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Alter-heritagization / alter-metropolization ?
Patrimonialisation alternative / métropolisation alternative ?
Open session 99 – Association of Critical Heritage Studies 2016 Conference
Session ouverte 99 de la Conférence 2016 de l'Association of Critical Heritage Studies
Published on Monday, August 24, 2015
Abstract
Le processus contemporain de patrimonialisation, caractérisé par une extension multiple (typologique, chronologique, spatiale) de la notion de patrimoine et des entrepreneurs de patrimoine (acteurs locaux, habitants, groupes sociaux, États-nations, acteurs internationaux), nourrit aussi la production d’un patrimoine alternatif. Par cette expression, nous voudrions attirer l’attention sur les patrimoines non institutionnels et/ou non totalement reconnus, situés sur le « front pionnier » de la patrimonialisation contemporaine. Le patrimoine alternatif représente une alternative à la « chaîne de production » institutionnelle du patrimoine, contrôlée par l’État-nation, par les dirigeants métropolitains ou par de grands groupes privés. Il représente également une alternative aux sites patrimoniaux hyper-spectacularisés attirant les ressources en capitaux, l’attention globale et les flux touristiques internationaux. Ces questions deviennent importantes dans un contexte dans lequel la patrimonialisation est quasi-systématiquement associée à la gentrification et utilisée par le capitalisme tardif, esthétique . D’autres voies, « alternatives », pour le patrimoine et la patrimonialisation sont-elles possibles ?
Announcement
Cet appel à communications concerne la session « Patrimonialisation alternative / métropolisation alternative ? Objets, acteurs et formes de la production patrimoniale alternative dans les métropoles contemporaines » du colloque « Le patrimoine, ça change quoi ? » organisé par l'Association of Critical Heritage Studies à Montréal du 7 au 10 juin 2016. Cette session traite du patrimoine non institutionnel, émergent et / ou militant et de ses relations à la construction d'une alternative à la traduction urbaine de la nouvelle étape de mondialisation.
Argumentaire
Le processus contemporain de patrimonialisation, caractérisé par une extension multiple (typologique, chronologique, spatiale) de la notion de patrimoine et des entrepreneurs de patrimoine (acteurs locaux, habitants, groupes sociaux, Etats-nations, acteurs internationaux), nourrit aussi la production d’un patrimoine alternatif. Par cette expression, nous voudrions attirer l’attention sur les patrimoines non institutionnels et/ou non totalement reconnus, situés sur le « front pionnier » de la patrimonialisation contemporaine. Le patrimoine alternatif représente une alternative à la « chaîne de production » institutionnelle du patrimoine, contrôlée par l’Etat-nation (Heinich, 2009), par les dirigeants métropolitains ou par de grands groupes privés. Il représente également une alternative aux sites patrimoniaux hyper-spectacularisés attirant les ressources en capitaux, l’attention globale et les flux touristiques internationaux (Gravari-Barbas, 2012 et 2014). Ces questions deviennent importantes dans un contexte dans lequel la patrimonialisation est quasi-systématiquement associée à la gentrification (Semmoud, 2005) et utilisée par le capitalisme tardif, esthétique (Lipovetsky, Serroy, 2013). D’autres voies, “alternatives”, pour le patrimoine et la patrimonialisation sont-elles possibles?
Ces patrimoines peuvent prétendre à une alternative :
- d’un point de vue géographique, par leur localisation hors des centres historiques et des Central Tourist Districts (Duhamel, Knafou, 2007),
- d’un point de vue typologique, par leur patrimonialisation d’objets à la valeur controversée, comme c’est le cas du patrimoine des grands ensembles (Pouvreau, 2011 ; Veschambre, 2010 et 2014),
- d’un point de vue social, par leur référence à des communautés imaginées minoritaires, comme dans le cas du patrimoine de l’immigration (Rautenberg, 2007), ou par le rôle joué par des groupes sociaux non favorisés dans leur construction,
- d’un point de vue touristique, par leur situation en marge des flux et des pratiques touristiques dominants,
- d’un point de vue politique, par la patrimonialisation et/ou leur revendication d’une alternative : il s’agit alors de patrimoines militants, à l’inverse du « classement de classe » auquel l’inscription aux Monuments Historiques a pu être identifiée (Aguilar, 1982) d’« activisme culturel » (Prévot, Douay, 2012), d’usages contestataires du patrimoine (Bondaz, Isnard, Leblon, 2012).
Les patrimoines alternatifs peuvent ressortir de l’une ou de plusieurs de ces catégories, comme l’illustre le patrimoine de banlieue, à la fois situé en banlieue, en marge du tourisme métropolitain, patrimoine ordinaire de catégories sociales souvent populaires et porteur d’un militantisme visant à inverser la stigmatisation dominante de la banlieue (Jacquot, Fagnoni, Gravari-Barbas, 2012).
