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Cultivating the city: tools and territories of citizen reconquest?

Cultiver la ville : outils et territoires d’une (re)conquête citoyenne ?

Géographie et cultures journal

Revue « Géographie et cultures »

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Published on Tuesday, March 15, 2016

Abstract

Un renouveau de l’agriculture urbaine est perceptible dans les villes du Nord comme dans celles des Suds. Ce mouvement s’inscrit dans la mouvance de la réflexion sur la ville durable qui ouvre de nouvelles perspectives de réconciliation entre l’aménagement urbain et le maintien ou le développement d’espaces de « nature ». Au-delà des pratiques agricoles ou horticoles, l’agriculture urbaine se définit par son caractère plurifonctionnel qui englobe plusieurs enjeux : la sécurité alimentaire, l’écologie, l’emploi, l’économie, la santé et des services écosystémiques. Le développement de l’agriculture urbaine, sous des formes très diverses, est mené par un fort investissement citoyen et apparaît comme un mouvement social qui s’approprie l’espace urbain. Il semble que cette activité participe d’une démarche plus ou moins conscientisée de recherche d’une justice environnementale qui passe par une reconquête spatiale. Certaines initiatives locales érigent l’agriculture et l’alimentation en questions publiques ; le concept de justice alimentaire, inspiré du « food movement » qui a émergé aux États Unis étant sous-jacent.

Announcement

Argumentaire 

Le concept de ville durable ouvre de nouvelles perspectives de réflexion en réconciliant l’aménagement urbain et le maintien ou le développement d’espaces de « nature » sous différentes formes. Ainsi, l’accueil et le renforcement du « végétal » dans nos villes, la reconnexion des citadins avec la nature sont devenus des enjeux importants promus par les politiques récentes, notamment par la mise en place de projets trames vertes urbaines, par la promotion de l’agriculture urbaine, la végétalisation des murs et des toits… En se végétalisant, les villes participent donc à l’enjeu global de transitions écologique et environnementale, que ce soit directement - par la mise en place de corridors écologiques - ou indirectement - par un renouvellement de l’intérêt des citadins pour la « nature » et des formes de leur implication dans les enjeux de conservation et de production. Cette évolution répond aussi à des besoins locaux d’amélioration de la qualité de vie des citadins et se traduit par de nouvelles pratiques de la ville et de nouvelles formes d’appropriation de leur environnement par les citadins. 

C’est dans ce contexte qu’un renouveau de l’agriculture urbaine, sous des formes diverses, mené par un fort investissement citoyen, est perceptible dans les villes du Nord comme dans celles des Suds. 

L’agriculture urbaine est définie de façon différente selon les auteurs auxquels on se réfère (Moustier et al 2004, Mougeot 2000, Collectif, 2013) mais dans tous les cas c’est un concept dont la définition ne se limite pas à l’analyse des pratiques agricoles ou horticoles mais qui englobe de multiples enjeux : la sécurité alimentaire, l’écologie, l’emploi, l’économie, la santé etc. Elle constitue elle-même, une partie de l’écosystème urbain (Mougeot, 2000, 2001). Son caractère plurifonctionel a été largement démontré (Wegmuller F., Duchemin E. 2010).

Elle se présente par ailleurs sous des faciès multiples : jardins partagés, collectifs, familiaux, d’insertion, communautaires… De nombreuses initiatives cherchent à renouer des liens entre ville et agricultures, entre alimentation et territoires (Delfosse et al., 2012) et entre espaces de nature et citoyen par le développement d’activités agricoles. Ces projets sont encore souvent ponctuels, pas toujours coordonnées, mais ils contribuent à concevoir de nouvelles formes de rapports à la ville et à son aménagement. Ils sont diversement appréciés et reconnus ; encore souvent considérés comme anecdotiques, par des décideurs pour qui agriculture et urbanité restent encore souvent antinomiques. 

Le tout s’articule sur un fond de contestation des modèles de développement dominants et d’interrogation sur les modalités possibles et potentielles d’une transition vers des régimes plus durables; transitions des systèmes alimentaires, transition des systèmes urbains (Blay-Palmer, 2010 ; Marsden et Morley, 2014). C’est une démarche éminemment politique en ce sens qu’elle bouscule les schémas en place du fait de la réflexion sous-jacente et les débats qu’elle suscite (Fleury, Vidal, 2009). Les citadins se saisissent de l’agriculture pour inventer de nouvelles formes urbaines intégrant des espaces ouverts, végétalisés, propice à l’échange. 

