AccueilÀ la recherche des publics populaires : « Être peuple », second volet

Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

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Publié le mercredi 23 mai 2012

Résumé

L'objectif de ce colloque est de croiser les regards scientifiques sur les publics populaires, tour a tour célébrés (pendant le « printemps arabe », par exemple), redoutés (à propos de la montée des populismes dans l'Europe contemporaine, entre autres), ou niés (la consommation et le vote étant selon certains de moins en moins tributaires de l'appartenance sociale). Qu’il s’agisse d’électeurs ou d’usagers de dispositifs médiatiques, artistiques, institutionnels ou techniques, les publics populaires sont au cœur des débats sur les évolutions contemporaines de nos sociétés.

Annonce

Version française

2nd volet : « Être peuple-Being People”, Colloque international et interdisciplinaire, Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine, Nancy, 22-23 novembre 2012

Date limite de soumission : 20 juin 2012

Argumentaire

Cet appel concerne le second volet, "Être peuple (Being people)", du colloque international interdisciplinaire "À la recherche des publics populaires (Looking for popular publics)", dont la première édition s'est tenue à l'université Nancy 2 les 20 et 21 octobre 2011.

L'objectif de ce colloque est de croiser les regards scientifiques sur les publics populaires, tour a tour célébrés (pendant le "printemps arabe", par exemple), redoutés (à propos de la montée des populismes dans l'Europe contemporaine, entre autres), ou niés (la consommation et le vote étant selon certains de moins en moins tributaires de l'appartenance sociale).

Qu’il s’agisse d’électeurs ou d’usagers de dispositifs médiatiques, artistiques, institutionnels ou techniques, les publics populaires sont au cœur des débats sur les évolutions contemporaines de nos sociétés. En témoignent entre autres les préoccupations engendrées par l’essor dans toute l’Europe, au tournant des XXe et XXIe siècles, de formes nouvelles de populisme, souvent associées à des revendications régionales ou à un paradigme nationalitaire, en réaction à la mondialisation économique et culturelle. De même, des genres médiatiques en vogue, comme la télé-réalité ou le people en presse écrite ou à la télévision, d’une part, et les réseaux sociaux sur Internet, d’autre part, contribuent à ériger la popularité en valeur souveraine. Ils mettent en scène un succès mesuré au nombre de SMS envoyés, d’« amis » enregistrés ou de visionnements effectués, par-delà toute distinction de genre, sexualité, classe sociale, revenus ou origine. Ainsi promettent-ils une visibilité potentielle à tout type de citoyens, conditionnée par la seule vox populi. Au point que certains analystes suggèrent que les formations partisanes traditionnelles s’inspirent du style populaire de tels dispositifs participatifs et encouragent les mêmes formes d’ « intelligence affective » pour promouvoir l’engagement politique et redynamiser l’espace public (Van Zoonen, 2004, 2005 ; Corner, Pels, 2003). Reste que, savants ou profanes, les regards sur les publics populaires oscillent entre la célébration – pour autant que le populaire soit un gage d’authenticité ou de démocratie – et la dépréciation – les publics populaires étant, dans une perspective critique, confondus avec des masses aliénées tantôt craintes, tantôt plaintes.

Depuis près de deux siècles, la définition du public fait l’objet de multiples débats en histoire, philosophie ou sociologie. De plus, depuis les trois dernières décennies surtout et grâce, notamment, aux Cultural Studies, des efforts ont été déployés dans divers champs scientifiques pour mieux prendre en compte les publics en général, en tentant de « faire entendre  [leur] voix », au lieu de se contenter de parler d’eux ou en leur nom (Dayan, 1992). Aussi le temps est-il non seulement venu de dresser un bilan interdisciplinaire des connaissances accumulées sur les publics en général mais de questionner plus précisément la notion de « public populaire ». Cette dernière mérite une analyse spécifique car elle combine deux termes radicalement équivoques :

