AccueilÊtre en société. Le lien social à l'épreuve des cultures

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Publié le jeudi 13 décembre 2007

Résumé

Le 18ème Congrès de l'Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) aura lieu à Istanbul (Turquie) du 7 au 11 juilet 2008, sur le thème "Être en société. Le lien social à l'épreuve des cultures". Grandes conférences, débats, tables rondes, forums et ateliers le composeront. Les propositions de communication dans l'un des 50 groupes thématiques doivent être déposées avant le 15 février 2008. Inscriptions, appels à communication, réservation hôtelière, renseignements pratiques sur le site du Congrès. Renseignements complémentaires à l'adresse : congres2008@aislf.org

Annonce

Être en société - Le lien social à l’épreuve des cultures

Appel à contribution

XVIIIème CONGRÈS DE L’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF)

Istanbul, Turquie, 7-11 juillet 2008

La sociologie s’est constituée en s’émancipant des légitimations religieuse et naturelle de l’ordre social, en affirmant l’originalité et l’autonomie des sciences de la culture par rapport aux sciences de la nature, en ouvrant à l’action humaine le monde des « conventions », donc en réfléchissant la société dans ses dimensions d’historicité et d’autoconstruction. Les révolutions démocratique et industrielle ont alimenté cette idée de plasticité du lien social, associée tantôt à des lois d’évolution, tantôt à une autonomie d’orientation de l’action.

Au XIXème siècle, la « question sociale » est devenue si pressante qu’elle a infiltré de larges pans des questionnements fondateurs de la sociologie, sur la division du travail, sur la nature de la « solidarité sociale », sur les hiérarchies et les conflits, sur l’État, avec une centration particulièrement forte sur les rapports entre individus et société. L’opposition entre diverses variantes d’homo economicus et d’homo sociologicus a dès lors dominé la réflexivité sociale. L’installation au XXème siècle de régimes politiques se réclamant du socialisme a eu pour résultat principal de cristalliser cette polarisation où les concepts de capital, travail, classe sociale, marché, État social, décolonisation, progrès, sciences… formaient un chapelet de notions typiques d’une certaine modernité et orientaient les réflexions et aussi les engagements d’une part appréciable des sociologues.

Cette polarisation crispée a été minée progressivement par diverses perspectives discordantes relatives à la vie quotidienne, à la crise de la famille, aux rapports hommes-femmes, à la multiculturalité, à la technoscience et aux risques écologiques. La dominance bipolaire s’est transformée peu à peu en réalité multipolaire, avec notamment une réinterrogation pressante sur la modernité et ses devenirs possibles.

C’est dans un tel contexte, propice au retour sur soi et à l’inventivité, que se sont développées diverses tentatives de réévaluer les dimensions culturelles du lien social, sur plusieurs fronts : la pluralisation des croyances et des modes de vie, les formes de la sociabilité (amitié, amour et sexualité), le risque, la résurgence du religieux et les valeurs de laïcité et de citoyenneté, la naissance d’une culture mondiale et l’affirmation des localismes, le multiculturalisme migratoire et le métissage, les droits humains universels et les droits culturels singuliers (peuples autochtones, minorités ethniques, immigrés), la reconnaissance, la communication, les aspects socioculturels de la production technico-scientifique, les cultures de l’exclusion et de la précarité, de l’enfance, de la jeunesse, etc.

Cette curiosité sociologique oscille entre construction de nouveaux regards, analyse de réalités émergentes et retour critique sur les concepts de notre horizon sociologique. Quelques œuvres majeures ont déjà esquissé des synthèses et tout porte à croire que la fécondité de la présente période est loin d’être épuisée.

Les deux derniers congrès de notre association, l’un sur la « société-monde » et l’autre sur l’ « individu social », abordaient déjà de biais deux pans majeurs de cette tendance diffuse. Le présent congrès pose la question dans toute sa généralité : vivons-nous une période de transition vers des sociétés qui puisent l’essentiel de leur sens et de leurs tensions dans les différences et les conflits culturels plutôt que dans les inégalités sociales et économiques ? Poser cette question à Istanbul comporte une dimension symbolique forte, à l’heure de la construction européenne et de la mondialisation. Si nos cinquante groupes thématiques pourront à loisir décliner cette question pour tout l’éventail de la sociologie, nous nous concentrerons en plénières sur trois facettes particulièrement significatives : la fragmentation des modes d’existence, les nouveaux rapports du culturel et du social et l’émergence de nouvelles régulations.

1. Les modes d’existence : fragmentations et conflits

La transition vers la société urbaine et industrielle s’est naguère traduite par un bouleversement des modes d’existence. Les sociologues se sont efforcés à la fois d’identifier cette fracture (oppositions entre communauté et société, statut et contrat, ordres et classes…), et de saisir le devenir de la société industrielle elle-même et de ses acteurs en conflit.

