HomeLes psychanalyses ? Actualités épistémiques, politiques et praxiques
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Published on Thursday, December 07, 2023

Abstract

Cet appel de la revue L’Homme et la Société – qui a pour ciment un antinaturalisme fondamental – souhaite appréhender les changements qui affectent les savoirs regroupés dans la matrice psychanalytique. Comme toutes les sciences sociales et les humanités, la psychanalyse est aujourd’hui remise en cause dans sa prétention à l’universalité : les mobilisations féministes, queer et LGBT, décoloniales et anti-racialistes, pour ne citer que quelques mouvements majeurs, revendiquent toutes la dimension située de la production des savoirs et des connaissances et obligent désormais à penser au pluriel. Ces « psychanalyses » mettent en perspective, à nouveaux frais, l’unité supposée de la psychanalyse.

Announcement

« Tous ceux dont la profession consiste à s’intéresser au discours de l’autre se trouvent à un carrefour politique et micropolitique fondamental. Ou bien ils vont faire le jeu de cette reproduction de modèles qui ne nous permettent pas de créer de sorties pour les processus de singularisation, ou bien, au contraire, ils vont travailler pour le fonctionnement de ces processus dans la mesure de leurs possibilités et des agencements qu’ils réussiront à faire fonctionner. Cela veut dire qu’il n’y a aucune objectivité scientifique dans ce champ, ni même une supposée neutralité dans la relation, comme la supposée neutralité analytique ».

Guattari, Félix, et Rolnik, Suely, 1986, Micropolitiques, traduit du portugais (Brésil) par Renaud Barbaras, Paris, Les empêcheurs de penser en rond / Le Seuil, 2007, p.43

Argumentaire

Comme toutes les sciences sociales et les humanités, la psychanalyse est aujourd’hui remise en cause dans sa prétention à l’universalité : les mobilisations féministes, queer et LGBT, décoloniales et anti-racialistes, pour ne citer que quelques mouvements majeurs, revendiquent toutes la dimension située de la production des savoirs et des connaissances et obligent désormais à penser au pluriel. Les psychanalyses sont donc de façon récurrente déterminées, requalifiées en psychanalyse féministe, queer, décoloniale, contemporaine, foucaldienne etc. sans pour autant d’ailleurs réussir à extirper un culturalisme persistant emprunté à l’anthropologie de la première moitié du XXème siècle. Ces « psychanalyses » émergent de surcroît dans leur association à une multitude de pratiques thérapeutiques qui semblent hétérogènes, s’émancipant du dogme psychanalytique freudien autant que lacanien. Ces « psychanalyses » mettent en perspective, à nouveaux frais, l’unité supposée de la psychanalyse.

A ces critiques légitimes qui imposent la diversité des postures, des perspectives et des interprétations, s’ajoute l’ensemble des impositions et des injonctions normatives qui entendent au nom de l’éthique et de l’expertise redéfinir les pratiques : technicisations, évaluations et protocoles multiples s’évertuent de circonscrire la pratique du psychanalyste. Le débat a ainsi porté voilà quelques années sur la nécessité de renforcer le cadre d’intervention du clinicien et d’affirmer ses compétences sanctionnées par des diplômes, aboutissant à des législations contestées par beaucoup. La tension a été manifeste entre un pôle aspirant à plus d’encadrement et l’autre soulignant l’importance de l’indépendance complète du thérapeute, y compris dans sa formation initiale. Ces processus de normalisation des exercices de la psychanalyse s’inscrivent dans les évolutions néolibérales du capitalisme et se définissent majoritairement par leur caractère numérique. Elles rendent de plus en plus difficile la pratique de la psychanalyse marquée dès l’origine par l’extrême liberté et les innovations permanentes de ses acteurs, sans cesse en « réinvention » selon l’expression de Lacan. La moralisation générale (L’homme et la société no 216 Actualités de la moralisation du capitalisme) qui imprègne la société présente et limite drastiquement tous les types de relation interpersonnelle en particulier dans les pratiques professionnelles, obligeant à des conditionnalités plurielles et marquées par la hantise de la domination, se révèle autant dans les sciences sociales que dans les psychanalyses.

Cet appel de la revue L’Homme et la Société - qui a pour ciment un antinaturalisme fondamental - souhaite appréhender les changements qui affectent les savoirs regroupés dans la matrice psychanalytique et interroger les transformations de la position du psychanalyste : qui est-il ou peut-il être pour prétendre être en droit de s’adresser à qui, selon une logique des profils et des identités qui innerve notre présent ? Comment éliminer la domination dans le cadre d’une asymétrie structurelle des protagonistes ? Quelle est maintenant « la nature du sujet psychique » s’il existe ? Comment imaginer la/les cliniques ?

Les questionnements portent sur les implications et les interrelations praxiques, sociales et politiques des psychanalyses autant que sur les paradigmes épistémologiques et épistémiques qui sont en jeu selon des modalités plus ou moins (in)conscientes. On souhaiterait en outre que les articles adjoignent aux réflexions théoriques l’analyse de pratiques cliniques et professionnelles à travers des situations concrètes. Dans cette optique seront bienvenu.es les auteur.es qui exposeront aussi des usages de la psychanalyse dans d’autres champs socio-professionnels tels le travail social ou la formation. Des reformulations de ces questions et des perspectives sont attendues de toutes celles et ceux qui - relevant des champs des psychanalyses, des sciences humaines et sociales, de la société civile - s’efforcent de mieux comprendre les mutations des sociétés actuelles, de leurs logiques cognitives et de leurs configurations idéelles. Des optiques comparatives avec des disciplines des sciences sociales seront appréciées dans la mesure où les mêmes prescriptions normatives sont partout à l’œuvre, toujours justifiées par le respect moral des personnes, l’objectivité  et la neutralité scientifiques. On pense en particulier à l’anthropologie qui a fait l’objet d’innombrables réflexions croisées avec la psychanalyse, le psychanalyste et l’anthropologue ayant en commun d’être seuls face à un/des autres dans une autonomie aujourd’hui sérieusement mise en péril.

Coordinatrices

  • Laurie Laufer IHSS, CRPMS- Université Paris-Cité
  • Monique Selim CESSMA - Université Paris-Cité

Modalités de soumission

Les propositions d’articles sous forme de résumés sont attendues pour le 31 mars 2024. Elles doivent être envoyées à :

laurie.laufer@wanadoo.fr

monique.selim@ird.fr

Les articles devront être écrits pour le 1er septembre 2024.


Date(s)

  • Sunday, March 31, 2024

Attached files

Keywords

  • psychanalyse, travail social, formation, décolonial, queer, féminisme, LGBTQI

Contact(s)

  • Laurie Laufer
    courriel : laurie [dot] laufer [at] wanadoo [dot] fr

Reference Urls

Information source

  • Pierre Bras
    courriel : pierre [dot] f [dot] bras [at] gmail [dot] com

License

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To cite this announcement

« Les psychanalyses ? Actualités épistémiques, politiques et praxiques », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, December 07, 2023, https://doi.org/10.58079/1cbh

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