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Méthodes des recherches actuelles en linguistique ancienne

Current research methods in ancient linguistics

Workshop de doctorants

Doctoral workshop

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Publié le mardi 29 avril 2014

Résumé

Ce workshop de doctorants, organisé au sein du laboratoire lyonnais HiSoMA, est consacré aux méthodes de la recherche en linguistique ancienne. Cette journée sera l’occasion de réunir des doctorants (et jeunes docteurs) de différents laboratoires français, afin de mettre en commun les outils de la recherche actuelle et de faire connaître les premiers résultats des travaux entrepris en linguistique indo-européenne, en linguistique grecque et en linguistique latine.

Annonce

Argumentaire

Ce workshop de doctorants, organisé au sein du laboratoire lyonnais HiSoMA, est consacré aux méthodes de la recherche en linguistique ancienne. Cette journée sera l’occasion de réunir des doctorants (et jeunes docteurs) de différents laboratoires français, afin de mettre en commun les outils de la recherche actuelle et de faire connaître les premiers résultats des travaux entrepris en linguistique indo-européenne, en linguistique grecque et en linguistique latine.

Deux enseignants-chercheurs spécialistes de linguistique ancienne sont invités à participer aux discussions : Mme Isabelle Boehm, professeur de linguistique et littérature grecques à l'Université Lyon 2 - HiSoMA, et M. Romain Garnier, maître de conférences en linguistique latine et indo-européenne à l'Université de Limoges - EHIC.

La journée est ouverte à toutes les personnes intéressées et a lieu à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée (Lyon).

Programme

09h00 : Accueil

  • 09h45 : Audrey Mathys (Paris 3 – LaTTiCe, docteur) « La construction χθιζὸς ἔβη "il est parti hier" en grec ancien : un problème de syntaxe diachronique »

Nous nous proposons, dans cette communication, d’illustrer quelques principes de méthode en syntaxe diachronique par l’étude de l’exemple de la construction χθιζὸς ἔβη (Homère) « il est parti hier ». Cette construction, où l’on trouve, là où l’on attendrait a priori un adverbe, un adjectif de date ou de durée accordé grammaticalement à un autre constituant nominal de la phrase, présente plusieurs traits surprenants. D’une part, l’adjectif χθιζός « d’hier » s’accorde avec le sujet, alors même qu’il n’y a aucune prédication sous-jacente de type « X est χθιζός », à la différence de ce qui se produit pour la construction apparemment semblable δαίνυται εὔφρων (Homère) « il assiste heureux au festin », où une prédication sous-jacente « X est εὔφρων lorsqu’il participe au festin » ne paraît pas exclue. D’autre part, il s’agit très probablement d’une innovation du grec ancien, ce qui apparaît à la fois à l’examen des données des autres langues indo-européennes, et à l’évolution du tour entre la période archaïque et la période classique, alors que d’autres types d’emplois d’adjectifs en apposition prédicative paraissent plus répandus.

L’objet de cette communication est double. D’une part, il s’agira de présenter les caractéristiques du tour χθιζὸς ἔβη dans deux synchronies successives, le grec archaïque et le grec classique. D’autre part, nous essaierons d’expliquer son développement en grec. Nous poserons, en particulier, la question du rapport du type χθιζὸς ἔβη avec l’emploi des mêmes adjectifs de date et de durée au neutre adverbial, avec les appositions prédicatives du type δαίνυται εὔφρων, et avec des constructions personnelles du type δῆλοι ἦσαν ἐπιβουλεύοντες ἡμῖν (Thucydide) « il était évident qu’ils complotaient contre nous », puisqu’il nous semble que l’évolution d’une construction ne peut se comprendre que si l’on connaît sa place dans le système linguistique, ce qui implique de préciser les rapports qu’elle entretient à la fois avec les procédés linguistiques qui lui font concurrence pour exprimer des notions comparables, et avec des constructions qui s’en rapprochent par des traits morphologiques et syntaxiques.

  • 10h30 : Fanny Meunier (EPHE – UMR 7528 Mondes iranien et indien, doctorante) « La syntaxe du tokharien : une contrée encore inexplorée ? »

Après une rapide présentation de la langue et de son étude depuis 1908, date de son déchiffrement, on s’intéressera aux nouveaux instruments "papier" et numériques qui permettent d’aborder plus facilement le tokharien, notamment du point de vue de sa syntaxe, jusqu’alors peu étudiée : on présentera divers ouvrages ainsi que différents projets en cours concernant l’édition électronique de textes tokhariens et la réalisation de dictionnaires. On illustrera ce nouvel état des lieux des études tokhariennes dans la seconde partie de l’exposé, en présentant les motivations d’une thèse de syntaxe casuelle du tokharien portant sur le génitif, sa méthodologie ainsi que ses premiers résultats.

