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L’animation socioculturelle, quelle place dans le projet urbain ?

Socio-cultural animation, what place in the urban project?

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Publié le lundi 11 juin 2012

Résumé

Appel à contribution pour le colloque de sciences humaines et sociales Bordeaux les 28 et 29 janvier 2013 « L’animation socioculturelle, quelle place dans le projet urbain ? » Université Bordeaux III - IUT Carrières sociales - UMR CNRS ADES

Annonce

Argumentaire

Le Pôle Carrières sociales ISIAT-IUT Michel de Montaigne et l’UMR ADES/CNRS, Université de Bordeaux 3 en partenariat avec l’IEPSA Université de Saragosse, l’UQAM Université du Québec à Montréal, l’École Polytechnique de Lisbonne et le CRAJEP Aquitaine organisent les lundi 28 et mardi 29 janvier 2013 un colloque sur le thème : « L’animation socioculturelle, quelle place dans le projet urbain ? ». Dans la continuité des colloques annuels précédemment organisé et à partir de recherches d’enseignants-chercheurs, de travaux de doctorants, d’expériences de terrain de praticiens-chercheurs, de recherches-actions et d’expériences d’animateurs socioculturels, ces deux journées permettront de questionner les interactions entre l’animation socioculturelle et la fabrique de la ville.

Le projet urbain se déploie, dans sa multi-dimensionnalité (politique, économique, urbanistico-architecturale, socioculturelle), en véritable « processus social » (Roncayolo 2000) par lequel les habitants, les groupes et les responsables interagissent, entre contraintes spatiales et « fabrication du destin social ». Au cœur de cette dynamique sociétale, les pratiques et prescriptions de l’aménagement urbain contemporain - désormais liées à la notion de développement durable (« quartiers durables », « écoquartiers », etc.) - semblent évoluer vers des approches plus ouvertes aux transformations, aux débats, à la concertation et aux négociations entre acteurs sociaux multiples (Ingallina 2003). Le projet deviendrait à ce titre plus « collectif » et plus participatif. De fait, la participation est désormais convoquée comme la condition de toute action se voulant véritablement efficace sur un espace donné, sur l'amélioration du cadre de la vie, ou lorsqu’il faut régler certains dysfonctionnements sociaux, urbains et économiques. Grâce aux différentes modalités participatives, il s’agit notamment d’éviter l'exclusion et la disqualification sociale de certaines populations ; d’obtenir un gain qualitatif dans la définition et l’appropriation des projets ; de réintégrer l’éthique dans l’intervention urbaine de même que des références aux valeurs, à la citoyenneté et à de nouvelles solidarités sociales. L’objectif est aussi de retisser des liens, des sociabilités, de développer durablement le tissu social et les identités locales (Maghnous Dris 2008). En ce sens, on ne peut dissocier un projet urbain d’un projet social, culturel et socioculturel, puisque l’intervention urbaine revient à travailler sur le « vivre ensemble » et sur les ressources des habitants eux-mêmes, autant que sur le sens démocratique qu’il s’agit de donner à l’action aménageuse.

Ces formes nouvelles du projet urbain paraissent propices à accueillir celles de l’animation socioculturelle définie comme mode d’intervention sociale et « système d’action jouant sur le triple registre de la régulation, de la promotion et de la contestation sociales dans des situations où les enjeux sont à la fois culturels, sociaux, économiques et politiques » (Lafortune et al. 2009). Travaillant à la mobilisation des individus, des groupes et des collectivités en vue d’une réappropriation politique et socioculturelle de leur cadre de vie par les citoyens-habitants, l'animation et ses acteurs revendiquent une contribution historique et militante à l’invention - ou à la réinvention - de la cité par elle-même. Porteuse d’une ambition de production d’un « bien vivre-ensemble » dans les territoires, l’animation pense une « ville socioculturelle » (Richelle 2012) visant à reposer la question du sens et de la « Haute qualité existentielle » (Paquot 2007) que les acteurs de la ville veulent donner à la société. Grâce à l’encouragement des dynamiques participatives, c’est une fabrique interactive et « co-productive » de l’urbain qui est posée et qu’est censé porter le concept de « projet ».

