Announcement
Argumentaire
À nouveau condamné le 20 janvier 2011 pour traitements inhumains, l’État français est depuis plusieurs années la cible de la Cour européenne des droits de l'homme qui pointe la vétusté et le surpeuplement de ses prisons. Le taux d’incarcération record, le plus élevé depuis la Libération, n'empêche pas une partie de la jeunesse masculine pauvre, du moins dans les « zones urbaines sensibles », de revendiquer crânement une « insensibilité » à l’emprisonnement, parfois en chansons.
En France comme ailleurs, l'inflation carcérale s’accompagne de la multiplication d'autres lieux d'enfermement contraint et prolongé (centres éducatifs fermés, centres de rétention administrative…). Des grandes puissances économiques, dites démocratiques pour la plupart, sont tout aussi concernées que de nombreux pays pauvres. Cet enfermement s'observe dans des lieux délabrés ou du dernier cri technologique, avec une gestion publique ou privée (ou en partenariat) et un régime civil ou militaire (comme Guantánamo par exemple), avec quelquefois des alternatives (bracelet électronique, aménagement de peine...).
Ces lieux peuvent être ouverts ou interdits aux associations et aux familles, contrôlés de l’intérieur par l'administration ou certains prisonniers (le plus souvent un mélange des deux), localisés en milieu rural ou urbain... Quelles sont les spécificités des territoires qui accueillent ces espaces d'enfermement et quelles sont celles des territoires d'où viennent les détenus ?
L’appel à articles souhaite cerner les logiques et les conséquences spatiales de l'inflation carcérale et de la multiplication des espaces d'enfermement, en France ou à l'étranger, à l’intérieur et à l'extérieur des prisons.
Quels sont les liens entre l'intérieur et l'extérieur, entre le lieu d'enfermement et le monde politico-associatif local ou encore les marchés locaux de l'immobilier, de l'entrepreneuriat, du lobbying, du salariat ? Si la prison est toujours la meilleure école du crime et de la révolte, quels sont les rapports économiques et les échanges culturels entre une prison et les milieux contestataires, ou encore avec les organisations délinquantes et criminelles des environs ?
Quelles critiques ou justifications, traditionnelles ou novatrices, expliquent l'engorgement et la multiplication de ces lieux, en fonction des spécificités de chaque territoire (injustice économique, crise économique, conséquences de la guerre ou de l'apartheid, évolutions démographiques et urbanisation, immigrations en transit ou en provenance de pays en guerre ou de régions mafieuses) ? Cette situation est-elle (perçue comme) un fait social avant tout régional, national ou international ? Comment articuler le local au global ?
Par ailleurs, quels sont les rapports à l'espace à l'intérieur de ces lieux d'enfermement ?
L'espace carcéral évoque d'abord l'ennui mais aussi le danger et le contrôle : espace de contrôle toujours plus sophistiqué grâce aux découvertes scientifiques et technologiques (caméras, détecteurs, prévention « situationnelle », produits pharmaceutiques...), espace hiérarchisé à l'extrême, espace de tri par cellule, étage, bloc (par exemple en fonction de la dangerosité supposée, de la longueur de la peine et de l'origine ou de la religion des détenus, ou même de leur statut social à l'extérieur), espace de trafic, d'addiction, de maladie, de persécution, d'intégrisme et de folie (l'expérience du « mitard » ou de la « camisole chimique », « l'hôpital psychiatrique du pauvre »), d'interdits et d'agressions (les espaces interdits, les espaces autorisés mais connus comme les lieux habituels des « règlements de compte », des rackets ou des viols), et enfin du suicide.
Certains lieux d'enfermement prolongé sont aussi des espaces de professionnalisation, d'amitié voire d'amour, d'instruction scolaire, de sevrage et de remise en forme, d'intellectualisation et de sublimation artistique du vécu, de politisation et de conversion religieuse voire de « renaissance » mystique, ou même de liberté relative (par exemple pour les détenus « auxiliaires » ou par les moyens de communication : internet, téléphone et visiophone portable...).
L'espace carcéral concentre les contrastes. Comment est-il affecté par le surpeuplement ? Quelles sont les résistances, adaptations, révoltes des salariés, des bénévoles et, au premier chef, des détenus et de leurs familles ?
Coordinateurs du dossier
- Thomas Sauvadet
- Benjamin Moignard
Conditions de soumission
31 mai 2014 : date limite de remise des articles
30 juin 2014 : information aux auteurs
Adresse pour la correspondance de préférence en version électronique par courriel
ou par voie postale en quatre exemplaires :
Thomas Sauvadet
9 rue du 2 décembre 1870 94360 Bry-sur-Marne
Les auteurs qui s’interrogent sur la pertinence de leur proposition peuvent contacter les coordinateurs
La revue ne demande pas de propositions d’articles, mais directement les articles.
Les articles ne dépassent pas 42 000 signes (espaces compris) en incluant : texte, notes, références bibliographiques, annexes, mais hors résumés.
