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Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Désaccord

Disagreement

XIXe colloque philosophique international d'Evian

21st international philosophical conference of Evian

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Publié le mercredi 13 février 2013

Résumé

Avons-nous des désaccords ? À en juger par la vie quotidienne, la réponse à cette question semble claire : les désaccords sont légion. Du point de vue de la théorie de la rationalité, en revanche, on ne sait trop quelle appréciation porter sur ces désaccords. La contrainte  non-contraignante du meilleur argument ne s'impose-t-elle pas dans pratiquement tous les cas de désaccord ? Les désaccords ne sont-ils pas – du moins pour tous ceux qui se comportent rationnellement – de simples étapes sur la voie d'un accord consensuel ? Ou alors le désaccord raisonnable est-il une caractéristique durable de notre pratique et s'étend-il plus profondément que nous le supposons communément ?

Is there disagreement? That is, do we really disagree? From the standpoint of everyday life, the answer seems to be clear. Disagreements among us are legion: about scientific, political, and social questions, about questions of right conduct and religion, about questions concerning subjective preferences and aesthetic taste (to mention only a few examples). From the standpoint of rationality, however, it is not so clear how these disagreements should be assessed. Shouldn’t the forceless force of the better argument carry the day in almost all cases of disagreement? Isn’t it possible in principle to determine which view is the better one among rival views?

Annonce

Argumentaire

Avons-nous des désaccords ?  A en juger par la vie quotidienne, la réponse à cette question semble claire : les désaccords sont légion – désaccords sur des questions scientifiques, politiques et sociales, sur des questions portant sur la conduite correcte et les questions religieuses, sur des questions de préférence subjective et de jugement esthétique, pour ne prendre que ces quelques exemples. Du point de vue de la théorie de la rationalité, en revanche, on ne sait trop quelle appréciation porter sur ces désaccords. La contrainte non-contraignante du meilleur argument ne s'impose-t-elle pas dans pratiquement tous les cas de désaccord ? N'est-il pas possible et légitime de déterminer, parmi les conceptions rivales, laquelle est la meilleure ? Les désaccords ne sont-ils pas – du moins pour tous ceux qui se comportent rationnellement  – de simples étapes sur la voie d'un accord consensuel ? Ou alors le désaccord est-il lui-même rationnel, même lorsque les deux partenaires dans la discussion ont les mêmes présuppositions épistémiques et ont tous deux à leur disposition les mêmes informations essentielles ? De nombreux philosophes estiment que ceci est impossible. Dans la mesure où dans certains domaines un désaccord de fond ne pourrait être surmonté, il faudrait pratiquer la suspension du jugement. Une telle position peut s'appuyer entre autres sur les réflexions de Kant qui dans sa métaphysique plaide en dernier ressort pour une suspension du jugement sur les questions métaphysiques classiques (dans lesquelles le désaccord toujours règnerait) tout en estimant que d'autres conflits sont fondamentalement susceptibles d'une solution.

À cette conception d'une rationalité libre de conflit ou transcendant les conflits, toujours déterminante dans les discussions actuelles, Hegel a opposé une conception qui saisit le conflit essentiellement comme moteur de la rationalité. Mais cette dernière à son tour a été critiquée – entre autres par Nietzsche et Adorno – comme une philosophie de la réconciliation, si bien qu'on peut se demander si Hegel a rendu compte de la possibilité d'unifier la rationalité et le désaccord de façon satisfaisante. Le désaccord raisonnable (Rawls) est-il une caractéristique durable de notre pratique et s'étend-il plus profondément que nous le supposons communément ? Quelle est l'importance théorique et pratique d'un désaccord persistant et son acceptation conduit-elle au relativisme, au scepticisme ou au pluralisme ?

