InicioLa sélection des candidats dans les partis politiques contemporains : coulisses, procédures et acteurs
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Publicado el miércoles 29 de enero de 2025

Resumen

Ce colloque a pour but de rassembler des chercheurs travaillant sur la sélection des candidats dans les partis politiques contemporains, en privilégiant une approche comparative et transnationale. L’objectif est de croiser les regards entre différentes échelles d’analyse et entre différents contextes nationaux. Cette approche permettra d’identifier les tendances générales et les transformations dans les processus de sélection des candidats selon les contextes institutionnels, culturels et politiques afin de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre dans ce processus essentiel mais méconnu des systèmes représentatifs.

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26 et 27 juin 2025 à Sciences Po Lille

Argumentaire

Les élections sont au cœur de la relation entre les partis et la démocratie représentative : les électeurs y départagent des personnalités ou des listes souvent financées, promues et sélectionnées au préalable par des partis. Comme le soulignait Max Weber, « il est exclu que l’on puisse organiser pratiquement des élections dans des groupements politiques étendus sans cette sorte d’organisation » (Weber, 1963[1919], p.149). Ainsi, de même que les
démocraties contemporaines se caractérisent par leur fonctionnement électif – tout comme d’ailleurs un certain nombre de régimes autoritaires ou semi-autoritaires – les partis politiques contemporains se définissent en grande partie par leur rôle de sélection des candidats et de structuration de l’offre électorale (Gunther et Diamond, 2001 ; Cross, 2008).

Cette observation a conduit les politistes, depuis les origines de la discipline, à s'intéresser aux modalités de sélection intra-partisane des candidats aux élections, qu'elles soient locales ou nationales, postulant parfois le principe que comprendre ce phénomène, c’était déjà ouvrir une fenêtre d’analyse sur l’ensemble du système démocratique (Schattschneider, 1942).

L’intérêt pour ce sujet a été variable au cours du temps. S’il comptait parmi les thèmes de prédilection des pionniers de l’étude des partis (Duverger, 1981[1951], Michels, 1971[1911], Ostrogorski, 1993[1912]), il n’a suscité que peu de travaux dans la période de l’après-guerre, lorsque l’attention des chercheurs s’est davantage tournée vers les systèmes partisans, les modèles d’organisation ou encore, notamment en France, les ancrages sociaux du militantisme (Bachelot et Greffet, 2024). On note tout de même un fort regain d’attention depuis les années 1980, en concomitance avec une série d'études sur le déclin ou la transformation des organisations partisanes (pour une synthèse critique du thème du déclin, voir Dezé, 2024a). Alors que les fonctions d’intégration sociale et de production idéologique des partis semblent progressivement s’éroder, il apparait qu’ils conservent « un rôle quasi-monopolistique au niveau de la structuration de l’offre politique, de la sélection du personnel politique [...] ou de l’encadrement et de la coordination des élites politiques » (Dezé, 2024b, p. 115). Dans ce contexte, des chercheurs comme Michael Gallagher et Michael Marsh ont réaffirmé l’importance d’études se penchant sur la sélection partisane des candidats, afin d’explorer ce qui leur semblait toujours être « le jardin secret de la politique » (Gallagher et Marsh, 1988), près de quarante ans après que Maurice Duverger eut déjà mis en évidence « l’occultisme » de la « cuisine électorale » (Duverger, 1981[1951], p. 468).

Toutefois, ces quelques travaux, principalement anglophones (pour une synthèse déjà ancienne, voir Norris, 1997), n’ont trouvé que peu d’échos en France. Sans doute faut-il y voir un symptôme d’un manque de dialogue entre une science politique internationale ancrée dans des perspectives plutôt « organisationnelles » ou « entrepreneuriales » (pour reprendre la distinction opérée par Sawicki, 1997 ; Haegel, 2007), qui a souvent abordé le sujet à parti des théories du choix rationnel, du niveau macro et de grandes enquêtes comparatives ; et une sociologie politique française plus attentive aux niveaux micro et méso, mobilisant des méthodes ethnographiques afin d’analyser les partis sous un angle socio-culturel (Bachelot, 2017). De fait, la dimension procédurale et l’inscription dans les jeux de pouvoirs internes de la question de la sélection des candidats semblent bien plus propices à l’approche adoptée par les travaux anglophones, ce qui peut expliquer le relatif désintérêt dont elle a fait l’objet dans les travaux français qui l’entrevoyaient de façon plus périphérique. La résurgence toute récente de cette question en France ne s’est d’ailleurs produite qu’au gré d’un certain retour en grâce des questions organisationnelles, coïncidant avec l’apparition de nouvelles formes de procédures de sélection ou de nouvelles formes de partis.

À ce titre, on ne peut que regretter le décalage entre la centralité permanente et renforcée de cette fonction de sélection dans les partis contemporains, et la rareté des recherches qui s’y intéressent en France. Ce sujet semble d’autant plus pertinent à étudier aujourd’hui que la démocratisation est au cœur des discours partisans, et que diverses innovations récentes sont venues renouveler les dispositifs de sélection afin de les ouvrir aux adhérents ou aux sympathisants. Il ouvre également de nombreux questionnements sur les nouvelles formes d’organisations partisanes, mouvementistes ou personnelles, où la sélection des candidats est l’un des enjeux de tension entre horizontalité à la base et centralisation décisionnelle. Dès lors, de nombreux chantiers restent encore à ouvrir afin de surmonter l’opacité qui entoure un processus qui se déroule en partie en coulisses, loin du regard du public.

