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Languages and communication
Langages et communication
139th historical and scientific society
139e congrès des sociétés historiques et scientifiques
Published on Tuesday, September 03, 2013
Abstract
Le congrès des sociétés historiques et scientifiques se tient chaque année depuis 1861 dans une grande ville universitaire. Trait d’union entre la recherche académique et la recherche associative, cette manifestation scientifique, lieu de rencontre privilégié des membres de sociétés savantes, est largement ouverte aux enseignants, aux étudiants, aux élèves des grandes écoles et aux membres de centres de recherche. Elle permet également aux jeunes chercheurs de faire leurs premières communications sous la direction de personnalités scientifiques de premier plan.
Announcement
Présentation
Le choix du thème « Langages et communication » pour le 139e Congrès national des Sociétés scientifiques et historiques qui se tiendra à Nîmes en mai 2014 s’explique par cinq raisons principales.
- La première est la place prise par la communication dans les sociétés contemporaines et l’affirmation qui s’en est suivie d’un nouveau champ disciplinaire : les « sciences de la communication ».
- La seconde est la multiplication des questions que la communication pose à toutes les disciplines qui s’intéressent aux multiples passés de plus en plus lointains et aux diversités anciennes ou actuelles des sociétés humaines.
- La troisième est la nécessité qui s’impose à nous, pour répondre à ces questions, de mobiliser et faire interagir toutes les ressources, conceptualisations et connaissances des sciences sociales et humaines.
- La quatrième est l’ambition de replacer dans une perspective de plus longue durée les ruptures qui constituent aujourd’hui encore les scansions de référence de cette histoire des sociétés humaines. Soit, pour ne retenir que les six qui sont le plus souvent citées :
l’apparition de systèmes de signes, de symboles et de représentations figurées auxquels les pré- et protohistoriens attribuent valeur de messages dont certains au moins auraient une valeur performative, donc d’un premier système de communication (voir 1.1.),
-
- l’invention et la diffusion des écritures,
- les rencontres entre livre et religion,
- la préférence accordée aux différents supports (de la pierre au papier),
- l’imprimerie,
- et enfin la numérisation récente des textes, des images et des sons, censée, selon le discours le plus couramment répandu, ouvrir la voie à une société globalisée de l’information et de la connaissance.
- La cinquième raison est la volonté de proposer une relecture critique de cette mise en perspective pour tenir compte dans tous les cas des écarts et des décalages (géographiques, sociaux et culturels), des échecs, des retours en arrière, des phénomènes d’exclusion et de marginalisation, des lacunes, des habitudes prises par les différentes disciplines, mais aussi des silences de nos sources, en fait de tout ce que les documents que nous utilisons parce qu’ils nous sont parvenus n’ont pas pris le soin ou n’ont pas eu la possibilité d’enregistrer et de transmettre jusqu’à nous.
Tous les langages – et non les seules langues parlées et écrites – utilisés dans le passé comme aujourd’hui pour la communication à l’intérieur des sociétés humaines sont évidemment concernés.
Le texte qui suit est un appel destiné à tous pour inviter à proposer des communications s’inscrivant dans cette perspective. Préparé en concertation avec les différentes sections du CTHS, il constitue un cadre articulé, précisé parfois par des exemples, de thèmes qui ont été identifiés afin de structurer le programme du Congrès, organisé sur une semaine en sessions multiples. Ce cadre ne prétend pas à l’exhaustivité sur un sujet d’une telle ampleur. Les organisateurs sont prêts à accueillir des contributions qui s’en écarteraient et l’enrichiraient.
le comité scientifique est composé des rédacteurs de l'appel à communication + les présidents de sections du CTHS.
Thématiques
1. De l’oral à l’écrit : l’émergence, la codification, la généralisation et la concurrence des langues
1.1. Avant l’écriture : une histoire de dix ou cinquante millénaires
En amont, mais aussi en marge, des cinq millénaires de l’histoire de l’écriture, il nous faut mettre en cause l’histoire infiniment plus longue des multiples langues (utilisant et parfois associant la parole, le geste et l’image) que les sociétés humaines ont très tôt mises au point et codifiées pour organiser leur vie individuelle et collective, échanger (entre leurs membres et avec des puissances supérieures) des informations et des messages et agir sur le monde qui les entourait. Cette histoire met en cause aussi bien les premières sociétés de chasseurs-cueilleurs que celles des éleveurs et des premiers agriculteurs, dont l’apparition et l’expansion accompagnent la néolithisation, lente, progressive et inégalement répartie dans l’espace, des sociétés, et créatrice entre elles de nouvelles hiérarchies et de nouveaux écarts.
La contribution des préhistoriens, protohistoriens, linguistes, anthropologues des sociétés sans écriture, psychologues sociaux et autres sera essentielle pour nous permettre d’intégrer dans notre réflexion tout ce que leur a désormais livré (ou dont ils espèrent que leur livrera dans l’avenir) l’étude des images, des conceptualisations et des représentations en dehors de l’écriture, de la symbolique et de la gestuelle, de toutes les formes non verbales de communication et des rapports progressivement élaborés entre les sociétés humaines et leur environnement. Autant de réalités de très longue durée, dont beaucoup ont survécu tant que l’écriture a été réservée à une étroite classe de lettrés.
La section de Pré-Protohistoire propose ainsi, sous le titre « Signes et communication dans les civilisations de la parole », de mettre en évidence :
- « les traces de communication qui ont prolongé la parole et la mémoire dans la majorité de la population mondiale jusqu’à une date récente »,
- « la diversité des choix de chaque culture : représentation symbolique, réaliste ou idéalisée, thème isolé ou scène narrative »,
- ou encore « l’antériorité probable de l’usage de l’écrit pour la comptabilité sur la rédaction des épopées et du théâtre, dont la forme reste très attachée à la culture orale ».
Cette proposition s’accompagne de l’identification de six thèmes à traiter qui invitent au dialogue et à la comparaison tous les historiens de périodes plus récentes de l’histoire, époque contemporaine comprise :
- la difficulté de la communication entre ethnies différentes ;
- le corps et le costume comme messages ;
- les sépultures et la mise en scène des activités du mort au-delà du temps de la vie ;
- les décors et les signes, l’art et la culture ;
- la communication sonore ;
- la matérialisation de la communication.
1.2. L’apparition des écritures : une histoire de cinq millénaires
À partir de la fin du IVe millénaire avant notre ère, l’apparition, la codification, le perfectionnement et la diffusion de différents systèmes de transcription d’un certain nombre d’informations et de messages entraînent des changements importants et pour une large part irréversibles, mais eux aussi échelonnés dans le temps sur de longues périodes, des rapports entre langues et communication.
Ces systèmes de transcription, ou écritures, constituent autant de systèmes techniques, qui reposent sur des choix de départ entre différentes possibilités, ayant chacune leurs avantages et leurs inconvénients, leurs contraintes et leurs limites. Tous nécessitent un apprentissage plus ou moins long, qui en a fait d’abord des spécialisations professionnelles ou artisanales parmi d’autres, réservées à un nombre restreint de personnes. Ces choix ont longtemps servi de base à une typologie opposant les idéogrammes aux différentes formes de transcription des sons et phonèmes (syllabaires, alphabets sans ou avec notation des voyelles). C’est précisément ce « schéma évolutionniste », cette « vision simpliste » dont « il importe de sortir », car « non seulement elle repose sur une idée contestable de progrès mais ne répond pas à la réalité des faits », qu’il nous a été proposé de remettre en cause dans le cadre d’une approche d’autant plus stimulante qu’elle porte sur une très longue durée, allant des origines jusqu’aux innovations de nos SMS qui associent les signes et les transcriptions phonétiques plus ou moins codées à l’écriture alphabétique : « Entre communication par signes et communication par sons : les systèmes d’écritures des origines à aujourd’hui » (annexe 1).
Dans le même esprit, gagnera à être remise en cause une vision souvent admise qui attribue à ces systèmes techniques les vertus et les contraintes des « prisons de longue durée » selon Braudel ou de la « dépendance temporelle » (path dependence) selon Paul David. Nombreuses sont les langues qui ont changé de système d’écriture, nombreuses aussi les écritures d’une langue qui ont servi à transcrire d’autres langues disposant par ailleurs d’un autre système d’écriture : ainsi de l’écriture par des commerçants juifs de textes arabes en caractères hébreux, que l’on retrouve aussi bien dans certains des manuscrits de la Geniza du Caire que dans
l’Algérie du début du XXe siècle (voir aussi infra 9.2.2).
Bien rares sont également les langues qui, aujourd’hui (comme le turc depuis la réforme d’Atatürk), s’écrivent « comme elles se prononcent ».
Certaines se sont vu imposer à un moment de leur histoire un alphabet qui ne leur était pas adapté (ainsi l’anglais, ce qui n’a pas empêché celui-ci de devenir aujourd’hui la langue internationale de référence), et d’autres ont fait, accepté et maintenu jusqu’à aujourd’hui le choix d’une « orthographe archaïque, ne correspondant plus à l’état de la langue » (le français) – un choix que n’ont fait ni l’espagnol ni l’italien qui se réclament l’un et l’autre de la même double filiation par rapport au latin et, pour la terminologie savante, par rapport au grec.
Il reste que l’écriture a contribué aussi bien à transformer les langues qu’à les figer ou à en limiter les évolutions plus spontanées.
1.3. Les choix des langues de la communication écrite, à laquelle la communication orale est appelée à se référer
Ces choix ont concerné presque dès l’origine les domaines du politique, de l’administration et du droit, puis celui de la religion, mais ils ont gagné ensuite celui de l’économie (ainsi de la langue du commerce hier et de la finance aujourd’hui), puis, plus près de nous, ceux de la science et de la technique.
Il vaudra la peine de repérer les réussites plus ou moins durables comme les échecs et les formes de fossilisation (ainsi les langues anciennes, dites parfois « langues mortes », qui ont occupé une place variable dans nos systèmes éducatifs selon les époques et qui en conservent toujours une, même si les objectifs de leur apprentissage ont changé).
Quelques exemples parmi d’autres seront rappelés ici.
1.3.1. La langue du pouvoir
La langue des souverains et des dominants peut ne pas être celle de la majorité des sujets (l’Angleterre après la conquête normande).
L’utilisation d’une langue de pouvoir relève de raisons de prestige (ainsi la langue très ornée de l’Antiquité tardive ou celle de Frédéric II) mais aussi de contraintes administratives.
La langue des souverains, celle des administrateurs locaux et la langue d’usage des populations doivent cohabiter, avec des niveaux d’intercompréhension variés (voir aussi infra 1.6). On voit se dessiner, mais encore faiblement au Moyen Âge, l’idée d’une adéquation de la langue à un sentiment national naissant, dont une langue commune serait précisément l’une des bases d’une conscience partagée d’appartenance.
