AccueilL'image dans l'histoire de la formation des adultes

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Publié le lundi 01 décembre 2008

Résumé

Depuis très longtemps, l’image est considérée comme le moyen de faire accéder plus facilement au savoir différentes catégories de personnes d’un niveau d’instruction sommaire. Avant d’illustrer, l’image a une fonction de représentation, par exemple des scènes de la vie religieuse sur les murs des lieux de cultes pour un peuple analphabète. Elle apparaît donc comme un substitut du texte, donnant accès à un savoir sensible, chargé d’émotion.

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Elle aura plus tard une fonction d’accroche. Si le slogan « Le poids des mots, le choc des photos » est inventé comme le journal qui l’affiche en 1949 (date de création de Paris Match), l’idée en est beaucoup plus ancienne. Le terme « illustration », dans le sens d’image gravée associée à un texte sur un support papier, apparaîtrait dans la langue française vers 1830, au moment où la technique industrielle permet un nouveau procédé d’édition (avec des gravures d’abord, des photographies ensuite). Et les premiers journaux illustrés se donnent mission pédagogique. Ainsi Charton, ce publiciste visionnaire qui crée en 1833 le Magasin pittoresque puis, en 1843, la revue l’Illustration, accorde-t-il à l’image une importance décisive. Il la charge d’une vocation enseignante.

Petite image deviendra grande, d’abord noyée dans le texte, elle s’affichera sur toutes les unes, puis sur les murs et dans les salles obscures. Avant l’invention du cinématographe, la projection par la « lanterne magique » permet à toute une foule de visionner la même image. Et on en fait grand cas dans les « causeries » ou dans les conférences populaires, comme par exemple à l’Université municipale de Paris à l’hiver 1891 comme en témoigne Edouard Petit[1] : « Le public est venu en foule. Il n’y a jamais eu moins de cent assistants. Souvent, quand il s’agissait de sujet point trop graves, point trop arides, plus de trois cents amateurs accouraient. Les projections exerçaient un grand attrait. Pour peu qu’une lanterne fasse défiler quelques vues bien parlantes et vivantes et qu’on le sache d’avance, il y a une belle salle ». Certains se « contentent » des images, réputées plus faciles, d’autres, assidus, vont à tous les cours. L’image est censée appeler un public plus « populaire », on en use et en abuse parfois, on encourage les instituteurs à s’en servir dans les cours d’adultes. Geneviève Poujol remarque à ce sujet que « l’on commence alors à faire à l’audio-visuel une confiance démesurée »[2]. L’image animée nécessite, elle, un matériel plus sophistiqué. Il faudra attendre quelques années avant que le cinéma puisse aussi jouer sa partie éducatrice.

Puis, lorsque la « lanterne » se transformera en « lucarne » (tout aussi magique) et qu’elle en viendra à s’installer directement chez les gens dans les années 1950, alors tous les espoirs se porteront sur ce « nouveau média de masse » censé apporter la culture à domicile. C’est ainsi que dans tous les pays occidentaux où la télévision se répand, de nombreux programmes de télé-enseignement sont produits. Citons, pour la France, RTS Promotion, Télé Promotion Rurale, Télé Promotion Cadres... Ils visent dans la journée les adultes isolés (en milieu rural) ou les personnes au foyer (femmes, chômeurs), mais aussi les travailleurs avec des programmes diffusés en soirée ou le dimanche matin. Très vite on cherchera aussi une utilisation in situ par exemple pour démultiplier la parole des enseignants, afin de toucher un plus grand nombre mais en petits groupes. Ainsi, des expériences de télévision en circuit fermé au service de la promotion sociale seront menée au Conservatoire national des métiers dès 1963, au CUCES en 1966…

Au cours des années 1970 se développeront, avec le film d’entreprise, les films de formation. Les très célèbres Shadoks, par exemple, seront sollicités pour expliquer les mécanismes de la circulation de l’information dans l’entreprise. Le film sera utilisé dans de très nombreuses formations au « développement des ressources humaines ». Avec la vague psychosociologique, c’est une autre facette de l’image qui sera mise en avant dans la formation, celle de surface projective. Elle sert de support à l’expression de soi, à l’identification. La méthode Photo-langage, à base d’images fixes, est utilisée le plus souvent pour la prise de contact, les présentations des membres du collectif, dans les premières heures de regroupement en formation. D’autres documents ou films seront utilisés pour interpeller, proposer de se mettre à la place de, ressentir par procuration…

Ce thème fera l'objet d'un prochain cycle de séminaires du gehfa, mais aussi d'une publication (ouvrage). Si vous avez travaillé sur l’un des aspects de cette question, en tant que chercheur ou en tant qu'étudiant (mémoire de recherche) ; en tant qu'acteur d'une action de formation faisant intervenir l'image, ou bien d'une expérience audio-visuelle présentant une dimension formative... Envoyez-nous vos textes à contact@gehfa.com avant la 30 juin 2009. Nous prendrons contact avec vous.



[1] Petit E., L’instruction populaire in L’éducation moderne, Edition de Paris : P. Delaplane, 1892, p. 166

[2] Poujol G., L’éducation populaire : histoire et pouvoirs, Economie et humanisme ; Les éditions ouvrières, 1981, p. 93


Dates

  • mardi 30 juin 2009

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Image, histoire de la formation des adultes

Contacts

  • Francoise F. Laot
    courriel : francoise [dot] laot [at] paris5 [dot] sorbonne [dot] fr

Source de l'information

  • Francoise F. Laot
    courriel : francoise [dot] laot [at] paris5 [dot] sorbonne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L'image dans l'histoire de la formation des adultes », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 01 décembre 2008, https://doi.org/10.58079/de3

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