Son analyse s’avère justement cruciale pour comprendre le fonctionnement contemporain des partis politiques. La sélection des candidats se situe au cœur des dynamiques intra-organisationnelles des partis dans la mesure où elle est l’un des leviers principaux de l’économie de leurs rétributions internes (Bachelot et Haegel, 2021, p. 782 ; Gaxie, 1977). Pour Elmer Eric Schattschneider, elle est aussi l’un des terrains déterminants de la lutte pour le pouvoir au sein des partis, puisque « la nature du processus de sélection détermine la nature du parti ; celui qui détient le pouvoir de sélectionner les candidats contrôle le parti ». (Schattschneider, 1964, p. 42). Toutefois, elle peut aussi s’inscrire dans des stratégies d’alliance électorale et devenir l’enjeu de relations inter-partisanes. Que révèle-t-elle alors sur les partis engagés dans une telle alliance et sur les liens qui les unissent ?

Questionner ce processus, c’est ainsi s’interroger sur qui en possède les leviers et selon quelles modalités il(s) les utilise(nt). De même, c’est s’interroger sur ceux qui sont sélectionnés, et donc sur les critères d’éligibilité et de sélection, sur les qualités – objectives ou subjectives – dont les aspirants candidats doivent faire preuve pour être sélectionnés et les effets de ces critères sur la représentativité des candidats par rapport à l’électorat ou aux adhérents du parti. C’est enfin également s’interroger sur la professionnalisation politique, dont les partis demeurent les principaux opérateurs, et ce bien avant l’accès de leurs représentants à des fonctions électives.

Ce colloque a pour but de rassembler des chercheurs travaillant sur la sélection des candidats dans les partis politiques contemporains, en privilégiant une approche comparative et transnationale. Si les configurations démocratiques semblent les plus propices à ces études, les contextes autoritaires pourront également être évoqués (voir notamment Morse et Norbert, 2024, Manion, 2023, Mikhasev et Golosov 2023). Une attention particulière sera portée à l'articulation entre les différentes échelles de la sélection, du municipal au national, en passant par les échelons départementaux, régionaux et européens. En effet, les partis sont amenés à sélectionner des candidats pour une grande diversité de scrutins, chacun obéissant à des logiques spécifiques en termes de critères de sélection, de procédures et d'enjeux.

L'objectif est de croiser les regards entre différentes échelles d'analyse et entre différents contextes nationaux. Cette approche permettra d'identifier les tendances générales et les transformations dans les processus de sélection des candidats selon les contextes institutionnels, culturels et politiques. En confrontant ces différentes dimensions, ce colloque vise à enrichir notre compréhension des mécanismes de sélection, et à explorer les processus de contamination ou de mimétisme institutionnel (DiMaggio et Powell, 1983, Scarrow, 2005, Sandri et al., 2015) entre partis en questionnant l'existence potentielle de tendances convergentes dans la fabrique des candidats au sein des partis contemporains  Lefebvre et Treille, 2019).

Modalités de contribution

Les communications portant sur le monde anglophone sont bienvenues.

L'appel à communication se trouve à cette adresse.

Les propositions de communications sont à envoyer par mail à l’adresse colloquecandidats2025@gmail.com

avant le 17 mars 2025.

Les réponses seront envoyéesdébut avril.

Les communications devront s’appuyer sur un travail empirique ou/et théorique substantiel. Elles pourront mobiliser des études de cas détaillées ou des approches comparatives et des méthodologies tant qualitatives que quantitatives pour éclairer les modalités contemporaines de sélection des candidats. Les terrains peuvent porter sur des régimes démocratiques représentatifs, mais aussi sur des régimes autoritaires

Comité d’organisation

  • Clément ECHENE (Lille, CERAPS) ;
  • Ludovic GRAVE (Lille, CERAPS) ;
  • Clémence LEVEQUE (Sorbonne Nouvelle, CREW) ;
  • Denis RAYER (EHESS, CESPRA)

Comité scientifique

  •  Agnès ALEXANDRE-COLLIER (Bourgogne, TIL),
  •  Carole BACHELOT (Assas, CECP),
  • Alexandre DEZE (Montpellier, CEPEL),
  • Clément ECHENE (Lille, CERAPS),
  • Ludovic GRAVE (Lille, CERAPS),
  • Vanessa JERÔME (Université Simon Fraser, Université de Montréal, CESSP),
  • Rémi LEFEBVRE (Lille, CERAPS),
  • Clémence LEVEQUE (Sorbonne Nouvelle, CREW), 
  • Denis RAYER (EHESS, CESPRA).

Lugares

  • Sciences Po Lille
    Lille, Francia (59)

Formato del evento

Evento en presencial


Fecha(s)

  • lunes 17 de marzo de 2025

Palabras claves

  • parti politique, sélection, candidat

Contactos

  • Comité d'organisation
    courriel : je [dot] questes [dot] faux [at] proton [dot] me

URLs de referencia

Fuente de la información

  • Clémence Leveque
    courriel : clemence [dot] leveque [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr

Licencia

CC-BY-4.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons - Reconocimiento 4.0 Internacional - CC BY 4.0.

Para citar este anuncio

Clément Echene, Ludovic Grave, Clémence Leveque, Denis Rayer, « La sélection des candidats dans les partis politiques contemporains : coulisses, procédures et acteurs », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el miércoles 29 de enero de 2025, https://doi.org/10.58079/13786

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