AccueilL'automédication en question

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L'automédication en question

Questioning self-medication

Un bricolage socialement et territorialement situé

A socially and geographically situated bricolage

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Publié le lundi 19 octobre 2015

Résumé

Se soigner par soi-même est une pratique controversée : vilipendée au nom des risques sanitaires ainsi courus, cette pratique peut aussi être exaltée au nom de l’autonomie ainsi déployée. Les messages des pouvoirs publics sont au cœur de la controverse, insistant selon les périodes tantôt sur les risques, et tantôt sur la responsabilité des patients qui pourrait ainsi s’exercer. De telles injonctions contradictoires affectent également les pratiques des professionnels du soin. Le choix du colloque est de permettre des comparaisons et des confrontations entre ces différentes approches disciplinaires mais aussi ces terrains de recherche distincts (Nord / Sud, Nord / Nord et Sud / Sud). Il nous faut analyser et cartographier plus finement ces pratiques et leurs déterminants pour mettre en perspective ces analyses par définition toujours partielles, situées théoriquement, historiquement et géographiquement.

Annonce

Argumentaire

Se soigner par soi-même est une pratique controversée : vilipendée au nom des risques sanitaires ainsi courus, cette pratique peut aussi être exaltée au nom de l’autonomie ainsi déployée. Les messages des pouvoirs publics sont au cœur de la controverse, insistant selon les périodes tantôt sur les risques, et tantôt sur la responsabilité des patientsqui pourrait ainsi s’exercer. De telles injonctions contradictoires affectent également les pratiques des professionnels du soin.

Les usages et les significations de l’automédication varient dans le temps et dans l’espace, tant géographique que social. Les définitions utilisées renvoient à cette diversité : du seul usage des médicaments autorisés, accessibles sans ordonnance, à ses usages diversifiés dans une démarche d’auto-soin... Les recherches relatives à ces usages différenciés des médicaments et des méthodes de soins ont permis l'identification de processus très débattus dans le champ académique, tels que la pharmaceuticalisation, l'innovation thérapeutique, les modes de circulation des savoirs et des produits...

La diversité des produits et méthodes utilisés (les médicaments, les tisanes, les massages ou encore les rituels…), leurs agencements relèvent d’arts de faire en partie déterminés par des prescriptions médicales, de conseils pharmaceutiques ou communautaires, la promotion commerciale… Ces incitations se diffusent via des média divers, de la tradition orale, familiale ou communautaire, aux forums sur internet.

Les réseaux de distribution, eux-mêmes dépendants des régulations des systèmes de santé, se complexifient : même dans les pays où les pharmacies ont le monopole de la vente des médicaments, les réseaux parallèles, les magasins bios, les achats mondialisés, sont autant de sources potentielles d’approvisionnement.

La place de l'automédication dans la consultation médicale est très dépendante du cadre dans lequel elle s'exerce, au plan culturel, du niveau de protection sociale, des caractéristiques du territoire concerné...

Le choix du colloque est de permettre des comparaisons et des confrontations entre ces différentes approches disciplinaires mais aussi ces terrains de recherche distincts (Nord/Sud, Nord/Nord et Sud/Sud). Il nous faut analyser et cartographier plus finement ces pratiques et leurs déterminants pour mettre en perspective ces analyses par définition toujours partielles, situées théoriquement, historiquement et géographiquement.

Cette multiplicité d'échelles d’analyse et d’usages possibles de l’automédication interpelle donc les chercheurs en sciences humaines et sociales, mais aussi les professionnels de santé, à de multiples niveaux.C’est pourquoi le colloque se propose d’investir ces questions de manière plurielle, proposant plusieurs ateliers thématiques permettant d’approfondir et de débattre de ces différentes dimensions. Ces rencontres, confrontations, entre chercheurs de disciplines variées, concernent tant les questions théoriques et méthodologiques soulevées par ces travaux que les résultats eux-mêmes et les comparaisons internationales qu’ils permettent. Les communications sont attendues sur les thématiques suivantes :

L’automédication dans le temps long

L'histoire de l'automédication, les conflits de légitimité entre différents savoirs et pratiques de soins, la construction des différentes formes de médecine, en particulier entre médecine savante et médecine populaire, méritent un détour sur le temps long. D'autant que ces conflits de légitimité se rejouent aujourd'hui, marqués par exemple dans les rapports de genre (les carnets de recette de ''bonne femme'') ou les rapports entre statuts professionnels (autour des luttes de reconnaissance des médecines dites alternatives).

Les politiques publiques et leurs controverses

Il n'y a pas une politique publique qui structurerait ces pratiques, mais là encore de nombreuses politiques, multi-échelles, et dont certaines obéissent à des logiques parfaitement contradictoires, comme les politiques de santé publique versus les politiques du commerce. Au cœur de celles-ci, on analysera les politiques de régulation sociale et en particulier à travers les différents systèmes de protection sociale. Les controverses autour de la vente et du remboursement des médicaments, les agences de mise sur le marché des produits, les campagnes de santé publique alertant sur les bienfaits ou les risques, sont autant de dispositifs qui vont structurer les pratiques quotidiennes et les représentations afférentes à la supposée dangerosité ou au bénéfice de certains comportements ou produits.