Les conseils aux auteurs figurent dans chaque numéro.
Les normes de présentation et les conseils aux auteurs sont disponibles sur le site de la revue : http://www.espacesetsocietes.msh-paris.fr/conseils.html
Argument
France was again condemned for inhuman treatment of prisoners on 20th January 2011. For many years, the European Court for Human Rights has complained of French overcrowded and derelict jails. The current record incarceration rate, the highest since the end of World War 2, doesn’t prevent numbers of poor male youngsters particularly, from “disadvantaged” areas, showing with bravado and sometimes with songs, that they have no fear of imprisonment.
In France (as elsewhere) increasing imprisonment goes along with the multiplication of other places of confinement which are both constricted and intended for populations serving extended periods of time: closed educational centres (for young people), administrative retention centres (for undocumented foreigners), etc. Powerful leading nations, most of them pretending to be “democratic”, as well as poor nations, are implicated. This confinement is located either in derelict or in “high tech” places. The management is either public or private (or in partnership). The status is either civilian or military (Guantanamo for example). Some alternatives emerge, such as the electronic bracelet or different sentencing arrangements. These places may also be either open or closed to families and NGOs, internally managed either by administrative staff or certain prisoners (in most cases by a combination of both) and located either in cities or in rural areas. What are the specific characteristics of the places where these confinementc institutions are placed and of those from which their prisoners have come?
This call for papers seeks to understand the logics and the spatial effects of both inflationary imprisonment and proliferation of confinement spaces, in France and elsewhere, both inside and outside of prisons. What is the relationship between the inside and the outside, between the place of confinement and the local political and associational society? What is the impact of the jail on the real estate market and on local firms, lobbies and/or trade-unions? If jail remains the best crime and rebellion school, what are the economic and cultural exchanges with local radical groups, as well as with delinquent and criminal organisations?
In relation to the specific context of each place, what are the arguments, traditional and/or innovative, which can explain the overcrowding and the proliferation of such places: economic crises and/or economic injustice, consequences of war and/or Apartheid, demographic and urban evolutions, migrants belonging to mafias, war refugees, etc.? Is such a situation perceived as a regional, national or international problem? How do the local and the global interpenetrate?
The relationship to space inside confinement places is another relevant issue.
Jail first evokes boredom but also danger and control. Spatial control increasingly is more sophisticated with new technologies and devices: cameras, alarms, drugs, “situational” prevention in urban planning, etc. It is also an extremely hierarchical space, grouping prisoners into cells, floors, blocks, according to many criteria: their presumed danger to others, the length of their sentence, their origin and/or their religion, also their social class. Jail also is a place for trafficking with its drug addicts as well as its seriously ill prisoners, its religious fundamentalists, its persecuting and its persecuted prisoners, and/or prisoners with psychiatric disturbances, aggravated by punishments such as solitary confinement, strait jacket, etc.
Jail has become the “poor man’s psychiatric hospital”. It is full of forbidden spaces and of authorized places in which prisoners are at risk of “gang killing”, racket and rape, etc. Unsurprisingly the suicide rate also is high. Notwithstanding such violence, some long-termed containment confinement places may also become spaces for professional training, friendship and even love, formal education, severance and health recovery, conceptualisation and artistic sublimation of living experience, political awareness, religious conversion and even mystical “rebuilding”. It may even become a place of relative freedom, for prisoners employed as “auxiliaries” or for those allowed to use internet, phone, mobile, etc.
Prison space is a high concentration of sharp contrasts. What is the impact of overcrowding? Who is resisting and/or entering into a rebellion and who is looking for adaptations: prisoners, their families, prison officers, voluntary prison visitors?
Co-ordination of this issue
- Thomas Sauvadet
- Benjamin Moignard
Submission guidelines
Deadlines
-
31.05.2014: reception of full papers
- 30.06.2014: feedback to the authors
Correspondence address
E-mail (most convenient):
Per post (4 copies):
Thomas Sauvadet
9 rue du 2 décembre 1870 94360 Bry-sur-Marne
Potential authors with doubts on the relevance of their proposal may contact the co-ordinators
Only full papers are assessed.
Paper maximum length is 42 000 signs, including text, spaces, footnotes, references and appendices (abstracts are not taken into account in the paper length).
Advice to authors and manuscript presentation norms are on the website: http://www.espacesetsocietes.msh-paris.fr/conseils.html
Argumentos
Condenado una vez más el 20 de enero de 2011por tratos inhumanos, el Estado francés constituye desde hace varios años uno de los objetivo de la Corte Europea de Derechos Humanos por causa de la vetustez y el hacinamiento de sus cárceles. Una tasa record de encarcelamiento (la más alta desde la Liberación) no impide que una parte de la juventud masculina pobre, al menos en las "zonas urbanas sensibles", reivindique valientemente, y a veces con canciones, "insensibilidad" a la prisión.
