Les mondes arabes au prisme des émotions
The Arab Worlds Through the Lens of Emotions
Publié le mardi 24 juin 2025
Résumé
Cet appel à contribution invite les spécialistes de différentes disciplines et de différents pays de la région à faire le point sur les recherches en cours, dans un contexte où l’actualité émotionnelle est particulièrement chargée. Il propose d’explorer la manière dont les émotions s’y déploient, circulent et sont régulées ou instrumentalisées, dans une époque où leur expression numérique joue un rôle déterminant dans la compréhension et la représentation des conflits contemporains. Le colloque entend ainsi réunir des chercheur.e.s qui analysent les émotions dans une perspective à la fois théorique et méthodologique, attentive d’une part à leur dimension relationnelle et d’autre part à leurs ancrages matériels, temporels et spatiaux.
Annonce
10ème colloque annuel du CCMO
14-15 OCTOBRE 2025
Collège de France (site Ulm)
Argumentaire
Les récents bouleversements au Moyen-Orient et au Maghreb ont généré une intensité émotionnelle, sur place et à travers le monde, véhiculée et visibilisée de façon spectaculaire par les réseaux sociaux. Ces plateformes numériques sont en effet devenues des vecteurs privilégiés pour partager en temps réel les émotions brutes suscitées par les événements politiques et sociaux majeurs connus par la région ces dernières années : l’horreur, la peur et la souffrance ressenties à Gaza face aux images des massacres, constituant à la fois un acte de témoignage poignant et une résistance assumée au discours déshumanisant de l’État d’Israël ; le soulagement, l’effroi et l’incrédulité produits par l’ouverture des prisons en Syrie, symbolisant à la fois libération et traumatisme ; l’indignation face aux migrants refoulés par les forces de sécurité dans le désert en Tunisie avec parfois une approbation déconcertante de la part des populations locales ; le choc déclenché par les tremblements de terre survenus en 2023 en Syrie et en Turquie mais aussi au Maroc ; ou encore la sidéra- tion provenant du Liban, où les images des destructions matérielles produites par l’explosion au port et plus récemment par les bombardements israéliens se mêlent aux messages poignants de la diaspora exprimant une angoisse existentielle.
Ces émotions, cependant, font également l’objet d’une surveillance accrue, souvent soupçonnées ou critiquées : ainsi, les mouvements juifs antisionistes dénoncent la difficulté d’exprimer publiquement leur deuil après le 7 octobre 2023 sans risquer une instrumentalisation politique au service d’une logique guerrière. De même, en Europe et en Amérique du Nord, la nécessité de modérer publiquement colère et indignation est devenue un enjeu crucial, sous peine de subir des accusations d’apologie du terrorisme voire plus récemment aux Etats-Unis, la déportation. Enfin, des émotions spécifiquement politiques telles que la shamāta – cette joie maligne que suscite le malheur d’autrui, particulièrement perceptible chez certains Syriens se réjouissant des difficultés rencontrées par le Hezbollah lors des attaques israéliennes de septembre 2024 – révèlent les dimensions complexes et ambivalentes des affects, marquées par une incertitude croissante, en contexte de crise géopolitique.
Longtemps au cœur des réflexions en sciences sociales, les émotions ont pourtant peiné à être reconnues comme objet d’étude à part entière. Or, au tournant du XXIe siècle un changement s’opère. Partant du principe que l’on ne peut faire de la sociologie, de l’anthropologie ou de l’histoire que de ce qui s’exprime, un nombre grandissant de chercheur.e.s se sont intéressés aux registres, modalités d’expression et conditions d’énonciation des émotions plutôt qu’à un prétendu ressenti impossible à saisir a posteriori par l’observateur extérieur. En parallèle, plusieurs travaux se sont attachés à montrer que le ressenti affectif, tout autant que ses modalités d’expression, relève d’une construction sociale. Loin d’être un phénomène purement intérieur ou un « matériau brut et universel » hors du social (Fer, 2014), l’émotion nous relie aux autres et à notre environnement, qui contribuent à la façonner autant que notre histoire personnelle. Envisagées comme une « expérience » (Quéré, 2012) ou comme une « puissance de transformation » (Petit, 2021), les émotions participent pleinement du lien social : elles agissent sur les individus tout en étant des vecteurs d’action sur le collectif – qu’il s’agisse des normes, des institutions, des habitudes ou des règles.