Les déterminants sociaux et territoriaux de l’automédication

En prenant appui sur des enquêtes permettant des travaux statistiques significatifs et des recherches empiriques, il est essentiel de mieux comprendre les effets des distances, des cadres de vie, de l’âge, du genre, des catégories sociales d’appartenance, pour inventorier non seulement le fait de pratiquer ou non l’automédication mais aussi comment et avec quels produits, selon ces différents facteurs. Un certain nombre de médicaments ou de remèdes sont totalement banalisés, tels le paracétamol, d’autres vont varier suivant l’âge ; au-delà des produits eux-mêmes, des autorégulations sont opérées par les personnes aux différentes périodes de la vie, bricolant dans les ordonnances, ou en parallèle, ou en combinant différentes médecines. Le genre, mais aussi le niveau d'éducation, sont également des variables déterminantes.

Des produits définis par leurs modes de distribution

Les politiques de distribution, affirmant plus ou moins le caractère protégé ou commercial du médicament, influent sur nos pratiques du médicament. Même dans les pays à fort monopole, les médicaments relèvent de différents statuts et de modes d'organisation de leur distribution (laboratoires, grossistes, groupements...) qui vont déterminer leurs usages. Enfin, les usages des produits sont structurés par des controverses liées à leur distribution (comme par exemple la place laissée aux médecines alternatives, le caractère culturel de la prise en charge et des produits afférents, ou l'utilisation du cannabis - produit illicite - à des fins thérapeutiques).

Des pratiques qui interrogent la relation aux professionnels de santé

Les professionnels de santé ici concernés sont ceux qui sont dits en « première ligne ». Médecins généralistes, chamans ou guérisseurs, pharmaciens d'officine ou vendeurs dans des échoppes de rue, la question posée est toujours celle du rapport entre le prescrit et l’utilisé ; qu'il s'agisse de déroger aux conseils donnés, voire de dissimuler à ce professionnel, ou au contraire d'être accompagné par ce professionnel de proximité qui délègue au patient une part dans la prise en charge de sa santé.

Les significations en question

Les différents modèles étiologiques de la maladie déterminent bien évidemment la façon d’y répondre. Des registres fort différents, tant en ce qui concerne les causes que les remèdes, sont convoqués : psychologiques, hygiéniques, magiques, scientifiques... Dans les pratiques ordinaires d’automédication, des thèmes récurrents reviennent, comme ceux de la purification et du nettoyage. Nombre de pratiques sont aussi directement inscrites dans des objectifs de performance, que ce soit au plan professionnel ou de lutte contre les effets de la vieillesse : augmenter ses capacités, ses performances, sa longévité, voici les enjeux émergents.

Conditions de soumission

Les propositions de 2000-3000 signes (300-400 mots), toutes disciplines confondues, accompagnées d’une courte biobibliographie, sont attendues

au plus tard pour le 15 janvier 2016.

Indiquez le ou les thèmes dont-elles relèvent plus particulièrement. Les soumissions de communications sont à faire sur le site internet : http://automedication.sciencesconf.org/

Les réponses seront communiquées le 29 février 2016. Une version écrite de la communication, d’environ 30 000 signes, sera attendue pour le 25 avril au plus tard. Ce colloque donnera lieu à la publication d’actes.

Le comité d'organisation du colloque prévoit d'octroyer plusieurs aides à la mobilité afin que les chercheurs n'ayant pas ou peu de prise en charge par leurs institutions puissent venir communiquer à Nantes. Le formulaire de demande est à remplir au moment du dépôt de la proposition de communication.

Remarque : Si ce n'est déjà fait, vous devez créer votre compte sur le site avant de soumettre votre proposition. En cas de problème ou pour solliciter des informations supplémentaires, vous pouvez contacter les comités auprès de Charlie Marquis (charlie.marquis@univ-nantes.fr).

Ce colloque International aura lieu les 11, 12 et 13 Mai 2016 à l'Université de Nantes.

Comité scientifique

  • Carine Baxerres, MERIT UMR 216, Benin
  • Audrey Bochaton, LADYSS UMR 7533, France
  • Laurent Brutus, MERIT UMR 216, France
  • Johanne Collin, MEOS, Canada
  • Alice Desclaux, IRD UMR 145, Senegal
  • Estelle D'Halluin, CENS FRE 3706, France
  • Sébastien Fleuret, ESO UMR 6590, France
  • Lionel Goronflot, DMG UN, France
  • Véronique Guienne, CENS FRE 3706, France
  • Anne-Cécile Hoyez, ESO UMR 6590, France
  • Jean-Yves Le Hesran, MERIT UMR 216, France

Comité d’organisation

  • Marion David, CENS FRE 3706, France
  • Estelle D'Halluin, CENS FRE 3706, France
  • Sébastien Fleuret, ESO UMR 6590, France
  • Véronique Guienne, CENS FRE 3706, France
  • Charlie Marquis, CENS FRE 3706, France

Lieux

  • UFR of Sociology - University of Nantes 340, rue du Fresche Blanc
    Nantes, France (44)

Dates

  • vendredi 15 janvier 2016

Mots-clés

  • self-medication, automedication, health, santé, do-it-yourself, autonomie, medicalization, médicalisation, pharmaceuticalization, pharmaceuticalisation, pharmaceutical industry, industrie pharmaceutique, drug, médicament, medicine, healthcare, médecin

Contacts

  • Charlie Marquis
    courriel : charlie [dot] marquis [at] univ-tlse3 [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Charlie Marquis
    courriel : charlie [dot] marquis [at] univ-tlse3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L'automédication en question », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 19 octobre 2015, https://doi.org/10.58079/thb

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