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Innover en conscience : en quête de sens

Revue « e-Phaistos », automne 2025

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Published on Wednesday, May 29, 2024

Abstract

Considérer la nature fondamentalement humaine de la technique et de l’innovation conduit à s’interroger sur ce que l’on « conçoit quand on conçoit ». On perçoit l’actualité d’un tel projet pour panser le monde et faire face aux grands défis contemporains. Un projet qui invite à considérer la question éminement politique du sens de l'innovation et interroge sur la possibilité de nous réarmer intellectuellement pour penser le sens politique des innovations de demain.

Announcement

Argumentaire

Si l’injonction permanente à innover peut laisser à penser que l’innovation est l’avatar du capitalisme contemporain, un regard rétrospectif démontre la vacuité d’un tel point de vue. En effet, et comme l’a souligné Bruno Jacomy : « l’innovation est inscrite dans l’histoire des hommes » (Jacomy, 2011).

Par une ironie de l’histoire, alors que l’Homme vit dans un monde anthropisé, constitué d’artefacts, nous manquons cruellement de connaissances sur le mode d’existence desdits artefacts.

Ce constat n’est pas étranger à la place de la technique dans la société. En effet, si la pensée grecque « laïcise la technique, la sortant de la magie et des interventions divines invoquées jusque-là » (Lamard, Lequin, 2006, p. 28), la connotation négative dont sont chargées les techniques dans la conception aristotélicienne (Sigaut, 1986) les laissent néanmoins en dehors de la boucle de la pensée (Stiegler, 2004, p. 15). Si, comme le rappelle Andrew Feenberg : « C’est à l’époque moderne que la technique a commencé à être prise au sérieux notamment avec la publication de l’Encyclopédie de Diderot. » (Feenberg, 2004, p. 23), on doit cependant à Jacob Bigelow d’avoir systématisé, dans son ouvrage Elements of Technology (1829), l'usage du mot technologie.  Toutefois, et comme l’a souligné François Sigaut, les techniques réduites à l'application des sciences « continuent à ne pouvoir exister par elles-mêmes. Elles ne sont pas objet de connaissance » (1987, p. 19).

C’est précisément ce constat qui conduira un certain nombre d’auteurs, à l’instar de Gilbert Simondon ou Herbert Simon, à aborder le monde de l’artificiel en cherchant à comprendre son essence même. Dans son ouvrage The Science of the Artificial paru en 1969, Herbert Simon nous invite à un décentrement, qui consiste à questionner l’existence et la dynamique de l’artefact du point de vue de son processus générateur, à savoir la conception, et du concepteur.

Considérer le rôle du concepteur conduit à mettre en avant la nature fondamentalement humaine de la technique et de l’innovation et ce faisant, à s’interroger sur ce que l’on « conçoit quand on conçoit ».

Est ainsi posée la question du sens de l’innovation.

  • En quoi les innovations sont-elles porteuses de sens et d’où vient-il ?
  • Comment s’est posée la question du sens de l’innovation dans l’histoire des sociétés ?
  • Quelles questions d’ordre « politiques » (rapport à la sécurité, à la vie privée, à la liberté, au vivant etc.,) l’innovation peut-elle conduire à se poser ?
  • Tout ce qui peut être plébiscité par les usagers est-il souhaitable à l’échelle de la société (Chouteau, Forest, Nguyen , 2021) ?
  • Comment expliquer le regain d’intérêt contemporain pour la question du sens politique de l’innovation ?
  • Peut-on aujourd’hui faire l’économie de la question du sens politique de l’innovation ?
  • L’innovation du future sera-t-elle pilotée par le sens ?
  • Comment nous réarmer intellectuellement pour penser le sens politique des innovations projetées ?

Les questions qui précèdent sont indispensables pour nous offrir les clés pour comprendre notre monde mais aussi penser notre action sur le monde voire même penser notre humanité. On perçoit l’actualité d’un tel projet pour panser le monde et faire face aux grands défis contemporains. Chemin faisant nous nous interrogerons sur l’enjeu de nous émanciper du paradigme des Sciences, Techniques et Société au profit d’un nouveau paradigme que nous nommerons Sociétés, Innovations, Sciences.

