HomeRepenser le conflit : approches franco-allemandes
Published on Friday, March 18, 2011
Abstract
Announcement
“Le conflit est la mouche du coche de la pensée. Il stimule l'observation et la mémoire.” John Dewey
Après une discrète éclipse durant ces vingt dernières années, le conflit reviendrait-il sur le devant de la scène dans les sciences humaines et sociales ? Avec, durant les années 1960,des concepts omniprésents comme, pour n’en citer que quelques uns, celui de la « lutte des classes », du « micropouvoir », et des « champs de force », le conflit semblait, absolument incontournable Il devait alorsêtre essentiellement traité dans sa dimension sociale et politique. Les années 1980 et la fin de la guerre froide, transformèrent des antagonismes sociaux et politiques vers des spécificités culturelles, des normes juridiques, des impératifs éthiques et des processus cognitifs. De nouvelles thématiques (comme celles du métissage, de l'hybridité, des réseaux, de la communication, etc.) mirent alors le conflit au second plan. Mais aujourd’hui, nombre d’événements conflictuels (attentats du 11 septembre, émeutes dans les banlieues françaises, polémiques autour des réformes sociales, initiatives citoyennes du type Stuttgart 21, révoltes en Afrique du nord, etc.) obligent les chercheurs à repenser le conflit.
Pourquoi le conflit semble-t-il, à certaines époques, réapparaître ainsi avec force, alors qu’il avait été mis entre parenthèses jusque-là ? C’est la première question à laquelle les contributeurs pourraient répondre.
Plus généralement, il leur est possible d’appréhender le conflit à plusieurs niveaux :
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Au niveau macrosocial, qu’il s’agisse d’un conflit au sein d'un État, entre États, entre institutions ou encore entre groupes, entre cultures, entre différentes fonctions ou structures d’une même société, ou bien même, pourquoi pas, du conflit entre l’homme et son environnement. Les mouvements sociaux sont, par exemple, le théâtre de conflits où la négociation joue un rôle majeur dans le dénouement de l’action collective. Étudier ce type d’événements permet de rendre compte de la structure et de la logique de ces conflits.
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Au niveau microsocial ou intersubjectif, qu’il s’agisse d’un conflit entre familles, entre communautés, entre sous-cultures ou encore entre des situations d’interaction et des normes contradictoires ou même, tout simplement, du conflit entre deux individus, qu’ils soient amis, amants ou étrangers. Étudier la résistance d’un individu dans le cadre d’un conflit peut permettre de comprendre comment le conflit agit, influence et structure les hommes et les femmes et comment l’individu s’insère dans le conflit et le façonne.
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Au niveau subjectif ou intérieur, qu’il s’agisse d’un conflit entre des rôles contradictoires endossés par le même individu, entre les positions qu’il occupe dans différents groupes, entre ses capacités et les possibilités objectives qui s’offrent à lui, ou bien même d’un conflit entre ses désirs inconscients et les normes sociales. Outre la psychologie, la psychanalyse et la microsociologie, la littérature, le théâtre, le cinéma, mais aussi la musique offrent de nombreux exemples de développements et résolutions de conflits de ce genre. Ils sont particulièrement bienvenus ici.
Ces trois niveaux d’analyse sont, de manière générale, présents aussi en sociologie, en philosophie, anthropologie, économie, géographie, sciences politiques ou histoire.
Une série de questions communes porte sur la temporalité et les modalités du conflit : quand commence un conflit ? Est-il légitime ? Quelles en sont les causes ? Quels en sont les moyens ? Quel est son répertoire ? Comment le reconnaît-on s’il apparaît ainsi pour la première fois ? Comment s’accorde-t-on sur sa définition en situation de tension ? Comment les acteurs l’affrontent-ils ? Comment se mobilisent-ils autour du conflit ? Comment le dénouer ? Que devient l’État, le groupe ou l’individu après la tempête ? Qu’a-t-il changé dans l’évaluation « normale » des situations ? Qu’a-t-il modifié dans l’identité des acteurs qui y ont participé ?
Si les différentes disciplines partagent ainsi un certain nombre d’interrogations quant aux gammes du conflit, elles se rassemblent aussi sur la question de sa teneur. Quelle est la relation du conflit à la violence ? Le conflit peut-il se dérouler avec politesse ? La négociation, qui apparemment en est exclue, peut-elle participer du conflit ? Comment le conflit se rapporte-t-il à l’ordre, à l’obéissance, à l’autorité et à la domination, réelle ou symbolique ? Le conflit témoigne-t-il d’un anticonformisme, d’un refus des règles du jeu, ou bien est-il au contraire l’expression modulée d’une conformité aux règles sociales et d’un respect de ces mêmes règles ?
Cet appel à contributions est destiné en priorité aux doctorant(e)s travaillant sur le monde germanique, de manière exclusive ou comparative.
Les propositions d’articles (3000 signes) devront parvenir avant le 13 avril 2011
à l’adresse suivante : mailaender@ciera.fr
Coordinateurs du dossier :
- Martin Baloge
- Marc Berdet
- Yoann Boget
- Elissa Mailänder
Subjects
- Representation (Main category)
- Zones and regions > Europe > Germanic world
Date(s)
- Wednesday, April 13, 2011
Keywords
- conflit, perspectives franco-allemandes
Contact(s)
- Elissa Mailänder
courriel : elissa [dot] mailander [at] sciencespo [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Annette Schläfer
courriel : annette [dot] schlafer [at] sorbonne-universite [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Repenser le conflit : approches franco-allemandes », Call for papers, Calenda, Published on Friday, March 18, 2011, https://doi.org/10.58079/i35