Published on Friday, December 19, 2008
Abstract
Announcement
Colloque international Charles Bally
Université de Genève
4,5, 6 février 2009
Organisatrice : Hélène Bellon-Méguelle
Comité scientifique : Olivier Collet, Yasmina Foehr-Janssens et Jean-Yves Tilliette
Présentation
Ce colloque, renouant avec la tradition des colloques Charles Bally, se propose d’étudier la vie des lettres françaises autour des années 1300. Le choix de ce champ d’enquête découle d’un constat : le désintérêt, voire le mépris dont souffre cette période de l’histoire littéraire. A la lecture de la majorité des ouvrages retraçant l’histoire de la littérature médiévale, le lecteur peut avoir le sentiment déconcertant que pour ainsi dire rien n’a été écrit entre la rédaction de la continuation du Roman de la Rose par Jean de Meun et les premières œuvres de Guillaume de Machaut, soit entre 1270 et 1340 environ ! Plus d’un demi-siècle est ainsi généralement passé sous silence. Cette indifférence peut être la conséquence de plusieurs facteurs comme l’absence d’un auteur ou d’une œuvre emblématique de cette époque, la subtilité d’inventions qui procèdent plus de l’adaptation, du remaniement que du bouleversement radical, ou encore la mauvaise diffusion moderne des textes contribuant à leur méconnaissance.
Le règne des derniers Capétiens est une période cruciale de mutations politiques, économiques et sociales. Il s’agira de réfléchir sur la façon dont les auteurs ont pris en compte cette actualité ou, au contraire, ont tenté de lui échapper. Qu’écrivait-on alors ? Dans quels milieux littéraires ? Pour quels commanditaires et sous quelles formes ?
La vie intellectuelle connaît dans le même temps des transformations importantes. Héritière des modèles de pensée forgés au cours du XIIIe siècle, marqués notamment par la prééminence de la scolastique, elle évolue pour donner naissance au milieu du siècle suivant aux premiers humanistes français. La langue française s’affirme comme langue d’autorité, en témoigne les nombreuses traductions de textes latins réalisées à cette période, la diffusion des bibles en français ou encore l’apparition des moralisations en langue vernaculaire, dont l’Ovide moralisé est un des plus fameux exemples.
Nombre d’œuvres littéraires de cette période sont présentées paradoxalement par la critique comme la survivance de genres déjà morts, pensons aux fabliaux écrits par Jean de Condé ou Watriquet de Couvin, aux chansons de gestes d’Adenet le roi ou de Girart d’Amiens, au roman de Jean Maillart, à la poèsie de Guiraut Riquier « le dernier troubadour ». Pourtant, faut-il forcément penser les derniers avatars d’un genre en terme de dégradation ou de dégénérescence ? Quelle est leur part de nouveauté ? Comment leurs auteurs ont-ils joué des traditions les précédant et quelles impulsions leur œuvre a-t-elle pu donner à la création à venir ? Au tournant du XIIIe siècle, il est notamment remarquable qu’Alexandre comme Renart connaissent une nouvelle vie, que des genres comme ceux de la poésie du non-sens ou celui de l’épopée courtoise fassent leur apparition, que de nouvelles formes poétiques comme celle du sonnet soient inventées.
Selon un autre lieu commun, les textes d’alors seraient l’illustration d’idéologies moribondes. Ainsi la chevalerie en voie d’extinction ne survivrait plus que par des manifestations artificielles, ostentatoires et bien peu héroïques. De la même façon, l’amour courtois, réduit à des conventions et à une étiquette dénuée de profondeur et de sincérité, n’aurait plus rien à voir avec la fin’amors chantée par les poètes du XIIe siècle. L’idée de déclin, si bien défendue par Johan Huizinga, a peut-être éclipsé les innovations qui marquèrent dans ces domaines le tournant du XIIIe siècle et dont la littérature s’est nourrie : la ritualisation de la chevalerie et de ses codes par la création des cérémonies de vœux, par celle des ordres de chevalerie ou par le développement de l’héraldique, le raffinement des pratiques courtoises ou encore la conciliation de l’amour et du mariage. Tous ces phénomènes ne sont-ils que pures formes vides de substance ? A ce propos, l’idée d’évolution n’est-elle pas plus juste que celle souvent un peu trop vite adoptée de décadence ?
Il est une question connexe à celle de la création littéraire que nous aimerions aborder à l’occasion de ce colloque, à savoir celle de la production manuscrite à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Témoignent de son importance la multiplication des lecteurs comme des libraires, le développement des centres de production, le début d’une fabrication des livres à grande échelle, l’apparition des premiers bibliophiles. Il n’est pas anodin que les chefs d’œuvre du XIIe et du XIIIe siècles nous aient principalement été transmis par des manuscrits du XIVe siècle. A la même période, le décor des manuscrits profanes s’enrichit considérablement, l’iconographie courtoise fait son apparition, les marges s’ornent de drôleries. Ces constatations pourraient déboucher sur la question plus large de la laïcisation des arts qui semble marquer très fortement l’époque que nous proposons d’étudier.
Ce colloque a pour ambition de réunir des spécialistes de divers horizons et de diverses spécialités autour d’une période méconnue de l’histoire littéraire afin de lui rendre justice, ou tout du moins, de la mettre en lumière.
