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Reading the social sciences
Lire les sciences sociales
Published on Wednesday, May 09, 2012
Abstract
Announcement
L’objet du séminaire « Lire les Sciences Sociales » est la présentation critique de travaux récents relevant des sciences sociales (sociologie, histoire sociale, ethnologie, linguistique, philosophie…) jugés particulièrement significatifs, originaux ou importants. Place est faite aussi bien aux auteurs consacrés, qu’aux « classiques » et aux jeunes chercheurs. Lire les sciences sociales ambitionne d’être une institution critique, interne au champ des sciences sociales, indépendante par rapport aux autorités de toutes sortes, privilégiant l’originalité du point de vue, la nouveauté de la démarche ou l’invention d’objets inédits. Le public visé se compose aussi bien de spécialistes que de profanes (étudiants, hommes de terrain, intermédiaires culturels..). Sa participation favorise l’expression de points de vue qui confirment, complètent et, le cas échéant, contestent les affirmations entendues et met en évidence les implications, les effets et les usages sociaux du discours scientifique considéré.
Lire les sciences sociales propose différentes formules :
- les rencontres autour d’un ouvrage, ce dernier donnant lieu à une présentation critique à laquelle l’auteur est invité à répondre. Suivent les réponses du public
- les séminaires thématiques réunissant différents auteurs et textes, qui donnent également lieu à une présentation critique et à un échange avec le public
- les journées de type « Questions/Réponses » au cours desquelles un ou plusieurs auteurs sont interrogés sur un livre à propos duquel un résumé serait peu pertinent (ouvrages de méthode par exemple) ou sur l’ensemble de leurs travaux.
Programme :
-Vendredi 18 novembre 2011, Présentation et discussion de « Réinventer l’État. Les réformes de l’administration française (1962-2008) » de Philippe BEZÈS, en présence de l’auteur. Présentation par Frédéric PIERRU.
Depuis les années 1960, les problèmes d’organisation, de contrôle et de financement des systèmes administratifs constituent des enjeux collectifs majeurs dans les démocraties occidentales. Ils alimentent les diagnostics de crise des bureaucraties et favorisent l’essor de réformes préconisant de nouveaux modes de fonctionnement, souvent inspirés du New Public Management. En dépit de l’importance historique de l’État, la France n’échappe pas à ces changements. L’administration est l’objet de nombreuses critiques et de réformes. Comment, pourquoi et avec quels effets les élites françaises ont-elles développé, à grand renfort de publicité, des politiques de réforme de l’État destinées à transformer les règles historiques patiemment mises en œuvre depuis le début du XIXe siècle ? Voilà la question centrale que pose cet ouvrage. Il analyse les réformes de l’administration française du début des années 1960 jusqu’à la présidence Sarkozy. Avec la perspective d’une sociologie historique de l’État, il retrace l’essor et le développement de ces réformes sous la Ve République et analyse les multiples configurations d’acteurs qui y participent : personnels politiques, hauts fonctionnaires, ministères, experts patentés, citoyens... Il donne à comprendre le tournant néo-managérial de l’administration française, ses limites et la spécificité des voies du changement dans le contexte hexagonal. Soulignant la singularité de la préoccupation des gouvernants pour l’organisation et la transparence de la machinerie administrative, l’auteur diagnostique finalement l’émergence d’une nouvelle rationalité politique marquée par l’impératif du « souci de soi de l’État ».
14h00-17h00, CNRS/site Pouchet, 59-61, rue Pouchet, 75017 Paris, salle 159 Métro ligne 13 (Guy Moquet/Brochant), Bus 66 (La Jonquière) bus 66 - La Jonquière
-Mardi 20 mars 2012, Présentation et discussion de l’ouvrage « L'École des ouvriers, comment les enfants d'ouvriers obtiennent des boulots d'ouvriers » de Paul WILLIS. Présentation par Gérard MAUGER. Débat avec Sylvain LAURENS et Julian MISCHI.
Le rejet du travail scolaire par les « gars » et le sentiment qu’ils « en savent plus » trouvent un écho dans le sentiment très répandu dans la classe ouvrière que la pratique vaut mieux que la théorie : « Un brin de zèle vaut une bibliothèque de diplômes », annonce un grand placard placé dans l’atelier. L’aptitude pratique vient toujours en premier et a statut de condition préalable à toute autre forme de savoir. Alors que la culture petite-bourgeoise considère les diplômes comme un moyen de moduler vers le haut la gamme des choix offerts à un individu, du point de vue de la classe ouvrière, si le savoir ne se justifie pas, il faut le rejeter. Au travers d’une enquête (classique de la sociologie du monde ouvrier) menée dans un collège anglais fréquenté essentiellement par des enfants d’ouvriers, le sociologue Paul Willis analyse comment ils en viennent à accepter, après leurs parents, des positions relativement dominées dans le monde du travail. De l’école à l’usine, ce livre rend compte de la façon dont, en désorganisant l’encadrement scolaire, en s’opposant aux « fayots », ils privilégient la sortie du système scolaire, confirmant le fait que l’école ne leur promet aucun avenir professionnel en dehors du travail manuel.