La manière d’appréhender les émotions varie en fonction des approches disciplinaires. L’anthropologie a montré comment l’universalité émotionnelle est façonnée par les contextes culturels. L’histoire, en s’appuyant sur les archives, les correspondances ou les objets patrimoniaux, a mis en lumière la portée sociale, politique et historique des émotions. En sociologie, et notamment dans la sociologie du travail, la question des émotions a été abordée sous l’angle de leur marchandisation et de leur rôle dans les rapports so- ciaux. Révélant l’existence d’un travail émotionnel (Hochschild, 1983), les études féministes ont particulièrement contribué à souligner l’importance des affects dans les économies du care, du travail domestique ou du sexe, en lien avec les divisions sociales et de genre. Dans le champ politique, c’est la dimension affective et émotionnelle dans l’action collective et l’engagement qui a été étudiée. En termes aréaux enfin, soulignons que les mondes arabes ont été investis comme une véritable « zone de théorie » (Lutz et Abu-Lughod, 1990 ; Crapanzano, 1994), donnant lieu à une production scientifique innovante sur les émotions et leurs régulations sociales, notamment dans le sillage des soulèvements de 2010-2011, sur laquelle nous souhaiterions revenir dans ce colloque afin de mieux comprendre l’avancée des réflexions et leur renouvellement.
Au niveau de la fabrique des sciences sociales, un nombre croissant de chercheur.e.s s’interroge aujourd’hui de façon réflexive sur l’imbrication entre leurs pratiques de recherche et le travail émotionnel. Sujet cher aux anthropologues, la subjectivité de la pratique scientifique est aujourd’hui considérée comme partie intégrante de la production des connaissances. Mais quand le terrain est lui-même sensible, voire « miné » ou empêché, la part émotionnelle du chercheur peut mener à des controverses et des débats que les médias peuvent exacerber, atténuer, manipuler ou invisibiliser. Les prises de position des chercheur.e.s à la survenue des événements du 7 octobre 2023 n’en sont que la preuve la plus éloquente.
Cet appel à contribution invite les spécialistes de différentes disciplines et de différents pays de la région à faire le point sur les recherches en cours, dans un contexte où l’actualité émotionnelle est particulièrement chargée. Il propose d’explorer la manière dont les émotions s’y déploient, circulent et sont régulées ou instrumentalisées, dans une époque où leur expression numérique joue un rôle déterminant dans la compréhension et la représentation des conflits contemporains. Le colloque entend ainsi réunir des chercheur.e.s qui analysent les émotions dans une perspective à la fois théorique et méthodologique, attentive d’une part à leur dimension relationnelle – en tenant compte des circulations et confrontations entre individus, collectifs et institutions – et d’autre part à leurs ancrages matériels, temporels et spatiaux. Visant à rendre compte de manière pluridisciplinaire la façon dont les émotions s’invitent de plus en plus dans la recherche contemporaine, il a pour objectif de réunir des communications autour de trois domaines spécifiques du social, à savoir ceux de l’intime, du politique et du numérique, qui sont pensés en dialogue plutôt que de manière isolée.
Axes de recherche
1. Les émotions : par-delà l’intime
Potentiellement corollaire de l’intime, les émotions ont mené de nombreux chercheur.e.s à penser l’association entre instinctivité et émotions par des travaux portant sur les rapports de genre et de parenté, les modes de subjectivation, mais aussi et surtout l’organisation sociale de l’espace intime et sa valeur symbolique. En tant qu’espace, l’intime permet en effet de se pencher sur l’aspect supposément personnel des émotions et de leur expression. Les travaux de Pierre Bourdieu en Algérie (1972), d’Anne Meneley au Yémen (1996), ou de Farah Ghannam en Égypte (2002), pour n’en citer que quelques-uns, sont en cela fondamentaux dans la façon dont les sciences humaines ont conceptualisé le domaine de l’intime et le caractère social de sa part “naturelle”. Des recherches récentes ont à l’inverse démontré que l’espace public pouvait devenir aussi intime dès lors que ses conditions matérielles permettaient l’entre-soi. D’un point de vue des spatialités toujours, les travaux sur les migrations ont quant à elles illustré comment l’espace privé pouvait être un refuge émotionnel pour les personnes en exil (Chossière, Odasso, Santana de Andrade, 2024) mais aussi un nouveau lieu de tensions interpersonnelles. La relation entre espace et émotions est ainsi cruciale pour comprendre la façon dont ces dernières se déploient, s’expriment et sont ressenties ; elle rappelle que les émotions sont contextuelles, en prise avec l’agencement matériel et moral de l’environnement social qui façonne les sociétés maghrébines et moyen-orientales.
