Dans le cadre de sa mission d’animation de la recherche, la mission démocratie universitaire de Nantes Université vous invite à débattre de la démocratie universitaire. Les contributions pourront s’intéresser à la définition de la « démocratie universitaire », à sa trajectoire historique, à ses contours juridiques ou à ses enjeux politiques ou sociologiques y compris en s’ouvrant aux expériences étrangères. Les contributions pourront également viser l’explicitation des dispositifs démocratiques innovants au sein des universités afin d’opérer un retour d’expérience réflexif et mutualisé.

Présentation

En France, la démocratie universitaire est demeurée extrêmement embryonnaire et sous-développée. Les travaux de recherche menés sur la gouvernance universitaire (au CSO avec C. Musselin, S. Mignot-Gérard…) ont révélé l’existence d’un fossé grandissant entre le haut (la direction de l’université) et le bas (les personnels et étudiants sur le terrain). Le renforcement des Présidences (et leur professionnalisation) ont induit un effacement progressif des hiérarchies et des collectifs intermédiaires et une distanciation entre la communauté de base et les dirigeants. Les transformations structurelles récentes du paysage universitaire induites par les initiatives d’excellence ont accéléré un processus préoccupant de polarisation. Ce dernier constitue une menace aussi bien pour l’unité de la communauté universitaire que pour le bon fonctionnement de l’université. Le phénomène est intensifié par le sous-financement chronique des universités reconnu aussi bien par la Cour des comptes que le Conseil d’analyse économique…

Les universités sont contraintes de rechercher des financements extérieurs complémentaires par le jeu d’appels à projets selon des logiques concurrentielles. Ces derniers qui sont logiquement des priorités des équipes de direction sont, au contraire, souvent perçus comme très éloignés du terrain tel qu’il est vécu par les communautés de base.

Ce fossé grandissant entre les orientations des équipes dirigeantes et les préoccupations des acteurs de terrain est sans doute le défi majeur posé à la « démocratie universitaire ». Comment penser et construire une « gouvernance partagée » au sein d’institutions aussi vastes, massifiées, diversifiées ? Comment renforcer l’appropriation par tous des enjeux qui traversent les universités et comment renforcer la légitimité des décisions prises ? Comment articuler la démocratie représentative avec l’inventivité dont font preuve les universités à travers de multiples dispositifs participatifs, délibératifs ?

Les contributions pourront s’intéresser à la définition de la « démocratie universitaire », à sa trajectoire historique, à ses contours juridiques ou à ses enjeux politiques ou sociologiques y compris en s’ouvrant aux expériences étrangères. Les contributions pourront également viser l’explicitation des dispositifs démocratiques innovants au sein des universités afin d’opérer un retour d’expérience réflexif et mutualisé.

Ce colloque a pour ambition d’initier une rencontre des acteurs universitaires intéressés par les questions soulevées par la démocratie universitaire. Il vise deux objectifs : le premier consiste à approfondir la notion de « démocratie universitaire » pour mieux en connaître l’origine, les mutations, les contours et les enjeux. Le second objectif est de mutualiser les retours d’expérience d’une démocratie universitaire en acte largement protéiforme

Ainsi, ce colloque s’adresse à la fois aux chercheurs mobilisant la notion de démocratie universitaire et ses nombreux enjeux associés, mais aussi aux acteurs universitaires au sens large engagés dans des processus originaux de démocratie universitaire.

Pour ce colloque, nous sollicitons donc, deux types de contributions : des contributions académiques et des retours d’expériences démocratiques – qui constitueront les deux parties de ce colloque.

AXE 1 – Le concept de « démocratie universitaire » : définition et enjeux contemporains

La recherche contemporaine sur la démocratie est très active. Elle a bousculé la compréhension dominante de celle-ci qui tend souvent à ramener la démocratie à l’équation réductrice : plusieurs candidats – une élection – une assemblée. Au contraire, la démocratie est d’abord un idéal qui s’est trouvé transcrit historiquement par un éventail très large d’aménagements institutionnels.

À sa naissance, l’université médiévale ne revendique pas explicitement la notion de « démocratie universitaire ». Pourtant, l’université se conçoit comme une institution autonome reposant sur une gouvernance collégiale et sur une rotation importante des fonctions de responsabilité. Très vite, le principe électif s’y affirme et devient cardinal tout en impliquant une série d’exclusions.

À l’époque moderne, les universités ont évolué vers une forme de collégialité plus restreinte car de plus en plus limitée aux seuls professeurs. Cette tendance s’est trouvée accentuée à la fois par la conception humboldtienne de l’université qui a dominée toute l’Europe du Nord et par la tradition française tout au long des XIXème et XXème siècles.

