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Hasard, incertitudes et contingence

Revue « Recherches en didactique des sciences et des technologies » - RDST n° 33 (2026)

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Published on Friday, April 19, 2024

Abstract

L’objet de ce dossier de RDST sera d’une part de faire le point sur les recherches en didactique des sciences et des technologies qui prennent pour objet l’enseignement du hasard, des incertitudes et de la contingence ; d’autre part, de donner l’occasion aux chercheur·es de notre communauté, de montrer comment ces réalités sont prises en charge dans leurs études à la fois au plan théorique et au plan méthodologique. Des éclairages épistémologiques et/ou historiques seront bienvenus à condition qu’ils permettent de nourrir la réflexion didactique tant pour la recherche que pour l’enseignement et la formation.

Announcement

Argumentaire

L’épistémologie contemporaine offre de la science un portrait où hasard, incertitudes et contingence sont indissociablement liés à la construction des connaissances scientifiques. La quête d’absolu, qui portait la pensée positiviste du début du XXe siècle, a laissé place à une vision de la science renouvelée, en rupture avec une posture radicalement déterministe. Il est aujourd’hui admis que les discours scientifiques se composent d’énoncés présentant des degrés variables de certitude : certains incertains, d’autres presque certains, mais aucun définitif. L’incertitude émerge de la complexité et de l’indétermination des phénomènes naturels, elle conduit les scientifiques à préciser les limites de leurs modèles, de leurs théories, à faire des choix. Et ceux-ci sont d’autant plus délicats lorsqu’ils concernent des phénomènes aléatoires, multifactoriels où hasard, incertitudes et contingence ne peuvent être ignorés.

Sous cette perspective, l’enseignement des savoirs scientifiques et technologiques peut difficilement faire l’économie d’une prise en compte effective du rôle du hasard, des incertitudes et de la contingence dans les modélisations scientifiques. On pense, par exemple, aux mutations et à la dérive génétique en biologie de l’évolution, aux contraintes dans les activités de conception, aux facteurs de risques, aux comportements aléatoires des particules en physique et en chimie, aux reconstitutions d’événements historiques en géologie (et la liste est loin d’être exhaustive). Une telle perspective rebat les cartes de la causalité stricte et impose des transformations dans les raisonnements usuels, notamment le recours à une approche probabiliste et populationnelle. En outre, le hasard, l’incertitude et la contingence invitent plus que jamais les élèves et les enseignants à travailler sur le champ des possibles.

Distinguer le contingent du nécessaire, privilégier le probable au certain, le provisoire au définitif, prendre en compte l’imprévisibilité, sont autant d’enjeux désormais incontournables de l’enseignement scientifique et technologique et, par voie de conséquences, de la formation des enseignant·e·s. Cette ambition, inscrite dans le vaste champ de l’éducation à la nature de la science, apparaît particulièrement nécessaire lorsque les savoirs à enseigner sont non seulement pluridimensionnels (on pense par exemple au changement climatique) mais également instables comme peuvent l’être ceux relevant des questions socialement vives, des « éducations à ».

L’objet de ce dossier de RDST sera donc, d’une part de faire le point sur les recherches en didactique des sciences et des technologies qui prennent pour objet l’enseignement du hasard, des incertitudes et de la contingence ; d’autre part, de donner l’occasion aux chercheur.es de notre communauté, de montrer comment ces réalités sont prises en charge dans leurs études à la fois au plan théorique et au plan méthodologique. Des éclairages épistémologiques et/ou historiques seront bienvenus à condition qu’ils permettent de nourrir la réflexion didactique tant pour la recherche que pour l’enseignement et la formation.

Compte tenu de ces éléments de contexte, les articles attendus pour ce numéro pourront éclairer tout ou partie des questions suivantes :

  • Quelles sont les difficultés susceptibles d’entraver les raisonnements probabilistes, les explications impliquant le hasard, les incertitudes, la contingence, les interprétations statistiques en classe de sciences et de technologie et en formation ? À quels obstacles risquent d’être confrontés les élèves, les étudiant.es, les enseignant.es ?
  • Comment favoriser la prise en charge du hasard, des incertitudes, de la contingence dans le travail de modélisation, les démarches expérimentales, les explications produites en classe de science et/ou de technologie ?
  • Comment la causalité explicative probabiliste a-t-elle pénétré les programmes et les enseignements ? Quelles relations peuvent s’établir avec les autres disciplines ? (ex. : les mathématiques ?).

Afin d’éclairer ces questions, les auteurs et autrices pourront explorer la manière dont hasard, contingence et incertitudes sont pris en charge lors du travail de modélisation scientifique, à condition toutefois que la réflexion épistémologique serve un propos didactique : quels sont les ruptures, les controverses et les obstacles épistémologiques liés à l’intégration de l’aléa, des incertitudes et de la contingence dans l’évolution historique des idées ?

Enfin, au-delà de la classe et/ou de la formation, la recherche en didactique des sciences et des technologies pourra elle-même faire l’objet d’une réflexion sur ces questions. En effet, il n’existe pas de système didactique dépourvu de facteurs sociaux, culturels ; le sujet purement épistémique est un modèle, et la plupart des résultats produits par la recherche en didactique restent dépendants d’une réalité contingente, celle de la classe, de l’institution scolaire, entre autres, réalité que l’on peut choisir ou pas de prendre en charge, au moins partiellement. Les chercheur.es en didactique font des choix (théoriques, méthodologiques), modélisent les situations d’apprentissage, les pratiques d’étude et les difficultés cognitives des élèves. La robustesse de leurs analyses est indissociable de ce procédé, pas toujours explicite, consistant à réduire la complexité des systèmes à l’étude, à assumer la part d’indétermination des situations éducatives, la validité partielle et conditionnelle des connaissances produites. Comment les chercheur.es en didactique gèrent-ils l’indétermination des situations qu’ils choisissent de prendre pour objet d’étude ? Comment prennent-ils en charge l’ambivalence « robustesse/complexité » ?

Modalités de soumission

Date limite de réception des articles : 31 mars 2025

Les propositions devront être adressées par courrier électronique à l’adresse : revue.rdst@ens-lyon.fr ; il vous sera retourné un accusé de réception.

Voir le document « Consignes aux auteurs » https://journals.openedition.org/rdst/634 pour les consignes générales et techniques.

Coordination scientifique

  • Cécile de Hosson
  • Julie Gobert

Subjects


Date(s)

  • Monday, March 31, 2025

Keywords

  • incertitude, hasard, contingence, didactique des sciences

Contact(s)

  • Cécile Malhey-Dupart
    courriel : revue-rdst [at] ens-lyon [dot] fr

Reference Urls

Information source

  • Cécile Malhey-Dupart
    courriel : revue-rdst [at] ens-lyon [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Hasard, incertitudes et contingence », Call for papers, Calenda, Published on Friday, April 19, 2024, https://doi.org/10.58079/w8rt

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