L’étude de l’association entre les affects et l’intime ne se résume pas pour autant à une analyse sociospatiale. En effet, le retentissement des travaux de Michel Foucault sur le gouvernement politique de l’intime et des corps est une piste toujours pertinente pour penser l’articulation entre l’expression et le ressenti affectif dans les sociétés arabes. S’appuyant sur une large frange de la recherche féministe, des travaux récents ont réactualisé des réflexions sur la question de la honte et de l’honneur, deux valeurs morales longtemps associées aux sociétés méditerranéennes, pour les conceptualiser en termes d’émotions (Armanet, 2011). D’autres auteur·es se sont efforcé·es de saisir les dynamiques de genre dans l’expression des émotions, tout en se penchant sur la logique « connective » à par- tir de laquelle elle s’établissait, notamment au sein des fratries et des groupes familiaux (Joseph, 1997). L’étude de la conjugalité a enfin longtemps servi d’horizon d’analyse pour l’étude des émotions. S’intéressant à l’impact du capitalisme sur le domaine de l’intime, il apparaît ainsi également que les émotions intimes se voient elles aussi « contractualisées », donnant alors à voir un éclatement des sphères privées et publiques dans la gestion de la vie émotionnelle. L’interpénétration de ces sphères donne alors à voir de nouveaux régimes sentimentaux, qui, dans le cas des mariages mixtes, réprimés au Liban ou dans les États du Golfe, font apparaître des figures telles que les « citoyens courageux » (De Giacometti, 2021), venant braver l’interdit institutionnel par leurs sentiments amoureux.
En dialogue avec ces travaux et en lien avec l’actualité de la région, cet axe visera à explorer comment l’expérience émotionnelle de l’intime est matériellement modulée par des conditions extrêmes telles que les guerres, les catastrophes naturelles, les conflits sociaux ou les migrations. De manière plus générale, il s’agira de questionner comment la gestion d’évènements de la vie humaine comme la maladie, la mort et la perte de proches vient- elle en altérer la charge affective. Une part importante de la réflexion portera donc sur les dimensions matérielles des émotions, et leurs rôles dans les relations interpersonnelles.
2. Les émotions politiques dans une région en proie aux conflits
Les travaux sur les émotions politiques ont connu un essor spectaculaire au tournant du XXIe siècle. Aussi bien dans les débats anglosaxons que dans la littérature francophone, les ouvrages et les dossiers de revue se sont démultipliés pour analyser ce que certains ont qualifié de « tournant émotionnel » (Clough et Halley 2007 ; Plamper, 2009) et d’autres de « nouveaux mouvements émotionnels » (Walgrave et Verhulst, 2006). S’inspirant de la notion de carrière militante, Isabelle Sommier a par exemple proposé d’analyser les « carrières affectives » des militants de manière longitudinale (2020) tandis que Christophe Traïni a quant à lui travaillé le concept de « dispositif de sensibilisation » (2009), qui renvoie à « l’ensemble des supports matériels, des agencements d’objets, des mises en scène, que les acteurs étudiés déploient afin de susciter des réactions affectives qui prédisposent ceux qui les éprouvent à soutenir la cause défendue » (p. 13). L’« ethnographie comparée des émotions » apparaît ainsi désormais comme un angle d’entrée heuristique pour l’étude des processus politiques (Traïni et Dechezelles, 2018), de la participation politique (Blondiaux et Traïni, 2018) et des configurations de (post-)conflit (Larzillière et Grajales, 2021).
