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La stratification sociale au travail

The social stratification at work

Le cas des activités commerciales

The case of business activities

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Publié le lundi 16 novembre 2009

Résumé

Cette journée se propose d'appréhender différents groupes sociaux qui travaillent dans le commerce (commerciaux, distributeurs, commerçants, vendeurs, manutentionnaires, etc.) en les situant socialement et en étudiant leurs relations de travail. Relations de travail d’une part au sein des structures de commerce auxquelles ils appartiennent et d’autre part avec les autres acteurs de la chaîne. Ce parti pris permettra d’aborder de manière dynamique la question de la stratification sociale en s’interrogeant sur les carrières et les mobilités professionnelles verticales mais aussi horizontales, et en s’intéressant à la construction des groupes sociaux ainsi qu’aux rapports entre ces groupes à travers les relations commerciales.

Annonce

Complémentaire à l’activité de production, le commerce se définit comme l’activité d’échange de biens et de services. Par extension, le terme désigne aussi le magasin, lieu de la transaction économique. Au-delà des seuls commerçants, les relations commerciales impliquent pourtant une multitude d’acteurs : marchands, vendeurs, clients, acheteurs, mais aussi différents types de professionnels qui travaillent entre la production et la vente de gros ou de détail. Certains producteurs assurent la vente de leur production aux particuliers (c’est le cas de nombreux artisans même si l’artisanat s’est construit institutionnellement en se distinguant du commerce et de l’industrie) ; d’autres passent par des négociants (les viticulteurs par exemple). Dans le cas d’industries, les producteurs ont recours à des intermédiaires, internes ou externes, pour assurer la promotion et la commercialisation des produits tels que les visiteurs médicaux pour les médicaments, les attachés de presse pour les livres ou encore les distributeurs pour les films. Les activités commerciales regroupent ainsi une « chaîne de coopérations » entre des professionnels aux statuts variés et des profanes.

Dans le cadre de cette journée d’études, nous proposons d’aborder les questions relatives au commerce et à la distribution – davantage traitées par les économistes, les historiens et les anthropologues que par les sociologues – en les rapportant aux processus de stratification sociale qui se nouent dans les activités commerciales. Il s’agit de penser ces dernières comme des échanges entre acteurs socialement situés. On peut faire l’hypothèse que saisir la stratification sociale au travers des relations commerciales permet non seulement d’observer des mobilités entre statuts (indépendant ou salarié) et entre catégories

socio-professionnelles, mais aussi d’observer des interactions entre acteurs de statuts différents. Ces questionnements sont portés par plusieurs axes de l’équipe CSU du CRESPPA : l’axe sur les rapports salariés et les rapports marchands, l’axe sur le genre en sociologie et l’axe sur les mutations et les reproductions des classes sociales.

Il s’agit en effet de situer socialement (origine sociale, capital économique, social et culturel ; genre ; origine ethnique) les différents groupes sociaux qui travaillent dans le commerce (commerciaux, distributeurs, commerçants, vendeurs, manutentionnaires, etc.) tout en étudiant leurs relations de travail. Relations de travail d’une part au sein des structures de commerce auxquelles ils appartiennent (sociétés de distribution, petits commerces, etc.) et d’autre part avec les autres acteurs de la chaîne (producteurs et distributeurs, distributeurs et vendeurs, vendeurs et consommateurs, etc.). Ce parti pris permettra d’aborder de manière dynamique la question de la stratification sociale en s’interrogeant sur les carrières et les mobilités professionnelles verticales mais aussi horizontales, et en s’intéressant à la construction des groupes sociaux ainsi qu’aux rapports entre ces groupes à travers les relations commerciales.

Cette double approche permet de questionner plusieurs oppositions établies. On peut d’abord s’interroger sur le rôle des caractéristiques propres aux produits. Qu’en est-il par exemple des produits qui font l’objet d’une intervention et/ou d’un contrôle étatique (biens culturels, médicaments, tabac, etc.) ? Certains auteurs soulignent la spécificité des biens dits « symboliques » et des marchés culturels. Travailler sur les liens entre production-médiation-réception dans les relations commerciales permettra d’aborder la question du rôle des intermédiaires dans la construction des marchés, et tout particulièrement leur rôle dans la construction de la valeur des biens : comment se construit la dimension symbolique de certains biens et par quels acteurs cette dimension est-elle portée ?