Conditions de soumission

Les auteur·e·s envoient :

  • un résumé en français de 4 000 signes (sans note) accompagné d’un court paragraphe biographique de 4 à 5 lignes, précisant, en fonction des cas, leur statut et/ou leur appartenance institutionnelle, leur parcours, leurs axes de recherche, leurs publications importantes/récentes et/ou leurs recherches en cours.
  • Un article de 25 à 40 000 signes (espaces, notes et bibliographie compris) ; De 0 à 8 illustrations

Les articles sont alors soumis à une lecture en double-aveugle auprès de deux évaluateurs.

Les auteur·e·s s’engagent à respecter la ligne éditoriale de la revue e-Phaistos.

Les propositions dʼarticles sont à soumettre à joelle.forest@insa-lyon.fr

Article attendu pour le 31 décembre 2024.

Publication du numéro automne 2025

Responsables scientifique du numéro

  • Joelle Forest INSA Lyon - Centre des Humanités, S2HEP, UR 4148, Campus LyonTech

Comité scientifique

  • Marco Bertilorenzi (Université de Padoue, Italie)
  • Ana Cardoso de Matos (Université d’Évora, Portugal)
  • Michel Cotte (ICOMOS)
  • Sophie Desrosiers (EHESS)
  • David Edgerton (King’s College London)
  • Sylvia Figueirôa (UNICAMP, Brésil)
  • Virginie Fonteneau (Université Paris-Saclay)
  • André Grelon (EHESS)
  • Hélène Timpoko Kiénon-Kabore (Université Abidjan, Côte d’Ivoire)
  • Pierre Lamard (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard)
  • Alain Michel (Université d’Évry)
  • Morgane Moëllo (musée La Fabrique des Savoirs, Elbeuf ; Corderie Valois, ND de Bondeville)
  • Humberto Morales (Universidad Autónoma de Puebla, Mexique)
  • Michel Pernot (CNRS)
  • Benjamin Ravier-Mazzocco (Fonds ancien Bibliothèque Municipale Lyon)
  • Bénédicte Rolland-Villemot (Direction des Musées, Ministère de la Culture)
  • Antoni Roca-Rosell (Université Polytechnique de Catalogne, Espagne)
  • Éric Rieth (CNRS)
  • François Wassouni (Université de Maroua, Cameroun)
  • Claudio Zanier (Université de Pise, Italie)

Comité de rédaction

  • Aurélie Brayet
  • Laure Ciccione
  • Deborah Cvickel
  • Barthélémy Durrive
  • Innocent Koffi Diezou
  • Patrick Féron
  • Jiali Huang
  • Cyril Lacheze
  • Valérie Luquet
  • Hanne-Lyse Meyer
  • Jan Mikes
  • Martine Mille
  • Joëlle Petit
  • Anne-Sophie Rieth
  • Marco Saraceno
  • Marion Werckele

Références bibliographiques

Bigelow J. (1829). Elements of technology. https://archive.org/details/elementsoftechno00jaco

Chouteau M., Forest J., Nguyen C. (2021). L’innovation au service de la société : l’approche P.S.I.. Londres : ISTE Editions.

Feenberg A. (2004). (Re)penser la technique, Paris : La découverte.

Jacomy B. (2011). L’innovation technique au fil du temps. Cahiers du musée des Confluences. Lyon, pp. 59-71.

Lamard P., Lequin Y-C. (2006). La Technologie entre à l’Université : Compiègne, Troyes, Belfort-Montbéliard. Sévenans : Pôle éditorial de l’UTBM

Sigaut F. (1987). Haudricourt et la technologie. Dans A.-G. Haudricourt, La technologie, science humaine, recherche d’histoire et d’ethnologie des techniques (p.8-34), Paris : MSH.

Simon H-A. (1969). The Sciences of the Artificial. Cambridge, MA, MIT Press, 1° edition

Stiegler B. (2004), Philosopher par accident, Paris : Galilée.


Date(s)

  • Tuesday, December 31, 2024

Keywords

  • histoire des techniques, innovation, éthique, philosophie de l'innovation, progrès

Information source

  • Joelle Forest
    courriel : joelle [dot] forest [at] insa-lyon [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Innover en conscience : en quête de sens », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, May 29, 2024, https://doi.org/10.58079/11qpe

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