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Africa, 50 years of freedom. Territories, borders, identities and development
Afrique, 50 ans d’indépendance. Territoires, frontières, identités et développement
Echogéo review call for articles – for publication in June 2010
Appel à contributions international pour un dossier de la revue Echogéo à paraître en juin 2010
Published on Tuesday, October 20, 2009
Abstract
Announcement
Appel à contributions international pour un dossier de la revue Echogéo à paraître en juin 2010
En 1960, un grand nombre de pays africains issus principalement des empires coloniaux britanniques et français accédaient à l’indépendance. A ce moment, des choix territoriaux de grande importance furent réalisés, puisqu’ils dessinaient les frontières des Etats nations appelés à se construire – lesquelles allaient être globalement figées en 1963 par le dogme fondateur de l’Organisation de l’Union Africaine affirmant l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Après d’âpres débats, les fédérations de l’Afrique occidentale française (AOF) et de l’Afrique équatoriale française (AEF) éclatèrent, laissant place à des territoires étatiques de faible poids démographique correspondant aux différentes colonies (8 en AOF, 4 en AEF). Ailleurs, on choisit de maintenir de grands ensembles géographiques (Nigeria, Congo belge). Les populations des anciennes colonies allemandes placées sous mandat français et britanniques furent appelées à se prononcer par référendum sur leur pays de rattachement : le Togoland fut partagé entre Togo et Ghana, le sud-ouest de l’ancien Kamerun entre la République du Cameroun et le Nigeria. Les enveloppes territoriales étaient scellées : les Etats nations devraient s’y construire tout en répondant aux exigences du développement socio-économique. On sait que leur destin fut tumultueux.
Au-delà des vains débats sur « l’artificialité des frontières héritées de la colonisation », il s’agit ici de s’interroger sur le devenir, au cours du demi-siècle d’indépendance africaine écoulé, de cette relation complexe entre frontières, Etats, nation et développement, contenant et contenu. Autrement dit, nous invitons à en proposer des éléments de bilan géographique. Parmi les nombreuses pistes que celui-ci pourrait emprunter, nous suggérons de centrer la réflexion sur deux dimensions principales : la relation identités / frontières / construction nationale d’une part ; la question des choix du développement en relation avec les enjeux d’aménagement des territoires et d’intégration régionale d’autre part.
La première appelle des réflexions d’ordre politique ou géopolitique : comment se sont articulés territoires, identités et Etats dans l’Afrique indépendante ? Les frontières de 1960 enserrent des populations d’une grande diversité, que l’histoire – précoloniale et coloniale – a plus souvent opposées qu’unis. Les histoires nationales ultérieures ont procédé d’équilibres plus ou moins instables entre sentiment national émergent, identités ethniques, religieuses ou régionales. Certaines frontières furent contestées, parfois dans le cadre de mouvements sécessionnistes exprimant la révolte de régions marginalisées, moins souvent du fait de revendications territoriales des pays voisins. Au centre des processus de construction nationale, l’Etat en a exprimé toutes les ambiguïtés, dans des contextes économiques (crise des années 1980) et politiques (guerre froide jusqu’en 1990) difficiles. Il est apparu tantôt comme facteur de centralisation et d’unité, tantôt comme acteur d’une instrumentalisation des identités infranationales au service des élites au pouvoir et lieu d’accaparement patrimonial. Parallèlement, l’amplification de la décentralisation depuis les années 1990 a démultiplié les territoires infranationaux : elle visait à requalifier l’Etat en favorisant un développement à l’échelle locale, et, en Afrique du sud, à gommer les stigmates géographiques de l’apartheid. Mais elle est aussi lourde d’ambiguïtés, en risquant d’accroître les inégalités territoriales et les replis communautaires. En ville comme en milieu rural, la tension entre autochtonie et allochtonie qui préside au contrôle du foncier met l’identité au cœur des enjeux de pouvoir.
La seconde orientation mêle économie et géographie : comment pense-t-on le développement dans ses relations au territoire après un demi-siècle d’indépendance ?
En 1960, l’option retenue des petits Etats dans l’ancienne Afrique française a constitué une contrainte : l’exiguïté des marchés entravait l’effort d’industrialisation. Ce choix n’est pas sans expliquer l’absence de rupture initiale avec les structures économiques coloniales, basées sur l’exportation vers le marché mondial de matières premières peu ou pas transformées, agricoles (cacao, café, coton, arachide, bois, etc.) ou minières. Les fédérations défuntes, les réseaux urbains et ceux des infrastructures ont d’abord du être pensés dans un cadre national.