La question portant sur le statut des désaccords joue un rôle important dans de nombreux domaines de la philosophie. Elle fait actuellement l'objet de discussions dans la théorie de la connaissance (Christensen, Freitag, Kornblith), dans la philosophie de l'esprit et la philosophie du langage, notamment à travers la question herméneutique de l'interprétation correcte d'un sens linguistique (Lyotard, Margolis, Wellmer). Dans la philosophie de l'art (Carroll, Menke, Rancière), il est également important d'indiquer quelle place donner aux désaccords dans les jugements esthétiques. Dans la philosophie pratique, les désaccords sont conçus soit comme un problème, soit comme une donnée structurelle de la morale et de la politique. Alors que dans le libéralisme les désaccords sont tantôt acceptés, tantôt limités par des règles raisonnables, des théories « radicales » et « agonistiques » vont plus loin et considèrent les désaccords de fond (all the way down) non comme un danger pour la politique et la démocratie mais comme leur essence et leur condition de possibilité (Arendt, Rancière, Mouffe/Laclau). Dans la philosophie morale également, le désaccord est conçu par plusieurs auteurs comme un caractère essentiel de la pratique morale (Beauvoir, Williams, Lukes). Enfin, dans la philosophie en général, les désaccords ont une importance particulière : la philosophie est tout entière traversée par un conflit entre des écoles et des positions et il n'y a guère matière à espérer (mais faut-il l'espérer ?) que ce conflit puisse être surmonté.

Le 19e colloque international de philosophie d'Évian-les-Bains invite au bord du lac de Genève des philosophes pour discuter sur l'importance du désaccord dans les différents champs philosophiques, dans la pratique humaine et dans la philosophie en général. Il s'agit d'éclairer le concept de désaccord dans tout l'éventail des positions sujettes à la controverse. Le Colloque d'Évian s'adresse à des philosophes souhaitant prendre part à des débats au-delà de toutes les frontières d'écoles. C'est un lieu où la coupure entre philosophie continentale et philosophie analytique est dépassée et devient différence productive.

Modalités de soumission

Pour participer au colloque, une compréhension au moins passive du français, de l'allemand et de l'anglais est indispensable.

Les propositions de communication, qui consistent en un exposé d'une page maximum accompagné d'un court CV, seront adressées dès que possible,

et au plus tard le 1 avril 2013,

à l'adresse électronique du colloque : evian@philosophie.fu-berlin.de.

Les exposés peuvent être faits en allemand, en anglais ou en français.

Ils ont une durée de 25-30 minutes maximum.

Ils doivent inciter à la discussion par leur clarté et leur brièveté, autant que possible en énonçant des thèses.

Le déroulement thématique du colloque s'organisera selon les contributions proposées (il n'y a pas de sections préétablies).

Organisation

  • Georg W. Bertram (Berlin),
  • Robin Celikates (Amsterdam),
  • David Lauer (Berlin)

En coopération avec Alessandro Bertinetto (Udine), Karin de Boer (Leuven), Karen Feldman (Berkeley), Jo-Jo Koo (Dickinson), Christophe Laudou (Madrid), Claire Pagès (Paris), Diane Perpich (Clemson), Hans Bernhard Schmid (Wien)

Comité scientifique

  • Alessandro Bertinetto (Università di Udine, Dipartimento di studi umanistici)
  • Karin de Boer (Katolike Universiteit Leuven, Centre for Metaphysics and Philosophy of Culture)
  • Karen Feldman (University of California, Department of German)
  • Jo-Jo Koo (Concordia University, Department of Philosophy)
  • Christophe Laudou (Lycée Français de Madrid)
  • Claire Pagès
  • Diane Perpich (Clemson University, Department of Philosophy & Religion)
  • Hans Bernhard Schmid (Universität Wien, Institut für Philosophie)
  • Argument

Is there disagreement? That is, do we really disagree? From the standpoint of everyday life, the answer seems to be clear. Disagreements among us are legion: about scientific, political, and social questions, about questions of right conduct and religion, about questions concerning subjective preferences and aesthetic taste (to mention only a few examples). From the standpoint of rationality, however, it is not so clear how these disagreements should be assessed. Shouldn’t the forceless force of the better argument carry the day in almost all cases of disagreement? Isn’t it possible in principle to determine which view is the better one among rival views? Aren’t disagreements better seen, therefore, as intermediate stages on the way toward a more comprehensive agreement – at least among all those who conduct themselves rationally? If not, can a disagreement itself be rational, even when two interlocutors share the same epistemic presuppositions and the same relevant information? Many philosophers hold the view that this is not possible. To the extent that a substantial disagreement in certain spheres should turn out to be irresolvable, according to this view, we have to refrain from judging. This position can draw support (among others) from Kant’s reflections, for in his critique of metaphysics he pleads ultimately for abstaining from judgments regarding classical questions of metaphysics (about which there always remains disagreement) and holds otherwise that the remaining conflicts are resolvable in principle.