Les interrogations intenses des dernières décennies pour cerner une seconde phase de la modernité sont également contemporaines de brusques glissements culturels affectant les repères profonds de notre vie quotidienne. Les modalités nouvelles de passage à la vie adulte, la vulnérabilité du lien familial et la renégociation des rôles, l’importance accrue de l’intimité amicale et amoureuse, la pluralisation des modèles de vie et la fragmentation des croyances multiplient et fragilisent les possibles de l’existence. Le désir et l’injonction de la réalisation de soi semblent dominer la construction des identités individuelles. Celles-ci, marquées par la pluralité et la réversibilité, se laissent davantage repérer en termes de mouvement qu’en termes de stabilité. La culpabilité et la névrose accompagnaient la forte intégration, la dépression apparaît comme le syndrome de la mouvance et de la pluralité identitaire. C’est peut-être dans ce contexte qu’il faut réfléchir diverses manifestations de repli familial, ethnique, religieux voire intégriste ou raciste, ces dernières menaçant directement la vie démocratique.

Parmi les multiples transformations auprès desquelles s’alimente la différenciation de nos modes d’existence, celles qui touchent les communications et la ville semblent particulièrement décisives. Les premières ont reçu une large attention, notamment du fait qu’elles ont créé des modalités relationnelles inattendues, aussitôt incorporées dans une sociabilité inventive. Les secondes continuent de façonner de façon privilégiée nos cadres de vie, mais de manière étonnamment diversifiée, en donnant à l’insécurité, à la précarité, à la multiculturalité, à la mobilité, à l’imaginaire, des visages contrastés.

2. Les nouveaux rapports du culturel et du social

Plusieurs transformations, dans les régions développées surtout, parmi lesquelles le déclin de la classe ouvrière et l’émergence d’une économie du savoir et des communications, ont déplacé le foyer des dynamismes typiques de la société industrielle. Les aspects culturels, évidemment présents mais négligés ou subordonnés dans les interprétations « sociales » antérieures, apparaissent aujourd’hui avec plus d’autonomie et de relief, certains sociologues allant même jusqu’à inverser les perspectives. Cette réarticulation en cours, à la fois dans la société et dans le regard que nous posons sur elle, n’est pas simple à appréhender. Nous sommes en présence d’une réalité enchevêtrée. Les mouvements culturels (femmes, minorités ethniques, communautés religieuses…) comportent des objectifs économiques et sociaux en même temps qu’ils visent une meilleure reconnaissance. Inversement, la défense de privilèges économiques particuliers peut encourager le renforcement identitaire, voire la xénophobie ou le racisme. Le phénomène massif des industries culturelles souligne aussi cette étroite imbrication. Plus généralement, il n’est pas exclu que la croissance de l’État ait encouragé, en dehors des lieux de travail, le développement de luttes pour la redistribution culturellement ancrées. Les politiques sociales, culturelles et économiques de l’État devraient être réinterrogées sous cet angle. Le débat actuel sur l’articulation entre luttes pour la reconnaissance et luttes pour la redistribution nous intéresse particulièrement puisqu’il offre l’occasion d’éclairer des évolutions problématiques.

Ces questions ne sont pas négligeables, car nos croyances sociologiques guident partiellement l’action sociale. Il ne fait pas de doute que penser la société en termes d’individu ou de groupe alimente des visions politiques discordantes. De même, penser la culture en termes d’essence ou de relation, de pureté ou d’hybridation, d’articulation ou de rupture envers le social débouche sur des constructions de l’objet qui orientent notre attention, nos recherches et donc notre participation à l’invention de la société.

3. Tensions culturelles et nouvelles régulations

Le lien social se fait et se défait à la faveur de nouveaux possibles, de dérégulations et de nouvelles régulations. Les réponses institutionnelles à la multiculturalité et à la diversification des formes de la sociabilité retiendront particulièrement notre attention.

La mobilité géographique et la contraction des distances érodent la logique territoriale. Notamment dans les zones d’immigration, l’autre est partout et nous voilà invités à vivre ensemble. Comment coexister en évitant des replis identitaires menaçants ? Les luttes des minorités ethniques nationales et migratoires dénoncent un universel accaparé en sous-main par le particulier. Si les valeurs de la modernité telles que la raison, la justice et la solidarité s’accommodent de procédures d’exclusion fondées sur des logiques particularistes, alors il faut bien affronter théoriquement et pratiquement la question de fond des droits humains et des droits culturels.

L’Union Européenne en particulier, qui prend forme comme une mosaïque complexe de langues et de cultures, trace une voie originale. Son extension possible à la Turquie suscite des débats passionnés, qui indiquent que certaines frontières sont plus sensibles que d’autres. Dans un congrès à Istanbul sur la culture, il est indispensable de faire une place aux enjeux réciproques d’une intégration qui dépasserait une frontière séculaire.

Devant la pluralisation des formes de sociabilité, les sociétés réagissent de façon différenciée, certaines en réaffirmant la tradition, d’autres en enregistrant institutionnellement ce qui, il y a peu, suscitait l’effroi et la condamnation : relations prémaritales, séparations et divorces courants, couples et familles sans mariage, couples et familles homosexuels, familles monoparentales, modalités nouvelles de procréation et d’adoption. Peu à peu émerge un nouveau paysage institutionnel, qui reflète sans doute mieux la prolifération relationnelle des dernières décennies, mais qui est loin de faire l’unanimité parmi les cultures de la seconde modernité.