  • le « public », politique, culturel et/ou médiatique, qui ne peut être saisi en antécédence ou en extériorité aux performances qui le visent (Pasquier, Cefaï, 2003) ;
  • le « populaire », tour à tour référé au « grand » public, dans une logique de marché, essentiellement, assigné aux couches les moins favorisées (économiquement, socialement, ou en termes de capital scolaire) dans  le cadre d’une sociologie de la domination (Bourdieu, 1979), ou suivant une inspiration gramscienne, défini sur un mode contrastif par des jeux d’alliances contre-hégémoniques, constamment renégociés (Hall, 1977 ; Fiske, 1987, 2000).

En adéquation avec le programme d’étude des publics initié par le Centre de recherche sur les médiations (CREM), l’objectif de ce colloque en deux parties est donc de dénaturaliser la notion de « public populaire » en la mettant à l’épreuve des différentes approches disciplinaires qui l’ont prise en charge : sociologie des médias, science politique, histoire, analyse du discours, théories de l’argumentation, analyse des usages des TIC, esthétique, ethnographie, sciences de l’information et de la communication, sociologie et histoire de l’art ou de la littérature.

Mais il s’agit en outre de l’interroger à nouveaux frais, eu égard aux évolutions économiques, sociales et technologiques récentes, à l’heure où l’éclatement des modèles culturels et la fragmentation des modèles de consommation semblent annoncer la fin des « masses » et dès lors que les usages de l’Internet brouillent la division entre producteurs et consommateurs de contenus, promeuvent des « communautés virtuelles » dont la nature même peut être interrogée (Allard, 2008) et suggèrent un élargissement de la participation « profane » aux propositions politiques, artistiques ou informationnelles.

Rédigées en français ou en anglais, les propositions de communication du second volet du colloque devront envisager les publics populaires en eux-mêmes, dans leur composition ou du point de vue de leurs membres :

  • Suivant une perspective diachronique, quelles transformations des publics populaires peut-on observer ? En d’autres termes, quels ont été et quels sont aujourd’hui les publics populaires ? À quoi se reconnaît un public populaire ? N’est-il tangible qu’à des moments  historiques précis, lors d’épisodes insurrectionnels par exemple, à l’instar, dernièrement, de la révolution tunisienne de janvier 2011 ? Ou des publics populaires peuvent-ils concrètement se constituer et perdurer à partir de sollicitations médiatiques (dans le cas des fans d’un feuilleton, par exemple), culturelles (dans une logique de démocratisation de l’art) ou politiques (de la part de leaders ou de formations ou se voulant proches du peuple) ?
  • À travers leurs interprétations et leurs attitudes, quelles réponses les usagers apportent-ils aux stratégies de mobilisation d’un ou des public(s) populaire(s) ? Autrement dit, que font exactement les publics populaires ?
  • Quelles sont les types d’auto-reconnaissance des publics populaires ? Et quels sont les enjeux économiques, politiques ou sociaux de cette reconnaissance d’un public populaire par lui-même ? Ainsi pourra-t-on s’intéresser, entre autres, à la façon dont, à partir d’un centre d’intérêt commun, des internautes peuvent développer des formes de sociabilité spécifiques par le biais de forums, groupes de discussion, sites collaboratifs (de « fanfictions » par exemple) ou invitations au partage d’expériences de tous ordres par le biais des réseaux sociaux. Il conviendrait du coup de se pencher sur les tentatives déployées par des acteurs économiques ou politiques pour se greffer, avec plus ou moins de bonheur, sur ces nouvelles formes de sociabilité.
  • La constitution de publics populaires est-elle ou non remise en cause par l’augmentation supposée des individualismes de tout crin, d’un côté, et par l’affirmation de « communautés virtuelles » de l’autre ?
  • Quels rôles les publics populaires remplissent-ils dans l’espace médiatique et social ?

