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Secret, Publicity, Social Sciences Research

Secret, publicité, recherche en sciences sociales

Volume 6, n° 2(12)/ 2013 ESSACHESS – Journal for Communication Studies

Volume 6, n° 2(12)/ 2013 ESSACHESS – Journal for Communication Studies

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Published on Friday, September 21, 2012

Abstract

On voudrait dans ce numéro interroger les relations et  articulations entre « « recherche, « secret », « publicité » et « publication ». On voudrait s’attacher notamment aux situations concrètes qui obligent à repenser les repères éthiques, méthodologiques et épistémologiques qui semblent avoir déjà été posés par les grands auteurs. Ainsi la tradition Kantienne interdit au praticien de la recherche-action d’avancer masqué au sein d’une organisation pour espionner et révéler les procès, au nom du fait que le mensonge initiant une telle démarche invalide définitivement les résultats de la recherche.

Announcement

Appel à contributions pour le volume 6, n° 2(12)/ 2013, ESSACHESS – Journal for Communication Studies, www.essachess.com[1] : Secret, publicité, recherche en sciences sociales

Coordination du dossier :

  • Olivier CHANTRAINE (Geriico, Université Charles de Gaulle de Lille 3, France) et
  • Patrice de la BROISE (Geriico, Université Charles de Gaulle de Lille 3, France)


Argumentaire

La recherche en Sciences Sociales ne peut qu’entretenir un rapport conflictuel et problématique avec le secret, puisqu’elle cherche à « découvrir » [2] : « dévoiler », « déceler », « révéler », « expliciter », « publier » ; ce qui suppose que son objet de recherche soit souvent « couvert », « voilé », « caché ou recélé », « inconnu », « implicite » ou « réservé »… pour des raisons plus ou moins légitimes et appuyées par plus ou moins de force. Raisons d’Etat, parfois mais aussi souvent « bonnes raisons » aux yeux des institutions et de l’opinion, ou encore de l’Université elle-même.

La recherche est sous le régime d’un devoir de publication et d’une éthique de publicité alors qu’elle a souvent affaire avec des faits sociaux et des situations qui sont pour les « acteurs » concernés d’un tout autre registre. En effet le secret est au cœur de la construction des formes sociales (Simmel, 1991 ; Petitat, 1998) où il se décline sous de nombreuses acceptions selon les contextes et les enjeux ; ainsi on peut le retrouver :

  • dans l’implicite et le non dit,
  • dans l’inconscient et le déni,
  • dans le caché plus ou moins légitime,
  • dans les savoirs et savoir-faire thésaurisés par des groupes ou des institutions qui s’en réservent l’usage, la pratique, les fruits et les récompenses et en font leurs armes dans des situations de concurrence ;
  • dans le sale et l’impur, dont on détourne le regard et qu’on évite de nommer  lorsque l’on est contraint de s’y investir et impliquer (Hugues, 1996).

États, professions, castes, partis, sectes, factions, entreprises, institutions, équipes, nations, ethnies, associations de bienfaisance ou de malfaiteurs, cercles, conjurations, bandes, gangs, sociétés secrètes, écoles, réseaux, tendances ne disent ni ne montrent tout. Ce qu’ils taisent et ce qu’ils cachent leur est consubstantiel, voire structurel et ils se préservent de sa divulgation, selon les contextes, par la loi, par l’usage, par la morale, par le mensonge[3], par la censure ou par la violence. Préserver leurs secrets leur apparaît souvent comme une nécessité vitale.

Pourtant, soucieux parfois de « stratégie », de « critique » ou de « réflexivité », voire « d’efficacité ou de performance » ou mus par le souci de gérer ou restaurer leur image publique ils vont négocier avec des prestataires recrutés « à l’interne » ou « de l’extérieur » des « contrats de recherche ». Il peut aussi apparaître, en leur sein, des critiques, des imprécateurs, des « lanceurs d’alerte »[4], des praticiens de la « recherche-action » ou des formateurs plus ou moins inspirés par des démarches disciplinaires relevant des sciences sociales.

Ou encore des chercheurs de diverses disciplines seront (auto)missionnés par le souci de la connaissance.

Des partenaires, des adversaires, des tutelles, des institutions ou l’Etat missionneront des agences d’évaluation.  Des experts pousseront parfois leurs investigations au-delà des premières évidences et des conclusions ou préconisations pré-formatées.

Des espions voleront les secrets de fabrication et des traîtres ou transfuges en livreront.

De ces diverses circonstances et entreprises le secret ne sortira pas indemne. Son partage, son territoire et ses masques seront autres. Corrélativement, les espaces où il aura été découvert seront eux-mêmes transformés.

Souvent ces processus feront émerger d’autres formes de secret :

  • les secrets largement connus, c’est-à-dire ces choses que « tout le monde » sait mais à quoi tout le monde tient à conserver le statut de secret, ce qui rencontre parfois la notion de tabou. Par exemple, faire de « l’éducation sexuelle » avec les « vrais mots », dénoncer le « plafond de verre » dans les institutions, mettre sur la sellette le machisme dans le management et la gestion des ressources humaines, avouer le cynisme au cœur du « réalisme » scolaire des « bons élèves » à l’école, ou le même cynisme dans la docilité à l’évaluation chez les universitaires « excellents »  n’apprend pas grand-chose à grand monde [5] mais change la règle du jeu dans le débat public. Ironiquement on appelle parfois ces secrets les « grands secrets » ;
  • les « secrets de polichinelle », ignorés seulement de ceux qui en sont les victimes, les « jobards » (Goffman,1990) ou des « innocents » qui seront humiliés au moment de la révélation-publication  en prenant conscience qu’ils n’étaient pas dans la confidence, qu’ils étaient aveugles ou naïf ;
  • les secrets qui  cachent simplement qu’il n’y a rien à cacher, et autour desquels seuls la dissimulation et le silence imposés ont un sens : instrument de pouvoir et de contrainte sur les assujettis d’une secte ou d’une confrérie (Sissela Bok, 1984) ;
  • les secrets gardés par ceux qui n’en connaissent pas eux-mêmes le contenu ou la signification, ou ne veulent pas les connaître, craignant parfois les conséquences d’une abréaction.