Programme Préliminaire


Lundi 7 Juillet 2008

8H30-10H : Accueil

10H-11H : Ouverture officielle du Congrès

11H-12H30 : Séance inaugurale 1 :

Présidence : Barlas TOLAN, professeur, Université Galatasaray (Turquie)

Conférenciers : Şerif MARDIN, professeur, Université Sabanci, Istanbul (Turquie)

Alain TOURAINE, directeur d’étude, EHESS (France)

Repas en commun

14H30-16H : Séance inaugurale 2 :

Présidence : Ahmet INSEL, professeur, Université Paris 1 (France)

Conférenciers : Saskia SASSEN, Ralf Lewis Professor, Université de Chicago (USA) et Centennial Visiting Professor à la London School of Economics (GB)

Michel Wievorka, directeur de recherche EHESS ; Paris (France)

16H30-18H : Table ronde : 50ème anniversaire de l’Aislf

Présidence : Monique HIRSCHHORN

Conférenciers : Francis FARRUGIA, Université de Franche-Comté (France)

Anne Van HAECHT, ULB, Belgique (à confirmer)


Mardi 8 Juillet 2008

9H-12H : Séance plénière : Les modes d’existence : fragmentations, conflits et recompositions

Présidence : à venir

Conférenciers : Abdellah HAMMOUDI, professeur, Université Princeton (USA)

Nilufer GÖLE, directrice d’étude EHESS (France et Turquie)

Armand MATELART, professeur émérite, Université de Paris 8 (France)

14H-18H 30 : Sessions des Comités de recherche et Groupes de travail de l’Aislf


Mercredi 9 Juillet 2008

9H-11H00 : Séance plénière : Les nouveaux rapports du culturel et du social

Présidence : Wanda DRESSLER, professeure, Université de Paris 10 Nanterre

Conférenciers : Souleymane Béchir DIAGNE, professeur, Columbia University (USA)

Lucia RABELLO DE CASTRO, professeure, Université fédérale de Rio de Janeireo (Brésil)

11H30-12H30 : Table ronde Sociologie turque

Présidence : Kenan GÜRSOY, professeur, Université Galatasaray (Turquie)

Conférencier : Korkut TUNA, professeur, Université d’Istanbul (Turquie)

14H-18H30 : Sessions des Comités de recherche et Groupes de travail de l’Aislf


Jeudi 10 Juillet 2008

9H-12H : Séance plénière : Tensions et nouvelles régulations

Présidence : à venir

Conférenciers : Andrée LAJOIE, professeure titulaire, Université de Montréal (Canada)

Cheikh Saad Bouh Kamara, professeur, Université de Nouakchott (Mauritanie)

Irène THÉRY, directrice d’étude, EHESS (France)

Sandro CATTACIN, professeur, Université de Genève (Suisse)

14H-16H : Assemblée générale de l’Aislf

16H30-18H30 : Sessions des Comités de recherche et Groupes de travail de l’Aislf


VENDREDI 11 JUILLET 2008

9H-10H30 : Table ronde Turquie / Europe : enjeux culturels et religieux

Présidence : à venir

Conférenciers : Ilber ORTAYLI, professeur, Université Galatasaray (Turquie)

Maria TODOROVA, professeure, Université d’Illinois

11H-12H30 : Synthèse du Congrès

Présidence : à venir

Conférenciers : Nur VERGIN, professeure, Université d’Istanbul (Turquie)

Paul BERNARD, professeur, Université de Montréal (Canada)

Claude JAVEAU, professeur émérite, Université Libre de Bruxelles (Belgique)

12H30-13H30 : Présentation du nouveau Bureau de l’Aislf

Clôture du Congrès

14H-18H30 : Sessions des Comités de recherche et Groupes de travail de l’Aislf


Samedi 12 Juillet 2008

Possibilité de sessions des Comités de recherche et Groupes de travail de l’Aislf


Les propositions de communication doivent être dépossées avatn le 15 février 2008. Renseignements complémentaires, appels à communication pour les sessions de groupes thématiques, propositions de communication, inscriptions, réservations hôtelières à l'adresse http://congres2008.aislf.org

Lieux

  • Istanbul (Turquie)
    Istanbul, Turquie

Dates

  • vendredi 15 février 2008

Mots-clés

  • sociologie francophone, congrès international, lien social, différences culturelles

Contacts

  • Odile Saint Raymond
    courriel : odile [dot] saint-raymond [at] univ-tlse2 [dot] fr

Source de l'information

  • Odile Saint Raymond
    courriel : odile [dot] saint-raymond [at] univ-tlse2 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Être en société. Le lien social à l'épreuve des cultures », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 13 décembre 2007, https://doi.org/10.58079/c4p

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