AccueilSport, identités, homosexualités, homophobie

AccueilSport, identités, homosexualités, homophobie

*  *  *

Publié le vendredi 12 mai 2006

Résumé

Colloque, Lyon, 1-2 décembre 2006

Annonce

Enjeux et questionnement

En 1982, à San Francisco se sont tenus les premiers « Jeux Olympiques Gays ». Depuis, tous les quatre ans se déroulent les « Gay Games » dont la septième édition se tiendra à Chicago en juillet 2006. Quelques jours plus tard, à Montréal, auront lieu les « Outgames », premiers du nom. En moins de vingt-cinq ans, le mouvement sportif homosexuel (rassemblant les personnes se reconnaissant dans la communauté dite « LGBT » rassemblant les lesbiennes, gay, bi et transexuel-le-s) est ainsi devenu capable de rassembler dans un même année l’équivalent de deux fois les Jeux Olympiques en nombre de participants, les Gay Games et les Outgames prévoyant chacun d’accueillir au moins dix mille participant-e-s.

Dans le même temps, un mouvement affinitaire s’est structuré, en Europe et en Amérique du Nord, lui-même générateur de fêtes sportives (comme les Eurogames ou les Francogames) et rassemblant de nombreux pratiquants de tous les sexes dans des structures sportives organisées aussi bien par une finalité compétitive que par des principes trouvant difficilement leur place dans l’institution sportive. En France notamment, la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne (FSGL) se montre particulièrement active et fêtera cette année ses vingt années d’existence.

L’actualité chargée de 2006 (Gay Games VII, Outgames, 20 ans de la FSGL...) atteste de l’entrée dans la maturité du mouvement sportif homosexuel. Elle justifie de s’interroger sur cette réalité sociale récente, sur ses déterminants, les pratiques auxquelles elle donne lieu, sur ses institutions, sur les valeurs qu’elle fédère et les symboliques qu’elle mobilise. Ce premier colloque européen se propose de réaliser un état des lieux sociologique et historique jamais encore produit en Europe sur la question du sport, des identités, des homosexualités et de l’homophobie.

À cet effet, le Centre de Recherche et d’Innovation sur le Sport (CRIS) de l’Université Claude Bernard (Lyon, France) se propose d’impulser une réflexion de fond visant à la fois à la compréhension du phénomène et à en faire un analyseur de mouvements sociaux plus vastes. En rassemblant les meilleurs spécialistes européens des homosexualités et des sexualités divergentes, du sport LGBT mais aussi de l’homophobie et de toutes les formes de discrimination, le CRIS initie un travail collectif et international propre à saisir la société « en train de se faire ».

Outre la communauté scientifique, le colloque accueillera des acteurs du mouvement sportif LGBT afin de croiser les regards. En effet, il se tiendra à l’issue de l’Assemblée Générale de la Fédération des Gay Games (FGG) qui sera reçue pour ses cinq journées de session par la Faculté des Sciences du Sports de l’Université de Lyon. Cette assemblée générale rassemble des membres de la FGG venus de tous les continents et pour qui le colloque clôturera le programme.

Ainsi le colloque organisera un triple regard croisé :
-  entre disciplines scientifiques puisque historiens, sociologues, juristes, etc. présenteront leurs analyses respectives
-  entre chercheurs et acteurs, puisque les membres de la FGG participeront aux débats et présenteront des communications
-  entre chercheurs et acteurs de pays et de cultures différentes.

Programme scientifique

Le programme élaboré pour ce 1er colloque européen a retenu plusieurs axes de questionnement, tout en ouvrant le plus possible l’éventail des communications. La définition du sport retenue ne se limite pas à sa version institutionnelle mais inclut également les formes récréatives, la danse, les pratiques d’entretien et de mise en forme, etc. De même, la question des identités est ouverte et renvoie aussi bien aux problématiques des genres qu’à celle des orientations sexuelles, des consciences communautaires, des modèles sociaux de sexe, des mouvements queer, des préoccupations trans, des enjeux politiques, sociaux et culturels, etc. Globalement, deux niveaux de questionnement seront déclinés :
-  le premier vise les compréhensions du mouvement sportif LGBT lui-même
-  le second vise la compréhension de la société dans laquelle a été rendue possible l’émergence d’un tel mouvement

Il s’agira donc de produire une connaissance sur et à partir du mouvement sportif homosexuel.

Dans cette perspective, les communications pourront tout aussi bien rendre compte d’études de cas que d’analyses plus globales, dès lors qu’elles s’inscrivent dans les axes suivants :

1. Genèse et institutionnalisation

Comment se sont constitués les premiers jeux gays et lesbiens ? Quels ont été les acteurs de cette genèse et de cette institutionnalisation et quel a été leur parcours de vie ? Comment les Jeux ont-ils évolué ? Qu’est-ce qui les fonde et qu’est-ce qui leur permet de perdurer ? Comment et selon quelles logiques se créent les institutions qui vont ensuite organiser non seulement les Jeux, mais le mouvement sportif LGBT au quotidien ? Qu’est-ce qui les a rendus possibles sinon nécessaires ?