La massification des universités après-guerre et le mouvement de 1968 ont conduit à remettre à l’avant-scène l’enjeu de la démocratie universitaire partout en Europe. En France, la loi Faure du 12 novembre 1968 a ainsi rétabli le principe électif, a élargi la représentation politique aux étudiants, aux personnels de soutien à la recherche et à l’enseignement, aux universitaires de rang non professoral.

Ce système de gouvernance (maintes fois réformé) comporte indéniablement une dimension démocratie forte. Mais il comporte aussi sans aucun doute des limites qui peuvent appeler à une rénovation du fonctionnement des instances et/ou au déploiement d’outils démocratiques complémentaires.

 AXE 2 – La démocratie universitaire en pratique : retours d’expériences sur les dispositifs innovants

Le Conseil de l’Europe reconnaît l’existence d’une mission démocratique de l’enseignement supérieur. Les universités doivent en particulier doter chaque étudiant et personnel de compétences pour argumenter, appréhender les débats et controverses en s’appuyant sur des vérités scientifiques partagées, initier aux pratiques et procédures démocratiques, développer une culture de respect à la fois de la majorité, de la ou des minorités. Cette mission s’exerce à la fois localement à l’échelle d’une école ou d’une faculté, à l’échelle de l’Université dans son ensemble mais aussi en dehors à l’échelle de la société [Council of Europe, Academic Freedom, Institutional Autonomy and the Future of Democracy, Higher Education Serie n°24, 2020].

Les universités expérimentent depuis plusieurs années des dispositifs innovants très variés allant de la démocratie représentative à la démocratie participative en passant par des outils de la démocratie délibérative. Ces expérimentations originales sont souvent méconnues : Parlements étudiants, convention citoyenne étudiante, budgets participatifs, unité transversale d’enseignement à la démocratie… La transition écologique apparaît également comme un secteur très ouvert à des expérimentations démocratiques nouvelles sous la forme de “conseil des transitions”, de “conférence du développement durable”, “d’assemblée des transitions”…

L'ensemble de ces expérimentations mérite d’être interrogé à la fois quant à leurs réussites mais aussi quant à leurs éventuelles limites.

Proposer une communication

Pour postuler, veuillez envoyer les documents ci-dessous à l’adresse suivante : missiondemocratie@univ-nantes.fr

jusqu’au 14 juin 2024.

1. Un CV actualisé avec liste des publications si pertinent (ou courte biographie)
2. Une proposition de communication en précisant l’axe du colloque associé (500 mots – liens vers expérimentations)

Si la langue principale du colloque est le français, il est également possible de contribuer en anglais (la discussion pourra alors se faire en anglais).

Vous serez informés du résultat de l’appel fin juin. Les informations pratiques ainsi que la prise en charge et organisation de votre venue vous seront alors précisées.

Les échanges feront l’objet d’une captation vidéo à l’usage de l’université.

Frais

Les candidats qui seront retenus pour participer à ce colloque n’auront aucun frais d’hébergement et de transport. 

Sont intégralement pris en charge par les organisateurs : l’hébergement en hôtel, le transport allerretour en train (ou en avion pour les trajets ne pouvant se faire en moins de 7h en train), les repas du midi et du soir le jour du colloque ainsi que les petits déjeuners en hôtel.

Comité d’organisation 

• Arnauld LECLERC, professeur de sciences politiques à Nantes Université et responsable de la mission « démocratie universitaire »
• Émilie FRENKIEL, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’Université Paris-Est Créteil et assesseure « Engagements, vie étudiante, vie de campus et dispositifs participatifs » 

Contact

Pour davantage d’informations concernant cet évènement, veuillez contacter :

Manon DAMESTOY, chargée de mission « Démocratie universitaire » - Nantes Université +33 6 08 93 94 40 - mission-democratie@univ-nantes.fr - manon.damestoy@univ-nantes.fr

À propos de la mission « Démocratie universitaire » - Nantes Université

Autorité indépendante instituée en 2020 au sein de Nantes Université, la mission démocratie universitaire poursuit trois fonctions : (1) un rôle d’animation de la recherche autour des enjeux de démocratie universitaire ; (2) un rôle de conseil aux autorités élues sur le choix d’un dispositif démocratique pour renforcé la légitimité de la décision sur un problème donné ; (3) un rôle d’accompagnement dans le déploiement du dispositif choisi par l’autorité élue en vue de garantir la neutralité des processus mis en œuvre.