L’urbanisation en profondeur des sociétés est entrée depuis quelques décennies dans une phase particulièrement active. D’ici à une ou deux générations, le mouvement d’imposition de la nouvelle « condition urbaine » sera achevé, à l’échelle terrestre. Ce colloque approchera cette question à la fois de façon historique et théorique, de façon thématique (en abordant des sous-champs particuliers) et de façon spécifique en proposant une focale sur la place de « Plaine commune », en tant que la communauté d’agglomération labellisée territoire « culture et création »  dans le cadre du « Grand Paris ».

Argumentaire

Michel Lussault est géographe, professeur à l’université de Lyon (Ecole normale supérieure de Lyon), membre de l’UMR 5600 Environnement, ville et société et du Laboratoire d’excellence Intelligences des mondes urbains-IMU. Il est co-fondateur et animateur de la revue Tous Urbains

Olivier Mongin est philosophe, directeur de la revue Esprit, co-fondateur et animateur de la revue Tous Urbains.

Problématique générale :

L’urbanisation en profondeur des sociétés est entrée depuis quelques décennies dans une phase particulièrement active. D’ici à une ou deux générations, le mouvement d’imposition de la nouvelle « condition urbaine » sera achevé, à l’échelle terrestre.

Ce nouveau monde urbain est ponctué, scandé, par des métro et mégapoles, qui en constituent des attracteurs. Parmi leurs attributs, figure sans conteste celui d’être des organisations fondées sur la créativité, l’innovation sociale et la culture.

Cette fonction culturelle des organisations urbaines, aujourd’hui aussi importante que leur fonction économique et en lien de plus en plus étroit avec elle, s’emblématise à travers des grands équipements, des événements majeurs, mais il n’est pas pertinent de la réduire à cela. Reprenant en la transposant une longue tradition de l’analyse urbaine, notamment anglophone, on pourrait même postuler que les métro et mégapoles, de par leur densité, leur diversité, leur intensité, constituent des environnements particulièrement propices à la création et à la culture.

Ce colloque approchera cette question à la fois de façon historique et théorique, de façon thématique (en abordant des sous-champs particuliers) et de façon spécifique en proposant une focale sur la place de Plaine commune. Il s’agit de consacrer une attention particulière au cas de Plaine commune, en tant que la communauté d’agglomération est labellisée territoire « culture et création »  dans le cadre du « Grand Paris ». On pourra ainsi analyser les choix réalisés à Plaine commune, les comparer à ceux effectués dans d’autres cas de métropoles-monde

Programme

Dimanche soir, accueil et présentation de Cerisy (Edith Heurgon) et du colloque (Michel Lussault et Olivier Mongin)

Plusieurs sessions seront consacrées à une approche des différentes théories qui considèrent le lien entre métropolisation, culture et création. Il s’agira de se demander si la « grande ville » constitue bien un milieu idéal pour l’affirmation culturelle et la dynamisation de la créativité. On interrogera aussi les conditions d’efficacité des politiques publiques visant à développer le champ de la culture et de la création dans les métro et mégapoles. Des sessions de débat et d’échange, fondées sur des témoignages argumentés d’acteurs culturels et/ou politiques, alterneront avec les premières citées.

Lundi 26 mai

Matin : Métro et mégapoles, des milieux de culture et de création ?-1

• La problématique de l’urbanisation mondialisante et mondialisée, par Olivier Mongin.
• La problématique des métropoles-monde et de la création, par Boris Grésillon, professeur, université de Marseille.

Après-midi : Métro et mégapoles, des milieux de culture et de création ?-2

• Culture, création et dynamique économique de l’urbain, par Pierre Veltz
• Le cas des métropoles-monde chinoises, par Thierry Sanjuan, professeur à l’université de Paris 1.

Mardi 27 mai

Matin : Métro et mégapoles, des milieux de culture et de création ?-3

« Les classes créatrices: généalogie critique d'une mythologie et imaginaires métropolitains ». Il est nécessaire de déconstruire cette mythologie programmée qui mérite cependant attention, dans la mesure où elle permet de réfléchir à la notion de milieu créatif et, donc, aux conditions de possibilité du développement de la créativité. 

• Classes créatrices et action publique métropolitaine, par Guy Saez, professeur de Sciences politiques à l’université de Grenoble, directeur de l’observatoire des politiques culturelles
• Richard Florida et la « Creative class », une certaine vision de l’urbanisation américaine, par Cynthia Ghorra-Gobin, directrice de recherche au CNRS.

Après-midi : (Le cas de) Plaine commune-1

« La généalogie d’un « Territoire de culture et de création » ». Atelier de réflexion et débat, animé par Jean-Pierre Charbonneau avec : Patrick Braouezec, Jacques Marsaud, Patrick Bouchain, David Mangin, Nathan Starckman, Jacques Grossard, Nicole Meyer-Rodrigues. Cette première session doit servir à présenter aussi précisément que possible la façon dont cette qualification de territoire de culture et de création s’est imposée, et les conséquences de ce processus. L’idée est ici de donner la parole à des acteurs.

