Argumentaire
Ce colloque se fonde sur l’étude des représentations telles qu’elles ont été définies comme concept de l'histoire culturelle du politique. En France, Roger Chartier a souligné leur rôle dans la construction des hiérarchies sociales, le « découpage social objectivé » se révélant être « la traduction du crédit accordé à la représentation que chaque groupe donne de lui-même » (Chartier, Roger : Au bord de la falaise: l'histoire entre certitudes et inquiétude, Paris: Albin Michel 22009(11997), p. 11). Situées à l'intersection entre pratiques et théories, émergeant dans un contexte de concurrence entre différentes formes de pouvoir, les représentations font l’objet d’une réception active, qui transforme leur sens, leur impact et en génère de nouvelles. Or la question des communications à l’intérieur d'un État est un point central de leur production. La communication politique est une importante source de pouvoir, que les autorités utilisent à des fins de propagande, pour justifier les conflits et mobiliser d’importantes ressources d'énergie.
Peuple(s) et pouvoir(s) dans la formation de l'État et de la nation
Dans le sillage d’une histoire des nationalismes qui s’est efforcée d’en proposer une vision différenciée (patriotisme, régionalisme, sentiment national, sentiment impérial…), s’intéresser aux représentations mettant en scène peuple et pouvoir politique peut permettre de mieux saisir les phénomènes d'appartenance dans la spécificité de l'espace scandinave, tout en les rattachant au contexte baltique, voire européen. D'un point de vue chronologique, ces phénomènes s'inscrivent dans un mouvement de multiplication des entités politiques au Moyen-Âge, puis de réduction de leur nombre à l'époque moderne.
Tout comme le concept de nation évolue au cours de la période, la notion de « peuple » s'enrichit de sens nouveaux – englobant la paysannerie, l'aristocratie pour la période médiévale, le paysan de franc-alleu scandinave, le sujet, le simple soldat. En jouant entre ces différentes acceptions et en tissant des liens entre elles, les instances du pouvoir forgent des représentations du peuple d’où elles tirent leur légitimité. C'est à travers cette perspective que certains événements de l'histoire scandinave peuvent être abordés, par exemple l'accession au trône de Suède par Gustave Vasa en 1520-1523, ou la chute de Friedrich Struensee au Danemark en 1772.
Les épisodes de conflit apparaissent ainsi comme des moments tout à fait propices à l’étude des liens ambigus existant entre les représentations du pouvoir politique et celles du peuple. Le pouvoir royal s'appuie sur ou entre en compétition avec d'autres formes de pouvoir (élites intermédiaires, pouvoir religieux, communautés paysannes…) créant un jeu d'images concurrentes.
D'une perspective nationale à une perspective transnationale
Le positionnement du pouvoir royal par rapport au pouvoir commercial et urbain de la Hanse, le rôle des noblesses transfrontalières, la présence de populations germanophones dans le sud du Jutland et la Poméranie suédoise, celle des noblesses et élites étrangères, comme en Islande, ainsi que l'existence de communautés nationales à l'intérieur de l'État en Poméranie et Livonie ou encore le rayonnement culturel de Copenhague à travers l'université de Kiel,constituent autant de points d'accroche pour l'histoire transnationale des appartenances identitaires. Cette dernière voudrait retracer l'émergence des nationalismes et des idées de nation, tout d'abord dans une perspective scandinave, puis en s'intéressant à la porosité des frontières. Ce colloque soulignera les nombreux contacts mais aussi les conflits identitaires avec les espaces de l’Europe continentale que sont la France, les Pays-Bas et le Saint-Empire Romain germanique, et leur rôle dans la transmission de modèles culturels.
À travers ces diverses configurations, il sera possible de porter un regard critique sur l’historiographie nationale scandinave, par trop centrée sur la figure des grands souverains, pour mieux souligner la complexité de l’assise géographique, culturelle et populaire de leur pouvoir.
