HomeConflits et populations
Conflits et populations
Revue « Populations vulnérables »
Published on Friday, October 20, 2023
Abstract
Dans l’histoire de l’humanité, les conflits résultant de situations de crise exacerbées ont revêtu des formes extrêmement diverses, dont les conséquences ont affecté de façon profonde et durable les populations ayant eu recours ou ayant été exposées à l’emploi de la force. Ce numéro de Populations vulnérables invite aux contributions, provenant des sciences humaines et sociales ou d’autres disciplines, mettant clairement en évidence les liens entre les conflits armés et les populations rendues vulnérables. Les textes à dimension quantitative seront privilégiés et pourront traiter de tous pays ou régions du monde ayant connu, dans le passé comme à l’époque contemporaine, des situations de conflits armés.
Announcement
Populations vulnérables n° 11 – Conflits et population
- Numéro coordonné par Gil Bellis (Institut national d’études démographiques, INED), Jean-François Léger (université Paris 1 Panthéon Sorbonne) et Alain Parant (Futuribles International)
- Revue publiée par le LIR3S (université de Bourgogne) avec le soutien de l'INED (université Paris 1)
Présentation
Dans l’histoire de l’humanité, les conflits résultant de situations de crise exacerbées ont été permanents mais ont revêtu des formes extrêmement diverses, dont les conséquences ont souvent affecté de façon profonde et durable les populations ayant eu recours ou ayant été exposées à l’emploi de la force.
Il est habituel de caractériser les conflits – entendus au sens de conflits armés – en deux grandes catégories. En premier lieu, les conflits étatiques, qui impliquent au moins un gouvernement national, quelle que soit la nature de son régime politique. Dans ce type de conflits, les guerres ou les opérations ponctuelles peuvent opposer deux ou plusieurs pays (il s’agit dans ce cas de conflits interétatiques), mais peuvent opposer également un pays et un groupe armé situé hors de ses frontières (ce sont les conflits extra-étatiques, dont la plupart ont été des guerres coloniales), ou encore opposer au sein d’un même pays un gouvernement et un groupe non étatique doté d’une force armée (cela concerne les conflits intra-étatiques, dont les plus fréquents sont les guerres civiles).
Sur la période contemporaine, entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la fin de la guerre froide en 1990, le nombre de conflits étatiques dans le monde a plus que doublé, passant d’un peu moins de 20 à près de 50, a diminué ensuite pour atteindre la trentaine environ dans le courant des années 2000. Ces conflits ont été dus principalement aux affrontements intra-étatiques et se sont déroulés le plus souvent en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et méridionale, au Moyen-Orient ainsi qu’en Europe centrale. La seconde catégorie est celle des conflits non étatiques, qui n’impliquent pas la participation active d’un gouvernement national mais qui opposent des milices, des groupes ethniques ou religieux.
Ces faits de violence sont fréquemment unilatéraux et se concluent par les meurtres en masse de civils sans défense ; des faits que le droit international peut être amené à qualifier de génocides. Souvent perpétrés pendant ou à la suite de guerres civiles, les conflits non étatiques sont peu aisés à quantifier ; néanmoins, les organismes internationaux (Organisation des Nations unies, Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) et divers instituts indépendants ayant vocation à fournir des analyses et des bilans sur les conflits armés (International Institute for Strategic Studies, Stockholm International Peace Research Institute, Uppsala Conflict Data Program) indiquent que les conflits non étatiques restent fréquents dans le monde, qu’ils se sont produits majoritairement en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qu’ils surviennent le plus souvent dans les pays à faible revenu et dont les régimes politiques sont instables.
Quelles qu’en soient les caractéristiques, les conflits armés se traduisent par des menaces, directes ou indirectes, immédiates ou différées, pouvant s’exercer auprès des diverses composantes des populations et, de la part de ces dernières, par un besoin – sinon une nécessité – de sécurité et de protection. La première conséquence des conflits armés est naturellement la mortalité de guerre. À titre d’exemple, lors des deux grands affrontements Est-Ouest d’après-guerre qu’ont été la guerre de Corée (1950-1953) et la guerre du Vietnam (1965-1975), le nombre de morts sur les sols nationaux à l’issue des combats a été estimé respectivement à 1,3 et 2,5 millions ; à cela s’ajoutent dans l’un et l’autre cas plus d’un million de victimes civiles supplémentaires du fait de famines et d’épidémies.
Outre la mortalité de guerre, les conflits armés engendrent bien d’autres conséquences mettant les populations – civiles en particulier – en situation de vulnérabilité. Ainsi peut-on considérer les migrations forcées et, en corollaire, les conditions – tant juridiques, matérielles que sanitaires – diversement organisées dans lesquelles sont accueillis les réfugiés de guerre. Certaines minorités forment également des groupes fortement exposés ; il en est ainsi des appartenances ethniques ou religieuses contre lesquelles s’exercent violences, persécutions et parfois extermination.
Les caractéristiques démographiques d’un pays touché par les hostilités peuvent s’en trouver ainsi fortement affectées : déséquilibre d’effectifs entre sexes, modification de l’intensité et du calendrier de la nuptialité, augmentation du célibat et du veuvage, nombre accru d’orphelins de guerre… ; de surcroît, les femmes et les enfants paient souvent un lourd tribut en temps de conflits armés du fait des violences sexuelles et de l’enrôlement d’enfants-soldats.