Les restitutions d’études empiriques originales seront les bienvenues, sachant que les propositions comparatives interdisciplinaires seront plus logiquement en adéquation avec la transversalité scientifique de cette manifestation. De plus, compte tenu des questions épistémologiques soulevées par le thème retenu, le comité scientifique de ce colloque sera particulièrement sensible à toute approche épistémologique pouvant contribuer à une réflexion commune sur les méthodes, outils et modèles théoriques les plus adaptés pour penser, aujourd’hui, les publics populaires.

Consignes rédactionnelles

Date limite de soumission pour le second volet du colloque : 20 juin 2012

Les propositions de communication (résumé de 400 mots), assorties  d’un bref CV, sont à adresser à Jamil Dakhlia : jamil[point]dakhlia[at]univ-lorraine[point]fr

Chaque résumé doit comporter un titre. Merci par avance d’indiquer votre nom dans l’objet de votre mail et vos coordonnées précises dans votre message : statut académique, institution de rattachement (enseignement et/ou recherche), adresse électronique, numéro de téléphone, adresse postale).

  • Durée prévue des communications : 20 min.
  • Réponse aux auteurs : 15 juillet 2012.

Projet éditorial

Publiés par les Presses universitaires de Nancy (PUN) dans la collection « Série actes », les actes permettront de diffuser un bilan des approches les plus innovantes dans l’analyse des publics populaires, mais aussi de mettre en évidence  les mutations récentes de ces publics, compte tenu des évolutions sociales (autonomisation des individus), économiques  (remise en cause du modèle de la consommation de masse) et technologiques  (la nouvelle donne numérique estompant les frontières entre producteurs et consommateurs de contenus). Il s’agira ici de publier le second tome de cette réflexion collective, déjà initiée avec le premier tome « Faire peuple » (en cours de préparation et à paraître en 2012), qui regroupe les actes du premier volet « Faire peuple ».

Comme pour le premier volet, les textes seront sélectionnés par un comité éditorial et soumis à expertise externe.

Comité scientifique

Eduardo Cintra Torres (Pr, Université Catholique Portugaise de Lisbonne, CECC), Jamil Dakhlia (MCF-HDR, UdL/CREM), Annik Dubied (Pr, Université de Genève), Béatrice Fleury (Pr, UdL/CREM), Vincent Goulet (MCF, UdL/CREM), Céline Ségur (MCF, UdL/CREM), Ernesto Laclau (University of Essex, GB), Cécile Méadel (Maître de recherche, Ecole des Mines/CSI), Céline Ségur (MCF, UdL/CREM), Sylvie Thiéblemont (Pr, UdL/CREM), Bénédicte Toullec (MCF, UdL/CREM), Jacques Walter (Pr, UdL/CREM).

Comité d’organisation

Jamil Dakhlia (MCF HDR, UdL/CREM), Delphine Le Nozach (MCF, UL/CREM), Nallely Salgado-Ruiz, doctorante UdL CREM), Bénédicte Toullec (MCF, UdL/CREM).

English version

Call for Papers : « Looking for Popular Publics ». Part II “Being People” International Interdisciplinary Conference, Centre de recherche sur les Médiations (CREM), University of Lorraine (Nancy), November 22-23, 2012

Deadline: June 20, 2012

Argument

As voters or media, arts, institutional or technological audiences, popular publics are at the heart of the debates on the contemporary changes in our societies, as testified by the concerns generated at the turn of the 20th and 21st centuries about the rise of new forms of populism across Europe, often linked to claims to a regional or nationalistic paradigm in response to economic and cultural globalization. Similarly, recent media genres such as reality TV or celebrity news, on the one hand, and “social” networks on the Internet, on the other hand, help set the popularity as a supreme value: they stage a success measured by the number of SMS sent, "friends" or viewings registered. Moreover, they promise to any citizen, no matter his/her gender, sexual orientation, social class, income or ethnic group, a potential visibility solely based on vox populi. To such an extent that some analysts suggest the traditional political constituencies should take a leaf out of the popular style of those participatory entertainment formats and encourage the same forms of "emotional intelligence" in order to promote political commitment and revitalize the public space (Van Zoonen, 2004 2005; Corner, Pels, 2003). Nevertheless, may they be scholarly or commonplace, the outlooks about popular publics fluctuate between celebration – insofar as popularity is understood as a guarantee of authenticity or democracy - and depreciation,  popular publics being, in a critical perspective, mistaken for alienated, sometimes feared, sometimes pitiful, masses.

