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(In)visibilité

Septièmes journées suisses d’histoire (2025)

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Published on Friday, January 12, 2024

Abstract

Tous les trois ans, la Société suisse d’histoire (SSH), association faîtière des historiennes et historiens suisses, organise les Journées suisses d’histoire en un lieu différent. Ce congrès, l’un des plus important de ce type en Europe, rassemble des centaines d’historiennes et historiens de Suisse et de l’étranger. Les journées suisses d’histoire offrent une tribune à tous les domaines de la discipline et invitent au dialogue aussi bien la relève scientifique que les enseignant·e·s d’histoire et les chercheur·euse·s de renommée internationale.

Announcement

Argumentaire

Tous les trois ans, la Société suisse d’histoire (SSH), association faîtière des historiennes et historiens suisses, organise les Journées suisses d’histoire en un lieu différent. Ce congrès, l’un des plus important de ce type en Europe, rassemble des centaines d’historiennes et historiens de Suisse et de l’étranger. Les Journées suisses d’histoire offrent une tribune à tous les domaines de la discipline et invitent au dialogue aussi bien la relève scientifique que les enseignant·e·s d’histoire et les chercheur·euse·s de renommée internationale. En raison de l’actualité des thématiques qu’elles définissent, les Journées d’histoire suscitent un intérêt au-delà des milieux spécialisés. Après les Universités de Berne, Bâle, Fribourg, Lausanne, Zurich et Genève, l’Université de Lucerne accueillera cette manifestation en 2025.

Le comité d’organisation (composé de membres du Séminaire d’histoire), d’entente avec le Conseil scientifique (composé de représentant·e·s de diverses institutions culturelles et hautes écoles lucernoises), a décidé de dédier les Journées d’histoire au sujet suivant :

La visualité est omniprésente au 21ème siècle. Ses conditions esthétiques, techniques et sociales de même que ses effets exigent une mise en perspective historiographique. En conséquence, trois questionnements peuvent plus spécifiquement être dégagés : comment la recherche historique traite-t-elle des pratiques de l’(in)visibilisation ? Comment la science historique aborde-t-elle les sources visuelles ? Et que rend-elle visible à travers son travail et quoi non ? Concrètement, nous proposons les points de discussion suivants :

  • Quand, par quels protagonistes et pourquoi des rapports sociaux ont-ils été rendus visibles, ou non, par des moyens verbaux ou visuels ?
  • La prétendue évidence intrinsèque des images revêt une fonction de pouvoir qu’il s’agit d’analyser.
  • Les historiennes et historiens sont tenus de se confronter davantage à la particularité des images, celles-ci se voyant souvent attribuer, à tort, une évidence immédiate en raison d’habitudes visuelles historiquement construites. Les images sont systématiquement intégrées à des systèmes de références sémiotiques qui évoluent au fil du temps.
  • Les images fixes et animées sont de plus en plus nombreuses et deviennent par conséquent des sources importantes. Comment peuvent-elles être sauvegardées et transmises ? Comment les critères de conservation et de transmission sont-ils adaptés à de nouvelles conditions techniques et exigences sociales, et qui décide de ces critères ?
  • L’histoire des techniques et des savoirs de la production d’images reflètent des intérêts spécifiques : quels appareils, techniques et institutions permettent de produire et de transformer des représentations de la réalité sociale ?

Tous les champs de la discipline sont invités à soumettre des propositions de contributions qui interrogeront la manière selon laquelle les êtres humains, les civilisations et les cultures ont compris, découvert, modifié ou protégé l’(in)visibilité : l’histoire de l’art aussi bien que l’histoire des sciences et des techniques, l’histoire économique et sociale de même que l’histoire politique – ce en tenant compte des perspectives locales, nationales, internationales et globales. Celles et ceux qui ont laissé des traces dans l’histoire se retrouvent directement dans le champ de vision des sciences historiques. Comment les historiennes et historiens ont abordé les autres groupes, ceux qui n’auraient pas laissé de telles traces ? Des problématiques issues de l’histoire du genre et du quotidien se voient également soulevées par de tels questionnements. 

