AccueilLes dysfonctionnements contemporains de l’articulation vie professionnelle / vie familiale et l’éclatement des temps sociaux

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Les dysfonctionnements contemporains de l’articulation vie professionnelle / vie familiale et l’éclatement des temps sociaux

The contemporary disfunctioning of the professional vs family life relationship and the breaking of social time

Congrès de l'AFS 2013 – GT48

AFS 2013 – GT48 conference

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Publié le lundi 28 janvier 2013

Résumé

L’interdépendance de la vie professionnelle et des autres aspects de l’existence constitue une dimension encore largement négligée dans la pensée et l’organisation sociale. Le « mythe des mondes séparés » est issu de la naturalisation d’une construction sociale, celle au XIXe siècle qui résout un problème sans précédent historique (comment organiser l’articulation  nécessaire des activités productives et reproductives dans un monde moderne qui accroît la division sociale et spatiale du travail) par une solution historiquement située (une partition hiérarchisée du mode de reconnaissance des activités socialement utiles, une affectation sexuée de leur exercice et la domination d’une référence androgenrée de l’organisation des sociétés). Cette construction sociale, en vigueur depuis près de deux siècles dans les sociétés industrielles, a favorisé dans nos univers de référence une représentation et une organisation de sphères d’existence dissociées et imperméables ; elle a aussi favorisé dans nos univers académiques une prégnance de la sociologie fonctionnaliste parsonienne et, dans son sillage, une séparation entre sociologie du travail, sociologie de la famille et sociologie des temps sociaux.

Annonce

L’Association Française de Sociologie (AFS) organise son prochain Congrès à l’université de Nantes du 2 au 5 septembre 2013. Le nouveau Réseau Thématique (RT 48) «ARTS - Articulation vie professionnelle/vie familiale et recomposition des temps sociaux» participera à ce Congrès.

Argumentaire

L’interdépendance de la vie professionnelle et des autres aspects de l’existence constitue une dimension encore largement négligée dans la pensée et l’organisation sociale. Le « mythe des mondes séparés » (Kanter, 1977) est issu de la naturalisation d’une construction sociale, celle au 19ème siècle qui résout un problème sans précédent historique (comment organiser l’articulation  nécessaire des activités productives et reproductives dans un monde moderne qui accroît la division sociale et spatiale du travail) par une solution historiquement située (une partition hiérarchisée du mode de reconnaissance des activités socialement utiles, une affectation sexuée de leur exercice et la domination d’une référence androgenrée de l’organisation des sociétés). Cette construction sociale, en vigueur depuis près de deux siècles dans les sociétés industrielles, a favorisé dans nos univers de référence une représentation et une organisation de sphères d’existence dissociées et imperméables ; elle a aussi favorisé dans nos univers académiques une prégnance de la sociologie fonctionnaliste parsonienne et, dans son sillage, une séparation entre sociologie du travail, sociologie de la famille et sociologie des temps sociaux.

Le développement d’une société postindustrielle a rendu incohérent ces principes organisateurs des sociétés de première modernité et ses catégories d’analyse. Face à ce défi, les sociétés se mobilisent et évoluent de manière contradictoire : d’un côté, on assiste à un véritable processus politique de promotion de l’égalité homme-femme mais, de l’autre, à des évolutions socio-économiques qui, dans leurs conséquences,  en sapent les acquis potentiels.

