Published on Wednesday, April 24, 2024
Abstract
Comme un refrain, l’argument qui revient le plus souvent procède d’un regard porté sur le fondement des deux sciences à même de traiter ces différentes questions, d’une part, et d’un regard sur leurs méthodes et outils d’analyse ainsi que les demandes sociales dont les deux sciences font l’objet, d’autre part. Ainsi, pour certains économistes, l’indifférence qu’ils manifestent à l’encontre des questions de langues tient au fait qu’à l’origine, le concept d’intelligence économique a été ciblé sur la décision de nature purement économique. Pour d’autres, adeptes d’une approche mathématique de l’économie, les questions touchant au domaine de l’intelligence économique relèvent d’une particularité scientifique et technique si évidente qu’elles consacrent aux sciences économiques la plénitude de leur analyse.
Announcement
Colloque international
Date : 05 et 06 Décembre 2024
Lieu : Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire)
Argumentaire
Compte tenu de ses acquis, la mutualisation des connaissances semble aujourd’hui s’imposer, comme par effet de mode, à tous les champs de réflexion. Pourtant, en Afrique francophone, on trouve encore des scientifiques qui continuent de soutenir l’idée d’une évolution séparée de certains champs de réflexion, tels le cas des champs relatifs aux questions de langues et ceux de l’intelligence économique. Comme un refrain, l’argument qui revient le plus souvent procède d’un regard porté sur le fondement des deux sciences à même de traiter ces différentes questions, d’une part, et d’un regard sur leurs méthodes et outils d’analyse ainsi que les demandes sociales dont les deux sciences font l’objet, d’autre part. Ainsi, pour certains économistes, l’indifférence qu’ils manifestent à l’encontre des questions de langues tient au fait qu’à l’origine, le concept d’intelligence économique a été ciblé sur la décision de nature purement économique. Pour d’autres, adeptes d’une approche mathématique de l’économie, les questions touchant au domaine de l’intelligence économique relèvent d’une particularité scientifique et technique si évidente qu’elles consacrent aux sciences économiques la plénitude de leur analyse. Sous l’influence de cette logique, nombreux sont les économistes qui ont abordé la psychologie économique des peuples africains sans faire le moindre cas du versant linguistique de leur comportement économique.
Pour justifier la posture sectaire adoptée vis-à-vis de l’intelligence économique, en particulier, voire de l’économie, en général, les linguistes font, quant à eux, référence au rôle que Saussure aurait assigné à la linguistique dès sa création : une science linguistique qui, comme il l’aurait préconisé, doit faire abstraction des usages de la langue et de son environnement pour ne s’intéresser qu’à ses mécanismes internes. Une attitude adoptée à tort jusque-là, puisque, dès sa création, Saussure a suggéré le rapprochement entre la science liée à l’étude du langage et celle liée aux actes économiques à travers la mise en évidence d’abord de l’analogie des méthodes, puis la justification de son fondement et enfin la précision de la notion de valeur. Mieux, depuis sa naissance, la linguistique, n’a, au travers de ses renouvellements perpétuels, cessé de contribuer à l’avancée économique et technique de l’humanité ; et, ce, par le truchement des domaines comme la linguistique computationnelle, la linguistique appliquée à la publicité, au marketing, à l’ergonomie, au management, etc. Caractérisée désormais par une variabilité et une multiplicité des méthodes d’analyse, l’approche scientifique de la langue/du langage perçoit l’activité économique comme un prisme idéal au travers duquel le phénomène langue est rendu intelligible et appréhendable. C’est dans cette vision plus extensive de la linguistique qu’un domaine comme la sociolinguistique, sorti des entrailles « d’une linguistique de la crise économique », voit le jour à partir de l’interrogation des rapports entre la langue et le développement économique des peuples. Ainsi, sous l’étiquette d’économie de la langue, de nombreux travaux, influencés par la théorie économique de la discrimination de Becker, vont montrer l’existence d’une corrélation entre la compétence linguistique et les écarts de revenus entre les individus dans des pays comme la Suisse, le Canada, les États-Unis, etc. Parallèlement à ces travaux, on en découvre d’autres, toujours en Occident, qui identifient dans ce dialogue entre les deux sciences, la langue comme un capital susceptible de rentabiliser la production. D’autres encore voient dans la langue, un élément de marketing permettant de fragmenter les marchés et d’augmenter la consommation.