In line with the new research program about publics started up by the CREM (Centre de recherche sur les médiations), this international conference in two parts aims at denaturalizing the notion of "popular public" by putting it to the test of the various disciplines which embraced it : media and communication studies, political science, history, discourse analysis, argumentation theory, aesthetics, ethnography, sociology, history of literature or art.

What is at stake is also its new range of implications with regard to the recent economic, social and technological changes, now that the collapse of cultural and consumption patterns seems to indicate the end of the "masses" and since the uses of Internet blur the division between content producers and consumers, promote" virtual communities " whose nature must be addressed (Allard, 2008) and suggest a growing unskilled participation in political, artistic or informational proposals.

Whereas the first section of the conference ("Faire peuple” ("People Making"), October 20-21, 2011) has been devoted to the strategies aimed at building popular publics or audiences, popular publics themselves will be examined in the second part, through their composition or from their members’ point of view: what kinds of self-recognition characterize popular publics? And what are the historical, economic, political or social stakes of such a self-recognition?

The proposals may be written in French or English.

Guidelines for authors

Abstracts (400 words maximum) must be submitted in French or English

before June 20, 2012.

Along with a short resume, they are to be sent to Jamil Dakhlia (jamil[dot]dakhlia[at]univ-lorraine[dot]fr

Each abstract should contain a title. Please put your name in the subject of your mail, and your further references in the mail message (affiliation, university or institution, e-mail, phone number, address). Papers are allotted 20 minutes (+ 10 minutes for discussion)

Reply to authors: before July 15, 2012.

Editorial policy

Working Title: À la recherche des publics populaires “Looking for Popular Publics”, 300 pages, October, 2013, 2 volumes: t.1 "People Making", t.2 "Being People", Presses Universitaires de Nancy (PUN).

The papers will be selected by an editorial board and submitted for review by specialists, within the modality of anonymity.

Research Committee

Eduardo Cintra Torres (Pr, Université Catholique Portugaise de Lisbonne, CECC), Jamil Dakhlia (MCF-HDR, UdL/CREM), Annik Dubied (Pr, Université de Genève), Béatrice Fleury (Pr, UdL/CREM), Vincent Goulet (MCF, UdL/CREM), Céline Ségur (MCF, UdL/CREM), Ernesto Laclau (University of Essex, GB), Cécile Méadel (Maître de recherche, Ecole des Mines/CSI), Céline Ségur (MCF, UdL/CREM), Sylvie Thiéblemont (Pr, UdL/CREM), Bénédicte Toullec (MCF, UdL/CREM), Jacques Walter (Pr, UdL/CREM).

Organising Committee

Jamil Dakhlia (MCF HDR, UdL/CREM), Delphine Le Nozach (MCF, UL/CREM), Nallely Salgado-Ruiz, PhD student UdL/CREM), Bénédicte Toullec (MCF, UdL/CREM)

Lieux

  • Nancy, France

Dates

  • mercredi 20 juin 2012

Fichiers attachés

Mots-clés

  • peuple, public, populaire, dispositifs, culture

Contacts

  • Jamel Dakhlia
    courriel : jamil [dot] dakhlia [at] univ-nancy2 [dot] fr

Source de l'information

  • Nelly Salgado Ruiz
    courriel : kashayta [at] hotmail [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« À la recherche des publics populaires : « Être peuple », second volet », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 23 mai 2012, https://doi.org/10.58079/l0c

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