AccueilPour une théorie des impermanences

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Publié le jeudi 03 janvier 2013

Résumé

Le Philotope est la revue du réseau PhilAU, qui s'est donné pour tâche de penser et favoriser les liens entre architecture, urbain et philosophie. La thématique de ce numéro, dans cet esprit irréductiblement interdisciplinaire, porte sur la notion d'impermanence, donton essayera de développer plusieurs acceptions. Lʼobjectif principal de cette enquête repose sur la nécessité de (ré)interroger les différentsprocessus de transformation de la ville contemporaine, au filtre des dispositifs dʼorganisation spatiale, des dynamiques sociétales et des régimes sensibles qui y participent.

Annonce

Argumentaire

Dans ce numéro du Philotope, le mot « impermanence » sera pris en compte dans son épaisseur sémantique, qui permettra de faire graviter autour du concept tous les phénomènes interreliés comme l'impersistance, l'éphémère, la dislocation, la déterritorialisation, la discontinuité, la mutation, la métamorphose, la déhiscence, la transformation, la déstabilisation, la rupture, la fragmentation, la disjonction, etc. : la liste, elle-même de nature transitoire, pourrait s'allonger et se modifier à l'infini. Souvent dénoté par une formule en négatif, ou un dessin en creux, qui en reconduit le sens à la logique du manque ou à la dimension de la perte, ce mot désigne pourtant un point de vue sur la réalité sensible, qui brise toute détermination manichéenne et toute logique dualiste et oppositionnelle.

  • Encore une théorie. Pourquoi ?

Lʼhypothèse de la construction dʼune théorie des impermanences est liée à l'utilisation du mot théorie soit dans son sens étymologique de visée spéculative, soit dans le sens de séquence, succession, procession, qui sont des notions étroitement liées au concept de devenir. Cette proposition vise de facto à construire une nouvelle perspective sur la « multiplicité de devenirs » (Goetz 2002) de la ville, en renversant le point de vue de la théorie des persistances des pionniers de lʼurbanisme et de la géographie humaine, Marcel Poëte et Pierre Lavedan. Cette théorie, reprise par Aldo Rossi dans la conception de son étude sur la ville (Lʼarchitettura della città, 1966) comme théorie des permanences (« teoria delle permanenze »), se présente aujourdʼhui comme une matrice à partir de laquelle repenser le processus de création du projet architectural et urbain, en vue dʼune ouverture à lʼéphémère et au « non conventionnel » comme ressources du projet.

  • Pluralité de questions / Décloisonnement des disciplines

La ville est-elle encore ce « quelque chose qui perdure au-delà de ses transformations » selon la logique rossienne ? La transition dʼune culture fondée sur les objets et les permanences à une culture marquée par les flux et les instabilités (Buci-Glucksman 2003) semblerait avoir bouleversé le paradigme de la continuité spatiale, mis en exergue les valeurs de lʼadaptation et de la flexibilité et, comme dans la demi-Sophronia de Calvino (Calvino 1972), inversé le statut des persistances. Dans ce paradoxe elles constitueraient actuellement la partie la plus provisoire et fragmentaire, et la moins autonome et vivante de la ville.

Même la dialectique des stabilisateurs, ces « points ou ombilics » qui figurent parmi les objets atemporels du collage urbanistique de Colin Rowe et Fred Koetter, a totalement été remise en question par les nouvelles topologies et les images interprétatives des plus récentes mutations urbaines.

La question de la forma urbis, ne se pose même plus, elle a laissé la place aux hypothèses sur la croissance cellulaire ou aux différentes déclinaisons du concept dʼarchipel. La discontinuité du récit, les cycles de plus en plus resserrés de transformation, la multiplicité des rythmes, lʼirruption de lʼévénementiel, l'effacement arbitraire des traces et l'idée affaiblie de transmission de la mémoire qu'on peut y lire en filigrane sont les différentes manières par lesquelles la ville s'excède elle-même, épuise la figurativité associée à l'urbain et provoque une rupture des schémas dominants. Mais tout cela se fait-il au nom de l'impermanence?