1.3.2. Le rapport entre langue de communication et langue du culte
Le rapport entre langue de communication et langue du culte est un thème partagé par toutes les religions monothéistes : latin, hébreu, arabe, français (pour les protestants de langue occitane de jadis), grec, arménien.
Quel est le degré de compréhension et de mémorisation par les fidèles de ces langues qu’ils ne parlent pas, mais qu’ils peuvent savoir lire et prononcer selon les règles dans le cadre du lieu de culte ou du culte domestique ? On rappellera l’alternance de l’hébreu et de l’araméen dans le culte juif contemporain et, dans le culte musulman, les prêches en arabe dialectal qui correspondent à une volonté politique. Le poids croissant de « l’islam périphérique » (Afrique sub-saharienne et Asie du Centre, du Sud et du Sud-Est), désormais majoritaire par rapport à l’islam des pays de langue arabe, pose un problème d’une importance fondamentale dans un monde musulman pour lequel la langue du Coran est celle de la Révélation faite au Prophète, alors que l’expansion du christianisme a fait très tôt le choix du latin et du grec, les deux langues officielles de l’Empire romain, aux dépens de l’araméen – qui significativement s’est maintenu, par le syriaque, en dehors du territoire de l’Empire.
L’existence de langues sacrées, perpétuées dans un usage religieux par les religions du livre alors qu’elles ont évolué dans leurs autres emplois, est constante : l’hébreu biblique (distinct de la langue des commentaires), l’arabe coranique, le grec et le latin de la liturgie reposent sur une tradition intouchable. Au Moyen Âge, la maîtrise d’une langue référentielle peut déterminer le statut d’un individu : en Occident (la cléricature) comme en Orient (rabbins, imams).
1.3.3. La ou les langues « internationales » de communication
Dès la plus haute Antiquité, la communication « internationale » a supposé une langue reconnue par les parties en présence, qui n’est pas forcément la langue d’une puissance dominante. Cette langue diffère selon les époques. Aux XIVe-XIIIe siècles avant J.-C., c’est l’akkadien de Babylone qui est utilisé entre l’Égypte, l’Empire hittite, Chypre, les royaumes du Levant, le Mittani ; du VIIe au IVe siècle avant J.-C., tout l’Orient écrit en araméen avant que le grec ne s’impose après la conquête d’Alexandre. On pourra penser de même au rôle du latin dans l’Europe médiévale et moderne, à celui du français au XVIIIe siècle et de l’anglais de nos jours.
Le problème du plurilinguisme s’est souvent posé dans les échanges internationaux.
Un exemple parmi d’autres : lors des contacts politiques de Rome avec les États grecs au IIe siècle avant J.-C. les magistrats représentant le pouvoir romain, hommes de culture et bilingues par éducation, s’exprimaient systématiquement en latin dans la communication officielle (devant un auditoire qui ne les comprenait pas et avait besoin de traducteurs), réservant l’étalage de leur capacité à parler grec aux rencontres privées, à l’occasion de banquets par exemple.
Les voyageurs, les ambassadeurs, les marchands ou les missionnaires ont eu recours à des interprètes, mais ils ont appris aussi des langues étrangères. On a toujours admiré la capacité de communication offerte par la maîtrise de plusieurs langues.
Une lingua franca (définie par Jocelyne Dakhlia comme une langue métisse) a favorisé les échanges en Méditerranée pendant près de trois siècles. Cet objet composite fait d’un mélange de mots italiens, espagnols, portugais, français et arabes a été un trait d’union entre Orient et Europe.
1.4. Les situations d’expansion et d’impérialisme de certaines langues
L’exemple le plus classique est celui des langues européennes dans le cadre de la colonisation d’une large partie du monde (Afrique, Inde et Asie du sud et du sud-est, Amérique latine), mais dont la formation des États nationaux imposée par la décolonisation représente le prolongement toujours actuel, ouvrant la voie à deux solutions opposées en apparence mais susceptibles de coexister dans les faits ou officiellement (ainsi dans le cas de Malte) :
- le maintien de la langue du colonisateur comme celle des États et des administrations, des élites, mais aussi des différentes générations de migrants ;
- ou, au contraire, la promotion plus ou moins forcée, par l’éducation, d’une langue locale comme langue nationale, souvent au détriment d’autres langues locales.
Impériales ou nationales, ces langues ont pu y éliminer parfois presque totalement (d’où le phénomène actuel massif des langues totalement disparues ou en danger, menacées de disparition faute de locuteurs), mais plus souvent marginaliser ou reléguer en situation d’infériorité, les langues locales, définies comme vernaculaires, dont la récupération et la promotion peuvent apparaître aujourd’hui aux gouvernements de pays devenus indépendants comme des priorités ou même des conditions indispensables du développement (voir aussi infra 7.5). L’une des conséquences en a été la multiplication récente des situations de «diglossie».
1.5. Communiquer en situation de « diglossie »
Communiquer en situation de « diglossie » devrait être un thème porteur à Nîmes en 2014, année où sera célébré le centenaire de la mort de Frédéric Mistral.
« Le Languedoc, nous rappelle-t-on, s’est trouvé du Moyen Âge à l’époque contemporaine en situation de diglossie, c’est-à-dire de coexistence et de contact de deux langues de statuts sociaux et culturels inégaux » : l’occitan (langue d’oc) et le français (langue d’oil), dont la « maîtrise pouvait être un élément de l’ascension sociale ».
- Ce qui permet de définir, à partir de cet exemple, un questionnaire de recherche qui pourrait avoir une valeur plus générale :
- comment déceler le bilinguisme sur traces et indices par delà l’emploi général du français dans les archives anciennes ? Quel rôle effectif ont joué les intermédiaires culturels (notaires, greffiers, prêtres) ? Quel usage a-t-on fait des dictionnaires bilingues ?
- Comment faire passer un message aux illettrés, supposés enfermés dans leur langue vernaculaire ? Si le vernaculaire a été souvent la langue de la prédication, de la confession, du catéchisme, du cantique, il a permis aussi la diffusion orale mais à l’occasion écrite d’idées, de mots d’ordre, de programmes électoraux, pendant la Révolution et après elle.
- Des échecs et des refus de la communication témoignent aussi bien la déception de Jefferson lors de son voyage en France de n’avoir pas pu se faire comprendre dans le Sud du « peuple » qui ne parle pas français que, plus près de nous, ces habitués des cafés qui passent au vernaculaire dès qu’un « étranger » s’installe à une table voisine.
- « Le procès du vernaculaire » est illustré par la condamnation et la lutte des dirigeants, des enseignants, des élites contre les langues régionales d’un côté, les « dialectes » de l’autre.
- Pour quels lecteurs faire le choix de la langue régionale ? La plupart des auteurs de langue d’oc et du mouvement du félibrige, fait-on observer, ont publié leurs ouvrages en édition bilingue, avec traduction en regard et notes explicatives en français.
La « diglossie » à l’intérieur d’une même langue est attestée aussi : elle est illustrée notamment par le couple arabe classique / arabe dialectal ou, dans le grec moderne, par le fait que se côtoient une langue savante et une langue populaire ; le grec ancien a connu la diffusion de la koinè, langue véhiculaire, et celle du grec littéraire à côté des dialectes grecs – nous y reviendrons à propos de la communication littéraire (voir infra 4.1).
1.6. Les niveaux de maîtrise et d’usage de la langue
1.6.1. Une réflexion sur l’articulation entre les usages locaux de la langue et la langue des usages locaux, dans la perspective des relations centre / périphérie, constitue un point commun à deux entreprises éditoriales de la Section Histoire du monde moderne du CTHS : les mémoires des intendants et les registres des sociétés populaires. Si l’on insiste sur les aspects politiques, donc conflictuels de ces enregistrements, la question peut relever également de la contre-communication (voir infra 2.5).
1.6.2. La langue parlée par les paysans à diverses époques peut être reconstituée en partie par la littérature (Rabelais, Molière, Maupassant…).
1.6.3. La langue française des banlieues et des rappeurs, par son lexique, sa syntaxe et sa phonétique, s’inscrit dans la lignée du verlan et des argots.
1.6.4. Parler la même langue malgré la diversité des accents
Le français connaît une variété d’accents régionaux qui ne respectent pas la prononciation homologuée des sociétaires de la Comédie Française.
L’anglais a été longtemps marqué (et le reste encore) par un fort contraste entre l’accent des personnes éduquées et celui des gens du peuple (My Fair Lady).
2. Les formes et les ritualisations de la communication dans les « sociétés à alphabétisation restreinte »
Reprise ici de la classification proposée par Jack Goody, l’expression d’ « alphabétisation restreinte » permet de regrouper sous un même titre l’essentiel de ces cinq derniers millénaires, qui ont été le champ privilégié de l’histoire, et s’oppose à l’alphabétisation généralisée qui a marqué les deux derniers siècles et constitue en fait une période de transition, très loin encore d’être achevée. Pendant toute cette période, la lecture et l’écriture restent des savoirs partagés par une minorité (dont le pourcentage varie selon les époques et les sociétés) qui les utilise surtout pour conserver et transmettre les informations, la communication proprement dite passant par d’autres voies dès qu’elle veut toucher la majorité des populations. D’où la place faite par celle-ci à l’oral, à propos duquel on notera que le développement des techniques d’enregistrement, de reproduction et de transmission à distance du son, associé ensuite à l’image, a coïncidé dans le temps, au cours du dernier siècle, avec la généralisation de l’alphabétisation assurée par la scolarisation.
Mais la même expression d’ « alphabétisation restreinte », par sa généralité même, recouvre une extrême diversité de situations dont le classement et la comparaison s’imposent et qui permettent de renouveler une gamme très large de questions en identifiant à la fois des continuités, des évolutions et des ruptures.
2.1. Professionnels de l’écrit et professionnels de la communication
Les quatre figures du scribe, de l’orateur, du poète et de l’artiste représentent, dans un contexte où domine l’oral, les premiers acteurs de la communication et quatre rapports différents à la parole. Le scribe ne parle pas, mais enregistre l’information, qu’il pourra lire à sa demande à celui qui l’emploie et qui, longtemps, ne sait lui-même pas lire. L’orateur est celui qui parle en public dans des lieux consacrés – la place publique (agora ou forum), la basilique ou l’église, la salle d’audience, l’assemblée. Le poète récite ou chante une parole mise en forme pour séduire plus que convaincre, pour être aussi mémorisée et donc répétée comme telle par ceux qui l’écoutent. L’artiste (peintre, musicien, sculpteur, danseur) maîtrise au contraire tous les langages autres que la parole, qu’il s’emploie à charger de sens qui échappent à celle-ci et qui relèvent souvent de l’indicible.
