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Savoirs autochtones et développement

Local knowledge and development

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Publié le mercredi 21 janvier 2015

Résumé

Gouvernance environnementale et développement durable sont des concepts qui ont été adoptés ensemble dans les agendas politiques nationaux. Il s’agissait de trouver un équilibre entre progrès économique, justice sociale et préservation des ressources naturelles nécessaires à la vie. Dans les pays des Suds, cette adoption s’est traduite par une certaine revalorisation et une requalification croissante des savoirs autochtones. Ce numéro thématique de la revue Autrepart propose d’aller au-delà de la dénonciation et de l’analyse des logiques. L’objectif est de questionner les dynamiques sociocognitives de l’usage des ressources naturelles pour comprendre le partage qui semble s’opérer entre savoirs autochtones et savoirs scientifiques et techniques mobilisés dans les projets de développement historiquement construits sur le concept de transfert de technologie.

Annonce

Argumentaire 

Gouvernance environnementale et développement durable sont des concepts qui ont été adoptés ensemble dans les agendas politiques nationaux. Il s’agissait de trouver un équilibre entre progrès économique, justice sociale et préservation des ressources naturelles nécessaires à la vie. Dans les pays des Suds, cette adoption s’est traduite par une certaine revalorisation et une requalification croissante des savoirs autochtones. D’un côté, dans les pays dits de megadiversité, dont la plupart sont des pays en développement ou émergents, les savoirs sur les ressources naturelles portés par les populations autochtones ou locales, qui en tirent leurs ressources principales, sont de plus en plus visibles. De l’autre, depuis une quinzaine d’années, ces pays, qui avaient été préoccupés jusque-là par la question du transfert technologique, ont commencé à intégrer la protection de l’environnement dans leur agenda politique. Plus récemment, cette tendance s’est accrue avec le positionnement du changement climatique au centre de l’agenda international. Ces évolutions ont eu lieu dans un contexte de démocratisation politique qui a fait émerger sur le terrain une diversité d’acteurs dans l’ensemble de la chaîne d’intervention, de la conception à la mise en œuvre et au bilan ou à l’évaluation des projets de développement.

De nombreux accords, conventions (article 8j de la Convention de la biodiversité, 1992) et protocoles internationaux (Protocoles de Nagoya, 2010) définissent la place et le rôle de ces savoirs considérés comme essentiels pour le progrès économique et social et la protection de l’environnement. Les gouvernements nationaux doivent tenir compte de manière croissante des mouvements sociaux et de la société civile. De nouvelles élites sont porteuses de projets basés sur les savoirs autochtones ­– Via campesina, Centre africain de biosécurité – pour lutter contre l’extension rapide de l’agriculture intensive – comme la monoculture des organismes génétiquement modifiés – ou l’élevage extensif, contre les biocarburants, l’accaparement des terres, l’extraction minière, et pour défendre la bioprospection contre la biopiraterie. Les savoirs traditionnels sont au centre de leurs discours et de leurs pratiques, dans de nombreux pays d’Amérique Latine et en Inde en particulier. Ces nouveaux acteurs valorisent les modes de gestion décentralisée des ressources naturelles, la mise en place de banques de semences locales, d’une agriculture sans chimie de synthèse, le développement des marchés locaux et la défense des droits des propriété intellectuelle des populations locales et autochtones. Mais cette diversification des pratiques et des discours est aussi source de tensions et de conflits en raison des visions concurrentes qui les sous-tendent et qui vont du protectionnisme (conservation) du patrimoine naturel à la promotion d’un usage rationnel et équilibré des ressources.

Se pose alors la question de la participation opérationnelle des savoirs autochtones – et donc, des populations qui en sont porteuses et en ont été historiquement exclues – aux projets développementalistes. Ces savoirs sont convoqués aujourd’hui par de multiples acteurs de développement et à plusieurs niveaux des processus de prise de décision. De nombreux travaux ont analysé les rapports difficiles entre performance technique, rapport culturel à la nature et pression sur des écosystèmes fragiles. Ils montrent que la multiplication des confrontations entre les rationalités différentes des acteurs impliqués (individus, groupes ou organisations) est l’une des raisons des conflits d’usage des ressources naturelles – notamment entre populations locales et entreprises privées, techniciens, scientifiques, agents du gouvernement, organismes internationaux.

Ce numéro thématique de la revue Autrepart propose d’aller au-delà de la dénonciation et de l’analyse des logiques. L’objectif est de questionner les dynamiques sociocognitives de l’usage des ressources naturelles pour comprendre le partage qui semble s’opérer entre savoirs autochtones et savoirs scientifiques et techniques mobilisés dans les projets de développement historiquement construits sur le concept de transfert de technologie.