Axes de réflexion
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la « création » ou construction du « paysan national » par le pouvoir en place, la construction des identités nationales (peuple contre élites « étrangères » etc…) et les rapports entre individus et pouvoir (conflits, négociations, pétitions, services, etc…)
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peuple et pouvoir dans l'historiographie nationale et dans l'imaginaire royal : l'historiographie nationale comme facteur de la continuité des règnes; la réécriture de l'histoire nationale et des mythes fondateurs
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la mise en scène nationale du souverain et du pouvoir à travers les arts, les représentations picturales, l'iconographie, les spectacles
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les médias en temps en conflit entre propagande nationale et enthousiasme patriotique
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la perception de la Scandinavie et de ses souverains dans l'Europe du Nord (France, Allemagne, Pays-Bas, espace baltique) à travers les relations diplomatiques, les découpages territoriaux et les conflits frontaliers
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les différents modes de souveraineté (État-nation, union personnelle, absolutisme, empire, colonie, hégémonie, domination, etc.) par rapport au peuple, les indépendances régionales et les soulèvements populaires
- la place des colonies scandinaves et de leurs habitants par rapport au pouvoir en place et leur utilisation dans la rivalité Scandinavie-Europe
Modalités de soumission
Ce colloque se veut délibérément interdisciplinaire. Les études de cas sont les bienvenues. L'exploitation de tous types de sources est encouragée : chartes, traités de paix, historiographie, portraits, littérature, iconographie, arts visuels, tradition orale, etc. Les propositions de communication seront à envoyer au plus tard
le 15 janvier 2014
à l'adresse peuplesetpouvoirs@gmail.com. Elles ne devront pas dépasser 500 mots et seront accompagnées d'une courte biographie du chercheur.
Les langues de travail sont le français, le suédois, l'allemand et l'anglais. Nous vous informerons de notre décision dans le courant du mois de février.
Comité scientique
- Christina Folke Ax (Musée national danois - Open Air Museum, Université de Copenhague)
- Rainer Babel (Institut historique allemand de Paris)
- Martin Krieger (Université de Kiel)
- Gérard Laudin (Université Paris-Sorbonne)
- Marie-Thérèse Mourey (Université Paris-Sorbonne)
- Jonas Nordin (Bibliothèque royale de Stockholm, Université de Stockholm)
- Karin Sennefelt (Université de Stockholm)
Comité organisateur
- Muriel MARCHAL
- Pauline PUJO
- Virgile REITER
- Gaëlle RENETEAUD
avec le soutien de l'équipe REIGENN, de l'UFR d'études germaniques et nordiques (Paris-Sorbonne) et du département d'histoire de l'Université de Stockholm.
Präsentation
Diese Tagung möchte an die bisherigen Entwicklungen der Repräsentationsforschung im Sinne einer Kulturgeschichte des Politischen anschließen. In Frankreich hat Roger Chartier die entscheidende Rolle der Repräsentationen bei der Herausbildung gesellschaftlicher Hierarchien hervorgehoben. Die „objektivierten Unterscheidungen in der Gesellschaft‟ erweisen sich, Chartier zufolge, als die „Übertragung des mehr oder weniger großen Werts, der jeder Gruppe aufgrund ihrer Selbstrepräsentation beigemessen wird‟ (Chartier, Roger: Au bord de la falaise : l'histoire entre certitudes et inquiétude, Paris: Albin Michel, 22009(11997), S. 11). Repräsentationen entstehen somit im Zusammenspiel konkurrierender Machtformen am Schnittpunkt zwischen Herrschaftstheorie und Herrschaftspraxis und beruhen daher auf einer aktiven Kommunikation. Diese Kommunikation erweist sich als die entscheidende Machtquelle, insofern sie zu Zwecken der Überzeugung, der Rechtfertigung von Konflikten und der Mobilisierung von Energien gezielt eingesetzt werden kann.
Völker und Machtkonfigurationen im Staats- und Nationsbildungsprozess
In Anlehnung an die Untersuchungsfelder der Nationalismusforschung wie Patriotismus, Regionalismus, Nationalgefühl oder Reichspatriotismus bezweckt die Untersuchung der jeweiligen, historisch variablen Repräsentationen von Macht und Volk ein besseres Verständnis der Zugehörigkeiten im skandinavischen Raum sowie im baltischen und gesamteuropäischen Kontext. Chronologisch reichen diese Phänomene von der Ausdifferenzierung der europäischen Staatenwelt im Spätmittelalter bis hin zu den Prozessen von Staatsbildung und Machthegemonie in der Frühen Neuzeit.
Parallel zu den Veränderungen im Nationsbegriff erweiterte sich der Volksbegriff in Mittelalter und Früher Neuzeit und schloss Bauernschaft, Adel im Mittelalter, Allodialgut besitzende Bauern in Skandinavien, Untertanen, einfache Soldaten ein – eine lenkbare Bedeutungsvielfalt, die es den Machtinstanzen nahelegte, sich auf legitimierende Repräsentationen des Volks zu stützen. Aus dieser Perspektive können zentrale Ereignisse der skandinavischen Geschichte wie Gustav Vasas Kampf um den schwedischen Thron 1520-1523 oder der Fall Friedrich Struensees in Dänemark 1772 in neues Licht gerückt werden.
In Krisenzeiten lässt sich besonders gut beobachten, wie aus dem Konflikt mit der obersten, königlichen Gewalt heraus konkurrierende Repräsentationen von „Volk“ und „Macht“ entstanden (die Elite als Mittler zwischen Volk und Herrscher, die religiöse Macht, Bauerngemeinden,…).