La fonction sociale de communication a multiplié le nombre de ses professionnels : le griot de l’Afrique subsaharienne, conteur public passeur de mémoire ; l’interprète, intermédiaire obligé entre interlocuteurs de langue différente. Le crieur public, le « speaker » et la « speakerine » de la radio, le présentateur du journal télévisé diffusent plutôt des informations.
Une étude a été menée récemment sur les « maîtres de voix » dans le monde grec ancien, vrais orthophonistes avant la lettre…
2.2. Les formes matérielles de l’écrit donné à lire : du message affiché à l’imprimerie
Ces formes matérielles doivent être traitées dans leurs différentes dimensions, sociale, politique, culturelle et symbolique : outre leurs formes et leurs matériaux, les lieux d’affichage, le cadre officiel ou semi-officiel de la publication, le formulaire. Toutes visent à souligner et rendre tangible le fait que, même entendue par tous, la parole ne saurait suffire, et qu’elle a besoin, pour durer et s’imposer à tous, du secours de l’écrit qui, même lu, compris et mémorisé par une petite minorité, reste investi d’un statut supérieur, lié précisément à sa durée.
Scripta manent, même s’ils sont loin de tous résister, et de la même façon, à l’usure du temps. Le bois, la pierre, le papyrus, le papier, la bande magnétique, etc. : autant de supports différents qui ont eu la préférence des diverses époques et civilisations.
En Égypte ont été retrouvés en masse par les archéologues dans des dépotoirs d’époque romaine des tessons de poterie (ostraca) utilisés comme supports de l’écrit au quotidien.
Ce statut reconnu à l’écrit invite aussi à en interroger les évolutions, les emprunts et les contaminations : pour le monde romain, on observe une osmose entre des pratiques différentes comme, par exemple, les contrats d’hospitalité et les contrats de patronat et aussi entre les pratiques romaines et les usages préromains. Les transferts culturels ont concerné également le domaine de la communication, notamment ses formes et ses lieux.
L’écriture exposée des inscriptions mobilise au premier chef l’attention des spécialistes des mondes anciens, mais il ne faut pas en oublier la redécouverte, les utilisations et les réappropriations ultérieures, dès les derniers siècles du Moyen Âge, et de façon plus systématique encore à partir de la Renaissance, où elle permet à ceux qui y recourent de retrouver et afficher le « goût de l’Antique ». Les travaux d’Armando Petrucci sur l’Italie en proposent une analyse et une illustration désormais classiques.
Cette matérialité peut aussi adopter des formes d’accompagnement, secondaires, mais nécessaires, telles la gestuelle ou l’oralité accompagnant l’écrit : c’est le cas, dans le monde romain, de la recitatio (lecture publique devant un public choisi).
La liturgie chrétienne était-elle traduite – comme les sermons – ou bien la gestuelle suffisait-elle ?
L’imprimerie a élaboré ses propres images avec les caractères d’imprimerie et les symboles, et ses codes : la ligne, les paragraphes en retrait (alors que, dans les textes officiels romains gravés dans le bronze, les paragraphes étaient signalés par un report dans la marge – que permet aussi aujourd’hui la saisie sur ordinateur), la note infrapaginale. « Les lettres sont le support de la communication par le mot – verbe écrit – mais elles sont en elles-mêmes un langage graphique et esthétique… » (R. Peignot).
L’imprimerie n’a pas été seulement un moyen de diffusion et de communication de la pensée et des connaissances sur l’univers par le biais de textes mais aussi par l’illustration : la Bible, la cosmographie de Ptolémée, les Encyclopédies, etc.
Tout un monde a collaboré à cette création : les éditeurs, les imprimeurs, les graveurs, les fondeurs, les papetiers, les illustrateurs, les photographes, les libraires, etc.
2.3. L’écriture et l’image
Si opposées en apparence, si différentes dans leur principe même et par leurs codes de référence, l’écriture et l’image sont si souvent associées, selon des modalités différentes, qu’il faut nous interroger sur leurs complémentarités, sur les formes de leur coexistence et sur ce qu’elles s’apportent l’une à l’autre sans renoncer à la spécificité de leurs propres codes. L’image accompagne l’écrit, qu’elle développe ou illustre, et l’écrit accompagne l’image, qu’il explicite et dont il résume et prolonge le sens, de façon tantôt claire, tantôt énigmatique : « Ceci n’est pas une pipe » (R. Magritte, 1928) fait écho, sur le mode de l’évidence provocatrice, au mystérieux « Et in Arcadia ego » (N. Poussin, vers 1640).
Cette observation rejoint la proposition de « réfléchir sur la place de l’écrit à l’intérieur des images, mais non seulement en tant qu’élément accessoire (ou au contraire, pour les éléments épigraphiques figurés, comme élément principal accompagné par une image) », en insistant « sur les cas de « frottement » entre les deux types de communication » ; il faudrait donc examiner :
- ce que le texte apporte à l’image (force, précisions, contradictions ?),
- à qui s’adresse l’écrit dans l’image ; et la « valeur d’autorité de l’écriture »,
- la différence de la fonction du texte par rapport à l’image (invocation, protection),
- le problème que pose la lecture du texte par rapport à la lecture de l’image (sens ; globalité vs linéarité).
L’écrit peut servir lui-même d’image et relever d’un code de décoration : ainsi de la langue arabe (par exemple, à Samarkande, en milieu non arabophone, les céramiques vernissées bleues des mosquées et des mausolées sont ornées de cartouches aux noms d’Allah et du prophète ainsi que de sourates du Coran encadrant les portes).
La fascination de l’image, répondant à la demande de nouveaux publics, n’a pas tardé à inciter éditeurs et artistes à utiliser des techniques de plus en plus raffinées dérivées de l’imprimerie (la gravure sur bois et sur cuivre, notamment) pour reproduire à de nombreux exemplaires, non seulement des dessins et des plans, des paysages, des sculptures et des architectures, mais aussi des copies de leurs tableaux, afin d’en assurer une diffusion infiniment plus large comme substituts de l’original et asseoir leur réputation locale et internationale.
L’Église catholique a de son côté, comme l’a montré l’historien de l’art Gérard Labrot pour le XVIIe siècle, massivement utilisé les images pieuses, dont le succès s’est maintenu jusqu’à une époque toute récente, pour faire passer jusque dans les campagnes les plus reculées le message post-tridentin porté – oralement cette fois – par ses prédicateurs et missionnaires.
L’exemple de la cartographie montre que les perfectionnements successifs de cette technique de représentation de l’espace – depuis les Itinéraires de l’Antiquité – lui ont permis de devenir un véritable langage normalisé, avec ses signes conventionnels, ses conventions éditoriales, l’usage codifié de la couleur, puis de produire des cartes thématiques donnant à voir, en développant une « sémiologie graphique » (Jacques Bertin) de plus en plus complexe, les distributions spatiales des phénomènes étudiés par le chercheur.
La caricature a su jouer elle aussi, du XIXe siècle à nos jours, de l’imbrication du texte et de l’image.
2.4. La codification des arts de la communication et leur impact sur la vie sociale
2.4.1. Une place importante doit être réservée à l’art de la persuasion.
La rhétorique, qui occupe une place centrale dans l’éducation et dans la vie sociale des Grecs comme des Romains, a été adaptée par l’Église à ses propres besoins avec la pratique du sermon. Elle retrouve au XVIIe siècle et conserve au XIXe un rôle social évident, qu’elle est loin d’avoir perdu aujourd’hui, comme nous l’a montré l’épisode final de la dernière campagne présidentielle. Mais cette continuité apparente ne doit pas nous faire oublier la capacité d’adaptation de la rhétorique à des changements de contexte, en particulier ceux qui concernent les lieux, les publics et les techniques de communication : les « causeries au coin du feu » de Roosevelt ou de Mendès France nous rappellent que l’art de la persuasion peut aussi jouer sur le ton de la confidence.
Mais l’art de la persuasion ne représente que l’un des aspects – le plus évident et officiel – des codes de communication.
2.4.2. Une session sur la communication de crise pourrait être consacrée aux périodes de crise, comme celle de la Révolution française, après deux siècles de strict encadrement de la parole publique par la police de la monarchie. Ces périodes « voient émerger des types de discours radicalisé ».
« La virulence des propos, la déformation des traits, l’outrance de la charge se donnent libre cours, en utilisant des vecteurs très diversifiés : presse et caricature ; insultes et injures dans l’espace public ; le cri, l’apostrophe, le slogan, comme expressions de défi politique ; chansons ».
Mais, si « ce sont les frontières entre les codes de langage qui s’estompent, cela ne veut pas dire que ces vecteurs d’expression n’existaient pas, ou étaient confinés à la clandestinité sous l’Ancien Régime. L’une des pistes proposées aux chercheurs sera justement d’en apprécier les permanences et les transformations ».
Le discours est un observatoire privilégié pour la modulation de divers registres ; l’échange oratoire commencé sur un ton paisible, qui s’accompagne soudain d’un coup de sang propice à tous les dérapages verbaux, voire physiques. À l’inverse, comment l’orateur peut-il se maîtriser au moment où il devient justement lui-même la cible de violentes attaques verbales ? Il faut savoir pratiquer un art de la retenue, afin d’éviter que les propos excessifs ne portent à devenir soi-même la cible des attaques.
Mais d’autres moments historiques que celui de la Révolution se prêtent eux aussi à une telle étude : l’époque de la Fronde, par exemple.
2.4.3. On rapprochera de cette proposition le thème « Argumenter en guerre : discours de guerre, discours sur la guerre, discours dans la guerre, de l’Antiquité à nos jours », qui ouvre lui aussi des pistes de réflexion particulièrement prometteuses (annexe 2).
Elle part de l’observation que « la guerre est aujourd’hui pensée non seulement comme un phénomène de violence mais comme un acte de socialisation, d’échanges culturels et de dialogue » et que, « parmi les diverses formes de communication qui s’expriment autour de la guerre, l’argumentation – « considérée comme l’art de présenter et de disposer les arguments pour soutenir et contester une thèse, de modifier les représentations de l’auditoire afin de le convaincre, voire de le pousser à l’action – joue un rôle essentiel ».
L’argumentation accompagne les conflits tout au long de leur déroulement (le style du communiqué de guerre, le bourrage de crâne, etc.) et ne cesse pas avec eux. Même achevées, les guerres continuent d’être l’enjeu de débats mémoriels.
