À la croisée des lettres, des arts et des sciences humaines, ce numéro 09 de Méditations Littéraires invite les enseignants-chercheurs, les chercheurs et les doctorants à explorer les multiples facettes du sacré et du profane. En s’appuyant sur des approches interdisciplinaires, les contributions pourront analyser les représentations symboliques, les expériences individuelles et les constructions sociales liées à ces notions fondamentales.

Argumentaire

Forgée par Émile Durkheim vers la fin du XIX^e siècle, la distinction entre le sacré et le profane a depuis lors nourri de nombreuses réflexions philosophiques, sociologiques et anthropologiques. En littérature, dans les arts plastiques, au cinéma, dans le domaine musical et dans bien d’autres disciplines, cette dichotomie a été explorée, interrogée et parfois même subvertie.

Si le sacré renvoie à tout ce qui est considéré comme transcendant, divin, religieux, et le profane à tout ce qui est lié à la vie quotidienne, à la matière, à l’immanence, leur opposition n’est pas absolue. Au contraire, l’histoire de la pensée et de la création artistique témoigne d’une dialectique constante entre ces deux pôles, d’une hybridation et d’une transmutation incessantes.

La littérature, en tant que miroir de la société et de l’âme humaine, a toujours été un espace privilégié pour explorer les nuances de cette dialectique. Le sacré et le profane ne sont pas l’apanage des récits fondateurs, comme ceux de la Bible, du Coran ou des Upanishads. Ces mêmes notions se retrouvent dans les romans contemporains de Dostoïevski, de Baudelaire ou de Borges. Les auteurs y ont représenté le sacré sous toutes ses formes, l’associant et l’assimilant tour à tour aux divinités, aux rites, aux lieux sacrés, aux expériences mystiques.... Leurs œuvres ont contribué, par moments, à déconstruire ces représentations, à les relativiser voire à les parodier, comme le fait Kafka dans ses nouvelles.

Les arts visuels, quant à eux, ont souvent été au service de la religion, produisant des œuvres d’une grande beauté et d’une profonde signification spirituelle, comme en témoignent les peintures de Michel-Ange ou de Botticelli. Cependant, l’art contemporain a radicalement bousculé ces codes, détournant les symboles religieux et les inscrivant dans un contexte profane, voire provocateur, ainsi que l’attestent des installations de Damien Hirst ou des performances de Marina Abramović.

Le cinéma a pu également, par le truchement du jeu et de la mise en œuvre de la fonction cathartique qui induit souvent la manipulation des émotions, explorer largement cette thématique. L’adaptation des textes sacrés, comme dans La Passion du Christ de Mel Gibson, la mise en scène des rites initiatiques comme dans Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman, et parfois même la profanation de l’image sacrée, comme dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola suffisent à mettre en évidence ce rapport dialectique qui existe entre sacré et profane.

Quant à la musique, elle a eu, à son origine notamment, souvent partie liée avec le sacré. Les chants mystiques des différentes ethnies du monde mais aussi la musique religieuse classique de Bach ou de Mozart ou encore les expérimentations les plus avant-gardistes de John Cage mettent en exergue le lien irréfutable qui unit musique et sacré.

Par ailleurs, les sciences humaines, à savoir la philosophie, l’anthropologie, la sociologie et la psychologie n’ont pas manqué de mettre en lumière la notion de sacré et ses implications dans la vie sociale et individuelle.

Dans un monde de plus en plus sécularisé, les enjeux liés au sacré et au profane demeurent plus que jamais d’actualité. Comment ces notions évoluent-elles dans nos sociétés contemporaines, marquées par la globalisation et la fragmentation des identités ? Quelles sont les conséquences des conflits religieux ? Comment le sacré contribue-t-il à donner du sens à l’existence dans un contexte de nouvelles croyances et de nouvelles formes de spiritualité ? Comment les différents arts contemporains redéfinissent-ils les frontières entre le sacré et le profane ?

À la croisée des lettres, des arts et des sciences humaines, ce numéro 09 de Méditations Littéraires invite les enseignants-chercheurs, les chercheurs et les doctorants à explorer les multiples facettes du sacré et du profane. En s’appuyant sur des approches interdisciplinaires, les contributions pourront analyser les représentations symboliques, les expériences individuelles et les constructions sociales liées à ces notions fondamentales. Sans prétendre épuiser le sujet, nous encourageons les contributions qui gravitent autour des thèmes suivants :

• Le sacré et le profane dans la littérature : De quelle manière la littérature explore-t-elle la tension entre le sacré et le profane à travers les âges ? etc.
• L’expérience esthétique entre sacré et profane : Comment l’art peut-il susciter des expériences du sacré ? Quelles sont les différences et les similitudes entre les expériences religieuses et esthétiques ? etc.
• Le profane comme lieu de résistance : Comment le profane peut-il être un espace de contestation des normes sociales et religieuses ? Quelles sont les formes de subversion du sacré dans l’art et la littérature ? etc.
• Le corps comme lieu du sacré et du profane : Quelles fonctions le corps remplit-il dans les différentes cultures pour exprimer le sacré et le profane ? Quelles transformations ont marqué ces représentations au cours de l’histoire ? etc.
• Le sacré et le politique : Comment le sacré a-t-il été instrumentalisé à des fins politiques ? Quelles sont les relations entre le sacré et la construction des identités nationales ? etc.
• Le sacré dans un monde digital : Quel est l’impact des nouvelles technologies sur les pratiques religieuses et les expériences du sacré ? Quelles sont les nouvelles formes de sacralisation dans le monde numérique ? etc.

Modalités de soumission

Pour ce numéro dont la publication est prévue en fin décembre 2024, les propositions d’articles – en français ou en anglais – n’excédant pas une demi-page (en Times New Roman ; 12 ; simple), devront être accompagnées d’une brève notice biobibliographique de l’auteur (institution de rattachement, Labo, publications…).

Elles devraient parvenir, en un seul document Word, à l’adresse suivante : contact@meditationslitteraires.com

avant le 05 novembre 2024

La rédaction communiquera les résultats de la sélection au plus tard le 07 novembre 2024.

Après acceptation des propositions, le retour des articles complets est attendu pour le 20 décembre 2024. Ceux-ci seront soumis à une double expertise anonyme (double aveugle) après validation du comité de rédaction.

La date prévue pour la publication électronique de ce numéro est la fin décembre 2024.

La version papier sera publiée, dans les Éditions Orchidées, à la fin janvier 2025.

Dates importantes

• Date limite de l’envoi des propositions : 05 novembre 2024
• Résultats des propositions retenues : 07 novembre 2024
• Date limite de l’envoi des articles complets : 20 décembre 2024
• Publication électronique du numéro : fin décembre 2024
• Publication papier du numéro : fin janvier 2025

Rédacteur en chef

• Khalil Baba (Professeur de l’Enseignement Supérieur HDR, Maroc)

Comité de rédaction

• Marc Gontard (Professeur Émérite, France)
• Amel Fakhfakh (Professeur de l’Enseignement Supérieur, Tunisie)
• François Le Guennec (Chercheur, France)
• Zsuzsa Simonffy (Maître de conférences HDR, Hongrie)
• Catherine Webster (Professeur de l’Enseignement supérieur, États-Unis d’Amérique)

Chargée de communication web

• Inès Messaoud (Inesart) (Enseignant-chercheur, France)