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Managérialisation de l'État social : le cas de la France dans le contexte international

Managerialisation of the Social State: France in an International Context

Congrès AFSP 2011 - ST20

AFSP 2011 - ST20 conference

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Publié le lundi 19 juillet 2010

Résumé

Onzième congrès de l’AFSP. Appel à communications de la section thématique 20 « La managérialisation de l’État social : le cas de la France dans le contexte international ».

Annonce

XIe Congrès de l’AFSP – 30 août-2 septembre 2011 à Sciences Po Strasbourg
Appel à communications Section thématique 20

Les propositions de communications sont à envoyer d’ici le 15 octobre 2010.

La managérialisation touche désormais tous les secteurs de l’action publique [1] (policy, politics, polity). De la réforme de la bureaucratie [2] à la « rationalisation » de l’institution judiciaire, elle est souvent synonyme d’un mot d’ordre : rendre plus efficaces, sinon plus efficients, les agents d’État.

Ce processus est présenté comme « simplement » technique ou de nature fondamentalement économique. C’est à en proposer un examen raisonné que sera consacrée cette section thématique. Celle-ci vise à saisir la dimension politique de ce qui est aussi une redistribution des modes de gouvernement et des rapports hiérarchiques au sein des appareils administratifs.

Le premier processus à portée politique qui nous intéressera ici concerne les modalités et les registres de légitimation. A rebours de la thèse du « moins d’État, mieux d’État », la managérialisation ne réduit pas la part de l’État en la soumettant aux impératifs du secteur, mais s’inspire de ses méthodes pour transformer les savoirs spécialisés qui sont au fondement de sa domination. Ainsi, le droit ne voit pas son espace d’intervention se restreindre mais est plutôt transformé de l’intérieur. Une transformation morphologique dont il conviendra de saisir la nature et la portée à la fois sur le plan analytique et sur le plan comparatif. Le nouveau management public est tour à tour un mode de communication politique et un type d’intervention sur le réel. C’est dire si, intégrés au déploiement des politiques publiques [3], ses principes ont bel et bien des répercussions sur ce que recouvre l’État républicain [4].
Un second aspect aurait trait aux formes d’objectivation de l’action publique. Comment la managérialisation entretient une emprise du chiffre [5] comme métaphore de la mesure du réel ? Le décompte des hommes et des choses suppose ici une rationalisation des politiques publiques. Cet aspect sera l’occasion de revenir sur la redéfinition des frontières public-privé, du changement de légitimité de l’État, de la transformation des temporalités bureaucratiques qu’introduit « l’ère managériale ».

La problématique retenue se veut donc en rupture. Il s’agit de penser un processus social trop souvent assimilé à une recherche d’efficacité économique. D’en dégager les fondements et mécanismes proprement politiques, au croisement de la sociologie du droit et de l’analyse socio-historique de l’action publique. « Rémunération à la performance », « évaluation par objectif », « responsabilité individuelle des agents », « contractualisation »[6], « rationalisation organisationnelle et budgétaire » : autant de motifs qui justifient l’introduction de pratiques nouvelles de gouvernement à distance. Des pratiques qui peuvent être analysées comme des technologies d’encadrement.

L’analyse de la managérialisation de l’État social [7] consistera – et ce sera l’objet de la première session – à prendre au sérieux les formes et formalités qui servent à motiver et « manager » les équipes au sein des services publics [8]. Erigées en disciplines scientifiques par des revues, des think tanks, des consultants, elles accréditent un nouveau type de professionnalisation et de spécialisation bureaucratiques. Ce sera aussi – seconde session – saisir les conditions de métamorphoses des politiques dans le domaine social, familiale et de la justice. Comment sont-elles transformées de l’intérieur ? Avec quelles conséquences sur le droit et les administrés ? D’où l’importance d’en retrouver les modalités d’insertion dans la littérature internationale. Une large part sera ainsi faite dans les réponses à l’appel d’offre aux points de vue comparatifs. Ils nous permettront de faire droit aux outils de la science politique dans un contexte plus large que celui de la France, en examinant les enjeux dans ce secteur de l’importation de concepts, cadres d’analyse, outils d’objectivation des formes de justification de la grande entreprise privée.

Les objets privilégiés de ces deux sessions sont les politiques dans le domaine social, familiale et de la justice. Les études empiriques seront favorisées dans l’examen raisonné de cette redéfinition des techniques de gouvernement au sein des appareils administratifs et dans les politiques publiques. La France et les États-Unis constitueront le cœur de cette comparaison. La mise en regard empirique et théorique d’un État jacobin et républicain d’une part et d’un État fédéral et libéral d’autre part permettra d’éclairer des transformations nationales et de voir en quoi ces modèles peuvent converger ou diverger. Par ailleurs, les structures très différentes de l’aide sociale de part et d’autre de l’Atlantique, notamment du point de vue de la confessionnalisation, seront d’un intérêt particulier.


[1] Bruno Jobert, Le tournant néo-libéral en Europe : idées et recettes dans les pratiques gouvernementales, Paris, l’Harmattan, 1994.
[2] Philippe Bezes, Réinventer l’État : les réformes de l’administration française (1962-2008), Paris, Presses Universitaires de France, 2009.
[3] Kieron Walsh, Public services and market mechanisms : competition, contracting and the new public management, Basingstoke, MacMillan, 1995.
[4] Loïc Cadiet & Laurent Richer (dir.), Réforme de la justice, réforme de l’État, Paris, PUF, 2003
[5] William Alonso & Paul Starr (dir.), The politics of numbers, New York, Russell Sage Foundation, 1988.
[6] Steven R. Smith & Michael Lipsky, Nonprofits for hire : the welfare state in the age of contracting, Cambridge, Harvard University Press, 1993.
[7] François-Xavier Merrien, Raphaël Parchet, Antoine Kernen, L’État social. Une perspective internationale, Paris, Armand Colin, 2005.
[8] Richard P. Nathan, Turning promises into performance. The management challenge of implementing workfare, New York, Columbia University Press, 1993.         

Les propositions de communications sont à envoyer d’ici le 15 octobre 2010 à :

  • Jacques Commaille
Professeur émérite de sociologie
Institut des sciences sociales du politique
École Normale Supérieure de Cachan
commail@isp.ens-cachan.fr  
  • Elisa Chelle
Doctorante en science politique
UMR PACTE - Politique Organisations
Institut d'Etudes Politiques de Grenoble
elisa.chelle@iep-grenoble.fr




Lieux

  • Sciences Po Strasbourg
    Strasbourg, France

Dates

  • vendredi 15 octobre 2010

Contacts

  • Elisa Chelle
    courriel : chellee [at] parisnanterre [dot] fr
  • Jacques Commaille
    courriel : commail [at] isp [dot] ens-cachan [dot] fr

Source de l'information

  • Elisa Chelle
    courriel : chellee [at] parisnanterre [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Managérialisation de l'État social : le cas de la France dans le contexte international », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 19 juillet 2010, https://doi.org/10.58079/go4

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