Página inicialApproches transfrontalières : les croyances magiques et la chasse aux sorcières, un transfert culturel

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Publicado quinta, 27 de agosto de 2009

Resumo

La question de savoir dans quelle mesure la croyance de l’époque moderne aux sorcières et à la magie est ancrée comme représentation dans la vision du monde de la société de cette époque imprègne la recherche la plus récente sur la religion et les sorcières: d’une part est esquissé un contexte sociétal qui place la pensée magique et religieuse toujours plus au centre des cultures du savoir de l’époque moderne, d’autre part, de plus en plus de positions critiques sur la pensée magique se font jour. L’origine, la répartition et la diversité des formes de croyance ainsi que des modèles de pensée nécessitent des recherches scientifiques plus précises.

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Colloque internationale à l’Institut historique allemand de Paris, les 20 et 21 mai 2010, organisée par le Pr Gudrun Gersmann (DHI Paris), Jürgen Michael Schmidt (université de Tübingen) et Katrin Moeller (université de Halle).

Le colloque vise donc les formes de transfert culturel de la pensée magique, les courants de réception, les réseaux régionaux et suprarégionaux et les phénomènes de migrations et de transformations. La question du support de la pensée magique constitue un second point central.

Le colloque se propose d’approfondir encore les importantes discussions quant au contexte de l’origine de la croyance aux sorcières ou sur l’usage de différentes pratiques magiques dans l’éventail de la culture populaire et la culture de l’élite.

Le terme générique de « sorcellerie » et l’idée d’une secte d’alliées du diable qui auraient conclu un pacte avec le Mal, ourdi des sortilèges et fêté leurs méfaits apostats dans des orgies débridées lors du sabbat n’ont pas seulement nourri le stéréotype de la sorcière et le champ sémantique de la recherche sur la sorcellerie.

L’atmosphère d’angoisse, de violence et de crise des temps modernes, où la chasse aux sorcières prenait parfois des proportions délirantes, est pratiquement devenue un paradigme de l’époque depuis sa redécouverte dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Il semblerait presque que le Moyen Âge ait légué son aspect obscurantiste à l’époque moderne ; ainsi, le XVIe siècle finissant et le XVIIe siècle se sont mués en « l’une des époques les plus sombres de l’Histoire » (Lyndal Roper). Aujourd’hui, les chercheurs (au-delà même de certaines branches spécialisées de ce domaine) considèrent parfois la croyance aux sorcières comme le reflet d’une société psychopathologique, caractérisée par la dépression et les psychoses d’angoisse, et font de la croyance en la magie un référent universel voire exclusif dans toutes les situations de la vie de l’époque.

Dans une volonté de « réenchanter » le monde sont apparues, ces dernières années, des approches transdisciplinaires qui se sont éloignées du paradigme rationalisant de Max Weber pour souligner l’importance des systèmes de référence magico-religieux jusqu’au début de l’époque moderne. À travers le prisme du « linguistic turn » et de la théorie de la communication, on range désormais les actes rituels, la communication symbolique et la sémantique religieuse ou magique en général dans une sphère quasi-sacrée qui offre un répertoire de valeurs fondamentales et dominantes caractérisant les actes et comportements quotidiens de l’époque moderne. La croyance aux sorcières, la magie coutumière et la piété populaire, la conception culturelle et juridique de la norme et des symboles se mêlent ainsi en un syncrétisme irréductible à une conception moderne de la piété chrétienne ou à un divorce clair entre des niveaux de signification rationnel et surnaturel, nous livrant ainsi un aperçu sur des univers culturels et sémantiques qui nous sont profondément étrangers.

Des travaux récents sur les temps modernes avancent donc des hypothèses esquissant les contours diffus d’interprétations et de comportements magico-religieux, qu’ils décrivent comme des pratiques sociales quotidiennes sans pour autant proposer un répertoire conceptuel et méthodologique abouti permettant de se livrer à des descriptions et analyses scientifiques de ces visions du monde et pouvant également se prêter à des recherches empiriques.

Du point de vue de la recherche sur les sorcières et le folklore, qui se bat depuis plusieurs décennies avec la question de la portée et de la réalité de la croyance aux sorcières, de telles approches sont problématiques, car le sens social de la chasse aux sorcières, qui criminalisait systématiquement toute forme de magie, la taxant d’hérésie et la réprimant sévèrement, est quasiment renversé. Pour schématiser, on pourrait affirmer que la recherche moderniste perçoit de moins en moins les sorcières comme des « terroristes des temps modernes » et de plus en plus comme les pom-pom-girls d’un large « mouvement populaire ». Presque inévitablement, l’intrusion de la magie dans la recherche moderniste met les spécialistes des sorcières au défi d’engager un débat fructueux, car ils sont en mesure d’apporter à la construction d’un nouveau paradigme des arguments de poids permettant non seulement d’éclairer les différentes facettes de cette théorie, mais aussi de mieux en cerner les limites.

Au vu de cette gageure intellectuelle, il est permis de se demander si le concept de sorcellerie, relativement figé par la recherche, est à même de rendre compte des multiples modèles d’interprétation du crime de sorcellerie ou de magie. Il importe donc de repenser l’objet de la recherche sur les sorcières. Dans un premier temps, il serait souhaitable de faire le point sur les différents termes interrégionaux utilisés pour étiqueter la magie ou la croyance aux sorcières et sur leur emprise, puis de voir si ces désignations, en apparence proches, ne cachent pas des conceptions différentes selon les époques, les régions, les religions, les sociétés et les individus. En outre, il convient de proposer d’autres concepts et tentatives d’interprétation.