Axes thématiques

Un premier axe de réflexion pourra être constitué par l’analyse de la mobilisation politique, économique et sociale des savoirs autochtones. On pourra interroger les processus de gouvernance environnementale comme configuration politique particulière historiquement située. Quelles sont les modalités et les pratiques des nouveaux projets alliant développement agricole et protection de l’environnement ? Comment les savoirs autochtones sont-ils mobilisés, par exemple dans les vastes programmes de patrimonialisation culinaire et vestimentaire de l’Unesco, les grands projets de valorisation des savoirs autochtones nationaux comme par exemple l’Indian traditional knowledge digital library ou la Biblioteca digital de la medicina tradictional Mexicana ?

Un second axe s’intéressera aux reconfigurations des savoirs des scientifiques et techniques. Comment peut-on caractériser les savoirs qui sont formés à la croisée des savoirs scientifiques et des savoirs traditionnels comme l’agroécologie, l’ethnobotanique, ou encore les sciences de l’environnement ?

Un troisième axe se penchera plus particulièrement sur les conséquences de ces reconfigurations ou recompositions sur la construction des politiques de développement durable. Peut-on les concevoir comme de nouveaux agencements des populations locales considérées désormais comme des acteurs de développement ? Ces agencements sont-ils porteurs de dynamiques de relocalisation des savoirs scientifiques remplaçant le transfert de technologie du projet modernisateur du xxe siècle ?

Les mises en présence des savoirs autochtones et des savoirs scientifiques, techniques et experts dans le cadre de conflits, de controverses ou de convergence dans la conception, mise en œuvre et réalisation des projets de développement, discutant la notion de savoirs autochtones dans toute sa polysémie et provenant de différentes disciplines sont bienvenues. Il s’agira d’interroger les procédures d’usage des ressources naturelles et leurs effets sur le rapport à la nature des différents acteurs impliqués. Un intérêt particulier sera porté à l’analyse des situations concrètes permettant de comparer plusieurs modèles de dynamiques sociales et d’imaginaires collectifs. Les propositions de contributions pourront porter sur l’un ou l’autre des axes ou les combiner. Elles devront présenter brièvement le sujet abordé et la méthodologie employée. Seront privilégiées les propositions qui associent enquête empirique originale et interprétation théorique.

Présentation de la revue

Autrepart est une revue de sciences sociales pluridisciplinaire co-publiée par les Presses de Sciences-Po et l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Autrepart est la seule revue francophone entièrement dédiée aux pays du Sud. À travers trois numéros thématiques et un numéro non thématique chaque année, la revue cherche à promouvoir la réflexion sur les pays du Sud pour améliorer la compréhension de leur diversité et de leurs dynamiques. La revue est indexée par African Studies Centre (Leiden), Codesria Current Contents,  Crossref, Cultures, Langues, Textes (CNRS), IBSS, Ingenta; FRANCIS (INIST) et JournalSeek et figure sur les listes AERES.

Modalités pratiques de soumission et évaluation 

Les intentions de contributions (titre et résumé ne dépassant pas 1 000 signes, espaces compris) doivent être adressées à la revue Autrepart

le 15 février 2015 au plus tard.

Merci d’envoyer vos messages à la revue autrepart@ird.fr avec copie à l’adresse suivante : revue.autrepart@gmail.com 

Les résumés seront évalués par l’éditrice scientifique du numéro, qui sélectionnera, avec le comité de rédaction, les propositions dont les auteurs seront invités à soumettre un article. Veuillez noter que l’acceptation du résumé ne garantit pas la publication de l’article. Tous les articles sont soumis à une évaluation par les pairs en double aveugle, comme c’est le cas pour tous les articles soumis à la revue Autrepart.

Révision et traductionLe journal accepte les résumés et articles en français, anglais ou espagnol, à charge pour le(s) auteur(s) d’en assurer la traduction et l’édition en français ou en anglais au cas où l’article serait accepté pour publication. 

Les articles sélectionnés devront parvenir à la revue avant le 30 avril 2015

Les notes de lecture sur le thème du numéro devront parvenir à la revue avant le 30 mai 2015

Coordination 

  • Mina Kleiche-Dray, chargée de recherche IRD (CEPED – IFRIS)

Comité de rédaction

  • Isabelle Attané,
  • Virginie Baby-Collin,
  • Sylvie Bredeloup,
  • Carole Brugeilles,
  • René Collignon,
  • Charlotte Guénard,
  • Christophe Z. Guilmoto,
  • Marie-José Jolivet,
  • Nolwen Henaff,
  • Jean-Yves Martin,
  • Evelyne Mesclier,
  • Pascale Phélinas,
  • Nicolas Puig,
  • laurence Quinty,
  • Jean Ruffier,
  • Jean-Fabien Steck

Contact

Merci d'envoyer vos messages à la revue: autrepart@ird.fr
Avec copie à l'adresse suivante: revue.autrepart@gmail.com

Revue Autrepart – 19 rue Jacob - 75 006 Paris
http://www.cairn.info/revue-autrepart.htm


Dates

  • dimanche 15 février 2015

Mots-clés

  • savoir autochtone, développement

URLS de référence

Source de l'information

  • Mina KLEICHE-DRAY
    courriel : minakleiche [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Savoirs autochtones et développement », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 21 janvier 2015, https://doi.org/10.58079/rtf

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