Il peut arriver que la critique du secret consiste moins dans le dévoilement de son contenu supposé que dans la mise en évidence d’aspects peu avouables de sa légitimité.

Ainsi les secrets professionnels – du médecin, du prêtre, du psychanalyste, du savant, de l’inventeur par exemple – sont argumentés par l’intérêt du patient et le souci de l’intérêt public, voire de l’objectivité et l’impartialité dans la pratique professionnelle, mais apparaissent au moins autant comme des moyens du pouvoir et de la domination ou des exemptions de responsabilité.

On ne les publie/révèle pas non plus toujours impunément… Celui qui publie des secrets acquiert souvent par là même un statut d’hérétique. En sciences économiques, ceux qui ont regardé de trop près la « main invisible » des marchés sont appelés « hétérodoxes »… et gérés comme tels par leurs « pairs ».

On ne les révèle-publie non plus tout à fait légitimement : publier/dévoiler un secret supposant toujours une transgression. S’autoriser cette transgression nécessite une analyse stratégique, éthique et épistémologique.

On voudrait dans ce numéro interroger les relations et  articulations entre « « recherche, « secret », « publicité » et « publication ». On voudrait s’attacher notamment aux situations concrètes qui obligent à repenser les repères éthiques, méthodologiques et épistémologiques qui semblent avoir déjà été posés par les grands auteurs. Ainsi la tradition Kantienne (Sissela Bok, 1984) interdit au praticien de la recherche-action d’avancer masqué au sein d’une organisation pour espionner et révéler les procès, au nom du fait que le mensonge initiant une telle démarche invalide définitivement les résultats de la recherche.

Selon la même tradition (Kant, 1798, Macherey, 2011) les secrets de l’Université devraient être les mieux gardés, le secret étant la condition légitime de la liberté universitaire. Cet aspect fait de la recherche réflexive sur l’Université et le monde de la recherche une pratique très particulière, difficile à mettre en œuvre, gérer, valoriser et défendre. La publication de recherches sur les aspects du fonctionnement de l’institution qui sont protégés par ce secret est problématique, alors que s’en sont précisément les aspects essentiels, agissants, qui sont en cause. L’institution se légitime de l’intérêt public pour mettre le voile sur ses fonctionnements vitaux, au nom de l’autonomie par rapport à l’opinion et l’Etat. Ce qui induit que la raison n’est ni semblable à l’intérieur et à l’extérieur des enceintes, ni partagée entre les initiés et les profanes. Ce qui rend aussi difficile une juste articulation des pratiques syndicales ou corporatiste et des pratiques de recherche et publication réflexive.

Dates importantes :

 30 décembre 2012 : envoi de la proposition d’article sous forme d’un résumé d’environ 2500 - 3500 signes espaces compris (comportant 5 mots clés et bibliographie sélective récente) ;

  • 15 février 2013 : notification des résultats ;
  • 15 juillet 2013 : soumission intégrale de l’article;
  • 30 septembre 2013 : acceptation définitive de l'article.

Les articles devront comprendre entre 20 000 et 25 000 signes espaces compris. Ils peuvent être soumis en français ou en anglais et doivent être accompagnés d`un résumé en français et en anglais (200-250 mots), de 5 mots clés, des noms, ainsi que des affiliations et adresses e-mail de tous les auteurs. Les articles et questions complémentaires doivent être adressés à :

essachess@gmail.com

Les auteurs dont les articles auront été acceptés en seront avisés par e-mail. La revue sera publiée en décembre 2013.

Notes

[1] La revue ESSACHESS est indexée dans les bases de données internationales ProQuest CSA, EBSCO Publishing, Ulrich’s, Gale, J-Gate, Index Copernicus, CEEOL, DOAJ et en cours de référencement dans d’autres bases de données.

[2] Il est d’ailleurs probable que cet aspect ne la fasse guère différer de la recherche en  sciences dites « exactes » ou « de la nature ».

[3] Mensonge qui connaît lui aussi de nombreuses formes, nuances et dont la légitimité est sujette à relativité (Petitat, 1998)

[4] Ou « whistle-blowers » (Sissela Bok, 1984, Chateauraynaud , 1999, Schehr, 2008)

[5] À l’exception toutefois de quelques innocents vulnérables au nom desquels sera parfois prononcée la condamnation de l’indiscrétion.

Subjects

Places

  • Les Arcs, France (83)

Date(s)

  • Sunday, December 30, 2012

Keywords

  • Secret, publicité, recherche en sciences sociales

Contact(s)

  • MIhaela Tudor
    courriel : essachess [at] gmail [dot] com

Information source

  • MIhaela Tudor
    courriel : essachess [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Secret, Publicity, Social Sciences Research », Call for papers, Calenda, Published on Friday, September 21, 2012, https://doi.org/10.58079/lm8

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