  • 11h30 : Lionel Dumarty (Lyon 2 – UMR 5189 HiSoMA, doctorant) « L’adverbe dans la tradition alexandrine : éléments de définition »

Les premières attestations sûres d’un terme spécifique pour désigner l’adverbe (ἐπίρρημα) remontent à la grammaire alexandrine (dès la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère). L’adverbe paraît dès lors constituer une catégorie autonome, dans la théorie des parties du discours. Pour autant, la notion semble toujours échapper au cadre fixé par la norme d’une tekhnè grammatikè. L’enjeu de cette communication sera donc d’étudier, chez les grammairiens anciens, et tout particulièrement chez Apollonius Dyscole, dont le Peri Epirrêmatôn est le seul traité systématique sur les adverbes que nous ait légué la tradition alexandrine, l’élaboration d’une définition à part entière de cette catégorie grammaticale, en même temps que les limites de cette définition.

  • 12h15 : Nicolas Redoutey (Lyon 2 – UMR 5189HiSoMA, doctorant) « Prépositions et préverbes en latin vulgaire à travers les textes autographes : problèmes de méthode »

La récente publication des actes du neuvième colloque Latin Vulgaire – Latin tardif par les soins mêmes de notre Maison de l’Orient et de la Méditerranée vient le rappeler : l’étude du latin « vulgaire » n’a rien de marginal au sein des études latines. C’est un domaine en soi, ouvert dès le XIXe siècle par la philologie allemande, d’autant plus nourri qu’il est au carrefour de deux champs disciplinaires (mais qui n’ont pas toujours réussi à se rencontrer) : les sciences de l’Antiquité en amont, et la romanistique en aval. Il s’en faut pourtant de beaucoup que la science ainsi constituée soit ni stable ni complète. La notion même de « latin vulgaire », en effet, est en débat depuis le jour même où elle a été proposée ; quant aux corpora proposés pour son étude, ils ne se sont pas seulement étendus quantitativement : ils ont plusieurs fois changé de nature, avec l’arrivée des recueils de textes épigraphiques lapidaires au tournant des XIXe et XXe siècles d’abord, puis avec l’arrivée sur le « marché scientifique » de textes rédigés de façon moins indirecte que les précédents, que ce soit sur papyri, sur tablettes ou sur les murs mêmes des cités englouties. Partant de la question des prépositions et des préverbes latins – assez peu étudiée en elle-même, et il y a lieu de se demander pourquoi – notre intervention se propose d’étudier en quoi les difficultés épistémologiques (ce lourd héritage du « latin vulgaire ») autant que matérielles (comment lire des corpora épigraphiques aussi spécifiques) peuvent influer sur la collecte des données, et de ce fait, sur les résultats que l’on prétend en tirer.

  • 14h30 : Alexandra Kozak (Lyon 2 – UMR 5189 HiSoMA, doctorante) « Un dictionnaire des hapax poétiques grecs : construction et méthodes »

La notion d’hapax legomenon est problématique en linguistique. C’est tout l’enjeu de la recherche que de définir cet objet linguistique. Une fois la notion définie, il faut s’intéresser aux lexèmes en eux-mêmes, afin d’étudier chacun sous trois aspects : son sémantisme, sa morphologie et son étymologie. Ainsi, construire un dictionnaire des hapax legomena requiert d’étudier un corpus de textes et de mots précis tout en s’incluant dans un ensemble de comparaison lexicologique plus large. C’est aussi l’occasion de se confronter à des outils de recherche divers, qui touchent à des domaines d’études variés, tels que la lexicographie, l’épigraphie, la papyrologie... Le but du "Dictionnaire des hapax dans la littérature poétique grecque du VIIIe siècle au Ve avant Jésus-Christ" est avant tout de faire progresser la connaissance de la langue grecque en améliorant la lexicographie connue jusque là. C’est pour cela que la collaboration avec d’autres laboratoires de recherche en linguistique est fondamentale pour mettre en commun les connaissances, les éclaircissements sémantiques, lexicologiques ou étymologiques, et ainsi croiser les bases de données établies pour mettre à jour le sens de lexèmes jusque là incompris ou mal compris. Deux exemples précis d’hapax legomenon ont été choisis pour évoquer les méthodes de recherche dans la réalisation d’un tel dictionnaire et montrer l’intérêt d’une telle démarche scientifique.