Le choix d’examiner les régions métropolitaines vient de la tendance à la métropolisation de la culture et du patrimoine (Djament-Tran, San Marco, 2014), et de la concentration des initiatives de patrimonialisation alternatives dans les aires métropolitaines, comme du rôle croissant que jouent les métropoles dans la construction d’une alternative politique (Harvey, 2012).
Cette session consacrée à « la patrimonialisation alternative dans les régions métropolitaines contemporaines » vise à :
- identifier les patrimoines alternatifs, leurs catégorisations et leurs promoteurs (groupes sociaux, ethniques, culturels ; habitants...),
- analyser la dimension alternative du patrimoine (qu’est-ce qui rend le patrimoine alternatif? La patrimonialisation alternative implique-t-elle un changement dans la notion de patrimoine elle-même?),
- analyser les éventuelles relations entre patrimoine alternatif et patrimoine institutionnel (le patrimoine alternatif peut rompre avec le patrimoine institutionnel ou au contraire devenir un patrimoine institutionnel),
- analyser les relations entre patrimoine alternatif et tourisme (le patrimoine alternatif implique-t-il un tourisme alternatif?),
- identifier les conflits patrimoniaux dans lesquels ils sont impliqués, les enjeux de pouvoir associés, et leurs relations avec les conflits métropolitains en général,
- analyser la contribution du patrimoine alternatif à la construction d’une alternative métropolitaine (Beal, Rousseau, 2014). La patrimonialisation alternative constitue-t-elle un outil permettant une métropolisation alternative (en quel sens ?) ? Que change la patrimonialisation alternative dans le processus de métropolisation ?
Cet appel à contributions, qui questionne l’hypothèse d’une tendance à la démocratisation du patrimoine et ses enjeux, traite de deux thèmes de la conférence de 2016 de l’ACHS :
- “Les dimensions critiques de l’histoire publique et des études de la mémoire”
- “Les politiques du patrimoine par-delà les discours élitistes”.
Références bibliographiques
- AGUILARD, Y. 1982. « La Chartreuse de Mirande. Le monument historique, produit d’un classement de classe », Actes de la recherche en sciences sociales n°42, p. 76-85.
- BEAL V., ROUSSEAU M., 2014, « Alterpolitiques ! », Métropoles, n°15, mis en ligne le 15 décembre 2014, consulté le 21 mai 2015. URL : http://metropoles.revues.org/4948.
- BONDAZ J., ISNART C., LEBLON A. 2012, « Au-delà du consensus patrimonial. Résistances et usages contestataires du patrimoine », Civilisations, 61.1.
- DJAMENT-TRAN, G., SAN MARCO Ph. (dir.), 2014, La métropolisation de la culture et du patrimoine, Paris, éditions Le Manuscrit ; collection Fronts pionniers.
- DUHAMEL, P., KNAFOU, R. 2007. « Le tourisme dans la centralité parisienne », in SAINT JULIEN, T. LE GOIX, R. (dir.), La métropole parisienne, Centralités, inégalités, proximités, Paris, Belin, p. 39-62.
- GRAVARI-BARBAS, M., 2012. « Tourisme et patrimoine, le temps des synergies ? », in Khaznadar, Chérif (dir.), « Le patrimoine oui, mais quel patrimoine », Babel, collection Internationale de l’imaginaire, n° 27, p. 375-399.
- GRAVARI-BARBAS, M. (dir.), 2014, Atelier de réflexion prospective Nouveaux défis pour le patrimoine culturel. Synthèse, http://www.agence-nationale-recherche.fr/missions-et-organisation/ateliers-de-reflexion-prospective/nouveaux-defis-pour-le-patrimoine-culturel/
- HARVEY, D., 2012, Rebel Cities. From the right to the city to the urban revolution, Londres, New York, Verso.
- HEINICH, Nathalie. 2009. La fabrique du patrimoine : « de la cathédrale à la petite cuillère». Paris : Édition de la Maison des sciences de l’homme.
- JACQUOT, S., GRAVARI-BARBAS, M., FAGNONI E., 2013, « Patrimonialisation et tourisme dans la région métropolitaine parisienne. Le patrimoine, clé de métropolité touristique ? », in Gravari-Barbas, M., Fagnoni E. (dir), Métropolisation et tourisme. Comment le tourisme redessine la métropole parisienne. Paris, Belin, p. 103-117.
- LIPOVETSKY, G., SERROY, J., 2013, L'esthétisation du monde : vivre à l'âge du capitalisme artiste, Paris, Gallimard.PREVOT, M., DOUAY, N. (dir.), 2012, « Activisme urbain : art, architecture et espace public », L'Information géographique 3/ 2012 (Vol. 76).
- POUVREAU, B., 2011, « Faut-il « patrimonialiser » les grands ensembles ? » Métropolitiques, http://www.metropolitiques.eu/Faut-il-patrimonialiser-les-grands.html.
- RAUTENBERG, M., 2007, « Les “communautés” imaginées de l’immigration dans la construction patrimoniale », Les Cahiers de Framespa, n° 3.