Cette proposition définit un programme d’enquête détaillé qui mettrait en cause non seulement « les enjeux et la temporalité de ces argumentations », mais aussi « leurs acteurs multiples », allant « des dirigeants aux groupes citoyens en passant par les instances religieuses et les militaires eux-mêmes » ; on y ajoutera les journalistes bien souvent « embedded » aujourd’hui dans les armées.
2.5. Contestation et contre-communication
La communication politique suscite d’un côté la censure, de l’autre, toutes les formes de la contestation et de la contre-communication orale et écrite (graffitis, chansons, blagues et autres chistes – en espagnol – ou barzelette – en italien –).
Même dans des sociétés fortement hiérarchisées ou monarchiques, qui ne font aucune place à la critique ou à l’opposition et dont nous connaissons surtout les messages que les autorités ont voulu transmettre au reste de la population, la communication n’a jamais fonctionné totalement à sens unique. Des voix (par des discours, des cris, des chansons), des écrits (on trouve dès l’Antiquité des pamphlets, comme les pasquinades de la Rome du XVIe siècle, dont nous parle Jean Delumeau, ou les libelles analysés par Christian Jouhaud pour la France du XVIIe siècle) ou encore de simples graffitis et, de nos jours, des tags sont apparus pour remettre en cause la prétention du pouvoir au monopole de la communication, quitte à retourner, par la satire et la dérision, pour en inverser le sens, les messages et les techniques de communication de ce pouvoir.
Mais certains graffitis autres que contestataires entrent eux aussi dans le registre de la communication car ils sont souvent destinés à des lecteurs [si l’on met à part les exercices d’écriture, alphabets, séries de chiffres, fragments de vers, etc.]. D’ordinaire on n’écrit pas un graffiti qui ne ferait sens que pour soi-même, et certains graffitis invitent même explicitement au dialogue (Lacan : parler à la cantonade). La solitude apparente renvoie à une situation de connivence recherchée.
L’image se prête elle aussi à la contre-communication.
L’iconoclasme, la caricature politique, le calembour visuel, autant de formes possibles de la contestation.
2.6. Le geste et la parole. La communication non verbale
2.6.1. La communication non verbale est très étudiée aujourd’hui par tout un secteur de la psychologie sociale qui s’emploie à cerner les formes de l’association du geste, volontaire ou non, à la parole.
Parmi celles-ci on pensera en particulier :
- aux gestuels ritualisés ou convenus des cérémonies politiques et religieuses, des fêtes et des jeux du cirque ;
- au commerce muet, où les partenaires ne se rencontrent jamais mais se contentent de laisser des signes ;
- au mime, qui a imposé et maintenu, de l’Antiquité à nos jours, sa place au théâtre avant d’y renoncer au cinéma avec le passage du muet au parlant ;
- ou encore au rôle du silence, qui est analysé aujourd’hui par les anthropologues et les sociologues aussi bien pour les sociétés secrètes et les associations criminelles que pour certaines sociétés paysannes, où il constitue une défense contre les usages de la parole par les « dominants ». Le degré zéro de la communication n’est-il pas un « silence assourdissant » ?
2.6.2. Le langage du corps. Sa forme la plus aboutie est la danse, langage très codifié d’expression corporelle.
Mais le langage du corps peut déboucher aussi sur la transe. Il a été évoqué notamment à propos de la Guerre des Camisards (1702-1704) ; le prophétisme biblique s’est accompagné alors de scènes de possession physique et de transes.
2.6.3. Parmi les thèmes transversaux qui associent le geste à la parole nous devons inclure l’insulte et l’injure que pratiquaient déjà les héros homériques et qui intéressent aujourd’hui les linguistes mais aussi toutes les formes du défi qui associent le geste et la parole (sans oublier le haka maori…). Un colloque sur le thème « Paroles menaçantes, gestes infamants et mots interdits », centré sur l’insulte dans le monde grec archaïque et classique, s’est tenu en mars 2012 à Paris. Il pourrait servir de point de départ à une réflexion de plus longue durée, portant sur d’autres époques et sur d’autres sociétés.
2.6.4. L’usage des symboles – que ce soit le bonnet phrygien, le drapeau, les différentes formes de croix, latine ou grecque, gammée ou autre – méritera une session à part entière car il faut suivre à la fois les origines et le devenir des symboles et leur réappropriation par des sociétés différentes de celles qui les ont mises en circulation (les faisceaux et les aigles de Rome par le fascisme italien par exemple).
Les signes monétaires (monnaies et billets), les timbres-poste, qui associent des légendes à des images, relèvent eux aussi d’une approche symbolique. Ils sont révélateurs des traits culturels et identitaires d’un pays, et du travail de construction dont ceux-ci font eux-mêmes en permanence l’objet.
Les blasons et les armoiries, à l’origine d’une discipline propre, l’héraldique, jouent des symboles aux limites du langage crypté (voir infra 8.3.2) accessible aux seuls initiés.
2.7. Les codes de communication : couleurs, odeurs, musique, bruits, gestes, signaux à distance
D’autres « langages » occupent une telle place dans les rituels et dans les comportements individuels et collectifs qu’ils ont été investis de significations symboliques. Celles-ci sont variables selon les sociétés, tantôt accessibles à tous, tantôt seulement à des élites, seules capables de les « décrypter » :
- les couleurs (la pourpre, le blanc, le noir, le rouge…), étudiées notamment par Michel Pastoureau,
- les odeurs (viandes rôties du sacrifice, encens, jonchées de pétales de roses…),
- la musique (dont François Mauriac avait écrit qu’il était vis-à-vis d’elle dans la situation d’un enfant, capable de l’entendre et de la comprendre jusqu’à un certain point, mais non de la lire ni de l’écrire),
- les bruits (la « bronca » de la corrida), etc.
Mais les gestes relèvent eux aussi d’une codification : l’index dressé fait autorité, le majeur dressé fait obscénité ; le pouce dressé ne fait obscénité que s’il est glissé entre les autres doigts. Or, les gestes d’injure ou de malédiction appellent des contre-gestes en réponse.
Les codes de communication entre les navires par le jeu de pavillons ne sont qu’un exemple de signaux à distance parmi d’autres. Le message transmis par la couleur de la voile, blanche ou noire, a été accueilli par la littérature (Tristan et Yseut). Les Romains savaient communiquer eux aussi à distance sur terre. Mais l’exemple du télégraphe de Chappe (1794) puis celui de l’alphabet Morse (1832), toujours en usage, témoignent des efforts faits pour codifier entièrement le langage lui-même pour pouvoir le transmettre à distance (voir aussi infra 6.1).
2.8. Le rituel des cérémonies
Ce rituel met en œuvre toutes les techniques – usage des images et des symboles, recours à des codes – évoquées précédemment.
2.8.1. On pense aussitôt aux cérémonies dont la mise en scène est conçue pour donner une certaine image et du pouvoir et de son détenteur, lisible et même immédiatement compréhensible comme telle par les spectateurs. Des études ont été consacrées par exemple dans cette perspective aux « entrées » des souverains ou de leurs représentants dans les villes appartenant à leur royaume ou leur empire, qu’ils venaient de conquérir ou de libérer. De l’entrée d’Alexandre le Grand dans Babylone à celle de Charles de Gaulle dans Paris à la Libération, les exemples sont légion. On se souviendra aussi du film classique La kermesse héroïque de Jacques Feyder qui abordait le même thème.
Les codes vestimentaires font partie intégrante de ces rituels.
2.8.2. Mais on pense aussi à des formes particulières de cérémonies de l’information qui sont appuyées sur des discours et qui se déclinent en des lieux divers : les assemblées, les camps militaires, les espaces publics et les monuments destinés aux commémorations... Des musiques appropriées (hymnes nationaux, marches militaires, morceaux propres aux cérémonies funèbres, etc.) leur sont souvent associées.
2.8.3. Les lieux de la communication constituent aussi un sujet en soi.
On pense surtout aux lieux de la parole publique, de l’affirmation de l’autorité et de sa contestation.
Mais les lieux ne sont pas tous spécialisés dans un seul type de communication. Ainsi la parole des prêtres en chaire ne se limite pas à la parole attendue du sermon. Pendant des siècles le clergé breton et le clergé basque ont joué un rôle certain pour le maintien des langues et des cultures régionales.
On se soucie aujourd’hui de l’importance de la parole des imams dans les mosquées.
3. La langue et les langues, monolinguisme et plurilinguisme
3.1. Les contacts et conflits linguistiques
Les formes multiples et toujours actuelles (grec moderne, mais aussi déjà grec ancien, arabe, ou encore les « argots ») de la « diglossie », telles qu’elles ont été évoquées plus haut au point 1.5, ne couvrent pas la totalité du champ des questionnements liés aux contacts linguistiques.
Des interventions sur les notions de conflits linguistiques, de changements linguistiques, de substitution linguistique (avec la dédialectisation accélérée actuelle), de frontières linguistiques, etc., sont donc les bienvenues.
La lutte d’une langue « nationale » contre les langues régionales (occitan, breton, basque, créole, etc.) est parfaitement illustrée par l’exemple de la France.
Des formes de restitution des langues ne sont pas exclues ; à Taiwan, le gouvernement a instauré récemment un programme de réhabilitation de la culture des autochtones incluant l’apprentissage des « langues formosanes » à l’école.
3.2. Les créations linguistiques
3.2.1. Des langues particulières ont été inventées pour pallier l’absence d’un sens, l’ouïe ou la vision :
- la langue des signes pour les sourds,
- la langue tactile pour les aveugles.
3.2.2. Le rêve d’une langue universelle, qui nous ramène à l’oral et à l’écrit, a suscité diverses créations linguistiques.
Notre attention a été attirée sur la pauvreté syntaxique et lexicale de la plus connue, l’esperanto : à rapprocher de celle de la « lingua franca » en Méditerranée, qui a fait l’objet de plusieurs études récentes (voir supra 1.3).
Certains langages rencontrent aujourd’hui un écho universel, dont semblent témoigner de nos jours quelques produits culturels qui s’adressent en particulier à des publics jeunes (comme les mangas d’origine japonaise ou le cinéma d’origine américaine).
3.2.3. Certains romanciers ont pris plaisir à écrire dans une langue comportant de nombreuses innovations lexicales de leur cru (Frédéric Dard) ou inspirées d’un dialecte local (Andrea Camilleri) (voir infra 4.1).
3.2.4. Exemple d'une langue fictive
On peut évoquer le cas de George Psalmanazar, qui se présenta comme un habitant de l’île de Formose, le premier à être venu en Europe, et publia à Londres en 1704 une Description de l’île de Formose, où il décrivait une langue, le formosan, avec son écriture et sa grammaire, qu’il avait inventée. Son ouvrage fut largement diffusé et fit longtemps autorité en Angleterre et dans l’Allemagne protestante, malgré les critiques des jésuites qui avaient reconnu la supercherie mais qu’on refusa de croire.
