La Journée Catherine de Sienne, organisée par le Centre d’études du Saulchoir, centre de recherche pluridisciplinaire de la Province dominicaine de France, en partenariat avec le Centre des études institutionnelles de la Province dominicaine de France, souhaite mettre en valeur les recherches récentes menées dans les différentes disciplines et selon les différentes approches sur l’ensemble des points de contact entre spiritualité et virtualité.

Argumentaire

L’Académie française définit la virtualité comme ce qui est seulement en puissance, par opposition à l’actualité, et la spiritualité comme ce qui relève de la vie de l’esprit. Si l’on entend ici la spiritualité dans son acception religieuse, les évolutions contemporaines conduisent à considérer d’une manière nouvelle la manière dont les notions de virtualité et de spiritualité s’interrogent mutuellement.

D’abord, la rencontre la plus immédiate entre virtualité et spiritualité renvoie au développement d’une pratique « distancielle » de la religion, rendue possible depuis l’avènement de la radio et de la télévision, puis avec les nouveaux moyens de communication. La pandémie du Covid a semble-t-il modifié en profondeur les modalités de participation au culte communautaire hebdomadaire, en tout cas en milieu catholique. Là où la norme était la participation physique et où la retransmission de la messe s’adressait principalement à des catégories spécifiques de personnes, empêchées de se déplacer en raison de l’âge, la maladie, la distance géographique ou la détention, la pandémie a instauré une dynamique nouvelle, puisque ces retransmissions s’adressaient alors à tous. Si auparavant les émissions religieuses étaient également regardées par des personnes pouvant se déplacer, elles ne se substituaient pas à la participation physique au culte. Il conviendra d’interroger l’ampleur, les raisons et les enjeux théologiques, sociologiques et anthropologiques de la poursuite de l’habitude prise durant le confinement de vivre le culte à domicile et parfois en différé par une population qui pourrait matériellement retrouver le chemin des églises. On pourra également comparer la situation des différentes confessions et religions, et des différents pays, à cet égard.

En retour, on remarque que la présence de la religion dans le monde dit virtuel ne cesse de croître. Est-ce pour autant que la religion y est virtuelle ? Le développement incessant des canaux de communication aidant, on y trouve désormais l’annonce, l’étude, la prédication, mais aussi la prière voire l’accompagnement spirituel. Dans la tradition catholique, seuls les sacrements résistent. Pourtant, les messes retransmises constituent historiquement la première offre de ce genre, alors même que la participation distancielle, qui peut être réelle en termes de communion spirituelle, demeure virtuelle en ce qui concerne la matérialité de l’accès à l’eucharistie. Il conviendra donc d’examiner les mutations récentes pour faire le départ au sein de la pratique distancielle entre ce qu’elle recèle de virtuel et d’actuel, au sens de la distinction philosophique entre la puissance et l’acte. Le dicastère du Saint-Siège pour la communication a émis un document en 2023 qui présente à la fois les enjeux et les risques de la religion sur les réseaux. L’enjeu théologique, spirituel et anthropologique considérable que représente cette mutation conduit à interroger la capacité de ces propositions spirituelles, qui sont réelles, mais qui se présentent dans l’univers virtuel, à échapper à la superficialité, à intégrer l’ensemble de la population et à promouvoir des relations authentiques. Cela conduira en outre à se pencher sur la place de la matérialité sacramentelle et sur la manière dont la théologie et la pastorale contemporaines parviennent à en rendre compte dans ce nouveau contexte. 

Enfin, observer le lien entre spiritualité et virtualité conduit à interroger la place de la virtualité au sein même de la spiritualité. Activité de l’esprit immatériel de l’être humain tournée, en contexte monothéiste, vers un Dieu lui aussi immatériel, pur esprit, la vie spirituelle se vit sans attestation matérielle. La théologie catholique classique enseigne d’ailleurs, à la suite de saint Paul, que la foi réside dans ce qu’on ne voit pas. Il faudra donc affronter anthropologiquement et théologiquement la place de la virtualité dans l’acte de foi, la vie spirituelle et la pratique religieuse.

La Journée Catherine de Sienne, organisée par le Centre d’études du Saulchoir, centre de recherche pluridisciplinaire de la Province dominicaine de France, en partenariat avec le Centre des études institutionnelles de la Province dominicaine de France, souhaite mettre en valeur les recherches récentes menées dans les différentes disciplines et selon les différentes approches sur l’ensemble des points de contact entre spiritualité et virtualité. Les recherches fondamentales comme les analyses des faits contemporains comme la présence de la spiritualité sur internet seront bienvenues, qu’il s’agisse d’éclairer les nouveaux enjeux théologiques et pastoraux et leur importance pour la mission ou d’en conduire une étude interdisciplinaire en sciences humaines à travers les approches psychologiques, sociologiques, anthropologique, historiques voire économiques. Un éclairage à partir des autres confessions chrétiennes et des autres traditions religieuses pourra également être utilement apporté.

Modalités de soumission

Les propositions de contribution (30 minutes, suivies d’une discussion) sont à envoyer

avant le 15 janvier 2026,

aux responsables scientifiques de la journée : Pierre Januard, ces.saulchoir@gmail.com et Marc Bellion, cei@dominicains.fr.

La proposition devra faire environ une page et sera précédée du titre de l’intervention et d’un bref paragraphe de présentation de l’intervenant.

Une publication pourra être envisagée pour les intervenants qui le souhaitent.

Information utile

La journée se tiendra de 9h à 18h au couvent dominicain du Saint-Nom de Jésus, 93, rue Tête d’Or, 69006 Lyon.

Comité scientifique

• Pierre Januard, Centre d’études du Saulchoir
• Marc Bellion, Centre des études institutionnelles de la Province dominicaine de France