AccueilLes grands équipements culturels dans les espaces industriels en reconversion : de la requalification urbaine aux projets métropolitains ?

AccueilLes grands équipements culturels dans les espaces industriels en reconversion : de la requalification urbaine aux projets métropolitains ?

Les grands équipements culturels dans les espaces industriels en reconversion : de la requalification urbaine aux projets métropolitains ?

Cultural facilities in industrial spaces under reconversion: from urban requalification to metropolitan projects?

Numéro spécial de la revue Belgeo

Belgeo journal special issue

*  *  *

Publié le mardi 16 juillet 2013

Résumé

À l’initiative de la commission « Villes et métropolisations » du comité national français de géographie, la revue Belgeo lance un appel à textes pour un numéro spécial intitulé « Les grands équipements culturels dans les espaces industriels en reconversion: de la requalification urbaine aux projets métropolitains ? » Dans le contexte de la métropolisation et d’une concurrence accrue entre villes, la culture s’est affirmée depuis une vingtaine d’années comme un élément essentiel des politiques urbaines, en particulier dans les villes industrielles en reconversion, où elle s’appuie souvent sur de grands équipements emblématiques, à l’image du récent Louvre-Lens.

Annonce

Appel à articles Belgeo 2014/2 - Les grands équipements culturels dans les espaces industriels en reconversion : de la requalification urbaine aux projets métropolitains ?

Guest editors : Thomas Pfirsch, CALHISTE, Université de Valenciennes et Bernard Reitel, DYRT, Université d’Artois

Commission « Villes et métropolisation » du CNFG

Argumentaire

Dans le contexte de la métropolisation et d’une concurrence accrue entre villes, la culture s’est affirmée depuis une vingtaine d’années comme un élément essentiel des politiques urbaines (Evans, 2001 ; Swyngedouw et aliter2002 ; Grésillon ?) Elle apparaît aujourd’hui comme un instrument incontournable de la transition post-moderne de villes de plus en plus tournées vers l’innovation dans le cadre d’une économie de la connaissance. Depuis les expériences pionnières de Baltimore ou de Bilbao, les musées et les grands équipements culturels (bibliothèques, grandes salles de spectacle etc…) grands équipements culturels jouent un rôle moteur dans cette affirmation des villes sur la scène internationale. Ces « projets porte-drapeaux » (flagship projects, Evans, 2005) souvent confiés à des grands noms de la starchitecture globale (Jenks, 2005, Gravari, 2009), servent d’emblèmes pour de vastes projets de requalification urbaine. Les ambitions se déclinent au-delà de la seule production d’une nouvelle offre culturelle et touristique : il s’agit non seulement de renouveler l’image de la ville, de repenser les centralités, de réaménager les espaces publics, mais aussi de redéfinir les relations entre une ville et son environnement régional. Depuis « l’effet Bilbao » (réf), la création de grands équipements culturels emblématiques est même devenue un paradigme urbain global, largement mobilisé par les villes industrielles en crise à la recherche d’un nouveau destin (Ingallina et Park, 2005), de l’Imperial War Museum de Manchester au Musée du design d’Essen dans la Ruhr, du centre Pompidou de Metz au tout récent Louvre-Lens…

Plus de 15 ans après l’expérience de Bilbao, et à travers l’exemple des espaces industriels en reconversion, nous proposons d’analyser les usages et les effets urbains de ces grands équipements culturels. En effet, au-delà de l’effet vitrine et du marketing intense qui les entourent, l’impact réel des grands équipements culturels demeure mal connu et difficile à évaluer (Evans, 2005; Orueta, 2009, Lusso). Si leurs retombées économiques immédiates ont parfois été approchées, leurs effets urbains restent peu étudiés (Lusso, 2009). Il s’agit pourtant d’une question cruciale, en particulier dans les espaces industriels en reconversion. Dans ces régions marquées par la présence de conurbations minières ou de vastes corridors d’urbanisation polycentriques et considérés comme mal intégrés, les grands projets culturels sont largement utilisés pour recoudre le tissu urbain, créer de nouvelles polarités et « faire ville ». Ces projets sont porteurs d’une ambition métropolitaine, à l’image des villes de la Ruhr qui, quelques années après la fin du projet IBA de l’Emscher Park, ont postulé collectivement au label de capitale européenne de la culture 2010, affirmant ainsi une « Metropole Ruhr » sur la scène internationale. Les grands équipements culturels contribuent-ils vraiment à structurer les espaces industriels en reconversion et à « fabriquer de la ville »? Sont-ils réellement des moteurs de la métropolisation de ces espaces ?

Outre cette approche urbaine, l’objectif de cet appel est aussi d’émettre une posture critique. Au-delà des discours publics et du marketing territorial, des études récentes ont en effet souligné l’instrumentalisation croissante de la culture dans le cadre des politiques urbaines néo-libérales, dont les musées et autres « flagship projets » seraient l’une des manifestations symboliques les plus éclatantes (Swyngedouw, Moulaert et Rodriguez, 2002 ; Rousseau, 2009 ; Smyth H., 1994). Les grands équipements culturels s’inscrivent en effet dans une stratégie de « production d’un capital valorisable » (Fagnoni, 2009), et enclenchent des dynamiques de valorisation foncière et immobilière qui peuvent s’accompagner de processus de gentrification ou de tri social. Dans des villes industrielles encore marquées par une forte image ouvrière et longtemps caractérisées par des politiques de keynésianisme spatial, ils peuvent aussi participer d’un refaçonnement identitaire en direction des nouvelles classes moyennes ou « créatives » (Rousseau, 2009). Enfin, ces grands projets introduisent de nouvelles élites dans le jeu du pouvoir urbain et s’accompagnent d’un rôle croissant des pouvoirs publics locaux et régionaux et le recours de plus en plus fréquent aux partenariats publics-privés dans le contexte général d’une marchandisation de la culture et de l’institution muséale (les marques Louvre ou centre Pompidou devenant commercialisables sur le marché global… - Fagnoni, 2009).