Les axes de recherche envisagés pour la période 1270-1340 sont donc principalement :
- Les notions de continuité et d’innovation dans la littérature française
- La littérature et l’actualité
- L’évolution de l’idéologie courtoise et chevaleresque
- L’histoire des idées et la vie intellectuelle
- L’histoire des manuscrits et des livres
Programme
Mercredi 4 février
Uni-Bastions – salle B 112
9h00-9h30 Accueil
9h30-10h00 Introduction
Litterati
10h00-10h30 Jean-Yves Tilliette (Université de Genève)
Adapter, transposer, exposer. Aspects de la réception de la poésie ovidienne dans la littérature française autour de 1300
10h30-11h00 Mattia Cavagna (Université Catholique de Louvain)
Le miroir du texte latin : Jean de Vignay et la traduction-calque comme principe stylistique
11h00-11h30 Frédéric Duval (Université de Metz)
Interpréter le Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville
11h30-12h00 Discussion
La noblesse des lettres
14h00-14h30 Yasmina Foehr-Janssens (Université de Genève)
La noblesse des lettres autour de 1300 (Baudouin de Condé, Dante)
14h30-15h00 Colette Van Coolput-Storms (Université Catholique de Louvain)
Autour de Charles de Valois
15h00-15h30 Discussion et Pause
Culture et pouvoir
15h30-16h00 Anne-Françoise Leurquin (Paris, IRHT)
La Somme le roi : de la commande royale de Philippe III à la diffusion sous Philippe IV et au-delà
16h00-16h30 Serge Lusignan (Université de Montréal)
Culture écrite et langue française à la cour de Philippe le Bel
16h30-17h00 Discussion
Jeudi 5 février
Uni-Bastions – salle B 112
Littérature et histoire
9h00-9h30 Philippe Frieden (Université de Lausanne)
« Tozjors sent le mortier les aux » : la Chronique métrique à l’ombre du B.N.fr. 146
9h30-10h00 Laurent Brun (Université de Stockholm)
Les Chroniques abrégées (ou Manuel d’histoire dit de Philippe de Valois) et Renart le Contrefait : à l’intersection de l’histoire et de la littérature
10h00-10h30 Discussion et pause
Preux et chevaliers
10h30-11h00 Janet Van der Meulen (Vrije Universiteit Amsterdam)
Jacques et Jacob. Le Nord et « l’invention » des Neuf Preux
11h00-11h30 Nancy Freeman-Regalado (Université de New York)
Les ailes des chevaliers et l’ordre du manuscrit Douce 308
11h30-12h00 Discussion
Cologny Fondation Bodmer – salle historique
14h00-15h30 Visite guidée du musée
Des livres et des hommes
15h30-16h00 Alison Stones (Université de Pittsburgh)
La production de manuscrits littéraires aux environs de 1300 entre Cambrai et Saint-Omer, les mécènes et les liens stylistiques des peintres
16h00-16h30 Marie-Hélène Tesnière (Bibliothèque Nationale de France)
Textes français vers 1300 : le fonds ancien de la librairie de Charles V
16h30-17h00 Sylviane Messerli (Fondation Martin Bodmer)
Le Codex Bodmer 147
17h00-17h30 Discussion
Vendredi 6 février
Uni-Bastions – salle B 112
Bousculer les mots
9h00-9h30 Jean-Claude Mühlethaler (Université de Lausanne)
Dérapages verbaux chez Adam de la Halle : pour une relecture du
Jeu de la Feuillée
9h30-10h00 Patrice Uhl (Université de la Réunion)
La sotte chanson et le renouvellement des formes poétiques : les jeux-partis parodiques de Roland de Reims (Oxford, Bodleian Library, Douce 308) et les fatras entés de Chaillou de Pesstain (Paris, BNF, fr.146)
10h00-10h30 Giovanna Angeli (Université de Florence)
Les Fatrasie d’Arras : « Fin » et « commencement » d’un genre
10h30-11h00 Discussion et Pause
Renouvellement littéraire
11h00-11h30 Fabienne Pomel (Université de Rennes II)
Songe, fiction allégorique et figures de l’écrivain chez Guillaume de Digulleville
11h30-12h00 Jacqueline Cerquiglini-Toulet (Université de Paris IV-Sorbonne)
L’amour au secret. L’invention lyrique en 1300
12h00-12h30 Discussio
Renouvellement littéraire (suite)
14h00-14h30 Francine Mora-Lebrun (Université de Versailles-Saint-Quentin-les Yvelines)
Du Châtelain de Couci au Roman du Comte d’Anjou, renouvellements de la forme et de l’imaginaire romanesques au tournant du XIIIe et du XIVe siècles
14h30-15h00 Hélène Bellon-Méguelle (Université de Genève)
L’invention du passé dans les Vœux du paon
15h00-15h30 Discussion
15h30-16h00 Clôture
Subjects
- Language (Main category)
- Periods > Middle Ages > High and Late Middle Ages
- Mind and language > Language > Literature
- Mind and language > Representation > History of art
- Zones and regions > Europe > France
Places
- Université de Genève
Geneva, Switzerland
Date(s)
- Wednesday, February 04, 2009
- Thursday, February 05, 2009
- Friday, February 06, 2009
Attached files
Keywords
- littérature, France, Moyen Âge, 1300, invention
Contact(s)
- Hélène Bellon-Méguelle
courriel : helene [dot] bellon [at] unige [dot] ch
Reference Urls
Information source
- Hélène Bellon-Méguelle
courriel : helene [dot] bellon [at] unige [dot] ch
License
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To cite this announcement
« L'invention littéraire autour de 1300 », Conference, symposium, Calenda, Published on Friday, December 19, 2008, https://doi.org/10.58079/dg5