  • 15h15 : Nadège Rollet (Paris-IV et Complutense de Madrid, doctorante) « Rôles sémantiques et composition : méthodologie et cas des composés grecs à second élément -C1οC2ός »

La présente communication a pour but d’exposer les études récentes autour de la formation de mots et des rôles sémantiques qui s’inspirent des travaux effectués en syntaxe autour de la polysémie des formes grammaticales. Ces derniers mettent en évidence que la polysémie fonctionnelle rattachée aux formes grammaticales n’est pas fortuite mais est le résultat de structures métaphoriques sous-jacentes qui sont communes aux langues du monde.

De la même façon, dans le domaine de la formation de mots, qui se situe dans un continuum entre lexique et syntaxe, les langues attestent d’une polysémie sémantique liée à certains types de formation qui peut s’expliquer à l’aide de structures métaphoriques similaires. Ainsi, Luján (2010) propose une carte sémantique représentant la polysémie entre les rôles d’Agent, d’Instrument et de Lieu – auxquels il ajoute les rôles secondaires de Force et de Moyen – telle que semblent l’attester les types de formation de mots concernés dans les langues.

L’objet de notre étude porte sur la composition et se propose de vérifier la validité de la carte sémantique de Luján (2010), dont l’élaboration repose essentiellement sur des procédés de dérivation, dans les types de formation de composés dits “synthétiques” (Booij, 2005; 90-93) à second élément verbal du grec ancien. Traditionnellement, composition et dérivation sont des procédés qui reçoivent un traitement distinct dans les grammaires. En réalité, il existe des cas où la frontière entre l’un et l’autre est floue et il nous paraît clair qu’il ne convient pas de les classer dans des modules différents de la grammaire, sans empêcher pour autant l’étude d’une spécialisation de l’un par rapport à l’autre. La méthodologie ainsi mise en place, qui s’inspire des principes non seulement de la linguistique typologique-fonctionelle mais aussi de la linguistique cognitive et de la morphologie naturelle, sera étayée par l’étude du cas des composés en -C1οC2ός du grec ancien.

  • 16h15 : Julie Damaggio (Paris-Sorbonne – EA 4081 Rome et ses Renaissances, doctorante) « Les fragments de grammairiens dans l’histoire de la linguistique : exemple du F49/49a d’Aelius Stilo sur les accusatifs pluriels de troisième déclinaison en -eis »

La nature des textes fragmentaires requiert un travail à plusieurs niveaux dans lequel l’étude du contexte de citation est primordial : travail sur l’utilisation de la citation dans le texte source (cover text) qui à la fois conserve et masque le texte originel en le citant selon ses propres exigences (text re-use) ; recherche de parallèles thématiques dans les autres fragments de l’auteur cité et dans le texte source ; étude de la transmission (et des déformations potentielles) de la doctrine à travers le mille-feuille des sources de l’auteur qui la cite.

Pour illustrer cette méthode de recherche je présenterai le fragment 49/49a Funaioli du grammairien Aelius Stilo, actif entre la fin du IIe et le début du Ier s. a.C. Ce fragment est conservé par Charisius (165, 8-14 Barwick), auteur d’un manuel de grammaire à la fin du IVe s. de notre ère, et il est l’un des rares qui nous laissent entrevoir les études grammaticales (et non pas seulement étymologiques) d’Aelius : il concerne la désinence en -eis des accusatifs pluriels de troisième déclinaison. En étudiant le passage de Charisius, et en replaçant la proposition d’Aelius dans ce que l’on peut reconstituer des doctrines grammaticales de son époque, je tenterai de voir quelles conclusions sont possibles quant à la connaissance de ses idées concernant la déclinaison.

La notion de cover text a été définie par Guido Schepens, « Jacoby’s FGrHist: Problems, Methods, Prospects », dans Glenn Most (dir.), Collecting fragments = Fragmente sammeln, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1997. Le terme text re-use est employé en particulier par Monica Berti de préférence à « fragment » dans ses travaux sur les historiens grecs fragmentaires et autres textes cités par des auteurs ultérieurs.

Lieux

  • Maison de l'Orient et de la Méditerranée - 7, rue Raulin
    Lyon, France (69007)

Dates

  • mercredi 30 avril 2014

Fichiers attachés

Mots-clés

  • linguistique ancienne, linguistique indo-européenne, linguistique grecque, linguistique latine, grec ancien, latin, tokharien, latin vulgaire

Contacts

  • Marc Dietrich
    courriel : marc [dot] dietrich [at] univ-lyon2 [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Marc Dietrich
    courriel : marc [dot] dietrich [at] univ-lyon2 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Méthodes des recherches actuelles en linguistique ancienne », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 29 avril 2014, https://doi.org/10.58079/q01

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