de logements sociaux en Algérie

Jeudi 12 octobre 2023 - Deux ateliers en parallèle

Atelier 1 – Écritures alternatives de la sociologie : focus sur l’image

9h00 – Accueil des participants au Cube, salle Le Plateau, niveau 0

La place de l’image dans la recherche en sociologie change à la faveur de possibilités nouvelles à l’ère numérique pour de la production d’images dans le cadre de la recherche et pour de l’analyse d’images produites dans le fonctionnement social. Des modalités alternatives d’écriture de la sociologie voient aussi le jour avec de nouvelles possibilités d’édition (électronique, filmique…), de nouveaux modes de narration (dessinés, interactifs…) et de nouveaux publics (musées, web…). Dans le prolongement d’un atelier du GT06 aux rencontres de Sfax en 2022 et en préparation d’une session transversale au congrès de l'AISLF à Ottawa en 2024, cet atelier proposera le partage de quelques expériences et fera de la place aux interrogations des chercheurs du public à propos de projets avec l’image qu’ils pourraient avoir en tête si ceux-ci trouvent des échos avec les présentations.

9h30 – Présentation de l’atelier : Pascal Cesaro (PRISM, AMU, CNRS, Ministère de la Culture) et Pierre Fournier (MESOPOLHIS, AMU, CNRS, Sciences Po Aix)

Panel autour de l’image animée

• 9h40 – Pascal Cesaro (PRISM, AMU, CNRS, Ministère de la Culture) – Mobiliser des images d’archive pour faciliter la parole sur un sujet touchant à l’intime : l’exemple d’un dispositif de vidéo-élicitation à partir d’archives télé du SIDA (2022)
• 10h00 – Hélène Baillot (Institut Convergences Migrations, CESSP) et Raphaël Botiveau (Institut Convergences Migrations, IMAF) – Accompagner la collecte d’objets pour un musée de société avec un travail d’ethnographie filmée : l’exemple du film 400 paires de bottes (2020) sur le franchissement de la frontière italo-française dans les Alpes du sud
• 10h25 – Premières réactions de Jean-Yves Le Talec (chercheur associé à l’université de Toulouse Jean Jaurès, CERTOP) et de Milena Gammaitoni (Université Rome 3, département de sciences de l’éducation)
• 10h40 – Discussion avec la salle
• 10h55 – Pause

Panel autour de l’image dessinée

• 11h05 – Patrice Corriveau (Université d'Ottawa, département de criminologie) – Mettre en abyme le travail du chercheur à travers la bande dessinée : l’exemple de l’album Vous avez détruit la beauté du monde. Le suicide scénarisé au Québec depuis 1763 (2020)
• 11h20 – Sébastien Llaurens (historien, TELEMMe, AMU, CNRS) – “Écrire avec” : chercheurs et dessinateurs en quête de nouvelle formulation des sciences humaines
• 11h35 – Premières réactions de Laurence Charton (Institut national de la recherche scientifique, Montréal)
• 11h50 – Discussion avec la salle

Panel autour de l’écriture interactive avec l’image

• 12h05 – Pierre Fournier (MESOPOLHIS, AMU, Sciences Po Aix) – Enrôler de nouveaux publics vers la sociologie : les ressources de l’écriture web avec l’image
• 12h20 – Premières réactions de Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)
• 12h30 – Discussion avec la salle
• 12h50 – Conclusion de l’atelier

Atelier 2 – Créer de A à Z une revue numérique par et pour les jeunes chercheuses et chercheurs : retour d’expériences

9h00 – Accueil des participants au Cube, salle Le Plateau, niveau 0

Un atelier co-animé par Aude-Line Gervais (TELEMMe, AMU, CNRS) et Thiphaine Le Gauyer (LEST, AMU, CNRS)

Mutations en Méditerranée est une revue scientifique pluridisciplinaire en peer-review portée par l’Institut “Sociétés en Mutation en Méditerranée” (SoMuM). Cette revue offre un espace de publication aux jeunes chercheuses et chercheurs et une occasion unique de se former à l’édition académique par la pratique. Après deux ans de travail nécessaire pour donner une consistance juridique à la revue et accompagner le processus d’écriture des autrices et auteurs, son premier numéro sur les “Crises et prises de la parole” sera publié sur Edinum au mois de novembre 2023.

À travers la tenue d’un atelier portant sur les étapes du processus de création et de publication d’une revue numérique, nous souhaitons favoriser les échanges entre acteurs de l’édition numérique (chercheurs ou professionnels).

Trois sessions de discussion ponctueront cet atelier : (1) Le numérique comme support : création, transition et frontières ; (2) Travailler avec le numérique : de l’appel à la publication du numéro ; (3) La publication en contexte de science ouverte : enjeux et perspectives.