Selon la littérature spécialisée, l’intelligence économique est l’ensemble des techniques de recherche et de protection de l’information essentiellement économique, technologique et commerciale utilisées en vue de préserver ou conquérir des marchés. Cette définition montre clairement que l’intelligence économique, définie aussi comme une mise en commun des énergies dans le but d'atteindre un objectif économique, ou encore comme un concept, voire une action, est de nature, indissociable de l’activité de communication ; puisque c’est à travers la communication qu’elle s’institue et se révèle au monde. C’est une évidence aussi de dire que tout modèle économique est constitutif d’un modèle spécifique de communication ; que d’un point de vue social, culturel et linguistique, l’espace francophone africain est un pluriel. De ce fait, le déploiement médiatique de l’intelligence économique doit se faire suivant un canon de communication socialement, culturellement et linguistiquement situé. Pourtant, force est de constater qu’en Afrique francophone, la communication économique, qu’elle soit institutionnelle ou commerciale, se fait suivant un modèle de diffusion de l’information conçu le plus souvent depuis les universités et grandes écoles outre atlantiques. Calquée sur le modèle occidental, la communication économique semble alors évoluer en Afrique francophone comme un prêt-à-porter, faisant par conséquent fi des réalités sociales, culturelles et linguistiques. Il s’ensuit un problème d’adaptabilité du message, voire des canaux de diffusion. Face à ces insuffisances, certaines voix recommandent aujourd’hui d’élargir la question de l’intelligence économique à celle de l’intelligence culturelle afin de concevoir une Afrique économique respectueuse de ses réalités. Cependant, il semble que les uns et les autres continuent de faire la sourde oreille face à ces appels. En effet, enfermés dans une vision classique et réductrice de leurs sciences respectives, il semble que vouloir s’adonner à une ascèse intellectuelle cherchant à établir un lien entre langue, culture, communication et économie paraît surprenant, irréaliste et irréalisable, voire gênant pour certains qui croient encore que ces sciences appartiennent à des champs de réflexions totalement imperméables les uns des autres. Pourtant, la dialectique de l’entrelacement des faits de langue, de culture et de communication comme de probables hypothèses pour expliquer certains phénomènes économiques et vice-versa, est une réalité en Afrique francophone. Mieux, elles constituent pour les linguistes, les économistes et les communicologues africanistes, un terreau de recherche très fertile et enrichissant dans le cadre d’une consilience entre le champ des sciences économiques et le champ des sciences du langage, de l’information et de la communication puisque, les problématiques qui sont rattachées à cette vision transversale de ces questions liées mutuellement à ces champs sont nombreuses.
Objectifs du colloque
Ce colloque est le lieu de montrer que, contrairement aux anciennes logiques développées par la doxa traditionnelle, le cadre socioculturel de l’Afrique francophone favorise l’établissement de liens logiques entre les sciences du langage, de l’information et de la communication et les sciences économiques dans le cadre de la construction d’une intelligence économique. Les enjeux sociaux de l’intelligence économique devenant de plus en plus importants, il s’agit aussi pour la communauté scientifique, de mettre en commun les différents acquis pour proposer une approche modélisée donnant naissance à une intelligence économique plus intégratrice des valeurs africaines.
