Les interventions non-médicamenteuses connaissent aujourd’hui un essor important dans les parcours de santé des patients. Cet essor répond à la situation suivante : les maladies chroniques, notamment chez les personnes âgées, se développent de manière considérable et la médecine occidentale ne peut pas toujours répondre aux besoins des patients. Les interventions non médicamenteuses s’inscrivent ainsi dans un climat de transformations sociales engendré par les multiples crises contemporaines et se déploient au travers de nouvelles façons de penser le soin. Cet appel à contribution vise à appréhender tout le potentiel de ce type d’intervention grâce à une vision pluridisciplinaire, ouverte aux chercheurs souhaitant partager ses travaux de recherche et aux professionnels souhaitant partager leur expérience de terrain.

Argumentaire

Les interventions non-médicamenteuses (INM) connaissent aujourd’hui un essor important dans les parcours de santé des patients. Cet essor répond à la situation suivante : les maladies chroniques, notamment chez les personnes âgées, se développent de manière considérable et la médecine occidentale ne peut pas toujours répondre aux besoins des patients. Alors quoi de plus légitime que d’aller chercher ailleurs des solutions pour retarder, soulager, anticiper et dans l’absolu, guérir la maladie.

 La science permet aujourd’hui d’établir un cadre spécifique qui apporte la preuve de leur bien-fondé tout en évacuant les dérives et pratiques douteuses. Les autorités se reposent aujourd’hui sur ce cadre pour encourager la recherche sur les interventions non-médicamenteuses, en s’appuyant sur de nouveaux travaux en épidémiologie, épigénétique, immunologie, neuroscience et sur le développement des innovations technologiques. Ainsi, depuis ces dix dernières années la recherche fait émerger de nouveaux modes d’évaluation et des éléments de compréhensions du processus, des risques mais surtout des avantages des INM. Ces progrès s’ancrent dans nos politiques publiques, même si les INM ne figurent plus comme une priorité dans la feuille de route MND 2021-2022, présentée le 2 juin 2021. Elles avaient notamment été portées par :

• la Haute Autorité de Santé (HAS) en publiant en 2011 un rapport sur le développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées et un document diffusé en 2011 sur le diagnostic et la prise en charge de la Maladie d’Alzheimer et Maladies apparentées,
• l’Alzheimer’s Association avec la publication de son rapport Alzheimer’s disease facts and figures en 2018,
• le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales avec la mesure 83 du Plan Maladies Neurodégénératives 2014-2019 et la Stratégie Nationale de Santé 2018-2022 encourageant de tester l’efficacité des interventions non-médicamenteuses.

Ce nouveau cadre scientifique classe ainsi les INM comme des stratégies préventives et de -prendre- soin fondées sur des résultats et une démarche qualité reposant sur des preuves. Les experts français caractérisent une intervention non-médicamenteuse comme suit : une INM est une intervention psychologique, corporelle, nutritionnelle, numérique ou alimentaire sur une personne visant à prévenir, soigner ou guérir. Elle est personnalisée et intégrée (intégration du patient, intégration de différentes méthodes, intégration dans le parcours de santé) dans son parcours de vie. Elle se matérialise sous la forme d’un protocole. Elle mobilise des mécanismes biopsychosociaux connus ou hypothétiques. Elle a fait l’objet d’au moins une étude interventionnelle publiée menée selon une méthodologie reconnue ayant évalué ses bénéfices et risques.

Pour répondre à cette définition, une INM appelle un écosystème particulier associant, comme décrit dans le guide sur les interventions non-médicamenteuse, (1) un protocole d’intervention décrit de manière détaillée, (2) un contexte de mise en œuvre dans le parcours, (3) un intervenant professionnel formé et (4) la réalisation d’une étude interventionnelle publiée, ayant identifié les risques et les bénéfices. Il apparaît alors qu’une intervention non-médicamenteuse n’est rien de moins qu’une démarche de santé centrée patient et fondée sur des données vérifiées et validées. Ainsi, le caractère personnalisé d’une INM conduit nécessairement à la prescrire avec le consentement du patient et sa mise en œuvre devant répondre à toutes les conditions de sécurité, d’alliance thérapeutique, d’éthique professionnelle, de traçabilité et d’ajustement contextuel. Et dans un souci de contrôle et de traçabilité, l’INM fait bien-entendu l’objet d’un examen en amont et en aval de celle-ci. Les INM présentent ainsi un potentiel inédit de solutions pour maintenir et/ou améliorer la santé, le confort, bien-être et plus globalement la qualité de vie des patients, mais aussi de leurs aidants. Il est également important de souligner qu’elles participent la qualité de vie professionnelles des personnels soignants.

Préalablement à la prescription, les INM sont élaborées selon les besoins et les capacités des patients. Quelles soient d’ordre thérapeutique ou récréative, les bienfaits attendus peuvent être observé tout aussi bien à court terme qu’au long terme. Point définitionnel :

• L’intention thérapeutique répond à une visée spécifique selon une situation donnée. L’intervention prend fin lorsque le but est atteint. L’intention thérapeutique rassemble les notions de soutien, d’entretien, de stimulation, de réadaptation et de réhabilitation.
• L’intention récréative inscrit les patients dans des activités renforçant le lien social, la qualité de vie et le bien-être. Il n’y a pas de visée thérapeutique.

Les interventions non-médicamenteuses s’ancrent dans les considérations sociales d’une pratique centrée humain, ou en l’occurrence, centrée patient. Les INM s’inscrivent ainsi dans un climat de transformations sociales engendré par les multiples crises contemporaines et se déploient au travers de nouvelles façons de penser le soin. Réelles figures d’innovation sociales, elles permettent aujourd’hui de « répondre aux défis sociaux et environnementaux, de définir les conditions d’amélioration de l’habitabilité humaine » ; l’amélioration des conditions de vie du quotidien étant peut-être même la principale problématique de l’innovation sociale.

Cet appel à contribution vise à constituer le prochain numéro spécial « Les interventions non-médicamenteuses : enjeux pour la filière santé » aux éditions ISTE (Collection Ingénierie de la santé et société, Série Santé et patients). L’enjeu, appréhender tout le potentiel de ce type d’intervention grâce à une vision pluridisciplinaire, ouverte aux chercheurs souhaitant partager ses travaux de recherche et aux professionnels souhaitant partager leur expérience de terrain.

Modalités de soumission

• respecter quelques règles académiques: introduction, contextualisation, références à la littérature, présentation et analyse des résultats
• entre 6000 et 8000 mots
• envoi par mail à estelle.guerry@univ-tlse2.fr

au plus tard le 31 Mars 2024

Comité en charge de la sélection des propositions

• Estelle Guerry, Docteure en Design-couleur et Care, ATER, LARA-SEPPIA, Université de Toulouse-Jean Jaurès.
• Céline Caumon, Professeure des Universités en Arts & Design, LARA-SEPPIA, Université de Toulouse-Jean Jaurès et Responsable de la Plateforme d’Innovation Couleur Design Matière (PI-CDM), Université de Toulouse-Jean Jaurès.
• Jérémie Elalouf, Maitre de conférence en Design, LARA-SEPPIA, Université de Toulouse-Jean Jaurès et responsable scientifique du plateau Soin et Santé de la Plateforme d’Innovation Couleur Design Matière (PI-CDM), Université de Toulouse-Jean Jaurès.