3.3. Langues savantes, langues spécialisées de la science et de la technique, langues naturelles
3.3.1. Comment communiquer avec ses pairs ou avec le grand public ?
La communication scientifique a ses lieux (académies, sociétés savantes, congrès et colloques), ses revues destinées aux spécialistes ou au grand public (de Nature à Sciences et Vie), ses pratiques (la correspondance, le courrier électronique).
3.3.2. La désaffection des jeunes pour les enseignements scientifiques et la défiance du grand public pour les résultats de la science
Ils constitueraient, selon certains, deux défis à relever.
La réputation de difficulté des études scientifiques et les rémunérations salariales des métiers scientifiques, bien inférieures à celles des métiers de la banque, du commerce et du droit, concourent à leur défaut d’attractivité.
Les médias, de leur côté, ne diffusent quasiment plus que des nouvelles scientifiques négatives, en s’appuyant sur des exemples douloureux de notre passé récent : scandales de l’amiante, des transfusions sanguines, maladie dite de la vache folle, etc.
Certaines agences scientifiques contribuent à leur manière à cette atmosphère de défiance en diffusant des découvertes scientifiques pour le moins prématurées : mémoire de l’eau, fusion froide, les résultats prétendument extraordinaires obtenus au cours de l’exploration de la planète Mars par la navette Curiosity, mollement démentis par les promoteurs de cet épisode exploratoire…
Comment provoquer à nouveau l’enthousiasme et la confiance pour les activités scientifiques en utilisant toutes les ressources du levier constitué par les techniques de communication
3.3.3. L’argumentaire, la valorisation et les enjeux de la communication spécifiquement technique
Comment cette communication s’est-elle adaptée lors de l’arrivée de nouveaux supports ou de nouveaux médias ? A contrario, existe-t-il des formes de supports non exploités qui seraient des ressources disponibles pour transmettre l’information technique ?
Distinguer ce qui relève d’une communication externe de ce qui est de l’ordre d’une politique interne, visant à diffuser et faire partager une nouvelle vision productive en direction des ateliers, des services ou d’une catégorie professionnelle.
Quels sont les acteurs qui produisent des éléments de communication en faveur (ou en défaveur) d’une technique ou d’une technologie ? Des temporalités ou des événements particuliers dynamisent-ils ces formes de communication ?
3.3.4. Parmi les langages scientifiques, celui de l’archéologie est relativement récent. Les mutations profondes des études préhistoriques notamment (mais elles n’en ont pas le monopole) les ont confrontées avec la nécessité de mettre en œuvre de nouveaux instruments de description des faits archéologiques et d’analyse des données, et, par suite, de redéfinir leurs modes d’expression, en particulier leur vocabulaire.
3.4. La traduction, sa nécessité, ses ambiguïtés et ses pièges
Les traductions qui permettent les transferts de savoir et de culture d’un domaine linguistique à un autre offrent un très vaste domaine d’enquête. La transmission des textes d’une aire culturelle à une autre concerne non seulement les textes religieux ou littéraires mais aussi les textes à caractère scientifique et technique : du grec lorsque le bilinguisme latin-grec disparaît, de l’hébreu et du grec lors de la christianisation de l’Empire tardif, de l’arabe à Tolède et en Sicile, du grec en Sicile, des langues du savoir vers les langues vernaculaires.
On pense notamment à la transmission des savoirs antiques à l’Occident médiéval mais beaucoup reste à faire pour des périodes plus récentes, en particulier pour le XIXe siècle.
3.5. La circulation des mots d’une langue à l’autre et leur appropriation
Cette circulation et cette appropriation méritent d’être étudiées dans la plupart des langues à diverses époques.
Le grec byzantin est truffé de mots latins, empruntés au vocabulaire spécifique des institutions et de l’administration mais aussi à celui des réalités concrètes de la vie courante.
On identifie de l’hébreu dans le Coran, du grec et du latin dans le Talmud.
La langue russe a beaucoup emprunté au français ; les arabes dialectaux d’Afrique du Nord sont émaillés de mots français et le français contemporain de mots anglais (franglais).
3.6. L’avantage du plurilinguisme
Dans un même lieu, l’avantage revient à qui maîtrise la communication avec autrui : notamment à qui peut donner des explications ou des ordres qui soient compris.
Un clivage se produit également entre celui qui maîtrise seulement la forme orale du langage et celui qui en maîtrise l'écriture dans toutes les sociétés où l’écrit est reconnu comme un moyen de communication supérieur à la parole.
4. Le langage des lettres et des arts
4.1. La communication littéraire, de l’oral à l’écrit, et de la lecture à haute voix à la lecture silencieuse
4.1.1. Les langues littéraires font perdurer longtemps le prestige d’un idiome de culture, notamment dans la poésie
- Le latin classique et ses formes poétiques ont été imités pieusement jusqu’à l’époque moderne.
- Les emplois littéraires de langues contemporaines (ainsi le français et la langue d’oc en Italie au XIIIe siècle) permettent des jeux linguistiques.
- Le grec ancien a connu à l’époque impériale (au IIe siècle après J.-C. essentiellement) un goût pour les formes anciennes ; quelques auteurs pratiquent alors l’atticisme, c’est-à-dire la préférence pour des mots du dialecte attique aux dépens du mot utilisé de leur temps dans la koinè, entendue comme langue commune ; des poètes écrivent en dialecte ionien.
4.1.2. La langue du roman, du théâtre, de la poésie
- Le théâtre des temps modernes et contemporains a pratiqué parfois une mise en scène de la diglossie (sans le mot) : selon leur statut social, les personnages s’expriment en français choisi ou en vernaculaire ou dans un mixte des deux.
- Les Québécois jouent volontiers de la juxtaposition d’un français soutenu et du joual.
- À propos de la littérature française sont évoquées plusieurs pistes – non exclusives d’autres approches possibles – d’étude des langages :
- La référence au « bon goût » de l’époque classique (Boileau, Vaugelas), qui a toujours ses défenseurs au XIXe siècle (Sainte-Beuve), l’apologie de la clarté et la pureté et la critique de la boursouflure et du pathos…
- L’usage de l’argot (de Villon à Balzac et Victor Hugo) et ses avatars contemporains (Zazie)…
- Les styles personnels : la « petite musique » de Céline, le roman au féminin, le régionalisme (Hélias)…
4.1.3. La correspondance : moyen de communication et langage propre
- La question des correspondances a été largement traitée lors du Congrès du CTHS d’Aix-en- Provence. Mais elle reste une source inépuisable de recherche.
- Les correspondances posent des problèmes de conservation, comme corpus ou composante de fonds, dans les bibliothèques et les services d’archives.
- Les problèmes que pose leur édition sont repris à nouveaux frais dans le cadre d’éditions « en ligne ».
- Ces documents peuvent être exploités comme sources mais ils méritent une analyse de leur langage propre – qui est certainement la plus appropriée au thème de notre Congrès.
- Les correspondances scientifiques en constituent une branche (voir aussi supra) : au XVIIIe siècle, le Nîmois Jean-François Séguier a correspondu notamment avec l’érudit de Vérone Scipione Maffei.
4.2. Le langage visuel
Le langage visuel concerne aussi bien la peinture, la sculpture, l’architecture et l’urbanisme que tous les codes de la communication visuelle (voir aussi supra 2.7), sans oublier la notion de programme artistique ; il permet aussi bien le partage que l’exclusion.
L’exemple de l’art officiel romain développé dans ces quelques lignes nous invite à réfléchir sur l’ambiguïté de la réception du langage visuel (dont il sera à nouveau question au point 8) : « Toute communication instaure un rapport complexe entre l’émetteur du message et son récepteur. Un des domaines explorés par les spécialistes de l’art officiel romain a été celui du degré de réceptivité du public aux manifestations visuelles du pouvoir impérial, sur les monnaies et les monuments officiels en particulier. On songe par exemple au cas singulier de la colonne Trajane, dont les interminables reliefs qui s’enroulent autour du fût ne sont visibles que très partiellement, ce qui a fait songer que l’important dans le cas d’espèce était seulement la puissance d’affirmation du pouvoir et de son écrasante supériorité (Paul Veyne). Dans d’autres cas, des monuments, comme, par exemple, à Rome, l’ara Pacis Augustae, peuvent délivrer des messages à des publics divers, dont seulement une fraction avait accès à ses parties les plus subtiles. Dans tous les cas, se pose le problème du degré de compréhension qu’un message peut admettre chez son ou ses récepteurs. On peut prendre ici l’exemple de la « propagande monétaire », dans la mesure où les espèces monétaires circulaient très vite, même à l’intérieur d’un très vaste espace comme celui de l’Empire romain. Dans ce cas, l’utilisation des monnaies a pris des formes très diverses de la part des hommes de pouvoir, surtout à la fin de la République à l’époque des guerres civiles, ou, plus tard, à l’occasion des changements de dynastie, quand se posait avec une acuité particulière le problème de la légitimation du nouveau pouvoir. La combinaison des légendes et des images, le rappel d’images monétaires antérieures (« monnaies de restitution »), la simplification des messages permettaient sans doute d’émouvoir un public très large. Que l’on pense aux monnaies des Césaricides, légendées avec la seule mention des Ides de Mars, et représentant un poignard entre deux bonnets phrygiens (ces derniers symbolisant à l’époque l’affranchissement des esclaves). »
4.3. La musique, ses genres, ses instruments et ses règles
La métaphore musicale est ancienne : le rhéteur Fronton recommandait à son élève Marc Aurèle, le futur empereur, d’éviter les mots rares, les métaphores obscures ou inhabituelles (qui n’auraient donc pas rencontré d’écho dans la mémoire de ses auditeurs). Ce conseil était appuyé d’une comparaison de l’eloquentia Caesaris (l’éloquence de l’empereur) au son du clairon plutôt que de la flûte, moins sonore et plus difficile à écouter, notamment dans ses allocutions aux prétoriens.
La « fête » ne se conçoit pas sans accompagnement musical.
L’orchestre philharmonique et la fanfare des Beaux-Arts font communier des publics différents dans des cadres et des contextes appropriés. Mais on peut considérer aussi que ce sont des formes d’expression plus que de communication.
Le roulement de tambour a mené pendant des siècles les soldats à la bataille et le clairon a sonné aussi bien l’attaque que la retraite. Le son du clairon accompagnait les lycéens du XIXe siècle tout au long de la journée, comme il appelait le public à écouter le crieur public. Le « trompette » était déjà un soldat spécialiste de l’armée romaine (le tubicen).
Les tambours accompagnent aujourd’hui de façon poignante les manifestations ouvrières en Argentine.
