Les périodes transitoires constituent des mots clés de l'histoire, marqués par des bouleversements politiques, sociaux, économiques, culturels, mais aussi urbains et monumentaux. Ce colloque propose d'examiner ces moments de transition sous différents prismes disciplinaires, en mettant en lumière les dynamiques de rupture et de continuité à travers les regards des historiens, des archéologues et des anthropologues.

Périodes de transition en histoire entre Maġreb et Mašreq : Regards croisés des historiens, des archéologues et des anthropologues - Colloque international en hommage à Madame Mounira Chapoutot-Remadi - 22- 23- 24 octobre 2025

Argumentaire

Ce colloque rend hommage à Madame Mounira Chapoutot- Remadi, historienne médiéviste disparue en octobre 2023, dont les travaux ont profondément marqué le champ de l’histoire du monde islamique médiéval, en particulier à travers ses recherches sur l’époque mamelouke. Enseignante rigoureuse et passionnée, ses cours sur l’histoire médiévale occidentale, sur l’Anthropologie historique, ont été construits parallèlement à ses nombreux travaux consacrés à l’histoire des villes, au Maghreb et en Orient, intégrant des approches croisées entre histoire et anthropologie.

Généreusement, elle a par ailleurs dirigé un grand nombre de thèses, couvrant aussi bien l’histoire médiévale que l’archéologie, l’anthropologie et le patrimoine, avec une attention particulière portée aux phénomènes de mutation, de recomposition et de transition, qu’elle appréhendait comme des moments clés de compréhension des sociétés du passé.

Le thème des périodes transitoires en histoire l’intéressait au plus haut degré. Elle envisageait de le développer dans un cadre pluridisciplinaire ; elle n’a pas eu le temps de le réaliser. Ce colloque, en lui rendant hommage, reprend ce projet, elle qui a toujours privilégié l’interdisciplinarité dans l’approche des faits historiques. Les périodes transitoires bénéficieront de cette approche.

Un colloque, tenu du 10 au 12 juin 2015 à l’université Paris Nanterre intitulé « Transitions Historiques : rythmes, crises, héritages », a déjà posé cette question, autour des réflexions de François Hartog sur les « régimes d’historicité ». Les tenants de ce colloque se sont notamment interrogés sur le sens et les usages du mot « transition », à l’heure du présentisme. Le présent colloque veut s’inscrire dans la continuité de cette première réflexion, en approfondissant certains axes et en ouvrant de nouvelles perspectives.

Nous entendons, en effet, insister sur l’apport fondamental de l’archéologie, discipline souvent au cœur de l’identification des ruptures, des continuités ou des recompositions des sociétés anciennes. C’est assurément en croisant les sources matérielles et textuelles que seront mieux repérés les changements qui s’opéraient à l’intérieur des temporalités longues, et mieux seront saisies les perceptions qu’en ont les acteurs de ces changements.

Ce colloque s’inscrit par ailleurs dans une démarche d’histoire globale, attentive à toutes les périodes — de l’Antiquité à l’époque contemporaine —, avec une attention toute particulière au Moyen Âge, aussi bien en Orient qu’en Occident chrétien ou musulman. C’est là une manière de valoriser les terrains et les temporalités chers à Mounira Chapoutot, sans négliger ni d’autres contextes chronologiques ni les diverses approches méthodologiques susceptibles de fournir un éclairage supplémentaire aux périodes transitoires dans l’histoire.

Dans ce sens, en outre de l’archéologie, de l’anthropologie, de l’histoire urbaine et celle des idées, nous prêterons attention aux notions, aux concepts, aux mots et aux choses qui eurent un impact plus ou moins transformatif sur le cours des événements historiques.

À partir de là, les contributions pourront s’inscrire dans les axes suivants :

Penser la transition : concepts, outils et approches croisées

• Comment définir une période de transition, (selon les historiens, les archéologues et les anthropologues) ?
• Comment articuler le temps long, les événements, les ressentis ?
• Comment les sources ont-elles perçu les périodes de transition ?