Ces sessions, d’une durée chacune de 55 minutes, seront autant d’occasions de confronter les pratiques, de partager des expériences très concrètes qui ont tout aussi bien trait à l’organisation du travail en équipe qu’aux potentialités et limites du numérique, en incluant également les enjeux liés à la politique de science ouverte et les licences sur lesquelles elles reposent. Lors de chaque session, un temps sera consacré aux échanges avec la salle.

9h30, salle 201 : introduction de l’atelier par Thiphaine le Gauyer et Aude-Line Gervais

Présentation de la revue Mutations en Méditerranée et du programme des différentes sessions

9h45 – Session 1 – Le numérique comme support : création, transition et frontières

Le numérique est immatériel et a priori sans frontière. Publier sur la toile, c’est dépasser les cadres du papier, développer l’imaginaire des supports tels que l’animation de l’image, de la cartographie ou du graphisme statistique. Passer du papier au numérique ou créer une revue numérique ex nihilo sous-tendent des enjeux différents tant logistiques que financières. Cet atelier abordera un ensemble de questions relatives à ces sujets, aussi bien en termes d’atouts que de contraintes.

• Laurence Charton, directrice de la revue Enfance Famille Générations, sociologue, Centre Urbanisation Culture Société, Montréal (INRS), Canada
• Nathalie Lewis, rédactrice pour la revue VertigO, sociologue, département “Sociétés, territoires et développement”, Université du Québec à Rimouski, Canada
• Odile Saint-Raymond, rédactrice pour la revue SociologieS, ingénieure de recherche CNRS
• Sophie Bava (sous réserve), co-rédactrice au sein de la revue Afrique(s) en Mouvement, socio-anthropologue au LPED, AMU, IRD

10h45 – Session 2 – Travailler avec le numérique : de l’appel à la publication du numéro

Au-delà d’être un support de publication, le numérique est aussi un outil de travail. Le développement de l’internet et de l’informatique a facilité les échanges transnationaux. Le numérique permet ainsi de constituer des comités de rédaction et de lecture à l’échelle internationale. Il favorise la co-écriture grâce à l'instantanéité des outils partagés ainsi que les échanges avec les autrices et auteurs. Questionner les diverses modalités de travail avec le numérique afin d’échanger sur les bonnes (et les mauvaises) pratiques est tout l’enjeu de cette session.

• Stéphanie Gaudet, rédactrice pour la revue Recherches qualitatives, sociologue, École d’études sociologiques et anthropologiques, Université d’Ottawa, Canada
• Marie-Luce Rauzy, rédactrice pour la revue Techniques&Culture, coordinatrice éditoriale au centre Norbert Elias, EHESS Marseille
• Odile Saint-Raymond, rédactrice pour la revue SociologieS, ingénieure de recherche CNRS
• François Siino, co-directeur de La Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée (REMMM), ingénieur de recherche CNRS à l’IREMAM, AMU

Pause

11h55 – Session 3 – La publication en contexte de science ouverte : enjeux et perspectives 

Le numérique accompagne depuis les années 1990 un mouvement de science ouverte ou Open Science, qui renouvelle les pratiques de circulation et de diffusion des travaux scientifiques. Si la science ouvre ses portes, comment enjoindre les citoyennes et citoyens à passer son seuil et à lire les publications académiques ? Ce nouvel outil peut-il mieux favoriser la transmission des savoirs entre les différentes sphères d’une société ? Comment différencier la qualité et la véracité de l’information face à la quantité de production qu’engendre l’ère du web ?

La science ouverte relève-t-elle d’un service public tel que l’est OpenEdition ? Quelle place pour les initiatives privées et quel avenir pour les plateformes privées en accès limité ? Un engagement ou une opportunité commerciale ? Enfin, ces nouvelles pratiques éditoriales imposent de nouveaux cadres juridiques adaptés : quels modèles de contrat d’édition privilégier et quelle place accorder à un outil juridique tel que les licences Creative Commons ? Que choisir et comment se former sur ces questions juridiques qui conditionnent la diffusion des publications scientifiques ? Ce phénomène appelle à de nombreuses questions, cette dernière session est donc une occasion d’échanger librement avec des professionnelles et professionnels de l’édition et des bibliothèques.

• Isabelle Gras, conservatrice de Bibliothèque, Service commun de documentation, AMU
• Marie-Luce Rauzy, rédactrice pour la revue Techniques&Culture, coordinatrice éditoriale au Centre Norbert Elias, EHESS Marseille
• Stéphane Renault, ingénieur de recherche CNRS, Pôle édition multi supports à la MMSH, AMU
• Cédric Gaultier, responsable du service Livres et Revues chez OpenEdition, Marseille 12h50 – Conclusion de l’atelier

13h00-14h30, au Cube, niveau 1 : buffet et session de présentation des posters des doctorantes et doctorants.