La pratique de l’agriculture urbaine apparaît donc comme un mouvement social qui s’approprie l’espace urbain (Duchemin 2015 in Lagneau et al.). En effet, les innombrables initiatives qui se développent à échelle très variable et qui visent à cultiver la ville deviennent autant de territoires du fait du processus d’appropriation territoriale qu’elles tissent. Les citoyens s’approprient à titre individuel ou le plus souvent collectif des espaces délaissés, les friches, les espaces marginaux ou les espaces non utilisés comme les cours et les pieds d’immeuble, et de plus en plus les toits. Cette démarche individuelle et collective accorde une place à la réintroduction de formes d’élevage dans les villes, citons pour exemple la chèvrerie de Bagnolet (Seine-St-Denis) installée au cœur d’un quartier en cours de réhabilitation. 

Les friches et les espaces vacants ont fait l’objet d’une réappropriation citoyenne aux Etats Unis dès les années 1970 via la création de community gardens. Ces actions ont repris un sens et une ampleur tout particulière dans certaines villes sinistrées aux Etats Unis suite à l’abandon de territoires urbains entiers dans les villes sinistrées par la crise financière et immobilière. Des actions similaires sont aujourd’hui perceptibles sur la petite ceinture à Paris est de façon plus large en région parisienne et ailleurs (Baudry et al, 2014).

Certaines initiatives locales érigent l’agriculture et l’alimentation en questions publiques, le concept de justice alimentaire semble sous-jacent. La notion de justice alimentaire a émergé aux Etats Unis dans la mouvance du « food movement ». La justice alimentaire cherche à favoriser la sécurité alimentaire des populations pauvres et des minorités ethniques des quartiers défavorisés considérés comme des « food desert » (Paddeu, 2012, Bitler, Haider, 2009). Ce concept introduit dès lors des enjeux de justice sociale dans les enjeux alimentaires des métropoles. Le « food movement » s’est traduit par l'essor de l'agriculture urbaine dans les grandes métropoles américaines. Les citadins cultivent donc aussi pour revendiquer et reconquérir le droit à l’accès à une nourriture saine de proximité. Dans la plupart des villes des pays du Sud affectées par la cherté des produits alimentaires, leur rareté ou leur mauvaise qualité parfois, les projets visant à améliorer la sécurité alimentaire des populations urbaines prolifèrent ces dernières années. 

L’agriculture urbaine participe ainsi de la construction d’une vie sociale passant par la rencontre et la construction d’un projet commun (jardins partagés de pied d’immeuble). Ces initiatives répondent à des besoins d’insertion de populations marginalisées pour différentes raisons, de mixité sociale dans certains quartiers, à un souci de formation, d’éducation à des systèmes de production et d’échange alternatifs … 

La démarche témoigne également de la volonté des citadins de se réapproprier un cadre de vie et préserver une certaine qualité de vie. Ces jardins contribuent à verdir, à embellir, à réintroduire un peu de « nature » en ville en particulier dans des quartiers d’où elle était quasi exclue. Ils constituent une emprise physique qui correspond à une démarche de reconquête spatiale (Fol et Pflieger, 2010). Le développement de certaines formes d’agriculture urbaine ne s’inscrit-il pas également dans une démarche plus ou moins conscientisée de recherche d’une justice environnementale ? 

(Re)conquête d’espaces délaissés ou marginalisés, démarche de réappropriation d’un cadre de vie, lutte pour une plus grande justice alimentaire, participation active à la construction d’un projet territorial : ce numéro spécial se propose d’aborder ces différents types de démarches citoyennes territorialisées qui s’appuient sur les formes les plus diverses de cultiver la ville. 

