AccueilRitualités sociales et littéraires
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Publié le mardi 04 février 2025

Résumé

Boire ou écrire ? Ou plutôt boire et écrire… Cette journée à destination des jeunes chercheuses et chercheurs, doctorantes, doctorants a pour ambition de confronter quelques trajectoires exploratrices de ces ritualités littéraires socialisées afin de mettre en commun les enjeux, les problèmes, les choix faits en conscience académique pour traiter aujourd’hui avec méthode et rigueur de ce qui était en mesure justement de provoquer une autre logique que la logique rationnelle : l’alcool en littérature.

Annonce

Argumentaire

Boire ou écrire ? Ou plutôt boire et écrire… Non que les écrivains doivent obéir forcément au stéréotype bohême de l’inspiration alcoolisée pour être en mesure d’être doté d’une quelconque valeur littéraire en dépit des propos tenus par Diana, personnage amie de la narratrice Clara dans Les petits Chevaux de Tarquinia : “Un bitter campari, c’est magique”. Non, l’alcool n’est pas magique en soi… mais il est néanmoins le support et le véhicule d’une sociabilité, et même d’une socialité, littéraire trans-séculaire qui semble en tant que contexte culturel ou motif littéraire être réutilisable à l’infini et donc doté de facultés magiques. Mais ce sont des facultés magiques ordinarisées, socialisées, de celles dont les anthropologues littéraires, les historiens, les sociologues, cherchent à cerner et c’est pourquoi une approche transdisciplinaire est à favoriser. Elle suppose qu’on n’écrit jamais seul/seule, même si on écrit en solitaire. Elle suppose aussi que l’écriture et la littérature, en tant que pratiques et modes d’êtres, puissent être pensées en relation avec des ritualités sociales en dépit de la fameuse doctrine de l’autotélisme littéraire. Et justement, paradoxalement : à partir du dernier tiers du XIXsiècle, parce que boire et écrire ensemble ont pu aussi signifier la mise en acte d’une certaine modernité d’émancipation du Magister littéraire loin de la tribune, de l’éloquence, d’une littérature considérée comme discours, l’alcool a pu aider à créer un écart, une distance entre la gente littéraire et le reste des hommes et femmes qui ne participaient aux agapes séparées de la Littérature.

Sans surprise, ce double dynamique faisant de la boisson alcoolisée un moteur possible de la création littéraire en même temps qu’une pratique sociale ritualisée, infuse dans les œuvres de bon nombre d’auteurs. Comme objet thématique, l’alcool a ses adeptes. Depuis la “dive bouteille” rabelaisienne et jusqu’au vin baudelairien, la permanence de la célébration des libations ne fait pas de doute. Pour autant, au moment où la modernité impulse parallèlement des avancées techniques en matière de production industrielle d’alcools et de considérables progrès en ce qui concerne les sciences médicales, le liquide a aussi ses détracteurs. Pour ne retenir qu’un exemple emblématique, difficile de ne pas penser à L'Assommoir de Zola, où le nectar littéraire se fait fléau social. On le voit, le motif de l’alcool devient dès lors tout politique : tantôt substance cristallisant un désir d'émancipation anticonformiste, tantôt poison aliénant le peuple. 

Comme motif structurant enfin, la consommation d’alcool aiguille les pas de nombreux protagonistes romanesques et érige un décor fictionnel typique mais également utile à la construction narrative. Ainsi apparaissent des lieux emblématiques comme autant de points sur la carte du roman : les cafés, les bars, les restaurants, les brasseries.

Cette journée d'étude à destination des jeunes chercheuses et chercheurs, doctorantes, doctorants a pour ambition de confronter quelques trajectoires exploratrices de ces ritualités littéraires socialisées afin de mettre en commun les enjeux, les problèmes, les choix faits en conscience académique pour traiter aujourd’hui avec méthode et rigueur de ce qui était en mesure justement de provoquer une autre logique que la logique rationnelle : l’alcool en littérature.

Programme 

  • 9h00 | Accueil
  • 9h30 | Ouverture de la journée et Préambule Nicolas Allart et Alice Jousseaume, doctorant et doctorante, Université de Lille, Alithila et Paris-Sorbonne, CELLF. Directeur et Directrice de la journée d’étude.  
  • Conférence d’introduction « Cafés, cabarets, bistrots : lieux médiatiques, lieux littéraires (Du début des Trois Glorieuses à la fin des 30 Glorieuses)» Laurent Bihl, Mcf  en Histoire et communication audiovisuelle , Paris-I Panthéon-Sorbonne, Centre d’histoire du XIXe siècle. 

Matinée VIIIe-XIXe  

Présidence de séance  Myriam Roman

10h | Session 1

  • « Il [n’]est [pas] des nôtres ! » Étude comparée de la figure de l’abstème dans les poèmes bachiques du mujūn arabe (VIIIe siècle) et du libertinage français (XVIIe siècle) Aurélien Roche, Doctorant en Littérature comparée, Université de Lille, Alithila.

10H30 | Session 2

  • « L’Alcool dans Oberman : tropisme et modération. » Jacques Marckert, Doctorant en Littérature française (XIXe), Université Clermont-Auvergne, CELIS.
  • « À la santé du peuple ! Le corps ivre dans le récit d’insurrection au XIXe siècle  » Alice Jousseaume, Doctorante en Littérature française, Sorbonne université, CELLF

11H30 | Questions et discussions

12H30-13H30 | Déjeuner

Après-midi XXe siècle

Présidence de séance Florence de Chalonge

14h | Session 3  

  • « Cru lancelevée et café des poilus. Boire en France de 1914 à 1918 d’après les menus de guerre. »Nicolas Fleurier, Doctorant en Histoire, Université Paris 8, IFG et Traverses.
  • « Qu’importe le flacon pourvu qu’on n’ait pas l’ivresse » :  La place paradoxale de l’alcool dans les cafés aragoniens. 1870-1945 » Nicolas Allart, Doctorant en Littérature française, Université de Lille, Alithila
  • « Les Cafés, laboratoires anthropologiques et fictionnels chez Jean Giono. » Yann Figuière, Doctorant en Littérature française, Sorbonne Université, CELLF

15h30 | Discussion et Pause

16H00 | Session 4

  •  « Art et politique dans la base de données MALCOF [(Mouvement AntiaLCOolique Français) – base de données des sections antialcooliques en France et dans les colonies actives entre 1883 et 1950 (nombre estimé – 4000)] » Victoria Afanasyeva, Historienne, Chercheuse indépendante.
  • « Absinthe, avortement et Bacchantes dans le scénario d’Orphée (1949-1950) de Jean Cocteau » Fanny Van Exaerde, Doctorante en Littérature française, Université de Lille, Alithila

17H00 | Discussion et Conclusion

  • « Retours critiques sur les socialisations littéraires XIXe et XXe siècle  » Dominique Dupart, Mcf Littérature Française, Université de Lille, Alithila

17h30 | Clôture et pot d’adieu

Lieux

  • Maison de la Recherche, salle F0.13 - Université de Lille - Campus Pont de Bois, 3 Rue du Barreau
    Villeneuve-d'Ascq, France (59)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • vendredi 07 février 2025

Mots-clés

  • alcool, littérature, histoire, sociologie

Contacts

  • Alice Jousseaume
    courriel : alice [dot] jousseaume [at] sorbonne-universite [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Alice Jousseaume
    courriel : alice [dot] jousseaume [at] sorbonne-universite [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Ritualités sociales et littéraires », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 04 février 2025, https://doi.org/10.58079/138f9

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