10 h 00 - 12 h 00, CNRS/Site Pouchet, Salle 255,59 - 61, rue Pouchet, 75017 Paris métro ligne 13 - Guy Moquet | Brochant , Bus 66 - La Jonquière
-Mardi 10 avril 2012 : Présentation et discussion des travaux de Louis PINTO par José-Luis MORENO PESTANA, en présence de l’auteur.
« La Théorie souveraine, Les philosophes français et la sociologie au XXe siècle »
« La philosophie ne voyage point », déplorait Jean-Jacques Rousseau. La découverte d’autres cultures lui semblait procurer un indispensable dépaysement et une idée élargie de l’humanité. Or, depuis l’époque des Lumières, les sciences de l’homme ont connu un développement considérable que les philosophes en France n’ont pu ignorer. La sociologie en particulier, issue avec Durkheim de la discipline philosophique, n’a cessé d’être présente à leur esprit. Mais on ne peut analyser le problème qu’elle a posé à la philosophie depuis plus d’un siècle sans envisager ce que la pensée la plus théorique doit à des traditions, à des hiérarchies intellectuelles, à des découpages disciplinaires. Quatre périodes ont été étudiées ici, entre les années 1900 et les années 1970 : la première, marquée par le débat sur le durkheimisme ; la deuxième, dominée par la phénoménologie ; la troisième, placée sous l’emblème du structuralisme ; et la dernière, sous l’emblème des rapports entre politique et philosophie, savoir et pouvoir. Au lieu de recenser ou d’encenser, comme on le fait trop souvent, les pensées d’auteurs prestigieux qui ne manquent pas ici (Durkheim, Husserl, Sartre, Merleau-Ponty, Lévi-Strauss, Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, etc.), Louis Pinto s’est donné une autre tâche : celle de comprendre comment les stratégies des philosophes commandées par leur position et leurs ressources dans le champ philosophique ont favorisé l’invention d’instruments conceptuels, parmi lesquels l’antinaturalisme et l’antiobjectivisme. On est ainsi conduit à voir tout autrement les philosophes aussi bien que leurs discours.
« La vocation et le métier de philosophe. Pour une sociologie de la philosophie dans la France contemporaine »
La sociologie, loin de réduire les pensées les plus originales à des structures sociales impersonnelles, n'ignore ni la portée des innovations ni la valeur des idées, mais envisage les philosophes pour ce qu'ils sont : des hommes comme les autres, dotés d'intérêts et d'attentes qui, bien que spécifiques, ne tombent pas du ciel des idées pures. La première des tâches est de comprendre comment, en France, une doctrine pédagogique, un apprentissage scolaire, des exercices comme la dissertation, un art oratoire contribuent à structurer les esprits et à garantir le statut philosophique des discours. Pour autant, la diversité croissante des manières d'être philosophe dans la période contemporaine n'est pas un simple leurre : le penseur original, le maître de khâgne, l'érudit, la vedette médiatique semblent bénéficier d'un même titre de noblesse intellectuelle. Ce livre ne propose ni panorama, ni manifeste, ni plaidoyer, mais des instruments d'analyse pour comprendre l'obscur engendrement des idées et le pouvoir de séduction que certaines d'entre elles semblent posséder. Alors que la philosophie est devenue le lieu où s'affrontent plus que jamais des définitions sensiblement opposées de ce qu'elle est et prétend être, la sociologie peut favoriser à sa manière ce regard réflexif auquel les philosophes auraient mauvaise grâce à se soustraire puisqu'ils sont les premiers à en revendiquer, sinon l'urgence, du moins les mérites.
10 h 00 - 12 h 00, CNRS/site Pouchet, 59-61, rue Pouchet, 75017 Paris, salle 159 Métro ligne 13 (Guy Moquet/Brochant), Bus 66 (La Jonquière)
- Vendredi 13 avril 2012, présentation et discussion de l’ouvrage « La responsabilité de l’écrivain. Littérature, droit et morale en France XIXe-XXIe siècle » de Gisèle SAPIRO, en présence de l’auteur. Présentation par Cécile RABOT.
