La littérature francoprovençale représente un patrimoine des plus précieux car, à travers l’œuvre de tant de femmes et d’hommes, le francoprovençal s’insère dans un contexte privilégié, à l’écart des logiques sociales et politiques qui ont imposé l’hégémonie des grandes langues de communication. Si cette langue semble aujourd’hui nous échapper, de plus en plus - y compris à ses locuteurs - elle ne s’en épanouit pas moins à l’écrit, faisant preuve d’une vigueur et d’une ductilité dont nos contemporains peuvent tirer profit, qu’ils soient chercheurs ou enseignants, locuteurs ou spécialistes, lecteurs ou écrivains.

Argumentaire

En 2014, le Centre d’études francoprovençales René Willien annonçait l’intention d’ouvrir de nouveaux horizons dans le domaine des études sur la littérature francoprovençale, afin d’en assurer une meilleure diffusion auprès du public. L’exposition intitulée « Au travers des siècles et des régions : la littérature francoprovençale » manifestait en effet le souhait de voir cette littérature sortir des archives pour nourrir l’imaginaire et enrichir le langage de nos contemporains...

Il s’agissait d’une invitation au voyage à l’intérieur de la page écrite en francoprovençal : un voyage dans l’espace, rapprochant les hauteurs des sommets alpins des profondeurs des quartiers lyonnais, les collines de la Bresse des remparts de la république genevoise, les salons des hôtels bourgeois des intérieurs des chaumières paysannes.

Mais cette littérature nous offre également un voyage dans le temps, des textes mystiques de Marguerite d’Oingt, composés au XIIIème siècle, aux vers contemporains du valdôtain Marco Gal, des dialogues comiques du grenoblois Blanc la Goutte aux pièces de théâtre populaire représentées par Lo Charaban depuis 1958, sans oublier les Farces de Vevey écrites vers 1520 dans le Pays de Vaud. Huit siècles d’histoire littéraire voient cette production se déployer sous diverses formes : y sont dépeints les grands faits militaires, les annexions et les sièges, aussi bien que les calamités naturelles, le vivre quotidien du peuple et d’innombrables expériences personnelles – amours, deuils, abandons, trahisons, déclinés en vers lyriques ou en farces grotesques, en visions mystiques ou en dialogues pleins de verve...

Cette littérature représente un patrimoine des plus précieux car, à travers l’œuvre de tant de femmes et d’hommes, le francoprovençal s’insère dans un contexte privilégié, à l’écart des logiques sociales et politiques qui ont imposé l’hégémonie des grandes langues de communication. Si cette langue semble aujourd’hui nous échapper, de plus en plus - y compris à ses locuteurs -, elle ne s’en épanouit pas moins à l’écrit, faisant preuve d’une vigueur et d’une ductilité dont nos contemporains peuvent tirer profit, qu’ils soient chercheurs ou enseignants, locuteurs ou spécialistes, lecteurs ou écrivains.

Afin de rendre la critique spécialisée, ainsi qu’un public élargi, plus attentifs aux études francoprovençales, le Cefp consacre sa Conférence annuelle à la littérature francoprovençale. Il permettra d’opérer un état des lieux de la recherche sur les textes et les auteurs francoprovençaux, mais également de mettre en exergue la réflexion que cette littérature peut nourrir relativement à la langue et aux communautés de locuteurs.

Il s’avère que la littérature francoprovençale reste méconnue et qu’elle a surtout fait l’objet d’études focalisées sur des aspects linguistiques – notamment philologiques. Or, le Cefp encourage la participation de contributeurs d’horizons différents, les conviant à oser prendre le large, à appréhender cette littérature aussi, ou avant tout, pour sa portée esthétique, à en explorer les qualités stylistiques et l’imaginaire afin de mieux les documenter et de les mettre en valeur.

Les contributions issues de travaux comparatifs et transdisciplinaires seront donc particulièrement les bienvenues, a fortiori si leurs auteurs envisagent de s’aventurer en dehors de leurs corpus habituels, en rapprochant des textes, des œuvres et des auteurs issus de différentes régions francoprovençales, voire appartenant à d’autres corpus littéraires, ou encore en livrant une lecture - aujourd’hui inhabituelle pour les études francoprovençales, mais combien enrichissante ! - à partir des acquis de disciplines non linguistiques, telles que l’histoire, l’ethnologie, ou bien sûr la littérature... On pourra tout particulièrement se pencher sur les représentations de la vie pastorale et rurale, aussi bien dans ses lieux et ses croyances traditionnelles que dans ses outils et ses pratiques les plus neufs : comment la modernité s’y fait-elle jour ? Comment cette littérature compose-t-elle aujourd’hui avec le thème nostalgique ? Quelle valeur anthropologique possède-t-elle ? D’autres pistes de travail pourront encore porter sur l’expression d’un lyrisme personnel en francoprovençal et interroger plus généralement l’effacement, ou la mise en avant de la personnalité de l’auteur dans les œuvres. En outre, une réflexion sur les emplois possibles des textes littéraires dans l’enseignement du francoprovençal permettra d’enrichir l’offre didactique existante et de dessiner de nouvelles perspectives à l’intérieur des parcours scolaires.

Enfin, des contributions faisant état de nouvelles études sur l’œuvre de Jean-Baptiste Cerlogne sont aussi attendues. Elles seront regroupées dans une section spéciale associée à la célébration du bicentenaire de la naissance du poète valdôtain qui aura lieu le 6 mars 2026.

Modalités de sélection

Les propositions (max 2 000 caractères) seront accompagnées du nom de l’auteur et de son affiliation. Elles sont attendues avant le 30 novembre 2025 aux adresses suivantes : bureau.cefp@gmail.com et dunoyer.cefp@gmail.com

Comité de sélection

• Christiane Dunoyer, Docteur en Anthropologie Université d’Aix-Marseille, Directrice scientifique du Cefp
• Rémi Mogenet, Docteur en Littérature Université de Savoie Mont-Blanc, Professeur agrégé de Lettres Modernes,
• Marie Vigy, Docteur en Littérature et civilisation françaises Université Sorbonne Nouvelle