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The critics of reason in the twentieth century
Les critiques de la raison au XXe siècle
Published on Tuesday, June 19, 2012
Abstract
Announcement
Université Paris-Est Créteil, Journées d'étude du 25 et 26 octobre 2012 : Les critiques de la raison au XXème siècle
Argumentaire
On connait le mot fameux – et souvent mal compris – de Heidegger : « la pensée ne commence que lorsque nous avons éprouvé que la Raison, tant magnifiée depuis des siècles, est l'adversaire la plus opiniâtre de la pensée ».
C'est à l'aune de cette sentence que nous aimerions consacrer deux journées de réflexion aux critiques de la raison au XXème siècle – et jusqu’aujourd’hui . Mais de quelle raison s'agit-il au juste ? Et de quelle nature sera, ou seront , la ou les critiques ?
On sait que Kant a critiqué au XVIIIème siècle la raison métaphysique ou spéculative qui avait pour prétention de connaître la totalité du réel à travers ces trois grandes idées que sont Dieu, l'âme et le monde dans des philosophies telles que celles de Descartes, Leibniz ou Spinoza, pour lesquelles ce qui est est rationnel, de part en part. De l'idée à l'être la conséquence était bonne, mais le projet de Kant était d'instituer un tribunal de la raison où la raison et ses prétentions à connaître l'absolu seraient jugées par la raison elle-même. La Critique de la Raison Pure était selon le mot de Kant le lieu même de ce tribunal. C'est donc à partir d'elle-même que la raison opérait une critique sur ses prétentions au savoir. Au siècle suivant, le Système de Hegel avait pour objectif de mener à son terme le projet inachevé de Kant en réaffirmant que tout ce qui est effectif est rationnel : la Raison spéculative, grâce au Concept, parvenait à démontrer que c'est seulement une version appauvrie d'elle-même – la pensée d'entendement – qui devait être critiquée, mais pas son projet de totalisation rationnelle du réel.
De manière sommaire, l'on pourrait dire que la donne change ou évolue au XXème siècle, car à côté des courants néo-kantiens (l'école de Marbourg, celle de Heidelberg, ou les traditions anglophones avec, notamment, Putnam, Rawls et Dworkin) qui sont nés de la décomposition du système hégélien et avancent sous le mot d'ordre « Zurück zu Kant ! » (« Retour à Kant ! »), une multitude de pensées nouvelles ont vu le jour en critiquant la raison non plus à partir d'elle-même, mais à partir de son autre, de ce qu'elle a toujours nié en le réduisant à son discours.
C'est donc aussi à partir de ce dehors de la raison qu'il faut explorer les critiques de la raison au XXème siècle, que celles-ci soient nourries de la phénoménologie heideggérienne, dénonçant dans tout système rationnel le règne de la métaphysique de la subjectivité pour laquelle le réel sensible n'est qu'un « pas encore connu », de ce que l'on a pu nommer la French Theory qui approche la différence en déconstruisant le discours de la raison, ou d’autres perspectives mettant à l’épreuve le règne de la raison sur la pensée.
Par delà ce clivage un peu facile entre critique rationaliste et anti-rationaliste de la raison - Être et Temps dans sa forme argumentative n'a en effet rien à envier à la Critique de la Raison Pure !-, on peut se poser la question de la manière dont les critiques de la raison opèrent. En effet, on a affaire dans ces pensées critiques tant à des mises en question frontales de la raison au nom de son autre – notamment dans la lignée d’une pensée héritière de Bataille et de Blanchot – qu’à des analyses substituant à la Raison comme instance unifiée une multitude de rationalités entrecroisées, de « jeux de raisons » indissociablement pratiques et intellectuelles, dont seule la restitution fine permet de comprendre le monde humain. Ici, la façon dont la philosophie a pu et peut encore croiser les méthodes des sciences humaines (du structuralisme au retour au « micro » et[SR4] à l’analyse des dynamiques individuelles et collectives) peut notamment, nous intéresser, dans la mesure où elle révèle des choix de « perspectives rationnelles ».
Nous aimerions repartir du programme kantien, qui a pour mérite d'exhiber à la fois les différents usages de la raison et d'en révéler la nature unitaire, pour proposer trois axes problématiques. De là :
I. Les critiques de la raison théorique :
Pourquoi a-t-il fallu penser autrement que la raison au XXème siècle (notamment Heidegger et ses disciples phénoménologues, mais aussi les différentes critiques de la raison connaissante, de Bergson à Rancière) et pourquoi a-t-il été nécessaire de repenser le travail kantien ? Pensons également au linguistic turn qui a irrigué le travail sur la raison communicationnelle chez Habermas ou les réflexions sur la sémiotique de K.O. Apel.
II. Les critiques de la raison pratique
Quelles sont les pratiques de raison qui ont été critiquées au XXème siècle, et pourquoi ? On peut songer au travail de Foucault sur les gestes d'enfermement et de partage, aux analyses de Derrida sur le 11 septembre et l'invention du hors-la-loi par une raison juridique dévoyée ou à la théorie de la justice de Rawls avec la distinction rationnel/raisonnable et ses critiques. Des réflexions sur la pragmatique ou l'agir communicationnel auraient aussi toute leur place ici, ainsi que des interrogations sur les apports de la théorie critique de Adorno et Horkheimer, sur des courants néo-marxiens ou psychanalytiques (freudo-marxisme de Marcuse ou de Reich, entre autres) aux critiques de la raison, ou encore sur la forme si particulière de la philosophie morale d’un philosophe comme Levinas. Mais c’est plus largement à l’ensemble des réflexions critiques de la rationalité politique ou morale majoritaire et de ses logiques internes qu’on s’intéressera.
III. Des critiques du jugement qui initieraient à travers des problématiques esthétiques ou biologiques des réflexions sur le lien indissociable entre théorie et pratique dans toute vie concrète.
Songeons par exemple à l'importance de l'art dans les courants phénoménologiques (la poésie chez Heidegger, la peinture chez Merleau-Ponty), mais aussi au langage incarné et expressif (Phénoménologie de la Perception) et aux nouvelles façons de penser nos rapports à la vie et à l'environnement (Hans Jonas et le Principe de responsabilité pour ne citer que lui). Ces pistes ne sont évidemment pas limitatives, et toute proposition portant sur la manière dont les critiques de la raison s’articule au problème de la sensibilité et du vivant est bienvenue.
Participation
Organisées par les doctorants en philosophie de l’Université Paris-Est Créteil, ces journées s’inscrivent dans des questionnements philosophiques sur des thèmes au croisement de plusieurs disciplines. Par conséquent, des contributions provenant d’autres champs disciplinaires sont tout à fait envisageables, dans la mesure où elles participent à l’exploration de ces « critiques de la raison ».
Les projets de communication (500 mots environ) comportant les nom et prénom du contributeur, le rattachement institutionnel et le titre de la communication proposée, seront à envoyer à l'adresse suivante : journeescreteil@gmail.com
avant le 15 juillet 2012
Comité scientifique
En cours de constitution. Les propositions seront examinées par un comité scientifique composé de doctorants et de professeurs du département de philosophie de l’UPEC.
Subjects
Places
- Créteil, France
Date(s)
- Sunday, July 15, 2012
Keywords
- critique, raison, XXème siècle, théorique, pratique
Contact(s)
- Jérémy Romero
courriel : journeescreteil [at] gmail [dot] com
Information source
- Jérémy Romero
courriel : journeescreteil [at] gmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« The critics of reason in the twentieth century », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, June 19, 2012, https://doi.org/10.58079/l9f