Mercredi 28 mai

Matin & après-midi : La créativité métropolitaine au risque de la justice sociale. 

Si les métropoles-monde sont susceptibles d’être considérées comme des milieux plus propices que d’autres à la création, à l’innovation, la production de richesse, Quelles sont les modalités précises de relations entre cet éventuel avantage et les politiques de redistribution ?

Une journée animée par Sylvain Allemand.

• L’urbain créatif et le nouveau contrat géographique, par Jacques Lévy & Michel Lussault.
• Développement des mégapoles et question sociale, par Jacques Donzelot, sociologue.
• Au croisement de la culture, de la politique et de réflexion sur la justice : l’expérience Yes We Camp, par Nicolas Detrie, directeur de l’opération Yes We Camp, Marseille.

Le soir : projection du film Urbanités de Jacques Lévy

Jeudi 29 mai

Matin: Création, patrimonialisation et renouvellement urbain dans des métropoles-mondes-1 (animation Olivier Mongin).

Comment, dans une tension (mise en scène par le projet métropolitain) entre innovation, renouvellement urbain, reconquête d’espacespublics, mémoire, se constituent de nouveaux enjeux, pratiques et lieux patrimoniaux au sein d’organisations urbaines mondiales? Comment les projets et établissements culturels s’inscrivent-ils dans une telle démarche ?

• L’exemple de Bogota en Colombie autour du témoignage de la veuve de Rogelio Salmona.
• Marseille : l’opération Mucem, par Philippe Panerai, architecte, urbaniste

Après-midi : (Le cas de Plaine-Commune)-2 : expériences d’acteurs culturels. 

Une table ronde, animée par Michel Lussault, avec une série d’acteurs culturels apportant un témoignage de leur investissement sur le territoire de Plaine commune et questionnant leur convergence/divergence avec le récit de projet territorial.

invités : Monte Laster,  plasticien (responsable de l’association FACE, au Moulin Fayvon à La Courneuve), Julien Beller, président-fondateur de l’association le le 6B (lieu de création et de diffusion à Saint-Denis), Marjorie Nakache, (metteure en scène, directrice du Studio théâtre de Stains), Nicolas Frize, musicien, Laurence Dupouy-Veyrier, directrice de la culture de la Ville de Saint-Denis.

Le soir : présentation débat de l’activité du POlau (Pôle des arts urbains), par sa directrice Maud Le Floch.

Vendredi 30 mai

Matin : Création, patrimonialisation et renouvellement urbain dans des métropoles-mondes 2 (animation Olivier Mongin).

• Barcelone, l’expérience du CCCB, par Judith Carera, directrice scientifique du CCB
• L’interface culture-tourisme au cœur de projets territoriaux (Los Angeles et quelques autres) par Mathis Stock professeur à l’IUKB, Sion.

Après-midi : (Le cas de) Plaine commune-4 : Plaine Commune vs mégapole de Paris, organisation, stratégie politique et gouvernance.

Atelier de réflexion et débats, animé par Michel Lussault avec : Martin Vanier (Université de Grenoble et Acadie), Frédéric Gilli, Stéphane Cordobes (Datar), Patrick Braouezec, Jean-Louis Subileau.

Samedi 31 mai

Matin : La culture et la création bouleversées par la métropolisation mondiale.

Il s'agirait d'aborder des phénomènes plus récents d'apparition de nouvelles modalités de création et de nouvelles pratiques culturelles, sociales, politiques au sein des métropoles mondiales (qui constituent en la matière des laboratoires). Il s’agit de pratiques liées à la mutation introduite par la "société digitale", avec ce couplage intense de la mobilité multi-échelles et des possibilités d'organisation d'une nouvelle dimension de la vie sociale (via le numérique et les outils de télécommunication). On peut d'ores et déjà constater que tout cela, qui se manifeste à travers l'apparition de nouvelles cultures métropolitaines, de nouveaux types de projets créatifs, redéfinit bon nombre de questions urbaines.

Animation et présentation du thème : Guy Saez. Puis des témoignages réflexifs et argumentés par des acteurs culturels : Cathy Bouvard (Les Subsistances, Lyon), Judith Carrera, (CPCB Barcelone), Stéphane Juguet (What time is it ?), Anne-Marie Morice (arts numériques), Régine Charvet Pelo (RCP Design).

Après-midi : Synthèse et débat final avec l’ensemble des participants — animés par Michel Lussault et Olivier Mongin.

L’objectif de cette dernière demi-journée est vraiment de se donner le temps de tirer des conclusions des échanges de la semaine

Informations complémentaires

Un colloque soutenu par la fondation Gabriel Péri, Culture France, Plaine Commune, la revue Tous Urbains, l’UMR 5600 Environnement, Ville, Société (CNRS/université de Lyon) et le Labex Intelligences des mondes urbains (Université de Lyon).

Un colloque conçu et dirigé par Michel Lussault et Olivier Mongin

Organisé avec le concours du centre international de Cerisy