Visibilité et pouvoir

« La visibilité est un piège », déclare Michel Foucault. Les Septièmes Journées suisses d’histoire se consacrent à cet espace conflictuel. La visibilité a un aspect involontaire très marqué ; pour beaucoup d’êtres humains, elle était (et est encore) une stratégie décisive pour ne pas attirer sur soi le regard des instances de contrôle de l’État. La visibilité peut en revanche aussi aller de pair avec la sécurité. Ainsi, la violence, les abus et, plus généralement, les déviances, s’opèrent souvent en cachette, sous le couvert de la sphère privée ou de l’anonymat.

« Devine ce que je vois » : L’(in)visibilité ne va pas de soi, car elle exige de nombreux préalables d’ordre technique, culturel, politique et socio-économique. Elle est un lieu de revendications de pouvoir, de subversion et de confrontations entre hiérarchies concurrentes. Dans les médias contemporains, divers acteurs aux intérêts économiques et politiques divergents se disputent l’obtention d’une place sur les panneaux d’affichage, dans les journaux et sur les écrans. Il en allait de même dans les sociétés prémodernes, au sein desquelles les signes d’appartenance entraient en concurrence dans les intérieurs des églises, dans l’habillement, sur les murs des maisons et au fil des rues. Ces signes imprégnaient également les corps dissimulés par les vêtements, sans parler des savoirs secrets dans la pénombre de la discrétion. 

Particularités des sources visuelles

La transition numérique accélère et dramatise la culture du débat public. À cet égard, la communication visuelle prend une importance croissante par rapport à la culture de l’écrit. Les machines ne se contentent depuis longtemps plus de simplement reproduire le monde et elles tendent à se libérer de leur matérialité et de leur localité, ainsi que le remarquait Walter Benjamin en 1935. La génération de visualisations autonomes donne naissance à des mondes nouveaux, faussement réels ou surréalistes. Dans ces espaces, les formes de représentation du social et les rapports de pouvoir qui y sont liés sont souvent reproduits, voire accentués.

L’histoire de l’art est riche de suggestions méthodologiques pour l’analyse sémiotique de la communication visuelle. Cette dernière est de plus en plus mobilisée par l’historiographie, traditionnellement très orientée sur l’analyse textuelle. À cela s’ajoutent de nouveaux défis de méthode. À l’ère des possibilités en apparence infinies en matière de modélisations, de modifications et de créations digitales, que signifient les images en tant que sources, de preuves et de revendications « C’était ainsi ! » ?

« Le savoir, c’est le discours, les débats, l’analyse. Une image s’impose, elle domine – une image est un choc », affirme Paul Virilio. Il existe donc des mécanismes spécifiques à la communication visuelle qui diffèrent des textes. Les images semblent être dotées d’une espèce d’évidence immédiate permettant de se représenter les faits sociaux. Comment appréhender historiquement cette capacité de communication particulière du visuel, notamment à l’égard de conflits non résolus et de débats persistants inhérents au monde de la recherche ? 

Fonctions et utilisation d’images

Longtemps, seuls les membres de l’élite régnante étaient en mesure de s’offrir leur portrait en peinture. L’émergence de la photographie démocratisa l’accès à la production d’images et augmenta la visibilité des milieux de vie, notamment dans les pays du sud, avec des possibilités d’auto-observation, d’auto-contrôle ou d’auto-optimisation ; en bref : d’auto-efficacité.

Par le passé, la visibilité par le biais des images jouait un rôle important pour les États et les entreprises commerciales. Dès le début du 19e siècle, un « univers des images techniques » (Vilem Flusser) s’instaura et alimenta ces stratégies et revendications. Les nutriscores indiqués sur les emballages des produits alimentaires, les statistiques économiques, les mesures géodésiques ou les points du système européen de transfert et d’accumulation de crédits universitaires (ECTS) sont partie prenante de cet univers.

