L'objectif de cette journée d'étude est de remettre en perspective historique la protection du castor d'Europe en explorant, par une démarche relevant de l'histoire environnementale, les interactions entre l'animal et les sociétés humaines, en croisant les approches zoologiste, technicienne et historiennes.

Séminaire du 20 septembre 2013 à Paimboeuf (44 560) dans le cadre du Birdfair (www.birdfair.fr)

L’Association pour l’Histoire de la Protection de la Nature et de l’Environnement (www.ahpne.fr) organise, dans le cadre du Festival Birdfair, un séminaire ayant pour but de remettre en perspective historique la protection du castor d’Europe (Castor fiber).

Le castor, plus gros rongeur d’Europe, inféodé aux cours d’eau et à leurs ripisylves, parfaitement adapté aux milieux aquatiques continentaux, est un animal sauvage qui est passé très près de la disparition en France et plus généralement en Europe à la fin du XIX^e siècle. En effet, la baisse continue de ses effectifs et la rétraction drastique de son aire de répartition depuis le Moyen Âge, pour les besoins des fourreurs et pelletiers, n’ont laissé subsister en 1900 que quelques couples, essentiellement dans le Bas-Rhône et en Camargue. Protégé dès 1909 dans trois départements méridionaux, puis sur tout le territoire français en 1968, il n’a cessé depuis de recoloniser ses anciens territoires, au besoin avec l’aide de réintroductions. Ainsi le retour du castor est une des réussites de la protection de la nature en France, étonnamment pour un animal qui était unanimement considéré comme nuisible, alors que la protection d’animaux jugés utiles et mise en œuvre à la même époque s’avère pour le moins inopérante.

L’AHPNE, une association pour sauvegarder la mémoire et interroger l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement

En matière d’environnement, comme dans d’autres domaines, la perte de la mémoire collective est fortement préjudiciable. Elle produit des ruptures dans la transmission des informations nécessaires et utiles à celles et à ceux qui, du simple citoyen aux décideurs, gagneraient à connaître les contextes, l’évolution des concepts, les objectifs, les actions, les moyens mobilisés, les solutions mises en œuvre et leurs effets sur les politiques de protection de la nature et de l’environnement.

Il apparaît même que faire appel à cette histoire et la préserver de l'oubli soient une nécessité également à l’égard d’une opinion publique, de médias, de responsables politiques et d'élus que l'on dit désormais plus sensibles aux enjeux environnementaux actuels mais qui ignorent parfois que ceux-ci ne sont pas nouveaux et ont souvent une dimension historique.

De ce constat dressé par un petit groupe de personnes venant d’horizons variés, toutes attachées à préserver et transmettre cette mémoire encore vivante, est venue l’idée de lancer une initiative en faveur de l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement et de créer à cette fin « l’Association pour l’Histoire de la Protection de la Nature et de l’Environnement ».

L’AHPNE réunit aussi bien des acteurs ou des témoins porteurs d’une mémoire de la protection de la nature et de l’environnement que des chercheurs qui la révèlent, l’interrogent et la rendent accessible.

Contact AHPNE

Rémi Luglia (remi.luglia@free.fr)

Programme

14h : accueil

• Henri JAFFEUX (président de l’AHPNE)
• Philippe DE GRISSAC (vice-président de la LPO)

• 14h30. Georges ÉRÔME (docteur en Biologie), « Le castor. Un animal ».

Avant de s’intéresser à l’histoire du castor, il convient de comprendre quel animal il est, son éco-éthologie. Georges Érôme, naturaliste spécialiste français du castor, auteur d’une thèse remarquée sur cet animal en 1982, nous dit tout sur les mœurs d’un animal fascinant.

• 15h. Rémi LUGLIA (Agrégé et docteur en Histoire), « Un animal sauvage au regard de l’humanité. Histoire du castor d’Europe ».

Depuis l’Antiquité et jusqu’au début du XX^e siècle, l’histoire du castor en Europe est celle d’une disparition annoncée, programmée. Or depuis cent ans, le castor retrouve petit à petit sa place le long des fleuves et des cours d’eau français. Cette communication s’attache à la description, à l’explication et l’analyse historique de cette évolution de longue durée qui renseigne sur les relations homme-nature car le castor s’avère un excellent témoin de l’évolution de la place des espèces sauvages dans les représentations et les sociétés humaines, particulièrement depuis le XIX^e siècle, et permet à l’historien de réintégrer la nature dans l’environnement.

15h30-16h : Pause

• 16h Michel CATUSSE (Réseau Castor, ONCFS), « Reconstitution des populations de castor en France ».

Après avoir évoqué les causes de disparition du castor en France, la communication présentera le Réseau Castor de l’ONCFS et expliquera les raisons de son investissement et ses missions, en insistant sur les opérations de capture et de lâcher ainsi que les mesures d’accompagnement.

• 16h30 Valérie CHANSIGAUD (chercheuse associée à SPHERE, UMR 7219 CNRS-Paris 7), « L'extermination du castor d'Amérique et sa sauvegarde : ou comment les sociétés gèrent la faune sauvage ».

La première ressource économique tirée de la colonisation de l'Amérique du Nord a été, pendant près de deux siècles, l'exportation de fourrures, notamment de castor. L'exploitation s'est presque immédiatement transformée en surexploitation et les castors ont rapidement disparu des territoires situés le plus à l'est. Tout un système économique se met en place au XVI^e et au XVII^e siècle, reposant très largement sur les peuples indigènes. Cette communication revient sur la gestion, par les différentes cultures (européennes, amérindiennes), de la chasse destructrice du castor et sur les motivations aboutissant à sa sauvegarde au début du XX^e siècle.

17h. Discussion générale.

Chaque intervention durera 20 minutes et sera suivie d’un échange avec la salle.