Von der nationalen zur transnationalen Perspektive
Die Tagung möchte die zahlreichen Berührungspunkte und Identitätskonflikte zwischen Skandinavien und kontinentaleuropäischen Ländern wie Frankreich, den Niederlanden, dem Heiligen Römischen Reich Deutscher Nation thematisieren. Sie fragt nach dem Einfluss dieser Kontakte auf die Zirkulation kultureller und politischer Modelle. Anhand von Beispielen wie die Beziehungen zwischen der königlichen Macht und der Handels- und städtischen Macht der Hanse, die Rolle des Grenzadels, der deutschsprachigen Bevölkerung im südlichen Jütland und im schwedischen Pommern, der ausländischen Eliten (wie im Fall Islands), der in Pommern und Livland bestehenden Gemeinschaften sowie der kulturellen Ausstrahlung Kopenhagens durch die Universität Kiel kann eine transnationale Geschichte der Identitäts- und Zugehörigkeitsformen entworfen werden. Dabei werden die unterschiedlichen Erscheinungen des Nationalismus und des Nationsbegriffs im skandinavischen Raum auch mit Blick auf die Schlüsselrolle hybrider Grenzgebiete untersucht.
Diese Perspektivenvielfalt erlaubt es, die nationale skandinavische Historiographie kritisch zu beleuchten. Anstatt die allzu häufige Fixierung auf die Person des Monarchen fortzuschreiben, soll die Komplexität der Machtrepräsentation auf ihre geographischen, kulturellen und herrschaftspraktischen Dimensionen hin hinterfragt werden.
Themen
Folgende Themenschwerpunkte und Leitfragen der Tagung sind avisiert :
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Nationale Identitäten und Stereotypen – z. B. der „nationale“ Bauer, die „ausländischen“ Eliten – und ihre Herausbildung durch die Beziehung von Individuen und Gruppen zum Herrscher in Konflikten, Verhandlungen, Petitionen
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Nationale und dynastische Geschichtsschreibung: Kontinuitäten von Herrschaftszeiten, das Neu- und Umschreiben der Nationalgeschichte, die Erfindung von Gründungsmythen
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Inszenierung von Herrschaft und Macht in der Kunst: Bilddarstellungen, Literatur, Aufführungspraxis
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Medien in Konfliktzeiten zwischen nationaler „Propaganda“ und patriotischer Begeisterung
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Außenpolitik zwischen Diplomatie und Grenzkonflikten: das Bild Skandinaviens und seiner Herrscher bei den Nachbarländern und in Kontinentaleuropa
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Herrschaftsformen und ihr Verhältnis zur Bevölkerung (Nationalstaat, Personalunion, Absolutismus, Hegemonie, Kolonie) sowie deren Infragestellung durch regionale Unabhängigkeitsbewegungen und Aufstände
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Skandinaviens Kolonien und deren Bevölkerung in den Konflikten zwischen Skandinavien und Kontinentaleuropa
Vortragsvorschläge
Die Tagung ist interdisziplinär ausgerichtet. Fallstudien sowie die Erschließung unterschiedlichster Quellenarten – Urkunden, Friedensverträge, historiographische Werke, Porträts, literarische Werke, visuelle Künste, mündliche Überlieferung – sind willkommen. Abstracts der Beitragsvorschläge (max. 500 Wörter) senden Sie bitte mit einer kurzen Bio-Bibliographie
bis zum 15.01.2014
an peuplesetpouvoirs@gmail.com.
Konferenzsprachen sind Französisch, Schwedisch, Deutsch und Englisch. Über die Annahme der Beiträge informieren wir bis zum 28.02.2014.
Wissenschaftliches Komitee
- Christina Folke Ax (Danish National Museum - Open Air Museum, Universität Kopenhagen)
- Rainer Babel (Deutsches Historisches Institut Paris)
- Martin Krieger (Universität Kiel)
- Gérard Laudin (Universität Paris-Sorbonne)
- Marie-Thérèse Mourey (Universität Paris-Sorbonne)
- Jonas Nordin (Königliche Bibliothek Stockholm, Universität Stockholm)
- Karin Sennefelt (Universität Stockholm)
Veranstalter
- Muriel MARCHAL
- Pauline PUJO
- Virgile REITER
- Gaëlle RENETEAUD
mit der Unterstützung der Forschungsgruppe REIGENN, des UFR d'études germaniques et nordiques (Paris-Sorbonne) und des Historischen Instituts der Universität Stockholm.