Enfin, la destruction massive de l’habitat et des infrastructures, les espaces territoriaux à haute dangerosité, le ralentissement de l’activité économique et l’inhérente réduction des dépenses à caractère social, l’action des instances de régulation pouvant s’avérer insuffisante à faire valoir les droits des victimes, sont autant de facteurs de nature à fragiliser les populations en guerre.
L’appel à textes de ce numéro de Populations vulnérables invite aux contributions, provenant des sciences humaines et sociales ou d’autres disciplines, mettant clairement en évidence les liens entre les conflits armés et les populations qui en sont rendues vulnérables. Il est en particulier attendu que les éléments de contexte ainsi que la nature des conflits soient précisés et documentés et que l’articulation avec la vulnérabilité soit explicitée : de quelles populations s’agit-il et en quoi sont-elles exposées aux conflits ?, quels sont les risques encourus ?, quelles sont les caractéristiques et spécificités de la vulnérabilité ?, celle-ci est-elle momentanée ou durable, en voie de résolution ou définitive ?... Les contributions à dimension quantitative seront privilégiées et pourront traiter de tous pays ou régions du monde ayant connu, dans le passé comme à l’époque contemporaine, des situations de conflits armés.
Modalités de soumission
Remise des propositions d’articles à envoyer à aparant@futuribles.com, jean-francois.leger@univ-paris1.fr, bellis@ined.fr & virginie.dejoux@u-bourgogne.fr, pour le 15 janvier 2024 (1 à 2 pages avec la problématique, la méthodologie et le plan de l’article)
Remise des textes définitifs pour le 31 mai 2024
Les textes devront parvenir en langue française et feront l’objet d’une évaluation par les pairs.
Comité de rédaction
Rédactrice en chef : Virginie Dejoux, maîtresse de conférences à l’université de Bourgogne (LIR3S – UMR 7366)
- Jimmy Armoogum, chargé de recherche à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR)
- Alain Ayerbe, maître de conférences à l’université de Strasbourg (SAGE – UMR 7363)
- Elizabeth Brown, maîtresse de conférences honoraire à l’Institut de démographie de l’université Paris 1 (IDUP)
- Aurélien Dasré, maître de conférences à l’université Paris Nanterre (CRESPPA – UMR 7217)
- Virginie De Luca Barruse, professeure et directrice de l’Institut de démographie de l’université Paris 1 (IDUP)
- Maryse Gaimard, professeure à l’université de Bourgogne (LIR3S – UMR 7366)
- Yara Makdessi, responsable du pôle Données sociales au Conseil national de l'information statistique (CNIS)
Comité scientifique
- Maryse Bresson, université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (France)
- Maria (Miriam) Carella, université de Bari Aldo Moro (Italie)
- Graziella Caselli, université de Rome (Italie)
- Matthieu Gateau, université de Bourgogne (France)
- Catherine Gourbin, université de Louvain (Belgique)
- Martin Goyette, École nationale d’administration publique (Canada)
- Michel Oris, université de Genève (Suisse)
- Maria Cristina Sousa Gomes, université d’Aveiro (Portugal)
Bibliographie indicative
- Bellis G., Léger J.-F., Parant A., 2022, « La guerre de 1914-1918 : un cataclysme démographique. Effets immédiats et conséquences à long terme de la guerre de 1914-1918 sur la démographie française », Espace populations sociétés, 2/3, Dossier pédagogique, 40 p.
- Collier P., Hoeffler A., 2004, « Greed and grievance in civil war », Oxford Economic Papers, n° 4, p. 563-595.
- Festy P., 1988, « Les divorces en France et la Seconde Guerre mondiale », Population, 4/5, p. 815-828.
- Gautier L., 2006, Face à la guerre, Paris, La Table Ronde, 448 p.
- Henry L., 1966, « Perturbations de la nuptialité résultant de la guerre 1914-1918 », Population, n° 2, p. 273-332.
- Lacina B., Gleditsch N.P., 2005, « Monitoring trends in global combat: a new dataset of battle deaths », European Journal of Population, n° 21, p. 145-166.
- Leitenberg M., 2006, Deaths in wars and conflicts in the 20th century, Cornell University, Occasional Paper n° 29, 83 p.
- Penev G., 2018, « Crises et conflits des années 1990 et 2000 dans les Balkans et évolution de la structure ethnique des populations », in Regards sur la population de l’Europe du Sud-Est, Kotzamanis B., Parant A. (éds.), University of Thessaly, Demobalk, p. 211-231.
- Sobek D., 2008, The causes of war, Cambridge, Polity Press, 240 p.
- Tertrais B., 2014, La guerre, Paris, Presses Universitaires de France, Coll. « Que sais-je ? », 127 p.
- Vincent P., 1946, « Conséquences de six années de guerre sur la population française », Population, n° 3, p. 429-440
- Vincent P., 1947, « Guerre et population », Population, n° 1, p. 9-30.
Subjects
- Sociology (Main category)
- Mind and language > Epistemology and methodology > Methods of processing and representation > Quantitative methods
- Society > Geography > Migration, immigration, minorities
- Society > Geography > Geography: society and territory
- Society > History
- Society > Political studies > Wars, conflicts, violence
- Society > Sociology > Demography
Date(s)
- Monday, January 15, 2024
Keywords
- conflit, guerre, vulnérabilités, population civile, violences, minorités, territoire
Information source
- Marie Greget
courriel : marie [dot] greget [at] u-bourgogne [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Conflits et populations », Call for papers, Calenda, Published on Friday, October 20, 2023, https://doi.org/10.58079/1c02