Lucerne est l’un des lieux de naissance du tourisme, actuellement l’une des industries de services les plus rentables au monde. L’« industrie des étrangers », le terme employé pour évoquer le tourisme au 19e siècle, prétend à ce que ses attractions ne passent pas inaperçues. Cela implique par conséquent d’invisibiliser beaucoup d’autres choses. Les débats actuels à propos de l’« appropriation culturelle » tournent aussi autour de ce point. Lorsque les migrant·e·s bénéficient d’une grande visibilité, qu’il s’agisse des réfugiés protestants de l’époque moderne ou de mouvements migratoires de l’époque contemporaine, comment celle-ci impacte leur nouvel environnement social ?

Qu’est-ce que la recherche historique rend visible et qu’est-ce qu’elle dissimule ?

Le sujet de l’« (in)visibilité » permet en outre une réflexion sur les questions fondamentales relatives aux fonctions des sciences historiques à l’heure actuelle. L’histoire se définit volontiers, via la publication de sources, en tant que procédé de révélation par le biais de la visibilisation de faits auparavant dissimulés dans les archives. Par conséquent, qu’est-ce qui est rendu visible et visualisé et, au contraire, qu’est-ce qui reste oublié et invisible ?

Le savoir allant de pair avec la visibilité est généralement, dans ses apparitions, d’abord discret car caché dans des classeurs, dissimulé dans des collections d’archives privées, occulté par des éléments spécifiques et des mécanismes techniques. Ce sont des décisions qui rendent habituellement ce savoir visible, et celles-ci découlent de processus conflictuels : qui rend visible quoi, et au nom de quoi ?

Ces réflexions doivent servir d’inspiration pour les débats entre historiennes et historiens de même que pour faciliter un dialogue entre scientifiques et public plus large. Notre sujet est intentionnellement très ancré dans l’actualité : nous considérons les Journées d’histoire non seulement comme un espace de renouvellement de la discipline, mais également comme un lieu idéal pour s’adresser à la cité et échanger avec la société.

Modalités de contribution

Les propositions de panel peuvent être déposées jusqu’au 30.04.2024

sur le site www.journeesdhistoire.ch. Elles ne doivent pas dépasser 3000 signes (espaces compris). Veuillez prendre compte des critères suivants.

  • Pour participer activement aux Journées d’histoire, vous pouvez soit déposer une proposition de panel dans le cadre du présent Call for Panels, soit attendre la publication du Call for Papers. Ce dernier vous permettra de poser une candidature afin d’intégrer un panel.
  • Les panels durent 90 minutes. Chaque panel se compose au maximum de trois interventions. Dans la proposition de panel, au maximum deux interventions peuvent d’ores et déjà être définies ; la troisième place doit rester libre pour accueillir une proposition dans le cadre du Call for Papers publié ultérieurement. Il est de plus possible de prévoir, en option, un commentaire concluant le panel.
  • La considération de la thématique du congrès, l’«(in)visibilité», et des approches thématiques, conceptuelles et conceptionnelles liées à ce sujet, est centrale aux Journées d’histoire 2025. Les panels doivent par conséquent avoir un rapport bien établi à cette thématique. Si ce rapport n’est pas assez évident dans la proposition de panel, ce dernier peut être refusé.
  • Les Journées d’histoire encouragent la discussion entre participantes et participants issus d’horizons divers. Les personnes engagées dans un panel ne doivent par conséquent pas toutes avoir la même affiliation institutionnelle ou être actives dans le même projet. Dans le cas contraire, le panel peut être refusé.
  • Les propositions de panel peuvent être déposées indépendamment de l’affiliation institutionnelle et du grade académique. Les personnes organisatrices de panel sont invitées à veiller à une bonne répartition des grades académiques, des langues et des sexes.
  • Chaque intervenante ou intervenant ne peut participer qu’à un panel. Des exceptions existent pour les fonctions de responsable de panel et pour le commentaire, qui peuvent être exercées en plus d’une intervention.
  • Les langues du congrès sont l’allemand, le français, l’italien et l’anglais.

Pour des informations complémentaires, la coordinatrice des Journées suisses d’histoire 2025, Dr. Marion Ronca, se tient volontiers à votre disposition à l’adresse mail marion.ronca@unilu.ch.