 Références bibliographiques 

  • Alkon, A.H., J. Agyeman, 2011, Cultivating Food Justice, The MIT Press, 404 p.Abrosino, Ch., Andres L. Friches en ville : du temps de veille aux politiques de l’espace. Espaces et sociétés 134, no. 3 (2008): 37. 
  • Aubry Ch, Baudry, S, Rémy E., Scapino J. L’espace public à l’épreuve des jardins collectifs à New York et Paris. Géocarrefour Vol. 89, no. 1 (December 17, 2014): 41–51. 
  • Baudry S. Cultiver son jardin, s'inscrire dans la ville : Approche anthropologique des community gardens de New York City 2010.Thèse de doctorat-Institut Paris-Diderot. 
  • Bitler, M, Haider SJ., 2009, An economic view of food deserts in the United States, National Poverty Center working paper. 
  • Blay-Palmer, A., Sonnino, R. and Custot. C. submitted. A Food ‘Politics of the Possible’? Growing Sustainable Food Places through Collective Action. 2014 Agriculture and Human Values
  • Blanchon D., Moreau S., Veyret Y., Comprendre et construire la justice environnementale. Annales de géographie 1/2009 (n° 665-666), p. 35-60 URL : www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2009-1-page-35.htm
  • Collectif, 2013. Agriculture urbaine : aménager et nourrir la ville. Les éditions en environnement VertigO, Montréal, 396 p. 
  • Demailly E. K. Jardiner les vacants. Fabrique, gouvernance et dynamiques sociales des vacants urbains jardinés du nord-est de l’Île-de-France LADYSS thèse 2014 
  • Demailly, E K. « Les jardins partagés franciliens, scènes de participation citoyenne ? », EchoGéo [En ligne], 27 | 2014. 
  • Duchemin E. « L’agriculture urbaine d’hier à aujourd’hui, en Ile de de France, en France et dans le monde ». In Lagneau A. Barra M, Lecuir G (sous la direction de). Agriculture urbaine. Vers une réconciliation ville-nature. Le Passager Clandestin. Paris 2015. 
  • Fleury A, Vidal R. « La place de l'agriculture dans la métropole verte ». Projets de paysage /2009. URL : http://www.projetsdepaysage.fr/fr/la_place_de_l_agriculture_dans_la_metropole_verte 
  • Fol, S. Pflieger G, 2010, « La justice environnementale aux États-Unis : construction et usages d’une catégorie d’analyse et d’une catégorie d’action », Justice Spatiale / Spatial Justice, 2, [En ligne] URL : www.jssj.org. . 
  • Lardon S., Loudiyi S. « Agriculture et alimentation urbaines : entre politiques publiques et initiatives locales ». Géocarrefour Vol. 89, no. 1 (Decembre 17, 2014). 
  • Moustier P., Mougeot L. Fall A, Smith O.B., (éditeurs) Développement durable de l’agriculture urbaine en Afrique francophone. Enjeux, concepts et methods, 2004. Montpellier : CIRAD-CRDI, 173 p 
  • Mougeot L. « Urban agriculture, definition, presence, potentials and risks ». In Bakker N et al, Growing cities, growing food: urban agriculture on the policy agenda, Feldafing, DSE, 2000. 
  • Paddeu, F., « L’agriculture urbaine dans les quartiers défavorisés de la métropole New- Yorkaise : la justice alimentaire à l’épreuve de la justice sociale », VertigO' - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 12 Numéro 2 | septembre2012, mis en ligne le 12 septembre 2012. URL : http://vertigo.revues.org/12686 ; 
  • Paddeu F. De la crise urbaine à la réappropriation du territoire : Mobilisations civiques pour la justice environnementale et alimentaire dans les quartiers défavorisés de Detroit et du Bronx à New York, 2015thèse de doctorat Université Paris-Sorbonne 
  • Soja, E., 2010, La ville et la justice spatiale, Justice Spatiale / Spatial Justice, 1, [En ligne] URL: www.jssj.org
  • Wegmuller, F.,Duchemin E. « Multifonctionnalité de l’agriculture urbaine à Montréal : étude des discours au sein du programme des jardins communautaires » VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, no. Volume 10 numéro 2 (Septembre 2, 2010). 

Modalités de soumission 

Les articles (50 000 signes illustrations comprises maximum) sont à soumettre au plus tard

le 1er septembre 2016

à la rédaction de la revue Géographie et cultures (gc arobase openedition.org) ainsi qu’aux deux coordinatrices du numéro, Florence Brondeau (bertho.brondeau arobase wanadoo.fr) et Anne Caroline Prévot (acpj arobase mnhn.fr). 

Les instructions aux auteurs sont disponibles en ligne : http://gc.revues.org/605

Coordinateurs

Ce numéro thématique est dirigé par

  • Florence Brondeau (Université Paris-Sorbonne, laboratoire ENeC)
  • Anne Caroline Prévot (MNHN, laboratoire CESCO).

Date(s)

  • Thursday, September 01, 2016

Attached files

Keywords

  • agriculture urbaine, reconquête citoyenne

Contact(s)

  • Yann Calberac
    courriel : yann [dot] calberac [at] ens-lyon [dot] org

Reference Urls

Information source

  • Yann Calberac
    courriel : yann [dot] calberac [at] ens-lyon [dot] org

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Cultivating the city: tools and territories of citizen reconquest? », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, March 15, 2016, https://calenda.org/359159

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