Il est ensuite intéressant de revenir sur la question des statuts. La question de l’indépendance économique a été traitée à propos des artisans sous-traitants. Travailler sur des entreprises ayant des activités commerciales revient à participer à une sociologie des entrepreneurs actuellement en développement (petit patronat de classe moyenne ou de la petite bourgeoisie pour lequel les frontières de statut entre salarié et indépendant sont floues ; cas des doubles appartenances tels que les pharmaciens propriétaires de leur officine, à la fois commerçants des classes supérieures et professionnels à statut). Cette approche du patronat intègre ici les relations entre groupes sociaux (entre vendeurs et acheteurs par exemple) et entre sexes, notamment dans le cas des petits commerces qui mêlent relations de travail et relations familiales. Non sans lien avec la question des statuts, il peut ici être utile de s’interroger sur le rôle de la taille des entreprises. Plusieurs travaux, notamment dans l’ethnographie anglaise, soulignent en effet le rôle des liens d’interconnaissance, familiaux ou ethniques, le rôle des appartenances sociales et politiques dans les logiques de recrutement et de promotion interne au sein des petites et moyennes entreprises. Il s’agit aussi de se demander quels sont les effets de la formalisation gestionnaire et marketing des relations commerciales dans les grandes entreprises sur les interactions avec les clients.

On peut enfin aborder la question des formations et celle des organisations et structurations socio-historiques des professions, en particulier dans les secteurs objets d’une intervention étatique. À travers l’étude de la manière dont les groupes professionnels se définissent, s’organisent, voire se mobilisent, on retrouve la question des classes sociales.

Les interventions seront basées sur des enquêtes de terrain, mobilisant différentes méthodes et participant à une étude de la stratification sociale et du travail commercial en actes. Cette journée qui a pour but de faire discuter des chercheurs de différentes disciplines (sociologie, anthropologie, histoire et science politique notamment) sera organisée autour de trois sessions.

Programme

9h30

Accueil des participant-e-s

10h00

Introduction de la journée par Cédric Lomba et Delphine Naudier (équipe CSU du CRESPPA,  CNRS-Université Paris 8)

10h15-12h00

INTERMEDIAIRES DU COMMERCE & GROUPES SOCIAUX : DISTRIBUTEURS ET REPRESENTANTS

  • Jérôme Greffion (CMH, EHESS-CNRS-ENS) Les visiteurs médicaux : des représentants hors-normes au service des médecins
  • Audrey Mariette (CRESPPA, CNRS-Université Paris 8) Du stagiaire au gérant : les entreprises « indépendantes » de distribution de films
  • Nadège Vézinat (CMH, EHESS-CNRS-ENS) La similitude sociale au service de la relation commerciale ? Les conseillers financiers de la Poste face à leurs clientèles

Discutant : Pierre Fournier (LAMES, CNRS-Université Aix-Marseille 1)

12h00 - Déjeuner (libre)

13h30-15h15

ENTRE PRODUCTION ET VENTE (1) : CLASSES SOCIALES & ORIGINES ETHNIQUES

  • Antoine Bernard de Raymond (CESAER, INRA) Coopération agricole, distribution et colonisation : la standardisation des agrumes entre construction du marché et politique en Algérie (1930-1962)
  • Anne-Sophie Bruno (CRESC, Université Paris 13) Les réseaux : une spécificité des entrepreneurs étrangers ? Le cas des indépendants tunisiens en région parisienne dans les années 1970 et 1980
  • Myriem Naji (UCL, University College London) Conflits et pouvoirs autour de la production et de la vente des tapis marocains : genre, classe et ethnicité dans le Sirwa

Discutante : Françoise de Barros (CRESPPA, CNRS-Université Paris 8)

15h15 - Pause

15h30-17h00

ENTRE PRODUCTION ET VENTE (2) : CLASSES SOCIALES & GENRE, QUAND LES RELATIONS DE TRAVAIL SONT FAMILIALES

  • Céline Bessière (IRISSO, CNRS-Université Paris Dauphine) De génération en génération. Arrangements de famille dans les entreprises viticoles de Cognac
  • Caroline Frau (CRPS, CNRS-Université Paris 1) Le rôle de la famille dans le processus d’engagement individuel des commerçants dans leur organisation professionnelle : l’exemple des buralistes

Discutante : Claire Lemercier (IHMC, CNRS-ENS)

17h00 - Pot

Lieux

  • Site Pouchet, 59 rue Pouchet (Métro Brochant ou Guy Môquet)
    Paris, France

Dates

  • lundi 18 janvier 2010

Fichiers attachés

Mots-clés

  • commerce, vente, distribution, classes sociales, pratiques, travail, emploi

Contacts

  • Cédric Lomba
    courriel : cedric [dot] lomba [at] cnrs [dot] fr
  • Delphine Naudier
    courriel : naudier [at] iresco [dot] fr
  • Audrey Mariette
    courriel : audrey [dot] mariette [at] univ-paris8 [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Cédric Lomba
    courriel : cedric [dot] lomba [at] cnrs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La stratification sociale au travail », Journée d'étude, Calenda, Publié le lundi 16 novembre 2009, https://doi.org/10.58079/feh

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