  • En effet, l’émancipation des femmes et leur conquête du marché du travail (y compris pour les mères ayant des jeunes enfants) a mis en évidence l’obsolescence d’un modèle sociétal institutionnalisé et dynamisé un changement vers des politiques plus « women friendly ». Parallèlement, le défi posé par le maintien des taux de fécondité, par le vieillissement de la population, par l’évolution défavorable du rapport entre actifs et inactifs a amené l’Union européenne à promouvoir la cohésion sociale via l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations : l’augmentation du taux d’emploi de toutes les catégories de personnes et l’amélioration de la conciliation vie professionnelle/vie familiale s’inscrivent ainsi au chapitre des priorités majeures des orientations préconisées par la Stratégie de Lisbonne. Des acquis politiques majeurs en faveur de l’égalité sont donc à l’œuvre depuis deux décennies.
  • Simultanément, l’évolution du marché du travail vers une flexibilisation et une compétitivité accrues est génératrice de nouvelles formes d’inégalités : les pressions du monde du travail entrent fortement en contradiction avec la conception même que les individus ont de leur investissement professionnel, en tant que moyen de subsistance, certes, mais aussi comme moyen, parmi d’autres, de réalisation personnelle et non plus comme l’accomplissement d’un devoir envers la société. Ces pressions enraye le processus  de refondation des équilibre hommes femmes,  non seulement en recréant les conditions de reproduction des inégalités traditionnelles (tensions vie professionnelle/vie familiale ; déstabilisations des trajectoires des femmes) mais aussi en et  validant l’émergence de nouvelles dominations (notamment entre femmes, voir la question du  « care drain » Horchschild , 2004).

Si l’on ajoute à ces contradictions la complexification des formes familiales (avec les nouvelles normativités autour de la parentalité), les effets des technologies de l’information et de communication sur les temporalités sociales (avec les empiétement réciproques des temps privés et professionnels) on comprend que tant  la question de la transformation de l’articulation vie professionnelle/vie familiale que celle de la recomposition des temps sociaux bousculent les fondements des  sociétés contemporaines, de leur organisation et de leur univers symbolique sans offrir d’alternative cohérente.

Thèmes proposés aux communications : analyse critique des décompositions /recomposition entre pratiques et cadres normatifs

L’articulation traditionnelle des temps sociaux est en crise car les désajustements entre modèles économiques, cadres normatifs et pratiques sociales provoquent des phénomènes de dysfonctionnement et d’incohérence. Cela dit, les périodes de crise sont aussi favorables pour repenser les principes organisateurs  des sociétés à venir, comme elles sont  porteuses d’opportunités à saisir.

C’est pourquoi les papiers attendus devront s’inscrire dans cette dualité (à la fois contraignante et habilitante Giddens 1984) et rendre compte de cette dynamique paradoxale  à trois niveaux différents :

  • la mise en évidence des désajustements normes/pratiques
  • et/ou l’analyse critique du « traitement social » des désajustements
  • la mise en évidence de modes alternatifs émergents.

Afin de créer des espaces d’échange avec les collègues d’autres réseaux (genre, travail, famille, politiques sociales…) ces niveaux thématiques pourront concerner les quatre grands registres que couvrent la relation Travail Famille et Temps sociaux à savoir :

  • Premier registre : Travail, organisations, conciliation

La première entrée concerne ce qui est le plus communément encore appelé la conciliation vie familiale/vie professionnelle. Les travaux  traitent alors des questions de transformation de l’organisation du marché du travail autour du thème de la flexicurité et des politiques d’aménagement du temps de travail ; des arrangements vie professionnelle/vie familiale (work/life balance) ; des influences des organisations, culture et ethos du travail sur le recours aux outils de conciliation ;  des usages des dispositifs de conciliation ; des modèles de carrière et des inégalités hommes femmes dans le travail ; des modalités d’activité des hommes et des femmes, etc.

  • Deuxième registre : Politiques sociales et régimes de citoyenneté

Cet axe s’intéresse aux cadres institutionnels et normatifs.Les thèmes traitent des nouveaux risques liés aux transformations du travail et de la famille ; de la citoyenneté sociale des femmes et des nouveaux droits sociaux à conquérir ; de l’action publique, de l’intervention sociale et des dispositifs publics d’aide à la conciliation, du partage des responsabilités dans le losange de la protection sociale ; du « féminisme d’Etat » (institutions en charge de la promotion de l’égalité des sexes), etc.