Frais d'inscription et de participation

La participation aux Journées d’histoire n’est pas payante pour les membres de la SSH. Les personnes non-affiliées s’acquittent des frais d’inscription au congrès à hauteur du montant de la cotisation annuelle (soit CHF 120.- ou CHF 50.- pour les personnes en formation ou à faibles revenus). Lors de l’inscription au congrès, il est possible de renouveler son affiliation ou de s’inscrire comme membre, ou alors d’opter pour les frais d’inscription sans affiliation. Dans des cas exceptionnels et justifiés, la participation d’une personne à un panel sans paiement des frais d’inscription peut être sollicitée ; les demandes y afférentes sont à faire parvenir au bureau du congrès par la personne responsable du panel au moment de la publication du programme.

Les participant·e·s aux panels sont tenu·e·s de déposer une requête auprès de leur institut, d’une fondation ou de tout autre sponsor pour la prise en charge de leurs frais de transport et d’hébergement. Une demande de financement auprès des organisateurs des Journées d’histoire ne peut être faite qu’à la suite d’un refus de requête. 

Calendrier de sélection

L’évaluation des propositions de panels est du ressort de la Commission Journées d’histoire 2025 de la SSH, composée de représentant·e·s de toutes les Universités suisses, des divers groupes professionnels et de la relève académique en histoire. La Commission peut accepter, refuser ou renvoyer les propositions de panel pour modification.

La sélection des panels par la Commission Journées d’histoire de la SSH aura vraisemblablement lieu dans le courant du mois de mai 2024. Les responsables de panel seront alors immédiatement informés.

En cas d’acceptation d’une proposition de panel sous la condition de modifications à apporter à ce dernier, celles-ci sont à effectuer dans les deux semaines qui suivent.

Le Call for Papers sera ouvert de juin à fin août 2024.

Les programmes définitifs des panels doivent être communiqués jusque fin octobre 2024.

Après la réception du programme définitif du panel, les éventuelles conditions émises par la Commission des Journées d’histoire quant à l’acceptation du panel seront une nouvelle fois vérifiées

Le programme général des panels sera publié entre la fin 2024 / début 2025 sur journeesdhistoire.ch

Commission Journées d’histoire de la SSH 

Représentant(e)s des départements d'histoire des universités suisses

  • Prof. Dr. Groebner Valentin  Universität Luzern (Präsident)
  • Prof. Dr. Herrmann Irène Université de Genève
  • Prof. Dr. Schaufelbühl Janick Maria Université de Lausanne
  • Prof. Dr. Späti Christina Universität Fribourg
  • Prof. Dr. Weber Nadir Universität Bern
  • Prof. Dr. Schulz  Kristina Université de Neuchâtel
  • Prof. Dr. Burkart Lucas Universität Basel
  • Prof. Dr. Walser Andreas Victor Universität Zürich

Représentant(e)s de l'université organisatrice des Journées de l'histoire 2025

  • Prof. Dr.  Speich Daniel Universität Luzern
  • Prof. Dr.  Kury Patrick  Universität Luzern
  • Prof. Dr.  Schenk Britta-Marie Universität Luzern
  • MA  Bevilacqua Loredana Universität Luzern

VertreterInnen des wissenschaftlichen Nachwuchses

  • Dr.  Johner Aline Université de Lausanne
  • MA  Flütsch Michael  Universität Bern

VertreterInnen der historischen Berufe

  • Dr. Gisler Monika  Freischaffende Historikerin
  • Prof. Dr. Fink Nadine  Geschichtsdidaktikerin / HEP Lausanne
  • lic. phil. Pryde Martin   Geschichtslehrer Gymnasium Schaffhausen
  • Dr. Spuhler Gregor Archivleiter / Archiv für Zeitgeschichte Zürich

Les membres de la commission ont été élus par le comité de la SSH pour la période administrative 2024-2026.

Places

  • Universität Luzern, Frohburgstrasse 3
    Lucerne, Switzerland (6000)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Tuesday, April 30, 2024

Contact(s)

  • Marion Ronca
    courriel : marion [dot] ronca [at] unilu [dot] ch

Information source

  • Flavio Eichmann
    courriel : flavio [dot] eichmann [at] sgg-ssh [dot] ch

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« (In)visibilité », Call for papers, Calenda, Published on Friday, January 12, 2024, https://doi.org/10.58079/vkpm

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