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Mobilité – migration

Mobility – migration

Propositions épistémologiques pour appréhender les déplacements humains

Epistemological propositions for the understanding of human displacement

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Publié le lundi 23 septembre 2013

Résumé

Mobilité, migration, ces concepts qui désignent des phénomènes a priori distincts de déplacements humains liés à des contraintes ou projets spécifiques sont peut-être plus similaires qu’il ne l’est communément admis. Mobilité s’est  progressivement substituée à migration dans la sphère politique et dans la recherche, illustrant une nouvelle gestion politique des flux de populations et l’intérêt porté à de nouvelles modalités de déplacement caractérisant la globalisation, sans que ce glissement conceptuel n’ait fait l’objet d’un questionnement approfondi sur le sens que les individus donnent à leur déplacement. S’interroger sur ce point doit permettre d’approfondir la réflexion épistémologique sur la manière de définir les individus et les groupes qui se déplacent.

Annonce

Colloque organisé par le Laboratoire d’Economie des Transports (UMR CNRS 5593)  à l’ENTPE, Vaulx-en-Velin, les 26 et 27 Février 2014

Argumentaire

Mobilité, migration, ces concepts qui désignent des phénomènes a priori distincts de déplacements humains liés à des contraintes ou projets spécifiques (économiques, sociaux, éducatifs, environnementaux…), sont peut-être plus similaires qu’il ne l’est communément admis. Mobilité s’est progressivement substituée à migration dans la sphère politique et dans la recherche, illustrant une nouvelle gestion politique des flux de populations (Pellerin 2011) et l’intérêt porté à de nouvelles modalités de déplacement caractérisant la globalisation (Tarrius 2000), sans que ce glissement conceptuel n’ait fait l’objet d’un questionnement approfondi sur le sens que les individus donnent à leur déplacement.

S’interroger sur ce point doit permettre d’approfondir la réflexion épistémologique sur la manière de définir les individus et les groupes qui se déplacent. Au-delà des catégories administratives et politiques à interroger pour saisir les représentations et les enjeux de pouvoir qu’elles véhiculent (Martiniello et Simon 2005), c’est ici l’expérience vécue par les individus qui retiendra notre attention. Comment se représentent-ils leurs déplacements et qu’est-ce qui prévaut à leur définition ? Par exemple, la distinction entre mobilité et migration relève-t-elle d’une question de frontière territoriale à traverser ou de confrontation à une autre langue ? Relève-t-elle de la distance à parcourir, des notions d’éloignement et de proximité géographique ou de temporalités spécifiques marquées par le rythme des déplacements, le type d’emploi (« travailler en déplacement », « être en mission »), la fréquence des retours, de projection dans l’avenir (notion de « projet migratoire ») ? Quelle place tiennent les modalités d’installation sur le lieu d’accueil, les types de logement ou d’habitat occupés (Ortar et Morel-Brochet 2012) et, plus généralement, les capacités à s’approprier les lieux de vie ; comment qualifier ces lieux (accueil, installation, origine, chez soi, ….) ? Que nous en dit la sémantique ? Mobilité et migration peuvent-elles constituer dans certains cas deux réalités distinctes au sein d’une même expérience de déplacement ?

Nous attendons des propositions qui traitent de cas empiriques permettant de confronter des déplacements dans le contexte européen - où la libre circulation des personnes et le statut de citoyen européen constituent un cadre juridique et administratif moins contraignant pour appréhender l’expérience du passage des frontières de manière plus fluide – avec d’autres contextes à la marge de l’espace Schengen et au-delà. Les approches confrontant d’anciennes et de nouvelles mobilités-migrations, ainsi que les approches réflexives donnant à voir la recherche en train de se faire, les méthodes d’enquête et les doutes conceptuels seront aussi appréciés.

Plusieurs axes sont proposés à titre indicatif :

Les individus qui se déplacent

  • Quel est l’impact des milieux sociaux et niveaux de qualification dans les (auto)représentations du déplacement ?
  • Dans le contexte économique européen, comment les qualifiés ‘mobiles’ vivent-ils leur déplacement ? Quelle est la pertinence de la distinction entre déplacement ‘forcé’ et ‘volontaire’ par rapport à ces questions ?
  • Quel est le rôle et le statut des immobiles ? Qui attend, contribue voire rend possible le déplacement ? -La situation familiale influence-t-elle les représentations du déplacement ? Existe-t-il des différences de genre ?
  • Observe-t-on des glissements dans la définition de l’expérience vécue selon le moment de l’histoire des individus, au fil de déplacements successifs mais aussi des générations (‘héritiers’ d’une pratique de la mobilité-migration) ?

Le rapport au temps et à l’espace et les NTIC

  • La durée, la temporalité et la distance du déplacement engendrent-elles des expériences spécifiques qui contribuent à différencier les concepts de mobilité et migration ?
  • La notion d’éloignement est-elle encore opératoire dans la définition de mobilité-migration ? Et si oui dans quels cas ? Est-ce le décalage horaire qui joue ou l’éloignement kilométrique ? Toutes les NTIC exigent, pour fonctionner dans l’instantanéité, que les personnes soient éveillées au même moment : est-on moins distant quand on est sur le même fuseau horaire que quand on a un décalage malgré un kilométrage identique ?
  • Quel est l’apport des NTIC dans les transformations des contacts avec les non mobiles ? Quelles sont les modalités de ces contacts ? Les NTIC sont censées produire de l’ubiquité, comment cela se produit-il et s’agit-il réellement d’ubiquité ? Contribuent-elles à modifier la perception de la migration vers de la mobilité (du point de vue des ‘mobiles’ et des ‘immobiles’) ?