Axes de communication
- Langue, culture, médias, communication et intelligence économique
- Intelligence économique et construction de l’image de la langue française en Afrique
- Intelligence et économique et dynamique des langues locales en Afrique francophone
- Langage, culture, communication et management des entreprises africaines francophones
- Langue, culture, communication, éthique et résilience économiques
- Onomastique commerciale, culture, langue, communication et dynamique des marques /entreprises
- Langue, culture, catégorisation sociale et autonomisation économique de la femme
- Langue, culture et diffusion de l’information scientifique et technologique dans le monde agricole
Panels
Langue, Culture, Information, Communication et Intelligence économique : cas pratique de la France, le Canada et la Suisse
Modalités pratiques
La langue du colloque est le français.
Les chercheurs, enseignants, étudiants et praticiens qui sont intéressés à présenter une communication sont invités à soumettre un résumé de 1500 caractères de leur « proposition de communication ».
Les propositions de communication doivent respecter les critères suivants :
- Etre en lien avec le sujet abordé par le colloque ;
- Apporter de la valeur pour les participants ;
- Etre écrites en français et en anglais (Logiciel Word) ;
- Préciser l’axe de la communication (Majuscule, gras, Times News Roman, Taille 14) ;
- Titre de la proposition de communication : maximum de 180 caractères, espaces compris (Majuscule, gras, Times News Roman, Taille 14) ;
- Coordonnées complètes du premier auteur et du ou des co-auteur(s) : Nom, prénom, statut, institution de rattachement et adresse électronique.
- Résumé : maximum de 1500 caractères, espaces compris (environ 200 mots) et être au format Word, interligne simple, doit comprendre obligatoirement : une problématique, des objectifs, une méthodologie et des résultats (préliminaires ou finaux).
Soumission des propositions de communication
Les propositions de communication doivent être envoyées par courriel à l’adresse jbatse@yahoo.fr
au plus tard le 31 juillet 2024.
Frais de participation au colloque
- Enseignants-chercheurs et chercheurs : 50 000 francs CFA (76 euros)
- Docteurs non recrutés : 25 000 Francs CFA (38 euros)
- Étudiants : 15 000 Francs CFA (23 euros)
- ONG, Institutions, Professionnels, etc. : 100 000 Francs CFA (153 euros)
NB : Les frais de participation prennent en compte l’inscription, la restauration (pause-café, déjeuner), les certificats de participation et les frais de publication des actes du Colloque. Les frais de transport et d’hébergement sont à la charge des participants.
Calendrier
- 15 Avril 2024 : Publication de l’appel à communication
- 31 Juillet 2024 : Date limite de réception des propositions de résumés
- 16 septembre 2024 : Notification d’acceptation ou de refus aux auteurs
- 05 et 06 Décembre 2024 : Déroulement du colloque
Possibilités de publication des textes
Les conférenciers et contributeurs qui le désirent pourront soumettre un texte issu de leur communication, au cours du printemps 2025, en vue d’une publication sous forme d’ouvrage collectif ou de numéro spécial de revue au plus tard fin juin 2025. Des informations supplémentaires seront fournies en ce qui concerne le protocole de rédaction des textes qui seront publiés. Toutefois, prenez note qu’une participation au colloque ne constitue pas un engagement de publication de la part des organisateurs car les articles soumis seront évalués par un comité de lecture.
