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Patočka, lecteur d'Aristote. Phénoménologie, ontologie, cosmologie

Patočka, reader of Aristotle. Phenomenology, ontology and cosmology

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Publié le lundi 13 mai 2013

Résumé

Avec la parution récente de la traduction française de la seconde thèse d’habilitation – monumentale – de Jan Patočka, Aristote, ses devanciers, ses successeurs, il devient enfin possible de mesurer l’importance des concepts fondamentaux de la Physique aristotélicienne pour l’élaboration du projet philosophique original que Patočka développera à partir des années 60. C’est en effet principalement dans le cadre d’une réappropriation phénoménologique du concept de mouvement que Patočka ressaisit la pensée aristotélicienne comme une voie permettant de dépasser l’impasse subjectiviste qu’il croit encore à l’œuvre – quoiqu’à des degrés divers – chez Husserl et Heidegger. Le mouvement en vient à revêtir une détermination ontologique fondamentale : irréductible à un quelconque sens intramondain et ontique (dont le mouvement local constitue la forme paradigmatique), le mouvement est conçu comme procès onto-génétique, c’est-à-dire comme advenue à l’apparaître.

Annonce

Argumentaire

Avec la parution récente de la traduction française de la seconde thèse d’habilitation – monumentale – de Jan Patočka, Aristote, ses devanciers, ses successeurs (Paris, Vrin, 2011), il devient enfin possible de mesurer l’importance des concepts fondamentaux de la Physique aristotélicienne pour l’élaboration du projet philosophique original que Patočka développera à partir des années 60. Ceci est d’autant plus remarquable que le philosophe tchèque, empêché à cette époque pour des raisons politiques de consacrer ses travaux à la phénoménologie, a pu renouer, dans ces études sur Aristote, avec la source antique du projet phénoménologique, afin de donner à celui-ci un nouveau départ. C’est en effet principalement dans le cadre d’une réappropriation phénoménologique du concept de mouvement que Patočka ressaisit la pensée aristotélicienne comme une voie permettant de dépasser l’impasse subjectiviste qu’il croit encore à l’œuvre – quoiqu’à des degrés divers –  chez Husserl et Heidegger. Le mouvement en vient à revêtir une détermination ontologique fondamentale : irréductible à un quelconque sens intramondain et ontique (dont le mouvement local constitue la forme paradigmatique), le mouvement est conçu comme procès onto-génétique, c’est-à-dire comme advenue à l’apparaître.

Mais le plus grand apport de la Physique tient alors, selon Patočka, à l’établissement des conditions d’un tel mouvement, qui a pour déploiement vivant la nature (phusis) et pour fond le monde (kosmos). Aristote a ainsi, selon Patočka, su être attentif au fait que c’est ultimement sur le plan d’une cosmologie, à laquelle nous ouvre la physique comme à son origine profonde, que se situent les conditions de possibilité dernières de la phénoménologie. Dans cette perspective, Patočka peut également soutenir qu’Aristote ouvre la voie d’une philosophie a-subjective, puisque le mouvement de la manifestation pensé à partir du monde constitue le préalable de tout dévoilement humain.

Cependant, il conviendrait également d’être attentif à la façon dont, pour Patočka, la reprise de la pensée aristotélicienne ne saurait en aucune manière équivaloir à une simple répétition de ses thèses maîtresses. Que « le système d’Aristote [soit] le fruit [d’une] empirie acritique jointe à une ontologie qui elle-même appelle la critique à plus d’un égard », cela est dû principalement au fait qu’Aristote reconduit sous le mouvement un fond d’immobilité pensé sur le mode du substrat. C’est dire que le Stagirite reste ultimement prisonnier d’une ontologie substantialiste dont la limitation ne rend dès lors que plus urgente l’exigence d’une radicalisation phénoménologique, faisant du substrat non plus le fondement immobile de tout mouvement, mais bien un effet déposé de celui-ci. Comme peut le dire alors Patočka, « un Aristote dédogmatisé est, pour cette raison, actuel ».

Dans cette perspective, on comprend tout l’intérêt qu’il peut y avoir à interroger les apports de cette lecture d’Aristote, dans sa double dimension d’appropriation et de critique, pour l’élaboration d’une ontologie et d’une cosmologie phénoménologiques. Qui plus est, l’originalité de l’approche patočkienne apparaît d’autant plus distinctement lorsqu’on la confronte avec des lectures concurrentes de la pensée aristotélicienne effectuées dans la tradition phénoménologique, notamment celle de Heidegger.

Programme

Jeudi, 23 Mai

Matin. Présidence de séance : Erika ABRAMS

  • 9h30 Ouverture du colloque : Renaud BARBARAS, professeur à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • 9h45 Conférence inaugurale : Pierre RODRIGO, professeur à l’Université de Bourgogne, Symphysis. Patočka face à "l'empirie trop grossière et naïve" d'Aristote.

Pause

  • 11h Emre ŞAN, Université Galatasaray Istanbul, L'âme comme intentionnalité: une théorie désubjectivisée de l'apparaître.
  • 12h Camilla ROCCA, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, L’intérêt de la radicalisation patočkienne du mouvement aristotélicien.

Déjeuner

Après-midi. Présidence de séance : Laurent LAVAUD

  • 15h Ovidiu STANCIU, Université de Bourgogne/ Bergische Universität Wuppertal, La physis et les deux sens de l’individuation.
  • 16h Riccardo PAPARUSSO, Università degli studi di Siena, La hyle nullifiéeRéflexions autour de l'interprétation patočkienne du concept aristotélicien de physis.

Pause

  • 17h15 Dragoş DUICU, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, La reprise par Patočka de la définition aristotélicienne du mouvement: trois conséquences.

Vendredi, 24 Mai

Matin. Président de séance : Pierre RODRIGO

  • 9h30 Fréderic JACQUET, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Une ontologie de la naissance : du sens de la Physis
  • 10h30 Claude Vishnu SPAAK, Université Paris IV Sorbonne, Aux limites du monde : le fond obscur entre proto-structure et chaos matériel

11h30-11h45 pause café

  • 11h45 Claire PERRYMAN-HOLT, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Le rôle de Bacon dans la lecture patočkienne d’Aristote.

Déjeuner

Après-midi. Présidence de séance : Renaud BARBARAS

  • 15h Marion BERNARD, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Aristote et le bannissement de l'espace.
  • 16h Eliška LUHANOVÁ, Université Paris I Panthéon-Sorbonne et Université Charles de Prague, Lieu et l'espace : une conception dynamique chez Aristote et Patočka.

Pause

  • 17h15 Conférence de clôture : Filip KARFĺK, professeur à l’Université de Fribourg (Suisse), Mouvement, temps, espace dans l’Aristote de Patočka.

Organisation

  • Renaud Barbaras
  • Claude Vishnu Spaak
  • Ovidiu Stanciu

Catégories

Lieux

  • Escalier C, 1er étage, salle Cavaillès, Université Paris 1 La Sorbonne - 17 rue de la Sorbonne
    Paris, France (75005)

Dates

  • jeudi 23 mai 2013
  • vendredi 24 mai 2013

Mots-clés

  • Patocka, Aristote, phénoménologie, ontologie, cosmologie

Contacts

  • Ovidiu Stanciu
    courriel : ovidius_stanciu [at] yahoo [dot] com

Source de l'information

  • Ovidiu Stanciu
    courriel : ovidius_stanciu [at] yahoo [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Patočka, lecteur d'Aristote. Phénoménologie, ontologie, cosmologie », Colloque, Calenda, Publié le lundi 13 mai 2013, https://doi.org/10.58079/ni7

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