5. Mémoire, langues et communication
5.1. La mémoire des formes anciennes de la communication
Les collections de manuscrits, autographes et originaux, ont transmis la mémoire des formes anciennes de la communication grâce à la philologie et à l’histoire des textes (voir aussi infra 6.2).
5.2. Muséographie et communication
La muséographie : la communication d’un message par le regroupement des œuvres en un tout différent de celui d’origine.
On connaît les débats anciens sur l’impossible communication des œuvres dans les musées par opposition avec leur communication in situ, traditionnellement tenue pour acquise.
Mais, pour les musées de sciences et de techniques aussi, la fonction de communication est essentielle, qu’il s’agisse d’enseigner par l’exemple du modèle à des professionnels (comme le faisait le Conservatoire des arts et métiers à l’origine) ou aux écoliers et au grand public, à qui on s’efforce d’inculquer une culture scientifique et technique (palais de la Découverte, musée de la Villette).
5.3. Les changements imposés
Les interventions du politique
- sur la langue (les Académies, l’épuration des langues « nationales », l’invention d’une langue pour la nation – en Grèce moderne après l’indépendance, en Turquie après l’avènement de la République),
- et sur l’écriture (changements d’alphabet ou simplification des systèmes d’idéogrammes), suscitent aussi des réactions des populations concernées.
5.4. L’oubli
L’oubli est une composante inévitable de la communication.
S’il peut s’expliquer par l’usure ou être lié au passage du temps, l’oubli peut être aussi programmé : ainsi l’intérêt porté aujourd’hui à la construction de la mémoire a ravivé celui de l’effacement volontaire – par destruction des ouvrages (rares sont les manuscrits mexicains précolombiens, aztèques et mayas, qui ont échappé aux autodafé), martelage des noms sur les monuments, déboulonnage et refonte des statues…
5.5. La mémoire de la langue parlée
La recherche de la langue effectivement parlée à telle ou telle époque est un sujet difficile.
Ainsi, pour l’Antiquité, le latin dit « vulgaire », c’est-à-dire la langue parlée, fait l’objet de nombreuses recherches appuyées sur les graffitis, les poèmes funéraires transmis par les épitaphes, les dialogues du théâtre, les satires, les sermons, etc.
Pour toutes les époques, la littérature peut être exploitée à cet effet.
6. Les médias modernes
La rédaction du thème 6, comme celle du thème 7, ne sont évidemment que des esquisses. Les innovations techniques amorcées à partir de la fin du XVIIIe siècle ont connu au cours des dernières décennies une accélération spectaculaire qui a fait de la communication un enjeu majeur des sociétés contemporaines, l’un des vecteurs privilégiés des processus en cours regroupés sous le nom de mondialisation, et l’un des facteurs qui ont le plus profondément transformé et continuent à transformer nos vies individuelles et collectives.
Notre souhait est que cette « révolution de la communication » ne soit pas envisagée, dans le cadre de notre Congrès, comme l’a été longtemps la « révolution industrielle », dans sa seule dimension de « rupture totale » avec un « ancien régime antérieur », rejeté du même coup dans une sorte de « préhistoire ». Une analyse fine et attentive des étapes des innovations techniques successives, de leurs applications et de leurs diffusions, de leurs réappropriations et de leurs utilisations par les différents acteurs sociaux, politiques, économiques et culturels devrait permettre de mettre en évidence les liens de continuité avec les réalités décrites dans une perspective de longue durée pour les périodes antérieures, et d’en dégager les dynamiques et les conséquences sur les modes de communication de nos sociétés.
6.1. Les innovations techniques
Des communications seront les bienvenues sur les innovations qui ont touché successivement d’abord la transmission à distance de l’écrit (le télégraphe, mais aussi les pigeons voyageurs), puis l’enregistrement, la reproduction et la transmission à distance, d’un côté, de toutes les catégories de son (voix, musique) et, de l’autre, en parallèle, des images fixes puis animées, d’abord en noir et blanc puis en couleur, puis, à partir de la fin des années 1920, l’association étroite de l’image et du son, et enfin la transition, qui a dominé l’histoire des trois dernières décennies, de l’analogique au numérique. À chacune de ces étapes ont correspondu des générations d’appareils et de machines, des infrastructures de production et de transmission (câbles et réseaux), des modes d’utilisation et de consommation (à domicile ou dans des lieux spécialisés, comme les salles de cinéma), des formes d’expression dont certaines ont acquis, non sans résistances, un statut artistique (photographie, septième art), des perfectionnements assurant aussi bien la baisse des coûts que l’amélioration des performances qualitatives.
Dans la perspective de notre Congrès deux aspects pourraient en particulier faire l’objet d’une étude plus approfondie. Le premier est le fait que ces innovations ont touché d’abord séparément chacun des langages de communication, puis, très rapidement, l’ensemble de ceux-ci, en renforçant les interactions entre eux. Le second est l’impact, tantôt décalé, tantôt rapide, que ces innovations ont eu sur les langages traditionnels de la communication et sur les arts, spécialisations et produits qui leur étaient liés : peinture, musique, arts de la langue et de la parole, usages de l’imprimé, façons de parler et pratiques langagières, etc.
6.2. Archives et conservation
Après une première phase pionnière centrée sur l’application rapide des innovations et la conquête de nouveaux publics, qui rendaient demain obsolètes les produits nouveaux d’hier, la croissance vertigineuse du nombre de ces produits et la prise de conscience qu’ils s’inscrivaient dans une histoire dont il importait de fixer les étapes et de garder les traces documentaires ont posé le problème de leur conservation, dans des termes qui peuvent être rapprochés du parcours suivi depuis la fin du XVe siècle pour l’imprimé (bibliothèques, dépôt légal), pour les manuscrits personnels ou les documents administratifs puis privés (bibliothèques, archives) et pour les œuvres d’art, notamment picturales (collections, musées, organisation et codification du marché de l’art, invention d’une hiérarchie nouvelle entre l’original, la copie et le produit d’un atelier). La division des tâches et la complémentarité des interventions entre pouvoirs publics et initiatives privées mériteraient sans aucun doute d’être soulignés. Deux siècles d’histoire de la communication sont ainsi venus enrichir les contenus de ce que nous appelons aujourd’hui, faute d’autre mot, du nom de patrimoine, lui-même objet désormais d’une distinction entre patrimoine matériel et patrimoine immatériel. Voir aussi supra 5.1 et 5.2.
6.3. De la mémoire réputée fidèle à la création autonome
Les processus mis en cause ici sont ceux qui ont permis et accompagné le passage d’une étape marquée par l’enregistrement direct sur le vif (y compris via la médiation d’acteurs) et la reproduction d’images et de textes (supposés conformes au réel d’origine, même si les techniques disponibles permettaient les retouches, les trucages puis les effets spéciaux) à une nouvelle étape caractérisée par la production directe d’images, de textes et de voix de synthèse, qui marquent une rupture avec le rôle traditionnel du réel comme garantie d’authenticité.
7. La communication contemporaine : continuités et ruptures
Leur analyse pourra nous aider à tester la validité, en ce qui nous concerne, de la distinction proposée par Dominique Wolton entre communiquer et informer.
La communication contemporaine est marquée par une forte continuité avec les pratiques mises en œuvre dans le passé. Le discours de Marc Antoine après le meurtre de César revisité par Shakespeare ne serait pas impensable aujourd’hui. Mais des techniques nouvelles se sont fait jour.
Parmi les techniques nouvelles de la persuasion on s’intéressera à celle de la répétition, qui s’oppose à la rhétorique traditionnelle de la démonstration : on est passé du monopole des médias (la télévision perçue comme la voix de la France, selon de Gaulle) à la saturation des médias (méthode qui s’accompagne de la montée en puissance des conseillers en communication : les « spin-doctors »).
Les éléments de langage et la langue de bois constituent des réalités de la communication politique comme d’ailleurs de la communication syndicale.
La publicité est un champ de la communication déjà bien exploré mais qui mérite encore de l’être.
Les récupérations individuelles de la communication (qui se font notamment par les SMS) se voient à leur tour récupérées et encadrées par le haut (Facebook, Twitter).
Les sondages d’opinion constituent une réalité de notre temps. Ils jouent un rôle pour mesurer à répétition, mais aussi pour modeler d’autant mieux, à travers les questions posées et la publication des résultats, les réactions des « citoyens-électeurs ».
La communication contemporaine a donc ses zones d’ombre :
elle favorise les manipulations programmées ou sauvages ;
mais elle se heurte aussi à l’indifférence des publics – le zapping peut être analysé comme un choix de l’individu ou comme une protection ultime.
8. Langages, espaces, territoires, pouvoirs
Qu’il s’agisse de l’espace rural, si bien étudié par la géographie humaine française, de l’espace urbain ou des réseaux qui les structurent, les uns et les autres ont, au cours des siècles et dans les différentes civilisations, servi de cadre à l’élaboration, enrichie et diversifiée pendant la période récente par suite de l’urbanisation et de la multiplication des réseaux, de véritables systèmes de signification, assimilables à autant de langages codifiés, lus et compris eux-mêmes de façon différenciée par les acteurs sociaux.
Le langage cartographique, s’il a sa place ici, a déjà été évoqué dans le thème 2 (voir supra la fin de 2.3).
8.1. L’invention des frontières et la construction hiérarchisée des espaces étatiques et / ou nationaux : géographie, histoire et politique
Cette construction n’est pas propre aux époques récentes (si bien étudiées par Daniel Nordman).
Les cités grecques déjà n’ont cessé de borner leur territoire et d’entrer en conflit avec leurs voisines à propos de leurs limites respectives.
8.2. L’action des institutions sur le territoire : donner à voir, donner à prévoir. Production, enjeux et usages du logos territorial
Il ne s’agit pas d’étudier l’information territoriale mais les actes et les supports de communication institutionnels qui produisent des représentations multiformes des territoires. Deux approches sont privilégiées.
- D’une part, les conditions de la production de ce discours sur le territoire : rhétorique de l’aménagement, mixage de langages scientifiques, administratifs et vernaculaires, questions de diglossie.
- D’autre part, la réception de ce discours diffusé par des canaux divers (magazines, publicité, ouvrages…) sur les représentations et les comportements des individus (par exemple, l’identification des acteurs à leur territoire ? la mise en capacité des acteurs à développer leur territoire ?).
- Quels effets pédagogiques (avec l’utilisation croissante de documents territoriaux, textes et images, mettant l’accent sur les territoires vécus) ?
- Comment les images et discours prospectifs sur le territoire deviennent-ils des modes de communication qui transforment les moyens d’action de la puissance publique sur son espace ?
