Les pouvoirs publics, mais aussi les habitants qui engagent la transition de leur territoire, cherchent à infléchir un modèle de développement historiquement fondé sur l’expansion et l’attractivité, au profit de trajectoires plus diversifiées, alternatives, parfois qualifiées d’altermétropolitaines. Cette « nouvelle fabrique de la ville » a plusieurs traductions spatiales : Responsive City, ville durable, ville du quart d’heure, ville dense ou encore ville productive. Dans ce contexte, la sobriété tend à s’imposer comme un nouveau paradigme de l’aménagement, fondé sur une production urbaine modérée, le renouvellement des espaces artificialisés existants, la recherche de densité et, plus largement, sur un urbanisme circulaire.

Argmentaire

Cette journée d’études propose d’explorer les différentes voies de sobriété et de transitions urbaines, envisagées dans leurs dimensions sociales, écologiques, productives, industrielles ou encore foncières. Intimement liées aux nouvelles manières d’aménager et de développer la ville, elles apparaissent comme des réponses possibles face au réchauffement climatique, aux crises environnementales et à l’insoutenabilité de l’étalement urbain (Diaz, 2021). Inscrites dans un système urbain et territorial en recomposition en France, mais également dans un mouvement plus large impulsé par l’Union Européenne (Decoville & Schneider 2016, Lacoere & al. 2025), elles renvoient à « un processus de transformation au cours duquel un système passe d’un régime d’équilibre à un autre » (Grandjean & Le Teno, 2015 ; 1006). Les pouvoirs publics, mais aussi les habitants, engagent en effet la transition de leur territoire, cherchent à infléchir un modèle de développement historiquement fondé sur l’expansion et l’attractivité, au profit de trajectoires plus diversifiées, alternatives, parfois qualifiées d’altermétropolitaines (Grondeau, 2022). Cette « nouvelle fabrique de la ville » a plusieurs traductions spatiales : Responsive City, ville durable, ville du quart d’heure, ville dense ou encore ville productive. Dans ce contexte, la sobriété tend à s’imposer comme un nouveau paradigme de l’aménagement, fondé sur une production urbaine modérée, le renouvellement des espaces artificialisés existants, la recherche de densité et, plus largement, sur un urbanisme circulaire (Bourdin, Dubois & Nahrath, 2025).

La géographie des transitions urbaines (Binz & al. 2020), issue du corpus des transition studies (Geels, 2004, Zolfagharian & al., 2019), interroge la nature de ces transformations et recompositions territoriales, la place accordée – ou non – aux différents acteurs, ainsi que les dynamiques, voire rapports de force, qui structurent leurs interactions (Beucher & Mare, 2020). Cette journée d’études propose de saisir la diversité des initiatives de transitions urbaines à partir d’études de cas variées par une approche géographique. Les propositions de communication devront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes ci-dessous.

AXE 1 – Sobriété et transitions : des dynamiques protéiformes en expérimentation

Les notions de transitions et de sobriété, à la fois systémiques et protéiformes (Raven & al. 2025), s’opérationnalisent dans les territoires dans divers champs : bâtimentaire, climatique, énergétique, foncier ou encore industriel. Par la mobilisation de leurs propres ressources, les espaces urbains disposent d’un terreau favorable pour expérimenter et actionner ces transitions, que ce soit par l’incubation « d’innovations technologiques durables » (Geels, 2004), d’innovations sociales, de nouvelles formes de gouvernance locale (Bourg, Kaufmann, Méda, 2016) ou par la mobilisation de leurs ressources davantage matérielles (naturelles, renouvelables, foncières…). Les propositions attendues souligneront ainsi le caractère multiple, protéiforme et souvent expérimental de ces nouvelles productions de l’espace.

AXE 2 – Imbrications territoriales, penser les transitions urbaines à différentes échelles :

Les transitions peuvent être analysées par leur « stratification scalaire » (Daviet & Perroux, 2024) et dans une perspective multi-niveaux (Geels & Schot, 2007) entre l’échelle du quartier, de la ville, de l’intercommunalité, régionale, nationale, voire européenne. La territorialisation de ces dynamiques suppose ainsi une coalition d’acteurs, de ressources et d’échelles (Gonin, 2024). La ville n’est pas un acteur isolé et s’imbrique avec ses périphéries et les espaces plus ruraux. Dans le contexte actuel de sobriété et de transitions, des relations interterritoriales se mettent en place et peuvent concerner aussi bien des échanges matériels, qu’immatériels ou monétaires (Buclet, 2024). Les communications attendues dans cet axe mettront l’accent sur les jeux d’échelles et les relations entre territoires.

AXE 3 – Approche critique de la sobriété et des transitions urbaines

Les trajectoires de sobriété et de transitions sont empreintes de contradictions et de verrouillages, et ne sont pas exemptes de conflictualités et de jeux d’acteurs (Raufflet, 2014), en atteste les mobilisations contre certains projets d’énergie renouvelable ou de densification. Elles posent des enjeux d’équité interterritoriale (Lambelet & Languillon-Aussel, 2025), révèlent les rapports de pouvoir entre acteurs publics et privés, et interrogent leurs conséquences socio-urbaines, économiques, environnementales et urbanistiques. Certains auteurs les qualifient de simple plan de communication (Desvaux, 2017), d’autres comme une nouvelle étape du néolibéralisme urbain, nourrissant les injustices socio-spatiales et environnementales (Hagel, 2013). Les communications attendues souligneront ainsi cette difficile opérationnalité et / ou questionneront les réalités de ce changement de modèle dans une perspective critique.

Modalités de contribution

Les propositions des doctorant.e.s ou des jeunes docteur.e.s devront être envoyées avant le 20 novembre aux adresses suivantes : alexandre.grondeau@univ-amu.fr et borislebeau@hotmail.fr .