This understanding of rationality as free of conflict or capable of transcending conflicts still remains influential to our day. Hegel, however, opposes this understanding by conceiving conflict essentially as the driving force of rationality. But this Hegelian understanding of reason has in turn been criticized – by Nietzsche and Adorno among others – as still perpetuating a philosophy of reconciliation, so that it remains questionable whether Hegel has provided us with a satisfactory account of the compatibility of rationality and disagreement. Is “reasonable disagreement” (Rawls) an enduring feature of our practices and reaches deeper than we generally assume? What is the theoretical and practical relevance of persistent disagreement? Does the latter lead to the acceptance of relativism, skepticism, or pluralism?

This question about the significance of disagreements plays an important role in many areas of philosophy. It is currently discussed in epistemology (Christensen, Freitag, Kornblith) and in the philosophy of mind and language, broadly construed, e.g., in the hermeneutical question about the status of conflict in the correct interpretation of linguistic meaning (Lyotard, Margolis, Wellmer). Equally, in the philosophy of art (Carroll, Menke, Rancière),it is important to clarify what significance disagreements have regarding aesthetic judgments and the ascription of aesthetic properties. In practical philosophy, disagreement is construed as either a problem for or a structural feature of morality and politics. Whereas political liberalism accepts disagreement and sees it as constrained by reasonable norms (Rawls, Habermas), “radical” or “agonistic” theories go further by conceiving disagreement as something that does not endanger politics and democracy, but rather goes “all the way down” and is the essence and condition of possibility of democracy (Arendt, Rancière, Mouffe/Laclau). Some theorists in moral philosophy (de Beauvoir, Williams, Lukes) also conceive disagreement as an essential feature of moral practice. Last but not least, disagreements are significant in philosophy as a whole: Philosophy has been characterized by conflicts among different schools and positions. Indeed, there is little reason to hope (assuming that this would be a hope) that this conflict can be overcome.

The 19th International Philosophy Colloquium Evian invites philosophers to the shores of Lake Geneva to discuss the nature and relevance of disagreement with regard to different areas of philosophy, human practices, and the current state of philosophy in general. It welcomes the controversies and tensions that can result from examining the concept of disagreement from a widerange of philosophical perspectives. We appeal to all philosophers who are interested in participating in intensive discussions about this topic in a way that transcends the narrow boundaries of different philosophical movements or schools of thought. These discussions at the Colloquium are conceived as a place where the supposed divide between “continental” and “analytic” philosophy is overcome, or at least as a site where the differences between these philosophical traditions can be rendered productive.

Submission guidelines

Passive comprehension of all three languages of the colloquium, namely French, German, and English, is a prerequisite for all applicants.

We invite you to submit proposals for talks at the colloquium. Please send a one-page abstract and a short CV to the following e-mail address: evian@philosophie.fu-berlin.de.

The final deadline is April 1, 2013.

Talks may be presented in German, English or French and are limited to 25-30 minutes. They should aim to facilitate discussion by arguing for distinctive theses while being as brief and clear as possible. The scheduling of sessions will depend on the talks and presentations that are selected. There are no prearranged sections.

Scientific comitee

  • Alessandro Bertinetto (Università di Udine, Dipartimento di studi umanistici)
  • Karin de Boer (Katolike Universiteit Leuven, Centre for Metaphysics and Philosophy of Culture)
  • Karen Feldman (University of California, Department of German)
  • Jo-Jo Koo (Concordia University, Department of Philosophy)
  • Christophe Laudou (Lycée Français de Madrid)
  • Claire Pagès
  • Diane Perpich (Clemson University, Department of Philosophy & Religion)
  • Hans Bernhard Schmid (Universität Wien, Institut für Philosophie)

Organization

  • Georg W. Bertram (Berlin),
  • Robin Celikates (Amsterdam),
  • David Lauer (Berlin)

Lieux

  • Évian-les-Bains, France (74)

Dates

  • dimanche 31 mars 2013

Mots-clés

  • désaccord, rationalité, démocratie, éthique, théorie de la connaissance

Contacts

  • Georg Bertram
    courriel : evian [at] philosophie [dot] fu-berlin [dot] de

Source de l'information

  • David Lauer
    courriel : dlauer [at] zedat [dot] fu-berlin [dot] de

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Désaccord », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 13 février 2013, https://doi.org/10.58079/mw1

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