Un écrivain peut-il tout dire et, si non, quelles sont les limites que la société et l’époque lui assignent ? Un écrivain doit-il tout dire et, si oui, les lois de la République des lettres lui font-elles obligation d’enfreindre celles du pouvoir et de la morale ? Depuis le XVIIIe siècle, les discours sur les dangers de la lecture et l’influence subversive des hommes de lettres sur les esprits confortent la croyance dans les pouvoirs de l’écrit. Face à eux, tenants de l’art pour l’art et partisans de l’engagement des intellectuels se retrouvent autour de la défense d’une éthique propre à la littérature. Ces débats, hantés à l’origine par la mémoire des événements révolutionnaires et profondément redéfinis au moment de l’épuration par la « collaboration de plume », n’ont cessé depuis deux siècles d’animer les prétoires, le Parlement et les colonnes de presse. Cet ouvrage en restitue toute l’importance, intellectuelle et politique, à travers l’étude de quatre moments-clés, qui marquent autant d’étapes dans l’histoire de la liberté d’expression et de la morale publique en France : la Restauration, le Second Empire, la Troisième République et la Libération. On y revisite des procès célèbres : ceux de Béranger, Courier, Flaubert, Baudelaire, ceux des naturalistes et, à partir d’archives inédites, ceux des intellectuels collaborationnistes. L’épilogue examine la redéfinition de ces enjeux des années 1950 à nos jours : les formes de censure se font plus discrètes, la parole de l’écrivain a perdu de son poids dans l’espace public, mais l’actualité montre que la littérature peut et sait encore être scandaleuse.
9 h 30 - 11 h 30, CNRS/site Pouchet (salle 159), 59-61, rue Pouchet, 75017 Paris Métro ligne 13 (Guy Moquet/Brochant), Bus 66 (La Jonquière)
Vendredi 11 mai 2012, Présentation et discussion de l’ouvrage « Résister à la chaine Dialogue entre un ouvrier de Peugeot et un sociologue », de Christian COROUGE et Michel PIALOUX, en présence des auteurs. Présentation par Gérard MAUGER.
« Pendant quatre jours je t'ai raconté des trucs sur le travail, les lois Auroux, les trente-huit heures... Seulement ça, je vais te le dire, ça crée un déséquilibre complet, parce qu'une semaine comme ça, c'est pas facile de la vivre quand tu travailles en chaîne et que t'as en plus plein de boulot syndical à faire. C'est pas facile. Alors mes mains, dans tout ça, qu'est-ce qu'elles deviennent, mes mains ? On dit : " Bon, en 1914, il avait mal aux mains. Maintenant ça a l'air de passer. Il est devenu beaucoup plus intellectuel, il n'a plus mal aux mains, il a mal à la tête... " Il est fou, quoi. Seulement, moi, je travaille encore avec mes mains ! Et ça, ça me fait toujours mal. Mais maintenant je me tais. Parce que, pendant dix ans, tu en souffres tout seul. Et en même temps, tu as l'impression d'être une espèce de cobaye... aussi bien de la part des copains... qui veulent surtout pas écrire ce genre de truc avec moi, alors qu'en fait, à mon avis, leur boulot de militant - c'est à eux que je devrais le dire -, ça aurait été de faire ce livre avec moi ». Au début des années 1980, le sociologue Michel Pialoux rencontre Christian Corouge, ouvrier et syndicaliste chez Peugeot-Sochaux. Ils entament un long dialogue sur le travail à la chaîne, l'entraide dans les ateliers et la vie quotidienne des familles ouvrières. À partir de l'histoire singulière d'un ouvrier, devenu porte-parole de son atelier sans jamais le quitter, sont abordées les difficultés de la constitution d'une résistance syndicale.
10 h 00 - 12 h 00 , CNRS/site Pouchet (salle de conférence), 59-61, rue Pouchet, 75017 Paris Métro ligne 13 (Guy Moquet/Brochant), Bus 66 (La Jonquière)
Subjects
- Sociology (Main category)
- Society > Sociology > Sociology of work
- Society > Sociology > Sociology of culture
- Society > Sociology > Economic sociology
Places
- 59-61 rue Pouchet
Paris, France
Date(s)
- Friday, November 18, 2011
- Tuesday, March 20, 2012
- Tuesday, April 10, 2012
- Friday, April 13, 2012
- Friday, May 11, 2012
Keywords
- sociologie, critique, sciences sociales, histoire, politique
Contact(s)
- Lire les Sciences Sociales
courriel : lirelessciencessociales [at] gmail [dot] com
Information source
- Lire les Sciences Sociales
courriel : lirelessciencessociales [at] gmail [dot] com
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To cite this announcement
« Reading the social sciences », Seminar, Calenda, Published on Wednesday, May 09, 2012, https://doi.org/10.58079/kx4