À partir de ce constat, plusieurs questions s'ouvrent : la ville fabriquée par une urbanisation légère (MVRDV 1997), par des trajectoires de transformation et des investissements temporaires qui sʼopposent au plan prédéterminé, serait-elle capable dʼengendrer une logique évolutive de croissance? Comment y intégrer un système de concordance entre plusieurs acteurs, tout en prenant en considération lʼaffaiblissement du concept dʼexpertise?

Et encore, la ville pensée par des scénarios, par des ondes de probabilités, par des spatialités / temporalités flottantes, par des micro-interventions, est-elle compatible avec le système réglementaire du développement durable ?

  • Multiplicité des scénarios

Aujourd'hui on a déplacé l'attention des grands projets planificateurs vers des stratégies d'intervention capillaire. L'introduction de la notion de temporary use (et de TAZ - Temporary Autonomous Zones - porté par Hakim Bay) dans le processus de création et de transformation de la ville, souligne le passage structurel de la planification superposée à lʼurbanisation faible (“urbanizzazione debole”, Branzi 2006).

La thématique de ce numéro porte, dans un contexte plus large, sur la dissolution des grands principes qui ont guidé lʼactivité projectuelle de lʼépoque moderne et ouvre une réflexion sur les nouvelles orientations de recherche autour des thèmes de la “marge incertaine” (Viganò 2012) e de l'utilisation intermédiaire.

Les contributions pourront approfondir au même titre approches théoriques, expérimentations pédagogiques, objectifs opérationnels et encore plus élargir le spectre de cette réflexion.

Numéro coordonné par Silvana Segapeli, enseignante à lʼÉcole Nationale Supérieure dʼArchitecture de Saint-Etienne, chercheur au GERPHAU (Laboratoire Philosophie, Architecture, Urbain), Paris

Modalités de soumission et de sélection

Un résumé de 1000 signes, accompagné dʼune courte notice biographique, est attendu

avant le 1er mars 2013.

Les résumés seront examinés par le comité éditorial (Jean Attali, Pippo Ciorra, Michelle Debat, Marina Montuori, Pascale Pichon, Jacques Porte, Silvana Segapeli, Chris Younès) et une réponse sera donnée aux auteurs avant le 15 mars.

Les articles définitifs ne devront pas dépasser les 15000 signes et seront accompagnés dʼune bibliographie.

Date dʼenvoi des articles : 31 mai 2013

Les textes sont à envoyer à : silvana.segapeli@st-etienne.archi.fr 

Comité scientifique

  • Jean Attali, Professeur à lʼ Ecole nationale supérieure d'architecture Paris Malaquais
  • Pippo Ciorra, Professeur à la Faculté dʼarchitecture et design de lʼUniversité de Camerino,Senior curator MAXXI Architecture, Rome
  • Michelle Debat, Professeur à lʼUniversité Paris VIII, Directrice du département de Photographie et multi-média
  • Marina Montuori, Professeur à lʼUniversité de Brescia
  • Pascale Pichon, maître de conférence à l'université Jean Monnet de Saint-Étienne, chercheur au Centre Max Weber et Responsable du Master Espace public, Design, Architecture Pratiques, Université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Jacques Porte, Directeur de lʼEcole nationale supérieure dʼarchitecture de Saint-Etienne
  • Silvana Segapeli, Enseignante à lʼEcole nationale supérieure dʼarchitecture de Saint-Etienne, chercheur au Laboratoire GERPHAU
  • Chris Younès, Professeur à lʼ lʼEcole nationale supérieure dʼarchitecture Paris LaVillette, directrice du Laboratoire GERPHAU-LAVUE

Les porteurs institutionnels du projet

  • GERPHAU – LAVUE UMR CNRS/MCC 7218, dirigé par Chris YOUNES

Programmes et axes de recherche :

Le Gerphau constitue l’un des cinq sites de l’UMR 7218 MCC/CNRS – LAVUE (Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement). Il est membre de l’Ecole Doctorale « Pratiques et Théories du sens » - Paris 8 et à la tête du Réseau Scientifique Thématique PHILAU (Philosophie Architecture Urbain). Chris Younès en assure la direction scientifique. Sa corresponsabilité est assurée par Xavier Bonnaud et Stéphane Bonzani.