Mais depuis 1960, dans ces pays comme dans partout sur le continent, la situation a beaucoup changé. Dans chacun des Etats, la population a été multipliée par trois au moins, et l’urbanisation a globalement beaucoup progressé – 50% des subsahariens vivent aujourd’hui en ville. La croissance rapide des métropoles africaines et les stratégies géographiques et économiques de leurs élites témoignent de leur insertion dans les flux mondialisés. Les économies nationales se sont pourtant diversifiées. La dépendance liée à l’exportation des matières premières peu transformées demeure, mais elle est atténuée par les flux africains du vivrier marchand. Ceux-ci approvisionnent les métropoles (nationales, ou des pays voisins) et dynamisent leurs hinterlands ruraux, apportant une contribution majeure à des intégrations sous-régionales dont les progrès institutionnels demeurent lents.
Depuis les plans d’ajustement structurels des années 1980-90, les Etats ont perdu de leur pouvoir : le monde de la coopération internationale (bailleurs, ONG) assume une partie (variable selon les pays) de leurs prérogatives dans les domaines sociaux (éducation, santé), économiques (appui à l’agriculture, infrastructures, etc.) et de définition des politiques publiques ; la décentralisation multiplie les acteurs publics territoriaux ; les transferts financiers des émigrés et l’action des firmes transnationales contribuent à relativiser le pouvoir de l’Etat.
Pour autant, en Afrique comme ailleurs, les crises (alimentaire, énergétique, économique) de la fin des années 2000 soulignent les besoins de régulation d’un monde interconnecté de plus en plus complexe, et posent la question de la pertinence de l’échelle nationale et du rôle de l’Etat dans ces régulations.
On l’aura compris, la focale est large. Il s’agit de saisir, dans une perspective géographique diachronique qui puisse ouvrir sur une réflexion prospective, la relation entre territoires, identités et développement durant le premier demi-siècle d’indépendance africaine. Les articles proposés pourront se situer à l’échelle des régions ou des métropoles, concerner des pays, des ensembles sous-régionaux ou des thèmes transversaux. La date de 1960 sert de charnière, car elle marque l’indépendance d’un grand nombre d’Etats, mais elle n’exclut pas les pays dont l’émancipation est antérieure ou postérieure.
Enfin, des perspectives épistémologiques abordant l’évolution du regard de la géographie ou d’autres sciences sociales sur cette relation entre territoires, frontières, identités et développement en Afrique, seraient également bienvenues.
Les propositions d’article – sous formes de résumés de 3.000 à 6.000 signes - devront être envoyées à Jean-Marie Théodat (jean-marie.theodat@univ-paris1.fr) ou Géraud Magrin (magrin@cirad.fr) avant le 30 novembre 2009. Les articles présélectionnés, d’une longueur de 30.000 signes, seront remis pour évaluation le 28 février 2010. La publication du dossier aura lieu dans le numéro d’Echogéo de juin 2010.
Propositions d’article et articles pourront être rédigés en français ou en anglais.
Echogéo review call for articles – for publication in June 2010
In 1960 most African countries, mainly colonies from British and French colonial empires, accessed to Independence. At this time, crucial territorial choices were made, by defining the boundaries of the Nation States under construction. Those boundaries were globally settled in 1963 by the founding dogma of the African Union Organization stating the intangibility of the borders inherited from colonization. After harsh debates, the Federations of French Western Africa (Afrique Occidentale Française, AOF) and of French Equatorial Africa (Afrique Equatoriale Française, AEF) split and gave birth to national entities with low population density, corresponding to the ex-colonies (8 in AOF, 4 in AEF). Elsewhere, the goal seemed to maintain great geographic unities, as Nigeria or Congo (former Belgian Congo) did. The populations of the former German colonies under French or British mandates were asked, in a referendum vote, to choose their homeland. Togoland was split between Togo and Ghana and the south-west of the former Cameroon between Nigeria and the Republic of Cameroon. While the territorial frames were fixed, the Nation States had to establish and develop themselves within those new patterns, which was all but easy.
The aim of this call for articles is not to examine once more the “artificial” nature of the borders inherited from colonization, debate we consider somewhat vain, but to question the becoming –in the post-independence era- of the complex connection between borders, States, Nations and development, between containers and contents. In other words, what kind of appraisal can geographers propose on this subject ? Among the many possible paths for our reflection on the subject we suggest to focus on two main questions:
1) The relationship between identity, borders and national construction.
2) Development choices in relation with the stakes of development planning and regional integration.