Axes thématiques

Cette approche urbaine et critique pourra être développée autour de trois axes principaux.

  • Thème 1 : Les grands équipements culturels : des instruments d’aménagement du territoire et de développement local

Une première interrogation porte sur le modèle de gouvernance à adopter pour ces politiques culturelles à visée économique. En effet, sur quel jeu d’acteurs reposent ces grands projets culturels ? Le retrait de l’Etat central et le rôle croissant des pouvoirs locaux et des acteurs privés permettent-ils aux grands équipements culturels d’être des instruments d’aménagement du territoire? Ces deux dynamiques sont-elles compatibles ?

Se pose ensuite la question du modèle de développement local à adopter pour obtenir un réel impact sur les villes industrielles en reconversion. Comment les musées et les équipements culturels s’inscrivent-ils dans leur environnement économique local ? S’agit-il de simples « implants » ou forment-ils de véritables de catalyseurs de développement local ?

En troisième lieu, les méthodologies méritent d’être questionnées. Si les techniques d’évaluation des retombées économiques directes des musées sont connues (nombre d’entrées, emplois directs créés, fréquentation des hôtels et restaurants alentour etc…), comment apprécier à la fois quantitativement et qualitativement les liens entre le musée et son environnement économique et urbain (perception par les habitants, nouvelle image externe de la ville etc…) ? Comment sortir des approches sectorielles ou segmentées pour situer les grands équipements culturels dans « le système territorial tout entier » (Fagnoni), en mettant en valeur par exemple des interactions entre culture et tourisme, ou culture et industrie ?

  • Thème 2  Grands équipements culturels et fabrique de la ville dans les espaces industriels

Outre leur visée économique, les grands équipements culturels sont des instruments de requalification urbaine. La notion même de « projet culturel » et son efficacité pourront être interrogées : la culture peut-elle servir de base à un « projet de ville » dans les espaces industriels, à savoir porter un projet collectif permettant à ces territoires de se constituer une nouvelle identité locale tout en s’affirmant à l’international ? Les infrastructures culturelles entraînent-elles un déclin de l’identité ouvrière et industrielle de ces espaces ?

Outre l’image de la ville, c’est aussi la question de l’impact des musées sur les centralités et les espaces publics qui devra être posée. Comment les grands équipements culturels s’intègrent-ils à ces quartiers, à la fois du point de vue esthétique, morphologique et fonctionnel ? Comment ces quartiers sont-ils reliés au reste de la ville et appropriés par les habitants à travers leurs pratiques et leurs mobilités ?

Enfin, se pose également la question des impacts sociaux des grands équipements culturels. Si ces derniers créent de la centralité, ils peuvent aussi être à l’origine de nouvelles fractures et fragmentations urbaines. Quels sont les effets des musées et des grands équipements culturels sur la valorisation foncière et immobilière des quartiers environnants ? Ces derniers s’accompagnent-ils de processus de gentrification ou de  tri social ? La culture est-elle mise au service d’une stratégie de requalification des villes ouvrières en direction des classes moyennes supérieures ?

  • Thème 3 : Les grands équipements culturels, moteurs de la métropolisation ?

Enfin, les projets évoqués traduisent souvent une ambition métropolitaine, celle d’inscrire les villes, les agglomérations à une échelle au moins nationale, voire internationale et transfrontalière. Dans les régions industrielles d’urbanisation diffuse, polycentrique, la culture peut-elle servir de levier pour « faire métropole », à l’image des villes de la Ruhr, collectivement impliquées dans le projet d’axe culturel de la vallée de l’Emscher ? Les projets culturels peuvent-ils servir de moteur à la mise en place de régions urbaines plus intégrées susceptibles de peser dans la compétition métropolitaine globale ?

Les textes devront donc étudier les nouvelles relations qui, à travers les projets d’infrastructures culturelles, se tissent entre des villes voisines d’un même corridor industriel, et à plus petite échelle entre espaces industriels et grandes métropoles tertiaires. Le positionnement des grands équipements dans l’offre culturelle régionale et nationale, mais aussi les logiques d’acteurs et les collaborations régionales ou transfrontalières dans l’organisation des grands projets culturels sont autant de questions qui pourront être étudiées. 

Modalités de soumission

Les propositions, accompagnées d'un texte de présentation d'une page au maximum, doivent être soumises aux deux guest editors

bernard.reitel@univ-artois.fr et thopfirsch@hotmail.com

avec copie au co-directeur de Belgeo, Christian Vandermotten (cvdmotte@ulb.ac.be).

La date limite pour le dépôt des propositions est fin octobre 2013

et les manuscrits prêts à être soumis aux referees sont attendus pour fin avril 2014 au plus tard.

Évaluateurs de la revue et comité de rédaction.

 


Dates

  • mercredi 30 octobre 2013

Mots-clés

  • culture, études urbaines, géographie, industrie, reconversion, métropolisation

Contacts

  • THOMAS PFIRSCH
    courriel : thomas [dot] pfirsch [at] uphf [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • THOMAS PFIRSCH
    courriel : thomas [dot] pfirsch [at] uphf [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les grands équipements culturels dans les espaces industriels en reconversion : de la requalification urbaine aux projets métropolitains ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 16 juillet 2013, https://doi.org/10.58079/o0l

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search