En Francia, como en otras partes, la “inflación carcelaria” (aumento de la población reclusa por encima de la tasa de crecimiento demográfico) es acompañada por la proliferación de otros tipos de centros de detención obligada y prolongada (centros educativos cerrados, centros de detención...). Se trata de fenómenos que afectan tanto a grandes potencias económicas, en su mayor parte llamadas democráticas, como a numerosos países pobres. El confinamiento se da en instalaciones en mal estado o al último grito tecnológico, con gestión pública o privada (o mixta) y con régimen civil o militar (como Guantánamo, por ejemplo), y, a veces, se presenta con alternativas (pulsera electrónica, reducción de pena...).
Los lugares de confinamiento pueden ser abiertos o cerrados a las asociaciones y a las familias, controlados desde el interior por la administración o por algunos presos (lo más frecuente es una mezcla de ambos casos), localizados en zonas rurales o urbanas, etc. ¿Cuáles son las especificidades de los territorios que acogen esos espacios de reclusión y cuáles son los territorios de donde provienen los detenidos?
La convocatoria de artículos busca indagar en las lógicas y las consecuencias espaciales de la inflación carcelaria y de la multiplicación de los espacios de confinamiento, en Francia o en el extranjero, dentro o fuera de las prisiones.
¿Cuáles son los vínculos entre el interior y el exterior, entre el lugar de reclusión y el mundo político-asociativo local o, incluso, los mercados inmobiliarios locales, el empresariado, el lobbying, los salarios? Si la prisión sigue siendo la mejor escuela de delincuencia y de revuelta, ¿cuáles son las relaciones económicas y los intercambios culturales entre prisiones y medios contestatarios, o con organizaciones de delincuentes y criminales de su entorno?
¿Qué críticas o justificaciones, tradicionales o innovadoras, explican la congestión y la proliferación de estos lugares, en función de las especificidades de cada territorio (injusticia económica, crisis económica, consecuencias de la guerra o del apartheid, evolución demográfica y de la urbanización, inmigraciones en tránsito hacia o provenientes de países en guerra o de regiones mafiosas)? ¿Esta situación es (o es percibida como) un hecho social principalmente regional, nacional o internacional? ¿Cómo articular lo local a lo global?
Por otra parte, ¿cuáles son las relaciones con el espacio dentro de estos centros de confinamiento?
El espacio carcelario evoca antes que nada el aburrimiento, pero también el peligro y control: espacio de control cada vez más sofisticado gracias a los descubrimientos científicos y tecnológicos (cámaras, detectores, prevención “situacional”, productos farmacéuticos...); espacio jerárquico hasta el extremo, espacio de separación por celdas, pisos y bloques (por ejemplo, en función de la peligrosidad atribuida, de la duración de la pena y del origen o de la religión de los detenidos, o incluso su status social fuera de la cárcel); espacio de narcotráfico, adicción, enfermedad, persecución, fundamentalismo y locura (la experiencia de la "celda de castigo" o de las "camisas de fuerza químicas", "el hospital psiquiátrico de los pobres"), de prohibiciones y agresiones (los espacios prohibidos, los espacios autorizados pero conocidos como lugares habituales de "ajustes de cuentas", extorsión o violaciones); y, finalmente, espacio de suicidio.
Algunos sitios de confinamiento prolongado son también espacios de profesionalización, de amistad o de amor, de instrucción escolar, de desintoxicación y rehabilitación, de cultivo del intelecto y de sublimación artística de la experiencia vital, de politización y de conversión religiosa, cuando no de "renacimiento" místico, o incluso pueden ser espacios de relativa libertad (por ejemplo, para los reclusos que colaboran en tareas de mantenimiento de los centros, o por los medios de comunicación: Internet, teléfono, videotelefóno...).
El espacio carcelario concentra muchos contrastes. ¿Cómo se ve afectado por el hacinamiento? ¿Cuáles son las resistencias, adaptaciones, rechazos de los trabajadores, los voluntarios y, sobre todo, los presos y sus familias?
Coordinación del monográfico
- Thomas Sauvadet
- Benjamin Moignard
Modalidades de sumisión
Calendario
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31 de mayo de 2014: fecha límite de recepción de artículos
- 30 de junio de 2014: información a los autores
Dirección para la correspondencia
Enviar preferentemente en versión digital por correo electrónico a:
o cuatro ejemplares por vía postal a:
Thomas Sauvadet
9 rue du 2 décembre 1870 94360 Bry-sur-Marne
Los autores que duden sobre la adecuación de un posible artículo a los objetivos del monográfico pueden contactar con los coordinadores
La revista no pide propuestas de artículos, sino directamente artículos acabados.
Los artículos no deben sobrepasar los 42.000 signos (incluidos espacios), contando con texto, notas, referencias bibliográficas y anexos, pero sin contar resúmenes.
Los consejos a los autores figuran en cada número de la revista.
Las normas de presentación y los consejos a los autores
están disponibles en la página web de la revista: http://www.espacesetsocietes.msh-paris.fr/conseils.html