Mais face à cette séduisante homologie structurale entre « projet urbain » et « projet socioculturel », des zones de moindre évidence apparaissent. En effet, contre une lecture idéalisée du projet urbain, certains relèvent une logique « purement attestataire », finalement dénuée de toute préoccupation d’innovation spatiale et sociale. Dans cette logique, l’utopie, l’optimisme et la contestation auraient notamment fait place à un nouvel « esprit gestionnaire », c’est-à-dire conservatoire des ordres établis, et à une idéologie managériale qui assimile la ville à une entreprise, avec ses critères d’actions dominants : le rendement économique et le profit notamment (Levy 2006). D’autres voix s’élèvent contre des projets urbains qui ne feraient que prendre acte des effets-pervers d’une « mutation post-industrielle » de la société (Lyotard 1979) : montée de l’individualisme, des attentes de sécurité et de propriété, de la précarisation et autres ségrégations socio-spatiales, d’une marchandisation croissante des services et de la priorité donnée aux injonctions dites « néo-libérales », etc. Ce type de glissement alimente aussi le débat dans le champ de l’animation socioculturelle qui, en même temps qu’elle se professionnalise et qu’elle est intégrée aux dispositifs des politiques publiques, se pose la question de son intégrité, de son héritage militant et de la manière d’appréhender ses propres transformations.  

Entre risques, contraintes et opportunités, quelle est la place de l’animation dans la conception, la mise en oeuvre et la pérennisation du projet urbain ? Quels sont les impacts, les adaptations stratégiques et les zones d’actions pour les acteurs socioculturels, situés au carrefour de l’aménagement physique et d’un aménagement social/culturel de la ville ? Quelle est la place - existante ou à conquérir - des acteurs de l’animation dans les différents partenariats, au cours des négociations et des phases du projet (diagnostic, concertation, animation de la gestion et de la vie d’un quartier, etc.) ? Pour trouver des pistes de réflexion et apporter des éléments de réponse à ces questions, trois axes sont proposés aux contributeurs :

Axe 1 : Dispositifs de politiques urbaines et projets d’animation socioculturelle

Autour de cet axe, il s’agira d’aborder la politique de la ville. Celle-ci sera envisagée comme l’ensemble des dispositifs d’interventions publiques sur des territoires qualifiés de prioritaires en raison des difficultés que rencontrent leurs habitants (habitat dégradé, chômage, échec scolaire, délinquance, enclavement ...). Sur la base de diagnostics réalisés, il s’agit d’intervenir sur un territoire et d’actionner les leviers de l'urbanisme et de l'aménagement, de l'action sociale et culturelle, de la prévention de la délinquance, etc. En ce sens, la politique de la ville contribue à l’apparition de nouvelles interventions associées à des pratiques d’animation et à l’irruption de nouveaux acteurs (Bouquet et al. 2007 ; Pinson 2009). Il en résulte une lecture plus complexe pour les populations soumises à des injonctions de responsabilisation relevant à la fois d’une « politique du sujet » et d’une « promotion du vivre ensemble » que les animateurs ont pour mission d’accompagner. Il s’agit d’interroger la place de l’animation socioculturelle dans ces processus transversaux, globaux et territorialisés, quelquefois en lien avec certains phénomènes de « métropolisation ». A travers des études de cas et la présentation de travaux de recherche, plusieurs pistes de réflexion sont possibles : quels sont les impacts des zonages « politique de la ville » (CUCS, ANRU, etc.) sur l’action socioculturelle ? Comment envisager leur dépassement ? Quelle contribution de l’animation à la cohésion sociale, objectif affiché par les politiques de la ville ? Les différents types d’opérations (reconquête de friches, réhabilitation / reconstruction, revalorisation, etc.) et les phases de production urbaine (conception, réalisation, gestion-utilisation, etc.) entraînent-ils une spécification des actions socioculturelles et dans quelle mesure ?

Un deuxième type de questionnement concernera la place de l’animation et de ses acteurs dans les processus de participation/concertation qui sont mis en avant par l’aménagement et le projet urbains durables : quelles sont les zones de conflits, d’instrumentalisations réciproques, de relais ou de coopérations possibles entre les acteurs de l’animation socioculturelle et les décideurs politiques (objectifs, priorités, dispositifs, etc.) ? Peut-on parler de reconnaissance politique d’une expertise du secteur socioculturel en matière d’organisation de la participation habitante/citoyenne ? Entre autres contributions, des retours et analyses d’expériences autour des projets d’aménagement urbain sont attendus pour éclairer ces aspects.  