8.3. Langages des territoires, territoires de communication
- La communication institutionnelle par des panneaux d’affichage divers contribue à la construction d’une identité territoriale à l’usage des automobilistes circulant en ville, à la campagne, aux abords des villes et empruntant des ronds points et des autoroutes.
- La mobilisation citoyenne à l’échelle de la ville (contre la fermeture d’une usine, la démolition d’un immeuble, une expulsion, etc.) est le plus souvent portée par des associations.
- La ville offre aussi par ses murs une possibilité d’expression au simple citadin mais aussi à des artistes transmettant ainsi un point de vue et une émotion. Les friches, les quartiers marginalisés peuvent devenir les territoires privilégiés de communication à destination du passant.
8.4. Langue, communication et développement
À partir de l’exemple d’une Afrique elle-même très diversifiée (qui pourrait être étendu à l’ensemble du monde en développement) l’évolution des rapports langue / développement appelle des études et une session spécifique.
Par contraste avec la vision de la période coloniale qui faisait des langues africaines (langues de la tradition, du conservatisme et de la fragmentation socio-spatiale – une ethnie, une langue) des symboles du retard de développement, notamment dans les campagnes, la construction des États nationaux a suscité de nouvelles approches.
- Les langues africaines sont-elles de nouveaux outils de développement ?
- Le multilinguisme est-il un atout pour le développement ?
- Comment ont évolué les politiques linguistiques dans le cadre du développement de l’instruction et de la formation ?
- Les langues, le développement et les mobilités (exode rural, migrations internationales, diasporas…).
- Etc.
9. Communication et réception : ambiguïtés, ambivalences, incompréhension, camouflage du sens
Le vœu des organisateurs est que soient maintenues toujours en filigrane, qu’il s’agisse du langage oral, de la traduction, du langage visuel des arts ou même de la caricature, les questions multiples (ambiguïtés, ambivalences, incompréhension, camouflage du sens) liées à l’écart entre le message diffusé et sa réception.
Mais des communications spécifiques sont attendues aussi sur ces thèmes.
Un exemple : qu’est-ce que la liberté ? certainement pas la même chose pour tous. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 en propose à l’article 4 une définition qui nous est familière. La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générales des Nations Unies en 1948 n’en propose pas de définition mais en décline seulement trois composantes (liberté de conscience, d’opinion et d’expression, de réunion et d’association).
9.1. La création de nouveaux langages
La capacité à transformer le public par la création de nouveaux langages est le propre des nouveaux régimes.
La Révolution française, la Révolution russe de 1917, la Lingua Tertii Imperii du nazisme, la Chine de Mao Tsé-Toung offrent, parmi d’autres, des exemples à ce type d’analyse.
Parmi les épisodes historiques où ont été décrétés des changements de langage, on comptera aussi le concile Vatican II, qui a modifié le langage liturgique avec l’abandon (toujours contesté par certains) de la messe en latin.
9.2. La culture du secret
La culture du secret et de l’ambiguïté a toujours été une composante substantielle de la communication.
9.2.1. Les devinettes et les rébus : ils ont été largement exploités par la publicité.
9.2.2. Les langages cryptés
- Les oracles de l’Antiquité ont toujours joué du double sens (Alain : « Le dieu ne dit ni oui ni non, il donne un signe »). Plutarque, Sur les oracles de la Pythie 397 A : « Le seigneur dont l’oracle est à Delphes ne parle pas, ne cache pas, mais il signifie ».
- Les langages cryptés peuvent être servis par des écritures à la fois cryptiques et identitaires comme celles, déjà rappelées plus haut (1.2), que pratiquaient encore certains commerçants juifs en Algérie au début du siècle dernier, par exemple écrire en langue arabe mais en caractères hébreux cursifs, comme on le faisait dans l’Espagne médiévale.
- La cryptographie constitue depuis l’Antiquité l’un des secteurs des mathématiques dont l’informatique a très largement élargi aujourd’hui le champ de recherches et d’applications.
- On devrait y ajouter tous les systèmes d’allographie, identitaires eux aussi, dont on connaît de multiples exemples : le yiddish qui est une forme d’allemand écrite en caractères hébreux, le garshuni qui est de l’arabe écrit en caractères syriaques, le ladino, koinè romane écrite en caractères hébreux, l’aljimiado qui est du castillan écrit en caractères arabes, le karamanli qui est du turc en caractères hébreux, etc.
9.3. Un langage sans signification
L’évacuation du sens n’est pas exclue : « parler pour ne rien dire » est-il possible ? La question a été encore récemment abordée (Bernard Pivot).
Conditions de soumission
Le résumé de la proposition de communication, de 1 000 caractères (espaces comprises), soit une demi-page, devra parvenir au CTHS par courrier électronique
ou sous forme de CD, accompagné de la fiche d'inscription qui figure à la fin de la brochure du programme d'appel à communication et qui est téléchargeable sur ce site cths.fr,
avant le 1er décembre 2013.
Le programme d'appel à communication peut être envoyé sur simple demande à cette même adresse :
CTHS - 139e congrès des sociétés historiques et scientifiques - 110 rue de Grenelle - 75357 PARIS cedex 07
Les intervenants proposeront au maximum deux communications, se rapportant à des thèmes différents. Les langues autres que le français sont acceptées pour les communications, à condition que le résumé soit envoyé accompagné de sa traduction en français.
Le résumé doit viser à faire ressortir les point essentiels de la communication ; il en souligne les éléments nouveaux et les conclusions, de façon que tout lecteur puisse décider si son contenu présente suffisamment d’intérêt ou d’importance pour justifier la lecture du texte entier. Il doit faire clairement état des sources exploitées par l’auteur et être intelligible par lui-même, utiliser des phrases complètes, de préférence à une simple liste de titres de chapitres. Il ne doit donc prendre la forme ni d’une introduction générale, ni d’une table des matières. On y évitera le style « télégraphique » ou purement énumératif.
La commission de sélection du congrès étudie toutes les propositions de communication. L’inscription d’une communication à l’ordre du jour du congrès est soumise à l’approbation du Comité, qui peut écarter toute proposition ne lui paraissant pas convenir, sans avoir à motiver sa décision.
Les communications acceptées par la commission qui se réunit en décembre seront visibles sur le site cths.fr, page «programme du congrès » à partir de janvier 2014.
Pendant les séances de travail du congrès, le temps de parole est fixé à vingt minutes par communication, de manière à laisser place ensuite aux débats.
La date limite de remise des textes des communications est fixée au 30 juin 2014.
Les actes du Congrès national des sociétés historiques et scientifiques sont publiés principalement sous forme électronique. Ils sont disponibles à la vente sur le site internet du Comité, www.cths.fr, où ils peuvent être téléchargés à l’unité ou au volume entier.
Cette forme de publication permet une diffusion internationale ; tout lecteur potentiel aura accès aux articles par une simple recherche de mots-clés sur internet par l’intermédiaire des moteurs de recherche. Les volumes électroniques ont un titre et des références bibliographiques internationales ; ils sont préparés, remis aux normes et maquettés pour la publication. Ils sont répertoriés dans le catalogue des publications du CTHS, le copyright et le droit moral sur le texte restant la propriété de l’auteur.
L’acceptation d’une communication ne constitue en aucun cas un engagement de publication. Les auteurs s’engagent formellement à présenter un texte original et inédit, et à le conserver inédit pendant un délai d’un an après le congrès.
Le Comité des travaux historiques et scientifiques se réserve le droit de demander aux auteurs de corriger ou d’abréger leur texte, ou d’en refuser la publication. Il est impératif d’observer les Instructions aux auteurs. Si une communication n’est pas publiée dans les dix-huit mois suivant le congrès, l’auteur pourra, s’il le désire, contacter le secrétariat afin de reprendre son manuscrit.