Au Maghreb et au Moyen-Orient, les chercheur.e.s en sciences sociales ont longtemps privilégié les analyses en termes de « liens primordiaux » (Picard, 2006), à savoir la secte et la religion, l’ethnicité, la tribu ou la famille, postulant qu’ils constituent les principaux piliers de la mobilisation et de l’activisme politique. Cette approche, toutefois, néglige les émotions et l’idéologie politique qui façonnent le sens individuel des significations et des perceptions du monde. La centralité des émotions politiques et des « sentiments moraux » (Larzillière et Grajales, 2021) a en effet été brutalement mise en exergue par les processus révolutionnaires des années 2010-2011 et plus récemment par le génocide à Gaza. Au sein des espaces et des groupes protestataires, les militants ont pu avoir recours aux registres de la colère, de la dignité et de la justice sociale afin de mobiliser leurs concitoyens contre les régimes autoritaires en place, les années d’engagement et d’action collective favorisant alors les « rencontres affectives » [affective encounters] et la constitution de futurs « réservoirs affectifs » (Allam et al., 2022). Du côté des acteurs institutionnels, les régimes politiques contribuent quant à eux à routiniser et ritualiser les expressions de patriotisme comme moyen de légitimer et renforcer leur pouvoir. Face à ce constat, Wendy Pearlman a souligné l’importance de la dimension affective des micro-fondations des soulèvements arabes (2013). Les « héritages émotionnels » de l’engagement révolutionnaire, compris comme le résidu émotionnel qui émerge du souvenir du passé, y compris le regret, la fier- té, le ressentiment, la nostalgie et la fatigue (Nussio, 2012) ont également pu être étudiés (Hassabo et Ruiz de Elvira, 2025), notamment par le prisme de ce que Nermin Allam (2018) définit comme la « politique de la déception ».
Dans le prolongement de ces pistes de recherche, les communications s’inscrivant dans cet axe pourront proposer une réflexion sur les différentes modalités d’articulation entre émotions et politique – « dispositifs de sensibilisation », registres et cadrages de l’action collective, « héritages émotionnels » de l’engagement, etc. – dans les mondes arabes, et ce aussi bien au niveau des acteurs institutionnels que du côté des champs protestataires. Les propositions portant une attention particulière à la dimension affective des conflits politiques et sociaux récents ou en cours dans les pays de la région seront particulièrement bienvenues. Ainsi, les communications abordant les questions de la mort, du deuil et du martyr en politique, mais aussi celles des sentiments d’(in)justice, d’(in)dignité, de défaite ou de nostalgie, pourront être privilégiées.
3. Affects et numérique : les mutations de l’expérience émotionnelle ?
Les plateformes numériques façonnent nos émotions autant qu’elles en dépendent en ce qu’elles exploitent ces dynamiques à des fins commerciales, devenant ainsi des espaces d’expression émotionnelle centraux. Cette omniprésence des affects, désormais associés à la valeur, constitue un levier central de la mutation du capitalisme (Alloing et Pierre, 2017), puisque leur expression est non seulement fortement encouragée, mais aussi mesurée et monétisée par cette nouvelle économie numérique.