Axe 2 : Animation socioculturelle et « fabrique » de l’habitant-citoyen

Outre son ouverture à de multiples acteurs et disciplines, la notion de projet urbain laisse une grande place à la communication et à ses technologies (TIC par exemple). L'objectif étant de sensibiliser les citoyens et les partenaires aux objectifs du projet, d’ouvrir le débat dans des proportions variables, mais aussi de produire de la participation en tant que telle, de même que des citoyens « responsables » c’est-à-dire impliqués durablement dans leur cadre de vie. En ce sens, de nombreuses communes s’appuient sur des partenariats avec les acteurs de proximité pour développer des actions d’information, de sensibilisation et d’éducation en lien avec les problématiques urbaines (liées, entre autres, aux questions environnementales). L’animation socioculturelle est, alors, chargée de trouver, au travers de cette délégation, sa place dans de nouvelles formes de gouvernance urbaine.

Dans cette perspective, quels sont les partenariats envisageables entre acteurs politiques et/ou institutionnels et acteurs de proximité ? Quelle est la nature (plus ou moins innovante) des supports médiatiques mobilisés dans le cadre de ces actions ? Dans quelles mesures l’opérateur socioculturel, couplé aux actions de communication conduites, peut-il transformer les difficultés ou les spécificités contextuelles (sociales, urbaines, historiques...) en ressources d’une mobilisation des populations partie-prenantes, en levier de changement ? Quelle place donner à une scénographie des identités (de quartier par exemple) sans pour autant risquer l’enfermement ou le seul « entre-soi » ? Derrière les actions de sensibilisation, de communication, d’éducation et autres, c’est aussi de la diffusion de certaines normes et « bons » comportements dont il s’agit (implication dans la vie de quartier, acquisition de gestes éco-citoyens, solidarité, sociabilité, participation, économie locale sociale et solidaire, etc.) : comment l’animation socioculturelle pense-t-elle sa place dans ce qui a trait autant à l’engagement qu’à une « mise en ordres » portée par tout projet urbain ? Pour traiter ces problématiques, les contributions de professionnels, opérateurs et praticiens urbains, sont particulièrement attendues, de même que des apports scientifiques autour des concepts de gouvernance, de représentation sociale, d’attitudes, de normes, de comportements, etc.

Axe 3 : Espaces publics/collectifs, espaces d’animation socioculturelle

Les espaces publics et collectifs sont un enjeu majeur de l’aménagement et des projets de villes. Ils sont les supports de prescriptions multiples : socialisation, animation urbaine, mixités diverses (sociale, intergénérationnelle,…), participation, etc. Mais dans le projet urbain, ils relèvent aussi du contrôle politico-social et de toutes les préoccupations d’ordre public (sécurité, salubrité, tranquillité, moralité, etc.). Plusieurs « objets » cristallisent les commandes politiques autant que des demandes sociales : jardins divers (publics, partagés, etc.), équipements ludico-sportifs ou culturels, résidences intergénérationnelles, maisons des associations et autres, formes d’appropriations temporaires plus ou moins « normalisées » (carnavals, graphs, etc.), physiques (présence d’acteurs) ou virtuelles (réalité augmentée, travail numérique sur l’espace urbain). A la croisées des diverses attentes sociétales, l’animation professionnelle peut être sollicitée pour neutraliser les expressions turbulentes et garantir une paix sociale, comme elle peut être envisagée en activateur d’une action collective susceptible de susciter une saisie démocratique de l’espace public.

Comment se positionne alors l’animation socioculturelle, entre adaptation/régulation sociales valant neutralisation d’une « urbanité de confrontation », et émancipation sociale visant à l’autonomisation critique des citoyens (Richelle 2012) ? Comment l’animation se situe-t-elle par rapport aux espaces publics et collectifs du projet urbain, entre vocation « normative » et « créative » ? Au-delà des quotas de logements sociaux de la loi SRU, comment les acteurs socioculturels appréhendent-ils la mixité, sous ses diverses formes, dans les espaces publics qu’ils ont vocation à animer de façon durable ? Quelles stratégies d’adaptation - donc de modification de l’action - l’animateur déploie-t-il dans des espaces publics de plus en plus normés et sécurisés ? A l’inverse d’une occupation routinière des espaces publics qui sont la principale modalité d’action, comment l’animation peut-elle occuper les interstices (temporels et physiques) laissés par le projet urbain, pour générer de l’ « imprévu créateur » ? Outre l’apport des acteurs de terrains et des chercheurs quant aux modalités « classiques » d’une animation des espaces publics dans le projet urbain, sont aussi attendus des retours d’expériences plus alternatives, questionnant des spatialités transgressives de l’animation socioculturelle en tant que projet urbain « complémentaire » ou « alternatif », au sens de « contre-pouvoir » politico-urbanistique (squats culturo-artistiques, occupations de friches, etc.)