Argument
This colloquium aims to further explore the studies of representation as defined as a concept in the cultural history of politics. Robert Chartier underlined the role of representation in the contruction of social hierarchies, citing “objective social division” as a “translation of the credit attributed to the self-representation of each group” (Chartier, Roger: Au bord de la falaise: l'histoire entre certitudes et inquiétude, Paris: Albin Michel 2009 (1997), p. 11). At the crossroads between practice and theory, representations emerge in a time of competition between various powers. The way in which states communicate is capital for the production of those representations. They are the objects of an active reception which modifies their meaning and impact while generating new representations. Power derives from information, which is broadcasted by the authorities to spread propaganda, to justify war and to mobilize the people en masse.
People, power and State formation
Inspired by historians of nationalism, who made an effort to differentiate the numerous forms nationalism could take (patriotism, regionalism, national sentiment, imperial sentiment…), we intend to examine representations both of the common folk and of political power in the Scandinavian space, particularly in the context of Baltic-Scandinavian or even European-Scandinavian relationships. Those representations are chronologically linked with the emergence of multiple political entities in the Middle-Ages and their subsequent diminution during the modern period.
The concept of the people, like the concept of nation, gained new meanings during this period: peasantry, aristocracy in the Middle-Ages, the Scandinavian odalbonde, the royal subject or the soldier. The ruling powers of the era played with those different acceptations to create representations from which they derived their legitimacy. Some of Scandinavia’s historical events can be examined under this perspective, such as Gustav Vasa’s claim to the Swedish throne in 1520-1523 or the fall of Friedrich Struensee in Denmark in 1772.
Conflicts also appear to be key moments for the study of political representation and its links with the representations of “the people”. Royal powers seek support or compete with alternate societal powers (intermediary elites, Religious power, Peasant communities…) which create competing representations inside the same space:
From a national to a transnational perspective.
Scandinavian history offers numerous opportunities to explore the transnational history of identities. The relationship between the royal powers and the commercial power of the Hanseatic League, the national communities inside the State in Pomerania and Livonia or the cultural influence of Copenhagen through the University of Kiel are a few examples of such opportunities. Transnational history of identities explores the emergence of nationalisms and of the concept of nation, first in a Scandinavian perspective before broadening our focus by studying frontiers’ porosity. This colloquium aims to underline the numerous contacts and conflicts between the different European spaces such as France, the Netherlands and the Holy Roman Empire and the role they played in the circulation of cultural models.
Those examples offer the possibility to go beyond a purely national historiography that is often centered on a few great Scandinavian kings. A transnational approach allows us to underline the complexity of their geographical, cultural and popular power base.
Main axes
Possible topics could include:
● The “national peasant” creation or construction by the power in place, national identities development (the “people” against foreign elites etc…)
● The “people” and power in national historiography and royal imagination. National historiography as a factor in dynastic continuity, the rewriting of national history and the creation of funding myths.
● The ruler and his power’s mise-en-scene through arts, pictorial representations, iconography, self-representation.
● The vehicles of national propaganda and the exaltation of patriotism during conflicts.
● Scandinavia and the way its rulers are perceived in “Northern” Europe (France, Germany, Netherlands, the Baltic space) through diplomatic relations, territorial disputes and border conflicts
● The different modes of sovereignty (Nation State, Personal Union, Absolutism, Empire, Colony, Hegemony, Domination, etc) over the people, special regional statute and popular uprising.
● Scandinavian colonies and their inhabitants’ relations with their governing bodies and their use in the European-Scandinavian rivalry.
Submission guidelines
This colloquium aims to be interdisciplinary. Case studies are welcome, as are the exploitation of various sources: charters, peace treaties, historiography, portraits, fiction works, iconographies, visual arts, oral tradition, etc… Submissions must be sent
by 15 January 2014
at the latest to peuplesetpouvoirs@gmail.com. They are limited to 500 words and must come with a short biography of the researcher. We accept papers in French, Swedish, German and English. You will be informed of your paper’s acceptance in February 2014.
Scientific Committee
- Christina Folke Ax (Danish National Museum - Open Air Museum, University of Kopenhagen)
- Rainer Babel (German Historical Institute Paris)
- Martin Krieger (University of Kiel)
- Gérard Laudin (University Paris-Sorbonne)
- Marie-Thérèse Mourey (University Paris-Sorbonne)
- Jonas Nordin (Royal Library Stockholm, University of Stockholm)
- Karin Sennefelt (University of Stockholm
Organizing Committee
- Muriel MARCHAL
- Pauline PUJO
- Virgile REITER
- Gaëlle RENETEAUD
With support from the REIGENN research group (Paris Sorbonne University, Departement of Germanic and Nordic studies), the UFR of Nordic and Germanic studies (Paris-Sorbonne) and the Departement of History at Stockholm’s University.