Les frontières traversées dans la mobilité-migration

  • Quels rapports les individus qui se déplacent entretiennent-ils aux frontières –territoriales, culturelles, linguistiques…- et comment ce les représentent-ils en fonction des contextes de déplacements ?
  • Les cosmopolites sont-ils des ‘migrants’, des ‘mobiles’ ? L’expérience cosmopolite, individuelle ou collective, relève-t-elle de l’apprentissage d’un rapport spécifique au monde et à la différence ? Est-ce une question de milieux sociaux ? De proximité à la frontière?
  • Quelle différence existe-t-il entre inscrire des pratiques socioculturelles dans différents lieux d’un même territoire national et dans différents lieux de deux territoires nationaux? Qu’apporte le paradigme du « transnationalisme » à ce questionnement sur la pertinence de la distinction mobilité-migration ?

Représentations et fonctions collectives des mobiles-migrants

  • Est-il possible de définir la mobilité-migration à travers la fonction collective (pour des Etats, communautés, familles) donnée au déplacement (richesse économique à travers les envois de fonds, richesse symbolique et culturelle) ?
  • Qui finance, et que finance la mobilité-migration ? Les transferts de richesse et les impacts sur les conditions de vie, à différentes échelles d’analyse, constituent-ils des éléments qui viennent dans certains cas caractériser les déplacements ?
  • La perspective diachronique permet-elle de saisir des évolutions dans les représentations et fonctions collectives d’un même déplacement ? Qu’apporte la confrontation entre représentations émiques/étiques ?

Performance et dimension sensorielle du déplacement

  • Quel est le statut du voyage, sa fonction et son rôle ? Partant de là, comment s’exprime le rapport au corps dans la migration et la mobilité, son traitement ainsi que sa transformation en fonction du type de déplacement ?
  • Selon que le déplacement s’exprime dans le cadre d’une migration ou d’une mobilité, existe-t-il des formes de censure entourant le bien-être, le confort que ce soit par le type de vêtement porté, les objets utilisés, les lieux habités ? Quels sont les objets conservés avec soi ? Certains sont-ils porteurs d’une histoire/valeur affective particulière et si oui dans quel contexte ?

Références citées

Madianou M. et D. Miller, 2012, Migration and New Media. Transnational Families and Polymedia, Londres, Routledge.
Martiniello M. et P. Simon, 2005, « Les enjeux de la catégorisation. Rapports de domination et luttes autour de la représentation dans les sociétés post-migratoires », Revue Européenne des Migrations Internationales, 21 (2) : 7-18.
Ortar N. et A. Morel-Brochet (ed.), 2012, La fabrique des modes d’habiter, Paris, L’Harmattan.
Pellerin H., 2011, « De la migration à la mobilité : changement de paradigme dans la gestion migratoire. Le cas du Canada », Revue Européenne des Migrations Internationales, 27 (2) : 57-75.
Tarrius A., 2000, Les nouveaux cosmopolitismes : Mobilités, Identités, Territoires, La Tour d'Aigues, Editions de l'Aube.

Comité d’organisation

  • Irène Dos Santos, Post-doctorante, Centre de Recheche en Anthropologie -CRIA, Université Nouvelle de Lisbonne/FCT
  • Nathalie Ortar, Chargée de recherche MEDDE, LET- CNRS/Université de Lyon 2/ENTPE

Comité Scientifique

  • William Berthomière, Directeur de recherche CNRS, MIGRINTER - UMR 7301 CNRS-Université de Poitiers
  • Benoît Fliche, Chargé de recherche CNRS, CETOBAC-EHESS
  • Paula Godinho, Professeure, Département d’anthropologie (FCSH), Université Nouvelle de Lisbonne / IELT
  • Mihaela Nedelcu, Professeure associée, Institut de Sociologie, Université de Neuchâtel
  • Noël Salazar, Professeur, Université Catholique de Louvain
  • Monika Salzbrunn, Directrice de l’Institut des Sciences Sociales des Religions Contemporaines (ISSRC), Université de Lausanne
  • Alain Tarrius, Professeur émérite des universités, membre associé du Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires – UMR 5193 CNRS Université de Toulouse Le Mirail

Modalités de soumission

Les propositions de communication doivent être déposées sur le site du colloque http://mobmigr.sciencesconf.org (le dépôt est uniquement possible après avoir créé un compte dans « espace connecté »)

Elles comporteront un titre et un résumé de 3000 signes (450 mots) et une courte biographie.

Le colloque a vocation interdisciplinaire. Une attention particulière sera apportée aux propositions des doctorant(e)s et des jeunes chercheurs et chercheuses.

Les déplacements seront à la charge des participants.

Calendrier

  • Date limite d’envoi des propositions : 30 octobre 2013

  • Sélection des propositions par le comité scientifique : 20 novembre 2013
  • Réception des textes des communications : 10 février 2014

Lieux

  • Rue Maurice Audin
    Vaulx-en-Velin, France (69120)

Dates

  • mercredi 30 octobre 2013

Mots-clés

  • mobilité, migration, déplacements humains, épistémologie

Contacts

  • Nathalie Ortar
    courriel : nathalie [dot] ortar [at] entpe [dot] fr
  • Irène dos Santos
    courriel : irene [dot] dossantos [at] cnrs [dot] fr

Source de l'information

  • Irène dos Santos
    courriel : irene [dot] dossantos [at] cnrs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Mobilité – migration », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 23 septembre 2013, https://doi.org/10.58079/oah

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