Elles comporteront un titre, un résumé de la communication projetée dans lequel l’axe choisi est explicité (4000 signes maximum) ainsi que les informations concernant votre nom, situation et unité de rattachement. Après acceptation, le communiquant ou la communicante s’engage à remettre le texte de la communication (environ 30 000 signes) au plus tard trois semaines avant la date de la journée d’études afin de permettre aux discutants d’en prendre connaissance et de réfléchir à une potentielle publication collective.

La journée d’études se tiendra en présentiel le vendredi 13 mars 2026 à l’Institut de Géographie (191 Rue Saint Jacques, 75005 Paris). Les frais de transport et d’hébergement restent à la charge de l’institution de rattachement.

Comité scientifique

• Alexandre Grondeau (président de la commission ville du CNFG et PR, Aix Marseille Université,, laboratoire TELEMME)
• Borsi Lebeau PR Paris 13-Sorbonne, Laboratoire PLEIADE

Bibliographie

BEUCHER, S. et MARE, M. (2020). « Cadrage épistémologique de la notion de transition en sciences humaines et en géographie ». Bulletin de l’Association de Géographes Français, Volume 97, n° 4, numéro spécial Transition(s), pp. 383-394. 

BINZ, C., COENEN, L., MURPHY, J.T. et TRUFFER, B. (2020). « Geographies of transition – From topical concerns to theoretical engagement : A comment on the transitions research agenda ». Environmental Innovation and Societal Transition, Volume 34, pp. 1-3.

BOURDIN, S., DUBOIS, J. et NAHRATH, S. (2025). « L’urbanisme de la sobriété foncière ». Espace et Sociétés, Volume 1, n° 194, pp. 9-21.

BOURG, D., KAUFMANN, A. et MÉDA, D. (2016). L’âge de la transition. En route pour la reconversion écologique. Les Petits Matin : Paris, 236 p.

BUCLET, N. (2024). « Métabolisme et principes d’actions. Une méthode pour impulser la durabilité ». Géographie, Économie, Société, Volume 26, numéro spécial Comment appréhender les transitions soutenables des territoires ?, n° 2-3, pp. 253-272. 

DAVIET, S. et PERROUX, S. (2024). « Transition bas-carbone : vers une hybridation des modèles ? Enjeux et territoires dans la métropole d’Aix-Marseille ». Bulletin de l’Association de Géographes Français, Volume 101, n° 1, numéro spécial Villes, communs et transitions : perspectives altermétropolitaines, pp. 45-61 

DECOVILLE, A. et SHNEIDER, M. (2016). « Can the 2050 zero land take objective of the EU be reliably monitored ? A comparative study ». Journal of Land Use Science, Volume 11, numéro 3, pp. 331-349.

DESVAUX, P. (2017). « Économie circulaire acritique et condition post-politique : analyse de la valorisation des déchets en France ». Flux, Volume 108, n° 2, pp. 36-50. 

DIAZ, I. (2021). « Les schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires face au défi de planifier les transitions ». Revue française d’administration publique, Volume 3, n° 179, pp. 607-619.

GEELS, F.W. (2004). « From sectoral systems of innovation to socio-technical systems : Insights about dynamics and change from sociology and institutionnals theory ». Research Policy, Volume 33, n° 6-7, pp. 897-920.

GEELS, F.W. et SCHOT, J. (2007). « Typology of sociotechnical transition pathways ». Research Policy, Volume 36, n° 3, pp. 399-417.

GONIN, A. (2024). « Le territoire au secours des transitions ? Une approche territoriale des transitions comme changements systémiques ». Géocarrefour, Volume 98, n° 3-4, numéro spécial Territoires & Transitions socio-écologiques.

GRANDJEAN, A. et LE TENO, H. (2015). « Transition (point de vue 1) ». Dans BOURG, D. et PAPAUX, A. (dir.), Dictionnaire de la pensée écologique, PUF : Paris, pp. 1006-1011.

GRONDEAU, A. (2022). Altermétropolisation. Une autre vi(ll)e est possible. HIc & Nunc Collections, LST Editions, 346 p. 

GRONDEAU, A. (dir) (2024). Villes, communs et transitions : perspectives altermétropolitaines. BAGF, n° 101-1, https://journals.openedition.org/bagf/12118

HAGEL, Z. (2013). Ville durable : des concepts aux réalisations, les coulisses d’une fabrique urbaine. Marseille ou l’exemple d’une ville méditerranéenne. Thèse en aménagement de l’espace et urbanisme, Aix-Marseille Université, 498 p. 

LACOERE, P., DECOVILLE, A., DELATTRE, R., GRIMSKI, D., SCHAMANN, M. et HALLEUX, J-M. (2025). « National introduction of no net land take : a comparative study of five pioneering countries seeking to limit their land consumption ». Town Planning Review, pp. 1-25.

LAMBELET, S. et LANGUILLON-AUSSEL, R. (2025). « La machine de croissance du Grand Genève au défi du Zéro artificialisation nette ». Espaces et Sociétés, Volume 1, n° 194, pp. 63-81.

RAUFFLET, E. (2014). « De l’acceptabilité sociale au développement local résilient ». VertigO, Volume 14, n° 2.

RAVEN, R., LANE, R., LINDSAY, J., REYNOLDS, D. et KRONSELL, A. (2025). « Household innovation and agency in sustainability transitions ». Environmental Innovation and Societal Transitions, Volume 56, 10 p.

ZOLFAGHARIAN, M., WALRAVE, B., RAVEN, R. et ROMME, G. (2019). « Studying transitions : past, present, and future ». Research Polic