Sources bibliographiques citées

  • Ingallina Patrizia, 2003, Le Projet urbain, PUF, coll. Que sais-je?
  • Bouquet Brigitte et al. (coord.), 2007, Territoires et action sociale, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales ».
  • Lafortune Jean-Marie et al., 2010, « Vers un système d’animation socioculturelle : défis actuels et synergies internationales », Animation, territoires et pratiques socioculturelles, n°1, pp. 1-12, novembre.
  • Levy Albert, 2006, « Quel urbanisme face aux mutations de la société post-industrielle ? », Esprit, dossier « Entre local et global : espaces inédits, frontières incertaines », n°329, pp. 61-75.
  • Lyotard Jean-François, La condition post-moderne, Paris, Minuit, 1979.
  • Paquot Thierry, 2007, « En route vers l'éco-urbanisme ? », Constructif, n°16, février, http://www.constructif.fr/Article_32_55_390/En_route_vers_l_eco_urbanisme.html
  • Pinson Gilles, 2009, Gouverner la ville par projet : urbanisme et gouvernance des villes européennes, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, coll. Gouvernances.
  • Richelle Jean-Luc, 2012, Une ville socioculturelle ? Animation médiatrice et politique jeunesse à Bordeaux, 1963 - 2008, Carrières-Sociales Editions, 293 p.
  • Roncayolo Marcel, 2000, « Mémoires, représentations, pratiques-réflexions autour du projet urbain », in Hayot Alain et Sauvage André (dir.), 2000, Le projet urbain. Enjeux, expérimentations et professions, Actes du colloque Les sciences humaines et sociales face au projet urbain organisé par l'INAMA et SHS-TEST, Marseille, 31 janvier et 1er février 1997, p.25-31 6

Pilotage

Responsable :

  • Pascal Tozzi (Bordeaux III - UMR CNRS ADES)

Comité scientifique et d’organisation :

  • Bertho Raphaële (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Carimentrand Aurélie (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Curto Fernando (IEPSA Université de Saragosse),
  • de Montgolfier Clotilde (Bordeaux III),
  • D’Andréa Nicolas (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Greffier Luc (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Lafortune Jean-Marie (UQA Montréal),
  • Laugaa Didier (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Ndiaye Abdourahmane (UMR CNRS ADES),
  • Retaillé Denis (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Rousseli Claudette (Crajep Aquitaine),
  • Tozzi Pascal (Bordeaux III - UMR CNRS ADES),
  • Volgemuth Laurence (Ecole supérieure d’éducation de Lisbonne).

Échéancier

Envoi des propositions de communications : à l’adresse suivante : carrières-sociales-isiat[at]iut.u-bordeaux3.fr

jusqu’au 15 octobre 2012

Elles seront adressées au format Word, avec un titre, l’axe de réflexion privilégié, un exposé synthétique en une page mentionnant la problématique générale, les données ou le terrain mobilisés.

Les coordonnées du communicant, statut, organisme, seront indiqués.

  • Retour des avis du Comité scientifique : début novembre 2012
  • Édition du programme : fin novembre 2012
  • Réception des textes complets et définitifs : 5 janvier 2013
  • Colloque : lundi 28 et mardi 29 janvier 2013, IUT Michel de Montaigne, Bordeaux.

Lieux

  • 1 rue Jacques Ellul (IUT Bordeaux Michel de Montaigne)
    Bordeaux, France

Dates

  • lundi 15 octobre 2012

Fichiers attachés

Mots-clés

  • animation socioculturelle, projet urbain, ville durable

Contacts

  • Pascal Tozzi
    courriel : pascal [dot] tozzi [at] cnrs [dot] fr

Source de l'information

  • Pascal Tozzi
    courriel : pascal [dot] tozzi [at] cnrs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’animation socioculturelle, quelle place dans le projet urbain ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 11 juin 2012, https://doi.org/10.58079/l77

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