Le Maghreb et le Moyen-Orient ne sont pas en reste face à cette expansion de la mise en visibilité des émotions. Dans ces contextes culturels, anthropologiques, économiques et politiques, comment les mutations du capitalisme numérique, fondées sur la valeur-affect, se manifestent-elles ? Comment les usages numériques, et les émotions qui les encadrent, participent-ils au maintien, à la redéfinition ou à l’érosion de certaines relations sociales – familiales, amoureuses, professionnelles ? Au niveau des valeurs, les études récentes montrent combien Internet, qui a été rapidement vu comme une technologie de la protestation, voire une promesse démocratique (Mahroug, 2024), est en réalité davantage un espace propice à l’expression d’un conservatisme – militant ou non – qui vient irradier les possibilités d’émancipation démocratique et égalitariste (Schradie, 2019). Les idéologies conservatrices très diverses et issues de différentes plateformes (partis politiques, autorités religieuses, intellectuels, individus, etc.) produisent des réflexions venant contrecarrer et dépasser les valeurs d’égalité jusque-là transmises par les sociétés civiles de la région. Il en va ainsi par exemple des idéologies patriarcales en générale et masculinistes en particulier qui trouvent un renouveau expressif via les réseaux sociaux (Cheikh, 2024). Dans ce cadre, l’instrumentalisation des émotions contribue à légitimer des discours anti-genre, perçus comme l’apanage des sphères religieuses. Elle contribue, par ailleurs, à légitimer et banaliser la délation au moyen de l’outil de l’hashtag, utilisé pour signaler et dénoncer des propos jugés offensants, et participant par là-même à la redéfinition de ce qui est considéré comme choquant. L’exposition de soi peut alors devenir préjudiciable socialement voire politiquement lorsque les pratiques numériques sont criminalisées (Breteau, 2024). Les systèmes de modération des plateformes s’avèrent, d’ailleurs, parfois complices des formes de criminalisation qui peuvent émerger, ou au contraire alliés, lorsqu’ils cherchent à contrecarrer les politiques morales — à l’instar de certaines applications de rencontres homosexuelles ayant développé des espaces sécurisés pour limiter la répression policière dans des pays comme le Liban ou l’Égypte.
Les conflits, guerres et massacres ont par ailleurs placé les émotions au cœur des pratiques d’information, remodelant le journalisme et son articulation entre immersion et empathie (Ferjoux et Ropert Dupond, 2020). Dans les contextes de polarisation qui se multiplient, notamment depuis le 7 octobre 2023, comment les émotions nourrissent-elles des pratiques de résistance – telles que le travail minutieux de vérification des faits – face aux discours alternatifs et aux contre-vérités amplifiés par des algorithmes puissants ? Comment ces résistances génèrent-elles des formes de fatigue émotionnelle ?
Les communications de cet axe interrogeront les liens entre l’essor des technologies numériques et la mise en visibilité accrue des émotions, en parallèle des processus de leur encadrement, voire de leur disciplinarisation. Il s’agira de réfléchir à la manière dont les émotions sont à la fois mobilisées, façonnées et régulées dans les espaces numériques, et d’examiner les logiques techniques, politiques ou économiques qui les sous-tendent. Une attention particulière sera portée à la reconfiguration des formes d’expression des appartenances nationales à travers les dispositifs numériques : instrumentalisations du récit historique, tensions diplomatiques — notamment au Maghreb — ou encore exacerbation des « guerres culturelles », où des États voisins comme l’Algérie et le Maroc rivalisent dans une surenchère nationaliste dont les plateformes numériques sont devenues des terrains privilégiés de diffusion. Les propositions pourront également explorer l’émergence de nou- velles idéologies émotionnelles, qu’elles s’inscrivent dans des logiques de résistance, de conservatisme identitaire ou d’émancipation, souvent nourries par la circulation transnationale de récits, d’images et d’affects. Enfin, les univers des jeux vidéo – peu explorés dans le monde arabe – pourront donner lieu à des réflexions sur le rôle et la place des émotions.
Modalités pratiques
Les propositions de communication (500 mots en français ou en anglais) devront être envoyées par mail aux organisatrices colloqueccmo@gmail.com
pour le 30 juin 2025.
Elles devront spécifier les matériaux mobilisés (archives, entretiens, observations, etc.) ainsi que la démarche d’enquête. Les communications reposant sur un travail empirique solide seront privilégiées. Les travaux comparatifs comme monographiques seront également les bienvenus. Les réponses seront communiquées avant le 15 juillet.
Comité d’organisation
Marion BRETEAU, François CECCALDI, Mériam CHEIKH, Laura RUIZ DE ELVIRA
Comité scientifique
Dima ALSAJDEYA, Laure ASSAF, Özge BINER, Marion SLITINE, Manon-Nour TANNOUS.
Travaux cités
Allam, Nermin. 2018. « Activism Amid Disappointment: Women’s Groups and the Politics of Hope in Egypt ». Middle East Law and Governance 10 (3): 291-316.