Contributeurs
BACCHUS Michel
ingénieur en chef des Ponts, des Eaux et des Forêts, chargé de mission en affaires internationales et européennes à l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) | membre titulaire de la section Sciences géographiques et environnement | membre de la Société française d’onomastique et de l’Association française de topographie
BARON-YELLES Nacima
conseiller du délégué interministériel à l’aménagement du territoire | membre titulaire de la section Sciences géographiques et environnement
BART François
professeur émérite de l’université Bordeaux III, membre de l’UMR LAM (Les Afriques dans le monde), IEP- CNRS, co-directeur de la revue Les Cahiers d’Outre Mer | membre titulaire de la section Sciences géographiques et environnement | membre du bureau de la Société de géographie de Bordeaux, et membre de l’Académie des sciences d’outre-mer
BELOT Robert
professeur des universités, directeur du laboratoire RECITS (EA n° 7274) | membre titulaire de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle
BERGÈS Louis
directeur régional des Affaires culturelles des Pays de la Loire | membre titulaire de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions | membre de l’Académie Montesquieu
BERNIÉ-BOISSARD Catherine
professeur de géographie et aménagement à l’université de Nîmes, membre de l’UMR 5281 ART-Dev (Acteurs, ressources et territoires dans le développement), CNRS, universités de Montpellier III et Perpignan, CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement)
BERTONCELLO Brigitte
professeur à l’université Aix-Marseille et chercheur au CIRTA (Centre interdisciplinaire de recherches sur les territoires et leur aménagement) | membre titulaire de la section Sciences géographiques et environnement
BERTRAND Régis
professeur d’histoire moderne à l’université d’Aix-Marseille | membre titulaire de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions | président d’honneur de la Fédération historique de Provence, membre correspondant de l’Académie d’Aix-en-Provence, de l’Académie de Moustiers, membre de la Société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, de la Société d’histoire religieuse de la France, et de l’Académie de Marseille
BIARD Michel
professeur d’histoire du monde moderne et de la Révolution française à l’université de Rouen | membre titulaire de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions | président de la Société des études robespierristes
BLANC-PAMARD Chantal
ex-directeur de recherche au CNRS, membre de l’UMR 194, EHESS-IRD, CEAF (Centre d’études africaines) | membre titulaire de la section Sciences géographiques et environnement
BOURGAIN Pascale
professeur à l’École nationale des chartes | membre titulaire de la section Histoire et philologie des civilisations médiévales | membre de la Société de l’École des chartes, et de la Société de l’histoire de France
BRET Patrice
chercheur au Centre Alexandre Koyré – CRHST | membre titulaire de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle | membre de la Société française d’histoire des sciences et des techniques, de la Société des études robespierristes, de la Société Diderot, de l’Institut Napoléon, et de l’Académie internationale d’histoire des sciences
BRIQUEL CHATONNET Françoise
directrice de recherche au CNRS | membre titulaire de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques | correspondant de l'Institut | vice-présidente de la Société d’études syriaques, membre de la Société asiatique, de la Société française d’archéologie classique, et de la Société des professeurs d’histoire ancienne de l’Université
BRIQUEL Dominique
professeur à l’université Paris IV, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques | vice-président de section de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques | correspondant de l'Institut | membre de la Société des études latines, vice-président de l’Association Guillaume Budé, membre de la Société nationale des antiquaires de France et président de la Société des études renaniennes
BRUN-TRIGAUD Guylaine
ingénieur d’études CNRS, université de Nice-Sophia Antipolis | secrétaire de la section Anthropologie sociale, ethnologie et langues régionales | membre de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse
BUCHSENSCHUTZ Olivier
directeur de recherche au CNRS, membre du laboratoire AOROC (Archéologie d’Orient et d’Occident et textes anciens), UMR 8546-École normale supérieure | membre titulaire de la section Préhistoire et protohistoire | membre de la Fédération des sociétés savantes du Centre et membre du conseil d’administration de l’Association en région Centre pour l’histoire et l’archéologie
CABOURET-LAURIOUX Bernadette
professeur d’histoire romaine à l’université Jean
Moulin-Lyon III | membre titulaire de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques
CHARMASSON Thérèse
conservateur en chef du patrimoine, membre du CRHST (Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques), Cité des sciences et de l’industrie | membre titulaire de la section Histoire contemporaine et du temps présent | membre de la Société française d’histoire des sciences et des techniques, d’Une cité pour les archives, et de l’Association des archivistes français
COLTELLONI-TRANNOY Michèle
professeur d’histoire romaine à l’université Paris-Sorbonne – Paris IV | secrétaire de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques
CORBIER Mireille
directeur de recherche émérite au CNRS (USR 710), directeur de L’Année épigraphique | présidente de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques | membre du bureau du CTHS | membre de la Société nationale des antiquaires de France, de la Société française de numismatique, de la Société des études latines, de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France, de la Société française d’archéologie classique, de l’Association d’histoire des sociétés rurales, de la Société d’étude du Maghreb préhistorique, antique et médiéval, de la Société d’études et de recherches sur l’Aurès antique, de la Société des professeurs d'histoire ancienne de l'université et de l’Association internationale d’épigraphie grecque et latine
DEMEULENAERE-DOUYÈRE Christiane
conservateur général du patrimoine honoraire, chercheur associé au Centre Alexandre Koyré, UMR 8560 – CNRS – EHESS – MNHN, et au laboratoire HT2S-CNAM, Paris | vice-présidente de la section de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle | Administratrice de la Société des amis des archives de France, membre de la Société française d’histoire des sciences et des techniques, présidente de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France et vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du XXe arrondissement de Paris
DERUELLE Benjamin
professeur agrégé, maître de conférences à l’université de Lille III – Charles de Gaulle | membre de l’IRHIS (Institut de recherche historique du Septentrion) UMR 8523 - CNRS, chercheur associé à l’Institut Guerre et paix de l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne
DOSQUET Émilie
agrégée d’histoire, doctorante à l’université Paris I, membre du CRHM (Centre de recherche d’histoire moderne)
DUMA Jean
professeur émérite d’histoire moderne à l’université Paris Ouest – Nanterre – La Défense | membre du bureau du CTHS | président de la Commission de publication | membre titulaire de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions | membre de la Société des antiquaires de l’Ouest, et de la Société historique et archéologique de Rambouillet et de l’Yveline
FRANÇOIS Martine
conservateur général honoraire des bibliothèques, déléguée générale honoraire du CTHS | vice-présidente de la section Histoire contemporaine et du temps présent | membre de la Société lyonnaise d’horticulture, de l’Association des chercheurs en sciences humaines-domaine corse, de l’Association pour le développement des études corses et méditerranéennes, et de la Société d’archéologie, d’histoire et de géographie de la Drôme
GAINOT Bernard
maître de conférences honoraire à l’Institut d’histoire de la Révolution française, université Paris I | membre titulaire de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions | administrateur de la Société des études robespierristes
GOUIRAN Gérard
professeur émérite de linguistique romane et d’occitan à l’université Paul-Valéry Montpellier III | membre titulaire de la section Histoire et philologie des civilisations médiévales | membre de l’Institut d’études occitanes, et rédacteur en chef de l’Association internationale d’études occitanes
GROS Monique
astronome adjoint honoraire de l’observatoire de Paris, Institut d’astrophysique de Paris, CNRS et université Pierre et Marie Curie | membre titulaire de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle | membre de la Société astronomique de France
HERLÉA Alexandre
professeur à l’université de Belfort-Montbéliard, membre du ReCITS (laboratoire de recherche sur les choix industriels, technologiques et scientifiques), EA 3897, de l’université de Belfort-Montbéliard | membre émérite de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle | membre de la Société française d’histoire des sciences et des techniques, de l’Académie internationale d’histoire des sciences, et de la Société internationale d’histoire des techniques
HINCKER Louis
maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Valenciennes | membre titulaire de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions
HUREL Arnaud
ingénieur de recherche au département de Préhistoire du Muséum national d’histoire naturelle, Paris | membre titulaire de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle
JANSEN Philippe
professeur d’histoire du Moyen Âge à l’université de Nice-Sophia Antipolis | membre titulaire de la section Histoire et philologie des civilisations médiévales
LAMARD Pierre
professeur des universités à l’université de technologie de Belfort-Montbéliard, laboratoire ReCITS (Recherche sur les choix industriels, technologiques et scientifiques), EA 3897 | membre titulaire de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle
LE POGAM Pierre-Yves
conservateur en chef du patrimoine, département des sculptures, musée du Louvre, ancien membre de l’École française de Rome | secrétaire de la section Archéologie et histoire de l’art des civilisations médiévales et modernes | membre de la Société nationale des antiquaires de France, de la Société française d’archéologie, et de la Société française d’héraldique et de sigillographie
LEMAITRE Nicole
professeur émérite d’histoire de l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne | présidente de la section Histoire du monde moderne, de la Révolution française et des révolutions | membre de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, de la Société historique et archéologique de l’Essonne et du Hurepoix, et de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron
MAZAURIC Simone
professeur émérite en histoire des sciences de l’université de Nancy II | présidente de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle | membre de la Société française d’histoire des sciences et des techniques, de l’Institut européen Séguier, et de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard
MORDANT Claude
professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Bourgogne, membre de l’UMR ARTeHIS (Archéologie, terre, histoire, sociétés), UMR 6298, CNRS | président du CTHS | président de la section Préhistoire et protohistoire | membre de la Société archéologique de Sens, vice-président de la Société préhistorique française, membre de la Société archéologique de Châtillon-sur-Seine, président de l’Association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze, membre de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins, et membre de la Société archéologique champenois
MOREL Jean-Paul
professeur émérite de l’université de Provence, vice-président du Centre universitaire européen pour les biens culturels | membre émérite de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques | correspondant de l'Institut | membre de la Société française d’archéologie classique, de la Fédération archéologique de l’Hérault, de la Société des études latines, et de l’Académie d’Aix-en-Provence
PAJONK Gérard
professeur émérite de l’université Lyon I | membre émérite de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle | chancelier de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon
PLOUVIER Martine
conservateur en chef aux Archives nationales | vice-présidente de la section Archéologie et histoire de l’art des civilisations médiévales et modernes | membre de la Société historique, archéologique et scientifique de Noyon, de la Société historique de Haute-Picardie, de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne, et présidente du Centre d’études et de recherches prémontrées
POLINO Marie-Noëlle
membre titulaire de la section Histoire contemporaine et du temps présent | secrétaire générale de l’Association pour l’histoire des chemins de fer en France
POULOT Dominique
professeur à l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne | président de la section Archéologie et histoire de l’art des civilisations médiévales et modernes
RICHARD Hélène
inspectrice générale des bibliothèques | présidente de la section Sciences géographiques et environnement | membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon et de Franche-Comté, de la Société des antiquaires de l’Ouest, de la Société française d’histoire maritime, de la Société de l’École des chartes, présidente du Comité français de cartographie, et membre de l’Association d’histoire et d’archéologie du XXe arrondissement de Paris
SAURON Gilles
professeur d’archéologie romaine à l’université Paris IV | membre titulaire de la section Histoire et archéologie des civilisations antiques | président de la Société des études latines, membre de la Société française d’archéologie classique, et membre du bureau de la Société des études renaniennes
Comité local d’organisation
Président
Jean-Louis MEUNIER
enseignant en littérature française du XVIIe siècle à l’université de Nîmes | président de l’Institut européen Séguier | membre des Bibliophiles de Nîmes et du Gard
Secrétaire
Claire de RANCOURT
membre de l’Association Passionnément Patrimoine
Membres
Michel BOISSARD
président de la Société d'histoire du protestantisme de Nîmes et du Gard
Robert CHAMBOREDON
professeur agrégé | membre du conseil d’administration de l’Institut européen Séguier et président de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard
Christian FELLER
directeur de recherche émérite en pédologie de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), UMR Éco&Sols | président des Amis de la Nouvelle cigale uzégeoise
Danièle JEAN
membre de l’association Passionnément Patrimoine
Simone MAZAURIC
professeur émérite en histoire des sciences de l'université de Nancy II | membre de la Société française d'histoire des sciences et des techniques, de la Société d'histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard et de l’Institut européen Séguier
Isabelle ORTEGA
maître de conférences en histoire de l'Orient médiéval et responsable de la filière histoire à l'université de Nîmes | membre du CEMM (Centre d'études médiévales de Montpellier), EA 4583
Michèle PALLIER
présidente de l’Académie de Nîmes
Marie-Claire PONTIER
directeur archives départementales du Gard
PUGNIÈRE François
enseignant au collège Révolution de Nîmes | membre correspondant de l’Académie de Nîmes, membre du conseil d’administration de l’Institut européen Séguier et vice-président de la Société d’histoire moderne de Nîmes et du Gard
Martine REBOUL
chargée de mission à l'évêché de Nîmes, centre diocésain
Éric TEYSSIER
maître de conférences en histoire ancienne à l’université de Nîmes | président fondateur de l'organisation d'archéologie expérimentale Ars Maiorum
Pascal TRARIEUX
conservateur du patrimoine, musée des Beaux-Arts de Nîmes | membre correspondant de l’Académie de Nîmes
Subjects
Places
- Collège Révolution - 40, rue Clérisseau
Nîmes, France (30)
Date(s)
- Sunday, December 01, 2013
Attached files
Keywords
- langues, communication, écriture, image, mémoire, réception, discours, linguistique, épigraphie
Contact(s)
- Francine Fourmaux
courriel : congres [at] cths [dot] fr
Information source
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To cite this announcement
« Languages and communication », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, September 03, 2013, https://doi.org/10.58079/o4w