Vingt ans de démocratisation en Afrique de l'Est, 1990-2010 
Les bouleversements à petits pas des institutions et des cultures politiques

Bien que deux décennies soient une période courte à l’échelle politique, il semble temps de mener une étude approfondie des dynamiques qui ont modifié parfois en profondeur les scènes politiques kenyane, ougandaise et tanzanienne, depuis que diverses pressions, tant internes qu’externes, ont conduit à l’abandon du monopartisme. Fin 2005 se sont tenues les troisièmes élections pluralistes en Tanzanie ; le Kenya a connu de plus que tumultueuses élections générales en décembre 2007 (les quatrième joutes multipartisanes) ; quant à l’Ouganda, la conception équivoque de « démocratie sans parti » n’a pas empêché l’organisation d’élections dites démocratiques en 2006.

La conduite de la démocratisation ne s’est pas du tout passée de la même manière dans ces trois pays, qui chacun ont opté pour des modes d’encadrement que l’on peut à présent décrypter. Figureront parmi les principaux thèmes de recherche : multiplication et instrumentalisation des partis politiques, contrôle des réformes constitutionnelles, actualisation et/ou immobilisation des réseaux politiques, connivences économiques, développement de la corruption, contrôle des revendications syndicales, fraudes électorales, ethnicisation de la vie politique, mécanismes de la violence politique ; mais aussi, dans une perspective plus positive : explosion des mouvements sociaux, forte visibilité des minorités (jeunes, femmes), libéralisation de la parole politique, développement de la presse autonome, constitution de « sociétés civiles ». L’objectif de ce projet de recherche est donc de mener une analyse classique des institutions (jeux de pouvoir autour de la formation, de la dissolution ou de l’oubli des partis politiques ; jeux de pouvoir autour des réformes constitutionnelles ; etc) et d’étudier simultanément la réception de ces jeux de pouvoir parmi le public informé, en essayant à terme de comprendre comment les cultures politiques ont évolué. Le processus que l’on nomme « démocratisation » a engendré un bouleversement des habitudes politiques, non seulement au sein des élites politiques, mais aussi parmi la population. Ce public a évolué, et supporte de moins en moins l’attitude désinvolte des titulaires du pouvoir avec les symboles de la démocratie.  Il est temps de mener une sociologie de la réception par les publics des décisions politiques. Ceci suppose d’identifier des groupes sociaux ou des secteurs particuliers dans lesquels cette réception se fait de façon critique.

Dans ce cadre, il n’est possible de raisonner qu’en fonction de la mise en commun de compétences diversifiées ainsi que de la mobilisation de savoirs disciplinaires assez variés. Si les politistes et les sociologues sont concernés au premier chef, les géographes, les ethnologues ou les historiens ont également leur mot à dire.

Ce séminaire inaugural aura lieu les 2 et 3 octobre 2008. Les propositions de communication (titre + résumé en 15 lignes) doivent être envoyées avant le 15 juillet 2008 à l’adresse mail suivante : jlafargue@ifra-nairobi.net