Allam, Nermin, et al. 2022. « Between Two Uprisings: The Study of Protest in the Middle East, 2010–20 ». In The Political Science of the Middle East: Theory and Research Since the Arab Uprisings, dirigé par Marc Lynch et al. New York : Oxford Academic.
Alloing, Yannick, et Julien Pierre. 2017. Le web affectif. Une économie numérique des émotions. Paris : Presses des Mines.
Armanet, Éric. 2011. Le ferment et la grâce. Une ethnographie du sacré chez les Druzes d’Israël. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.
Blondiaux, Loïc, et Christophe Traïni (dir.). 2018. La démocratie des émotions : Dispositifs parti- cipatifs et gouvernabilité des affects. Paris : Presses de Sciences Po.
Bourdieu, Pierre. 1972. Esquisse d’une théorie de la pratique. Genève : Droz.
Breteau, Marion. 2024. « L’intimité sur TikTok, une affaire publique pour les femmes domestiques migrantes dans le Golfe ». In Intimité, au cœur des migrations, dirigé par Florent Chossière, Laura Odasso, et Glenda Santana de Andrade. De facto 37, mars 2024. https://www.icmigrations.cnrs. fr/2024/03/12/defacto-037–04/.
Cheikh, Mériam. 2024. « Vertu et famille chez les jeunes délinquant.e.s marocain.e.s ». In Repen- ser l’agir collectif, dirigé par Soraya Kahlaoui et Hammad Sqalli, 301–312. Rabat.
Chossière, Florent, Laura Odasso, et Glenda Santana de Andrade, dirs. 2024. Intimité, au cœur des migrations. De facto 37. https://www.icmigrations.cnrs.fr/defacto/defacto-037/.
Clough, Patricia Ticineto, et Jean Halley, eds. 2007. The Affective Turn: Theorizing the Social. Durham, NC : Duke University Press.
Crapanzano, Vincent. 1994, « Réflexions sur une anthropologie des émotions », Terrain. Anthro- pologie & sciences humaines, n° 22, p. 109 117.
De Giacometti, M. 2021. « Le Liban au temps de l’“amour civil” ». Éthnologie française 51 (2): 267–282. https://doi.org/10.3917/ethn.212.0267.
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Ferjoux, David, et Elsa Ropert-Dupond. 2020. « Journalisme immersif et empathie : l’émotion comme connaissance immédiate du réel », Communiquer. Revue de communication sociale et publique, n° 28, p. 73 99.
Ghannam, Farha. 2002. Remaking the Modern: Space, Relocation, and the Politics of Identity in a Global Cairo. Berkeley : University of California Press.
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Hochschild, Arlie Russell. 1983. The Managed Heart: Commercialization of Human Feeling. Ber- keley : University of California Press.
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Schradie, Jen. 2019. The Revolution That Wasn’t: How Digital Activism Favors Conserva- tives. Cambridge, MA : Harvard University Press.
Sommier, Isabelle. 2020. « Saisir les carrières affectives des militants. Propositions de pro- tocole empirique ». Recherches qualitatives 39 (2) : 82–101
Traïni, Christophe (dir.). 2009. Émotions… mobilisations !. Paris : Presses de Sciences Po.
Traïni, Christophe, et Stéphanie Dechezelles. 2018. « L’ethnographie comparée des émo- tions pour l’étude des processus politiques ». Revue internationale de politique comparée 25(3).
Walgrave, Stefaan, et Joris Verhulst. 2006. « Towards ‘New Emotional Movements’? A Comparative Exploration into a Specific Movement Type ». Social Movement Studies 5 (3): 275-304.
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Lieux
- Collège de France, 3 rue d'Ulm
Paris, France (75005)
Format de l'événement
Événement hybride sur site et en ligne
Dates
- lundi 30 juin 2025
Fichiers attachés
Contacts
- Organisation du colloque du CCMO
courriel : colloqueccmo [at] gmail [dot] com
URLS de référence
Source de l'information
- Dima Alsajdeya
courriel : dima [dot] alsajdeya [at] college-de-france [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Les mondes arabes au prisme des émotions », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 24 juin 2025, https://doi.org/10.58079/146pq