2. Valeurs et spécificités

Qu’est-ce que ces Jeux et le mouvement qui en a résulté ont-ils emprunté au mouvement sportif traditionnel ? Comment s’en démarquent-ils ? Comment et sur quoi se construit leur spécificité, notamment dans le rapport à la performance, à la différence (des corps, des sexes et des sexualités) et par conséquent aux normes corporelles, à la fête ? Comment s’affirment et se concrétisent les valeurs d’inclusion, de participation de tous et de dépassement de soi ? Comment s’ajustent les règlements sportifs afin d’accueillir dans un même événement (et parfois dans une même épreuve) des personnes d’âge, de sexe, d’état de santé et de niveaux différents ? Comment les spécificités des participant-e-s interrogent-elles en retour les règlements sportifs (par exemple, en matière de dopage, la prise en compte des malades porteurs du vih sous trithérapie ou bien celle des transexuel-les ou transgenres suivant un traitement hormonal) ? Qu’en est-il également de la spécificité festive des jeux LGBT ? Comment l’homoérotisme combine-t-il avec les valeurs du nationalisme sportif, ou encore avec les valeurs supposément universelles de l’olympisme ?

3. Logiques, formes de pratique et pratiquants

Comment se répartissent les affiliations entre le monde sportif institué et le mouvement sportif LGBT ? Comment s’opèrent les choix de participation à un championnat, d’adhésion à une fédération sportive ? Quel est le recrutement social des participants à ces Jeux, qu’ils-elles soient sportif-ve-s, organisateur-trice-s, arbitres, bénévoles, etc. ? Comment et sur quelles bases se fait la reconnaissance des rencontres sportives LGBT par les fédérations sportives disciplinaires en matière d’arbitrage, d’inscription aux calendriers sportifs, d’enregistrement de records, etc. ? Quelles innovations sont observables dans les formes de pratique (sur les règlements, la mixité, mais aussi les techniques, les tenues vestimentaires etc.) ? Comment se déterminent les priorités et quels sont les arguments en faveur de l’ouverture au monde sportif ordinaire ou bien au contraire en faveur de rencontres communautaires ? Comment s’opèrent les logiques de différenciation sociale et de distinction au sein même de ces Jeux et du mouvement sportif LGBT présenté comme unitaire ? Y a-t-il véritablement une « communauté » LGBT et à ce titre, en quoi les Jeux et le mouvement sportif contribue-t-il, ou non, à sa visibilité comme à sa prise de conscience ? Qu’en est-il des différences et du traitement des différences au sein de la communauté sportive LGBT ? Par exemple, comment se spécifient les pratiques, les motivations ou les enjeux d’une participation, selon que l’on est gay, lesbienne ou trans ? Le mouvement sportif LGBT ne véhicule pas également des logiques de distinction, des logiques identitaires voire des logiques de discrimination qui se donneraient à voir entre les Lesbiennes, les Gays, les Bi et les Transexuel-le-s ? Quid des « Transgenres », des Queer ? Quid des personnes handicapées ou malades au sein d’un mouvement qui se dit intégrateur ?

4. Mouvement sportif et mouvement social

Comment s’inscrit le mouvement sportif LGBT dans le mouvement de reconnaissance des membres de la communauté LGBT ? Est-ce un élément d’un dispositif militant ou bien relève-t-il d’autres logiques (festives, touristiques, distinctives, identitaires...) ? Comment se construit la reconnaissance du mouvement sportif LGBT dans la société, mais aussi, plus particulièrement, dans la communauté LGBT ? Comment se répartissent les positions entre le ludique et le politique ? Comment les médias relaient-ils les événements ? Se font-ils le relais des stéréotypes (« communautarisme », « ghettoïsation »...) ou bien valorisent-ils une approche en termes de reconnaissance des différences ou d’affirmation des singularités ? Comment le mouvement sportif LGBT participe-t-il à la mise en question des rapports de sexe, et comment contribue-t-il à repenser les frontières de genre ?

5. Sport et homophobie

A quelles conditions la notion d’homophobie, terme militant utilisé comme outil d’une lutte sociale visant à en finir avec une forme de discrimination, peut-elle constituer un analyseur pour la réflexion scientifique ? En quoi le monde sportif ordinaire est-il le vecteur d’une homophobie ordinaire elle aussi ? Comment l’homophobie perçue peut-elle expliquer l’émergence d’un mouvement sportif affinitaire rassemblant des personnes marginalisées ou stigmatisées en raison de leur orientation sexuelle ou de leurs identités sexuées ? En quoi le mouvement sportif LGBT peut-il se comprendre comme un outil de lutte contre l’homophobie et comme un vecteur d’éducation à destination de la société, mais aussi de la communauté LGBT elle-même ?

le colloque se déroulera les 1er et 2 décembre 2006 dans les locaux de l'UFR STAPS, Université Claude-Bernard Lyon 1, 27-29 Bd du 11 novembre 1918, 69622 Villeurbanne cedex, France.
Pour plus de renseignements, contacter Philippe Liotard
Congrès International Sport, Identités, Homosexualités, Homophobie
CRIS, Université Lyon 1,
27-29 Boulevard du 11 novembre 1918, 69622 Villeurbanne cedex, France
courriel : [liotard@univ-lyon1.fr->liotard@univ-lyon1.fr]

Lieux

  • Villeurbanne, France

Dates

  • dimanche 15 octobre 2006

Mots-clés

  • sport, discriminations, sexualité

Source de l'information

  • Liens socio
    courriel : Pierre [dot] Merckle [at] ens-lsh [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Sport, identités, homosexualités, homophobie », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 12 mai 2006, https://doi.org/10.58079/eif

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search