Comité scientifique
- Professeur ABOLOU Camille Roger, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur ADHEPEAU Julien Laurent Michel, UFHB, Côte d’Ivoire
- Professeur ADOU Kouamé, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur ATCHUA N’Guessan Julien, UFHB, Côte d’Ivoire
- Professeur BAMBA Assouman, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur BOGNY Yapo Joseph, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
- Professeur DRAMÉ Mamadou, UCAD, Sénégal
- Professeur ÉHORA Effoh Clément, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur GBAGUIDI Koffi Julien, UAC, Bénin
- Professeur KANGA Konan Arsène, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur KOFFI Éhouman René, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur KOSSONOU Kouabena Théodore, UFHB, Côte d’Ivoire
- Professeur KOUADIO N’Guessan Jérémie, UFHB, Côte d’Ivoire
- Professeur KOUAKOU Bah Jean Pierre, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur KOUAMÉ Kouakou, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur KRA Kouakou Appoh Enoc, UFHB, Côte d’Ivoire
- Professeur N’DOUBA Boroba François, UFHB, Côte d’Ivoire
- Professeur N’GORAN-POAMÉ Léa Marie-Laurence, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur OULAI Jean-Cluade, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur TRO Deho Roger, UAO, Côte d’Ivoire
- Professeur WOBÉ Jean-Hervé, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, ADÉKPATÉ Alain Albert, UFHB, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, ASSANVO Amoikon Dyhie, UFHB, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, ATSÉ N’Cho Jean-Baptiste, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, BAKPA Mimboabe, UK, Togo
- Maître de Conférences, BOUKARI Oumarou, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, DAGNOGO Gnéré Blama, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, DIANÉ Ambemou Oscar, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, DJÈ BI Kahou Albert, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, GOKRA Dja André Junior, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, KAHI Oulai Honoré, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, KAUL Guy, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, KOFFI Kouakou Mathieu, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, KONÉ Tahirou, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, N’DRÉ Damana Joachim, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, N’GATTA Koukoua Étienne, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, NIAMKEY Aka, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, TOPPÉ Wognin Gilbert, UAO, Côte d’Ivoire
- Maître de Conférences, YANGRA Aboi François, UAO, Bouaké, Côte d’Ivoire
Comité d’organisation
- Président : Professeur KOUAMÉ Kouakou, UAO
- Vice-Président : ATSÉ N’Cho Jean-Baptiste, UAO
Membres
- ADJUÉ Julien, UAO
- AMON-FOLOU Imbié Anicette, UAO
- AKPOUÉ Amoin Huguette, UAO
- BONI Kouadio George, UAO
- BOUADOU Koffi Jacques Anderson, UAO
- COULIBALY Jean-Paul, UAO
- DIANÉ Ambemou Oscar, UAO
- DIDO Yao Maxime, UAO
- DJE BI Kahou Albert, UAO
- DJILE Gbaka Donald, UAO
- ÉHIRÉ Laurent, UAO
- ETIÈGNE Saly Martine, UAO
- HAGER-M’BOUA Clarisse, UAO
- KESSIÉ-OUATTARA Diane Laure, UAO
- KOFFI Kouakou Mathieu, UAO
- KONÉ Djakaridja, UAO
- KONAN Kouassi Frédéric, UAO
- KOUA Kouamenan Ernest, UAO
- KOUAMÉ Kan Frédéric, UAO
- KOUAMÉ Kouakou Hilaire, UAO
- KPANGBA Boni Hyacinthe, UAO
- LAMAH-KAGBA Nina Roseline, UAO
- N’DA Yao Jean-Claude, UAO
- N’DRI Koffi Nestor, UAO
- PIRA Kouassi Frédéric, UAO
- SILUÉ Kolo, UAO
- TOHOURI Arnold Oswald Ephrem Rock, UFHB
- TUO Ténéna, UAO
- YANGRA Aboi François, UAO
- YAO Yao Jean Marc, UAO
- YÉO Sibiri, UAO
- YÉO Ténan, USP
- YOFFO Rodrigue, UAO
- Secrétariat du colloque : IRIÉ Bi Tié Benjamain et YAO Kouakou Guillaume, UAO
Références bibliographiques
- Abdellaoui M., 2018, Interaction entre langue(s) et dynamique économique, REMFO, n°7, http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about. Consulté le 12 /02/ 2024.
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Subjects
- Language (Main category)
Date(s)
- Wednesday, July 31, 2024
Contact(s)
- N'Cho Jean-Baptiste ATSÉ
courriel : jbatse [at] yahoo [dot] fr
Information source
- N'Cho Jean-Baptiste ATSÉ
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To cite this announcement
« L’intelligence économique en Afrique francophone : lectures pour de nouvelles perspectives avec les sciences du langage, de l’Information et de la communication », Conference, symposium, Calenda, Published on Wednesday, April 24, 2024, https://doi.org/10.58079/w9lm