The first question stresses political and geopolitical considerations to understand how territories, identities and States can be linked in a free Africa. The 1960 borders bring together very different populations which pre-colonial as much as colonial histories had most of the time opposed. The ulterior national histories have constantly proceeded more or less from instable balance between emerging national sentiment and ethnical, religious or regional identities. Some borders were challenged, sometimes by secessionist movements expressing the revolt of marginalized regions, less often through the territorial claims of neighbouring States.
At the core of national construction processes, the role of the State was ambiguous, as well in difficult economic (the 80’s crisis) as in political (the cold war until 1990) contexts. Sometimes States have managed to work as factors of centralization and unity. But other times, they have also been used by some influent politicians in office to boost infra-national identities and create patrimonial monopoles. The effect of decentralization policies have increased those dynamics since the 1990’s and multiplied infra-national territories. Decentralization policies in fact aimed at re-qualifying the State by promoting local scale development, and in the specific case of South-Africa, for example, by erasing the apartheid spatial stigmas. Though some of those policies were successful, others actually increased territorial inequalities and communitarian dynamics. In towns as well as in the countryside, tensions between natives and non-natives, which preside over the supervision of land ownership, put identity at the core of power stakes.
The second question addresses the understanding of development through territorial issues after 50 years of independence. That question would be best addressed by linking economical problems together with geographical ones.
The small States option chosen by the former French Africa in 1960 turned out to be a constraint: the slenderness of markets impeded the industrialization effort. But we have to bear in mind that that choice was made because it allowed continuity with the colonial economic structures, which relied on the export of raw materials to the world market. Those raw materials were generally not transformed whether from agriculture (cocoa, coffee, cotton, peanuts, woods) or from mines. After the two Federations disbanded, the urban networks and basic equipment networks had to be thought first and foremost in a national framework. But since 1960, in these countries as everywhere on the continent, the situation has greatly evolved. In every National State, population has been multiplied at least by three, and urbanization has clearly progressed – 50% of Sub-Saharan people currently live in a town. The quick growth of African metropoles and the geographic and economic strategies of their elites testify to their insertion in globalized flows. National economies have moreover diversified. The dependence linked to the exportation of basic commodities not much transformed remains, but it is diminished by the flows of the food crops trade to Africans cities. By supplying metropoles (in national or neighboring States), these flows contribute to revive their rural hinterland, and help sub-regional integrations whose institutional progress remains slow.
Since the structural adjustment plans of the 80-90’s, States have lost part of their power. The international cooperation world (NGO, financial backers) took responsibility for part of their prerogatives as far as social (education, health) and economic (support to agriculture, networks, etc.) issues and tries to influence public policies. As decentralization multiplies territorial public actors, migrants transfers and remittances as transnational companies’ actions contribute to counterbalance State power.
To conclude, in Africa as elsewhere, food and fuel problems and economic crises at the end of the 2000’s underline the need for regulation in a more and more complex and interconnected world, questioning the relevance of the national scale and the role of the State in that regulation.
The range of the questions we have suggested to focus on is quite wide. It consists in seizing, in a diachronic geographic outlook, the relationship between territories, identities and development during the first half century of African freedom. The proposed articles can deal with different scales such as regions or metropoles, with countries, sub-regional unities or transversal themes. 1960 is a turning point, since it marks the independence of a great number of States, but it doesn’t exclude countries which emancipation came earlier or later. Epistemological perspectives about geography or other social sciences will be equally welcomed.
Abstracts from 3,000 to 6,000 signs should be sent to Jean-Marie Théodat (jean-marie.teodat@univ-paris1.fr) and Géraud Magrin (magrin@cirad.fr) before November 30th, 2009. Shortlisted articles, 30,000 signs long, will have to be sent for appraisal by February 28th, 2010. The articles will be published in June 2010.
Article proposals and articles can be submitted in French or in English.
Subjects
- Geography (Main category)
- Zones and regions > Africa
- Society > Sociology
- Society > Ethnology, anthropology
- Society > Urban studies
- Society > History
- Society > Political studies
Places
- http://echogeo.revues.org
Date(s)
- Monday, November 30, 2009
Keywords
- Afrique, 50 ans d'indépendance, géographie, État, société, territoire, échogéo
Contact(s)
- Géraud Magrin
courriel : Geraud [dot] Magrin [at] univ-paris1 [dot] fr - Jean-Marie Théodat
courriel : Jean-Marie [dot] Theodat [at] univ-paris1 [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Géraud Magrin
courriel : Geraud [dot] Magrin [at] univ-paris1 [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Africa, 50 years of freedom. Territories, borders, identities and development », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, October 20, 2009, https://doi.org/10.58079/f7z