Ce sujet n’est pas inédit ; au sein de la recherche sur le folklore et les sorcières, il a fait l’objet de débats acharnés pendant les années quatre-vingt-dix selon que l’on rangeait les idées magiques dans la culture du peuple ou celle des élites. Aujourd’hui, même s’il ne s’agit plus depuis longtemps de célébrer des mythes romancés ou folklorisants, des processus d’acculturation linéaires ou des ébauches sociales figées, les travaux de recherche sur les mentalités magiques continuent à se concentrer sur les instigateurs, les acteurs et la portée de la magie, la croyance aux sorcières et la tolérance de leur persécution ainsi que la mise en contexte de ces éléments. Ces dernières années, la recherche sur les sorcières a avancé de multiples arguments ébranlant la théorie de la chasse systématique venue "d’en bas" et relativisant la croyance populaire à la magie. 

L’objet de cette conférence est donc de s’interroger sur les sémantiques et sur la puissance de la croyance aux sorcières et à la magie, et d’oser adopter systématiquement des approches transfrontalières largement expérimentales et pluridisciplinaires. Nous souhaitons ouvrir le débat sur deux problématiques étroitement liées :

1. Les frontières spatiales et leur franchissement : que peut-on mettre en évidence des formes individuelles, locales, régionales, « nationales » ou transnationales des croyances aux sorcières et à la magie et de leurs systèmes de référence ?

Nous accorderons une attention particulière aux transferts, autrement dit aux courants de réception, translations culturelles, interrelations et phénomènes migratoires régionaux et suprarégionaux contribuant à éclairer les éléments statiques et dynamiques de la croyance à la magie. La recherche récente sur les espaces nous invite et nous incite à déceler des connexions et à mettre en évidence des points de convergence ou de divergence. En outre se pose la question de savoir quels facteurs géographiques ont influencé, modifié ou marginalisé la croyance aux sorcières et à la magie. Pensons par exemple à la dichotomie entre la ville et la campagne, à la pluralité ethnique ou aux frontières linguistiques et politiques. Face à la relative indigence de la recherche, on peut attribuer un rôle essentiel à la remise en cause de conceptions confessionnelles de la magie et de la sorcellerie que les discours d’érudits ont généralement avancées sans documenter suffisamment les pratiques magiques, la tolérance religieuse ou les formes spécifiques de la croyance aux sorcières. Globalement, il s’agit d’esquisser les contours d’un ou précisément de plusieurs discours locaux, régionaux ou interculturels sur la magie et les sorcières avec leurs variantes. La question de la localisation sociale des inventions, interprétations, jugements de valeur et celle des transferts nous amènent au point suivant. 

2. Les frontières intrasociales et leur franchissement : sous cette thématique (en nous appuyant sur la conférence d’Aix-la-Chapelle de 2009 sur l’époque moderne), nous invitons les chercheurs à se pencher à nouveau sur la bipartition entre profanes et initiés.

Cette théorie dichotomique est-elle encore viable en l’état ? Sinon, à quelles nuances recourir pour différencier les acteurs, couches sociales et systèmes de croyance ? Ce défi se pose notamment dans l’ébauche d’une théorie intégrant la tension entre la croyance et le scepticisme dans toutes leurs interactions, évolutions potentielles et nuances, sans pour autant réduire hâtivement la recherche à la découverte d’une société soit « magico-étrange », soit « éclairée ». Dans ce contexte, il importera de débattre de la construction de la croyance populaire aux sorcières. Dans quelle mesure les concepts démoniaques, par exemple, ont-ils influencé une croyance aux sorcières dont on présentera les nuances, du peuple aux élites ? La réponse à cette question nous livre une clé essentielle pour établir une théorie fondée sur les acteurs. 

Vous pouvez envoyer vos propositions de contribution en précisant le titre et en fournissant une courte présentation de la communication (une page environ) ainsi que votre curriculum universitaire à l'adresse suivante (de préférence par courrier électronique) jusqu’au 15 septembre 2009.

 

Dr. Katrin Moeller

Institut für Geschichte

Martin-Luther-Universität Halle-Wittenberg

Hoher Weg 4

06120 Halle

Allemagne

Tél. : ++49 345 55 24 286

Fax : ++49 345 55 27 287

E-mail : katrin.moeller@geschichte.uni-halle.de

Categorias

Locais

  • 8 rue du Parc-Royal
    Paris, França

Datas

  • terça, 15 de setembro de 2009

Palavras-chave

  • Croyance magiques, sorcellerie, transfert culturel

Contactos

  • Dr. Katrin Moeller
    courriel : katrin [dot] moeller [at] geschichte [dot] uni-halle [dot] de

Fonte da informação

  • Katrin Moeller
    courriel : katrin [dot] moeller [at] geschichte [dot] uni-halle [dot] de

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Para citar este anúncio

« Approches transfrontalières : les croyances magiques et la chasse aux sorcières, un transfert culturel », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado quinta, 27 de agosto de 2009, https://doi.org/10.58079/eyk

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