Villes et transition : espaces, pouvoirs, sociétés, économie

• Villes en mutation : Le Caire, Fès, Cordoue, Palerme, Damas, Bagdad, Kairouan, Tunis, Bejaïa, Marrakech, Sfax, etc. Comment les monuments ou les vestiges racontent une transition ? Comment les transformations architecturales (réemplois, reconstructions, abandons) racontent-elles une transition ? Comment lire les transitions dans les formes bâties, les styles, les usages des lieux ?
• Vivre les transitions dans les villes -carrefours et les villes- frontières.
• Changements dans la configuration urbaine et/ ou dans l’organisation sociale.
• Reconfigurations du pouvoir local : effacement ou réorganisation des élites lors de la transition entre deux régimes (par exemple, le passage des Omeyyades aux Abbassides, ou des Mamelouks aux Ottomans, etc.).
• Villes en transition et économie : les changements dans les modes de production

Campagnes, tribus et transition : acteurs périphériques ou moteurs du changement ?

• Périodes de transition et dynamiques de pouvoir en milieu rural et tribal : soulèvements populaires, alliances stratégiques, reconfigurations territoriales et institutionnelles.
• Transformations archéologiques des campagnes et des territoires tribaux : émergence ou abandon de sites ruraux (villages désertés, réaménagés ou déplacés), ainsi que l’évolution de l’habitat, des pratiques agricoles et des réseaux d’échanges, témoignant de ruptures ou de continuités.
• Recomposition des sociétés rurales : transmission des récits collectifs, stratégies de résilience et innovations culturelles.

Vivre la transition : récits, émotions, pratiques

• Comment les gens vivent et racontent les périodes de changement ?
• Commémorer, oublier, adapter : mémoire collective et réponses individuelles.
• Comment les communautés urbaines et rurales vécurent-elles les changements historiques ?

Religions, cultures et savoirs en mutation

• Transitions au niveau des croyances, des pratiques religieuses ou les discours culturels, face aux transitions à grande échelle, face aux cataclysmes naturels et aux épidémies.
• Rôle des lettrés et des religieux dans ces moments de bascule.
• Circulation des manuscrits, des idées, des savoirs, etc.

Ce colloque entend croiser les regards, les terrains et les disciplines pour explorer les périodes transitoires en histoire, non comme simple objet de périodisation, mais comme mode de penser le changement, dans toute sa complexité. Il vise à honorer à la fois la mémoire d’une érudite exceptionnelle, Mounira Chapoutot -Remedi, et à perpétuer une tradition scientifique.

Modalités de soumission

La participation peut prendre la forme d’une communication, d’un poster ou d’un film documentaire. Les propositions de communication (titre + résumé de 300 mots au maximum), sont à envoyer à l’adresse suivante : hommagechapoutotdephisflshs@gmail.com,

avant le 20 juillet 2025.

Le colloque se tiendra à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse, ainsi qu’au musée archéologique de Sousse les 22, 23 et 24 octobre 2025.

Comité d’organisation

• Asma Amara
• Hmida Toukabri
• Racha Ben Abdeljelil
• Sofiene Ben Moussa
• Lamia Abidi
• Hamida Bacha
• Ali Oun
• Hana Ouaz
• Afef Helali

Comité Scientifique

• Ahmed Mcharek
• Hameed Said
• Mohamed Said
• Boutheina Ben Hassine
• Salwa Belhaj Salah
• Ahmed El Bahi
• Salah Baizig
• Khaled Kchir
• Faouzi Mahfoudh
• Ibrahim Jedla
• Mounir Rouis
• Thouraya Belkahiya
• Ridha Kaabia
• Ridha Raddhab
• Adnen Mansar
• Kamel Jerfel
• Abdel Wahid Mokni
• Fathi Jaray
• Hafedh Ben Hassine
• Mehdi Jerad
• Nouri Boukhchim