L’Architecture, l’urbain, la philosophie et plus spécifiquement l’anthropologie des milieux habités, la philosophie de l’environnement et des milieux, l’épistémologie du projet, l’invention architecturale, les outils de conception et de représentation des milieux habités, les héritages et la création ainsi que les risques et les transformations constituent les domaines de recherche privilégiés du laboratoire.

Le Gerphau accueille des chercheurs venant d’horizons disciplinaires différents (architectes, urbanistes, philosophes, paysagistes, sociologues, écologues, etc.) Ils se retrouvent autour d’objets de recherche communs qu’ils explorent à partir d’une culture collaborative et créatrice qui constitue la marque de fabrique du laboratoire, sa spécificité.

Cette attitude commune permet à chaque chercheur d’élargir son propre champ disciplinaire de référence et de développer une méthodologie innovante, entre théorie et pratique. L’interpellation philosophique produit des questionnements et des concepts opératoires pour décrypter la nouveauté du contemporain et anticiper de façon prospective ses possibles. 
Les activités du Gerphau se définissent autour de 3 axes de recherche (Milieux habités : Natures/Cultures, Expériences, Projets) et 3 transversalités (Habiter, Représentations, Temporalités).

  • Réseau Scientifique Thématique PhilAU (Philosophie Architecture Urbain)

Il s’agit d’un Réseau international Philosophie architecture urbain entre écoles nationales supérieures d’architecture et universités habilité en 2006 par le Ministère de la Culture et de la Communication (DGP, BRAUP) pour quatre ans dans le cadre des réseaux scientifiques thématiques (RST). Ce RST PhilAU, animé par Chris Younès, est administrativement rattaché au laboratoire Gerphau-Lavue. Il pilote un programme scientifique associant organisation de colloques et publications sur les rapports et correspondances entre philosophie, architecture et urbain. Ce réseau est ouvert à des universitaires, des chercheurs, des praticiens, des institutionnels, des enseignants et des étudiants des écoles nationales supérieures d’architecture et d’autres établissements d’enseignement supérieur.

Le réseau Philosophie Architecture Urbain cible, dans la dynamique scientifique de la construction de l’espace européen de la recherche, les objectifs suivants :

    • développer des problématiques spécifiques et innovantes par des relations interdisciplinaires entre philosophie, architecture et urbain et animer une plate-forme d’échanges scientifiques et d'échanges d'informations aux niveaux national, européen et international.
    • assurer la diffusion/publication de la production scientifique collective du réseau avec la revue du Philotope
    • contribuer à la valorisation des écoles et des formations doctorales par la mise en place et la mise à jour d’un recensement et d’une cartographie des écoles doctorales à l’échelle du réseau, par la constitution d’un centre de ressources documentaires (productions doctorales et publications des membres du réseau), par le montage d’une collection éditoriale diffusant les productions doctorales remarquables par rapport aux orientations du réseau.
    • développer les articulations entre recherche, pratiques pédagogiques et enjeux professionnels par l’expérimentation de l’interdisciplinarité croisant, dans des journées d’étude et des workshops, les champs de la philosophie, de l’architecture et de l’urbain.
  • École nationale supérieure d'architecture de Saint-Etienne, dirigé par Jacques Porte (Pour ce numéro)

Site Internet : http://www.st-etienne.archi.fr 

Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • vendredi 01 mars 2013

Mots-clés

  • architecture, projet urbain, projet‐processus, éphèmere, temporary use, urbanisation légère, urbanisation faible, métropolisation, transformation urbaine, interdisciplinarité

Contacts

  • Silvana Segapeli
    courriel : silvana [dot] segapeli [at] st-etienne [dot] archi [dot] fr

Source de l'information

  • Silvana Segapeli
    courriel : silvana [dot] segapeli [at] st-etienne [dot] archi [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Pour une théorie des impermanences », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 03 janvier 2013, https://doi.org/10.58079/mhm

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