- SEMMOUD, N., 2005, « Valorisation patrimoniale et changement social : un pléonasme ? », in Gravari-Barbas M. (dir.), Habiter le patrimoine. enjeux, approches, vécu, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, pp. 265-280.
- VESCHAMBRE, V., 2010, « Comment concilier patrimonialisation ambitieuse et rénovation urbaine dans un grand ensemble ? Le cas de Firminy-Vert », dans Harismendy P. (dir.), Rénovation urbaine et patrimoine, Ville de Saint-Brieuc, 222 p., pp. 121-132.
- VESCHAMBRE, V., 2014. Les grands ensembles français : un patrimoine encombrant en ce début de XXIe siècle, in Djament-Tran, G., San Marco, P. (dir.), La métropolisation de la culture et du patrimoine. Paris, éditions Le Manuscrit, collection Fronts pionniers, p. 367-406.
Conditions de soumission
Les propositions de communications ou de présentations par affiche doivent être transmises avec une notice biographique d’un maximum de 300 mots du présentateur et un résumé d’un maximum de 600 mots qui présente le sujet et les grandes lignes de l’argumentation, leur relation avec l’un des thèmes du congrès et, le cas échéant, dans le contexte d’une séance précédemment proposée, ainsi que leur intérêt dans le domaine des études patrimoniales et en rapport avec les objectifs de l’Association of Critical Heritage Studies.
Les propositions doivent faire la démonstration de leur qualité scientifique par l’entremise de références à un cadre théorique, par leur exposé de méthode ou en précisant leur contribution aux savoirs ou aux savoir-faire.
Les propositions peuvent être soumises en français ou en anglais.
Calendrier
-
Date limite de l'appel à communications : 1er novembre 2015
- Dates du colloque : 7-10 juin 2016
Plus d’informations sur le site : http://achs2016.uqam.ca/fr/
Comité d'organisation
- Géraldine Djament-Tran (Université
deStrasbourg, UMR SAGE, associée à l’EIREST), - Maria Gravari-Barbas (Université
Paris 1, EIREST), - Sébastien Jacquot (Université
Paris 1, EIREST), - Vincent Veschambre (Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon, UMR Environnement-ville-société)
Comité scientifique
- Jean-Yves Andrieux (Université Paris 4)
- Pierre Anctil (Université d’Ottawa)
- Allison Bain (Université Laval)
- Étienne Berthold (Université Laval)
- Christina Cameron (Université de Montréal)
- Julia Csergo (Université du Québec in Montréal)
- Philippe Dubé (Université Laval)
- Martin Drouin (Université du Québec à Montréal)
- Marie-Blanche Fourcade (Université du Québec à Montréal)
- Annick Germain (INRS-Urbanisation, culture, société)
- John Giblin (University of Western Sydney)
- Julien Goyette (Université du Québec à Rimouski)
- Maria Gravari-Barbas (Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
- Xavier Greffe (Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
- Marc Grignon (Université Laval)
- Cynthia Hammond (Université Concordia)
- Karine Hébert (Université du Québec à Rimouski)
- Kate Hennessy (Simon Fraser University)
- Rodney Harrison (University College London)
- Steven High (Université Concordia)
- Marc Jacobs (Faro)
- Cyril Isnart (Centre national de la recherche scientifique)
- Olivier Lazzarotti (Université Picardie-Jules Verne)
- Erica Lehrer (Université Concordia)
- Jean-Michel Leniaud (Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
- John Leroux (University of New Brunswick)
- Jean-Claude Marsan (Université de Montréal)
- Steven Mannell (Dalhousie University)
- Guy Mercier (Université Laval)
- Lucie K. Morisset (Université du Québec à Montréal)
- Dominique Poulot (Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
- Michel Rautenberg (Université de Saint-Étienne)
- Ronald Rudin (Université Concordia)
- Shiwei Shen (Ningbo University)
- Laurajane Smith (Australian National University)
- Michelle Stefano (University of Maryland)
- Will Straw (Université McGill)
- Astrid Swenson (Brunel University)
- Jean-Louis Tornatore (Université de Bourgogne)
- Tom Urbaniak (Cape Breton University)
- France Vanlaethem (Université du Québec à Montréal et Docomomo Québec)
- Vincent Veschambre (ENSA Lyon)
- Emma Waterton (University of Western Sydney)
- Ola Wetterberg (University of Gothenburg)
- Michael Windover (Carleton University)
- Rhodri Windsor Liscombe (University of British Columbia)
- Tim Winter (Deakin University)
- Zongije Wu (Zhehiang University)
Subjects
Places
- Montreal, Canada
Date(s)
- Sunday, November 01, 2015
Keywords
- patrimoine, patrimonialisation, alternative, métropolisation
Contact(s)
- Géraldine DJAMENT-TRAN
courriel : geraldine [dot] djament [at] wanadoo [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Géraldine DJAMENT-TRAN
courriel : geraldine [dot] djament [at] wanadoo [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Alter-heritagization / alter-metropolization ? », Call for papers, Calenda, Published on Monday, August 24, 2015, https://doi.org/10.58079/t5m