  • Troisième  registre: Care, social care, éthique du care

On s’intéressera ici aux questions liées à l’activité, au soin et à l’accompagnement d’autrui et au rôle que ces activités, leur conception et leur institutionnalisation jouent dans la constitution et le cas échéant, la subversion de l’ordre social (ou d’ordres sociaux localisés). Les thèmes sont multiples et traitent de la nature du travail familial et parental, des nouveaux modes de gouvernance et de gouvernementalité dans les régimes de care, de la professionnalisation ou la refamiliarisation des activités de care, des nouvelles approches en termes d’autonomie, des nouvelles figures de la relation de care, pour ne citer que ces exemples.

  • Quatrième registre : Parcours de vie, construction des capacités et libre choix, accompagnement social

Un quatrième axe concerne tout ce qui s’intéresse aux individus à l’épreuve de la conciliation et aux besoins de nouveaux services :les travaux traitent alors de la distribution des temps travaillés entre hommes et femmes, des arrangements privés entre travail et famille dans les parcours de vie ; des modalités d’arbitrages entre travail et famille, des régimes temporels genrés dans les modes de vie et à dispositifs institutionnels habilitants à une plus grande maîtrise des parcours de vie.

Pour tous ces axes qui, par leur encastrement définissent les cadres organisateurs de la relation travail / famille, il s’agira ici de faire valoir le développement du maquis de mesures mis en forme et mise en œuvre ces dernières années et d’analyser leur portée et leurs limites d’un double point de vue : la progression vers une organisation des temps sociaux plus juste et moins discriminante et du point de vue de la domination d’un référentiel androgenré des rapports sociaux.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (environ 2 pages, bibliographie comprise) devront, pour être retenues, indiquer le nom, le statut, l’affiliation et les coordonnées de l’auteur-e, préciser le thème choisi puis expliciter synthétiquement la problématique traitée, le type de techniques et le terrain ou les sources qui caractérisent la recherche et ses principaux résultats.

Ces propositions doivent être adressées simultanément sous fichier word à Chantal Nicole-Drancourt (drancourtchantal@hotmail.com) et à Bernard Fusulier (bernard.fusulier@uclouvain.be)

au plus tard pour le 15 février 2013

Les réponses aux propositions retenues seront envoyées au plus tard fin février 2013.

Comité scientifique

  • Jean Yves Boulin ; Chargé de recherches CNRS, chercheur associé IRISSO-CNRS,  Université Paris Dauphine, Paris cedex 16
  • Sandrine Dauphin ; Rédactrice en chef Politiques sociales et familiales et Informations sociales, direction des statistiques, des études et de la recherche de  la CNAF
  • Bernard Fusulier ; Chercheur qualifié du FNRS & Professeur de sociologie ; Directeur de la revue Recherches sociologiques et anthropologiques ; Université catholique de Louvain GIRSEF & CIRFASE
  • Olivier Giraud, Chargé de recherche au Cnrs (UMR 5262) ; Laboratoire interdisciplinaire de sociologie économique (Lise) Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM Paris)
  •  Marie-Thérèse Letablier ; Directrice de recherche au CNRS ; Centre d’Economie de la Sorbonne ; Université Paris 1
  •  Arianne Ollier Malaterre Professeure associée Rouen Business School ,  membre associée au Lise-CNRS
  • Claude Martin ;  Directeur de recherche CNRS ;  Directeur de l'UMR CNRS 6051 ; -Université Rennes1-Science Po Rennes- EHESP
  • Barbara Lucas ;  Professeur Haute école de travail social Genève

Lieux

  • Nantes, France (44)

Dates

  • vendredi 15 février 2013

Fichiers attachés

Mots-clés

  • articulation vie professionnelle / familiale, temps sociaux, domination

Contacts

  • Chantal Nicole-Drancourt
    courriel : drancourtchantal [at] hotmail [dot] com

Source de l'information

  • Chantal Nicole-Drancourt
    courriel : drancourtchantal [at] hotmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les dysfonctionnements contemporains de l’articulation vie professionnelle / vie familiale et l’éclatement des temps sociaux », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 28 janvier 2013, https://doi.org/10.58079/mqw

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