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Letters and conflicts in the late-antique and medieval West
Lettres et conflits dans l’Occident tardo-antique et médiéval
Published on Friday, January 30, 2015
Abstract
La lettre peut-elle être une arme de guerre ? Depuis plusieurs années, différents programmes européens explorent les ressources de l’art épistolaire, qui sert tout autant à maintenir le lien entre des amis éloignés, que la haine ou la controverse entre des protagonistes qui ne peuvent, ou ne veulent, se rencontrer.
Announcement
Argumentaire
La lettre peut-elle être une arme de guerre ? Depuis plusieurs années, différents programmes européens explorent les ressources de l’art épistolaire, qui sert tout autant à maintenir le lien entre des amis éloignés, que la haine ou la controverse entre des protagonistes qui ne peuvent, ou ne veulent, se rencontrer.
La question des conflits amène tout d’abord à réfléchir à la fonction des correspondances dans la gestion des épisodes guerriers. C’est souvent par l’écrit qu’un prince mène le combat et qu’il suit le mouvement de ses troupes engagées au loin, et ces lettres, lorsqu’elles sont conservées, donnent une image à chaud de campagnes que les chroniqueurs résument à grands traits. C’est aussi par échanges de lettres que se joue le jeu diplomatique en période de conflit : d’où l’intérêt que Cassiodore, dans ses Variae, porte à leur composition, leur mise à l’écrit et à leur transmission. Naturellement, toute missive peut s’avérer insidieuse, allusive ou trompeuse, à moins qu’elle ne soit réécrite lorsque l’on cherche à justifier les événements a posteriori. Enfin, la lettre peut être le lieu où se narrent les conflits passés ou en cours, afin d’assurer la diffusion d’une histoire mise au service des ambitions du moment. Même sur le front intérieur, la voix épistolaire sert autant à l’information qu’à la désinformation.
Toutes les grandes controverses de l’Occident médiéval ne sont certes pas militaires. Au moment des querelles de dogme, des élections disputées ou des débats de personnes, la lettre sert à ordonner, à convaincre, à plaider. Souvent diffusée au-delà de son destinataire premier, elle constitue un des moyens de publier ses thèses ou de saper celles de l’adversaire. De grands moments de l’histoire de l’Église, comme la querelle des Trois Chapitres ou la réforme grégorienne, se résument parfois à des échanges pieusement conservés dans des collections épistolaires. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu d’autres types de documents, mais il n’en est pas moins vrai que le support épistolaire a paru le témoignage le plus pertinent de certains conflits passés aux yeux des archivistes médiévaux. Il convient donc de s’intéresser au statut du rédacteur. À quel titre fixe-t-il la norme, au nom de quoi estime-il qu’il faut médiatiser et laisser un souvenir durable du conflit ? Les sièges primatiaux cherchent par exemple à donner une large publicité aux conflits qui, à terme, leur profitaient. De même, la diffusion de décrétales souvent acerbes permet de conforter l’autorité pontificale, même si leur effet concret demeurait faible ou nul.
Dans leur teneur propre, les messages participant à des conflits sont-ils porteurs d’éléments rhétoriques particuliers ? La lettre d’insulte, héritée de l’Antiquité, demeure un genre littéraire relativement rare au Moyen Age, mais, pour la fin de la période, les lettres de défi se multiplient au point de faire partie du jeu normal de la guerre. On défie son adversaire pour lui signifier son entrée en guerre ou, quand les moyens militaires et financiers font défaut, on l’insulte, pour le seul plaisir d’entretenir la haine qu’on se voue.
Le présent colloque propose donc de réfléchir aux modalités épistolaires des conflits, à leur mise en forme et en mots, ainsi qu’à leur gestion mémorielle.
Conditions de soumission
Organisé en collaboration avec l’Université de Grenade, ce colloque, qui se tiendra du 15 au 17 octobre 2015, constitue une entreprise commune du programme ANR-DFG Epistola et du cycle « Épistolaire politique ». À ce titre, les communications porteront avant tout sur l’Occident latin du IVe au XIe siècle, mais aussi sur les derniers siècles du Moyen Âge pour en éclairer les continuités ou les ruptures.
Les communications dureront 30 minutes et pourront se faire en français, allemand, espagnol et anglais.
Vos propositions (titre de la communication et bref résumé d’une dizaine de lignes) sont à retourner avant le 28 février 2015 à Bruno Dumézil : "bdumezil" bdumezil@u-paris10.fr
Informations pratiques
Les frais de déplacement et de séjour seront naturellement pris en charge par l’organisation.
comité scientifique
- Thomas Deswarte (Université d'Angers)
- Bruno Dumézil (Université Paris-Ouest)
- Klaus Herbers (Universität Erlangen-Nürnberg)
- Nathanaël Nimmegeers (EHEHI)
- Rafael Peinado Santaella (Universidad de Granada)
- Laurent Vissière (Université Paris-Sorbonne)
Subjects
Places
- Granada, Kingdom of Spain
Date(s)
- Saturday, February 28, 2015
Keywords
- lettre, conflits épistolaires, controverses insulte, défi, rhérotique
Contact(s)
- Bruno Dumézil
courriel : bruno [dot] dumezil [at] sorbonne-universite [dot] fr
Information source
- Nathanaël Nimmegeers
courriel : nathanael [dot] nimmegeers [at] casadevelazquez [dot] org
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Letters and conflicts in the late-antique and medieval West », Call for papers, Calenda, Published on Friday, January 30, 2015, https://doi.org/10.58079/rwm