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Langues en tension. Dire et penser l'islam en Afrique

Languages in tension. The discourse and thought of Islam in Africa

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Publié le jeudi 17 mars 2016

Résumé

La langue arabe est consubstantielle du dogme et de la pratique de l’islam. Aussi la récitation et la prière ne peuvent-elles s’accomplir en aucun autre idiome. Pourtant, parmi les 242 millions de musulmans que compte l’Afrique subsaharienne, les deux tiers d’entre eux accèdent au message prophétique, aux rites ou aux normes au moyen d’autres langues que l’arabe. Dès lors, les langues vernaculaires deviennent un enjeu sociopolitique et identitaire déterminant pour les musulmans africains non arabophones, tandis que l’anglais et le français sont de plus en plus requis comme « langues islamiques » à côté de l’arabe.

Annonce

Argumentaire

La langue arabe est consubstantielle du dogme et de la pratique de l’islam, dans la mesure où la révélation du Coran s’est produite en arabe, langue coranique devenue arabe classique. Aussi sa récitation comme acte de foi et la prière canonique ne peuvent-elles s’accomplir en aucun autre idiome. Pourtant, plus d’un fidèle sur deux à travers le monde n’est pas arabophone, tandis que parmi les 242 millions de musulmans que compte l’Afrique subsaharienne, deux tiers d’entre eux accèdent à l’intelligibilité du message prophétique, à ses rites, à ses valeurs, à ses normes, et nourrissent des imaginaires sociaux et religieux au moyen d’autres langues que l’arabe.

La question des rapports entre langue arabe et langues vernaculaires en islam n’est pas nouvelle, tout comme le débat sur l’orthodoxie islamique qui argue du risque d’innovations blâmables (bid‘a) dans l’usage de langues autres que l’arabe, susceptibles de charrier des référents pré- ou non islamiques de l’Afrique. L’importance de cette question reste entière et fait, du reste, l’objet d’un intérêt académique renouvelé, dans le champ duquel s’inscrit cette journée d’études. Parce que les langues vernaculaires deviennent un enjeu sociopolitique et identitaire fort pour les musulmans africains non arabophones — à tout le moins non lettrés en arabe classique —, les arabes dialectaux, le berbère, le wolof, le bambara ou le swahili tendent à être érigés en « langues de l’islam » à vocation régionale, tandis que l’anglais et le français sont de plus en plus requises comme « langues islamiques » de portée universelle.

Ces deux notions heuristiques, langues de l’islam et langues islamiques sur lesquelles nous nous proposons de débattre, ne réfèrent pas seulement à la manière dont les musulmans africains non arabophones parlent ou écrivent ; elles prennent aussi acte du fait que la diffusion de l’islam et les manières d’être et de se penser musulman se font de plus en plus en dehors de l’arabe.

Cette journée d’études invite à deux principaux axes de réflexion. Elle interrogera en premier lieu les contextes du recours aux langues autres que l’arabe, qu’elles soient régionales ou globales, pour vivre et penser l’islam. Comment ces nouvelles langues du religieux se positionnent-elles vis-à-vis à la fois de l’érudition de langue arabe, de la culture europhone occidentale dominante et de l’autorité des normes sociales et linguistiques des États dans lesquelles elles s’inscrivent ? En second lieu, elle s’attachera à identifier les nouveaux usages linguistiques et rhétoriques en lice, à caractériser les formes innovantes de prosélytisme, tant orales qu’écrites, et à cerner les tensions et les clivages qu’elles génèrent : prêches dans ou hors des mosquées ; tafsîr actualisés et performatifs ; vulgarisation des contenus sur Internet ou dans des fascicules ; statuts, règlements et fatwâ rédigés selon la norme du droit positif ; conférences et médias ; ou encore dhikr chantés et rap prédicateur.

Programme

  • 09h00-09h30 – Installation et café
  • 09h30-09h40 – Présentation : Jean-Paul Colleyn (EHESS, IMAF) / Rabia Bekkar (CNRS, IMAF)

Session I – Langue canonique et langue de la foi quotidienne

  • 09h40-10h05 – Houari Touati, historien (EHESS, IMAF) : « Les origines tragiques de la philosophie arabe : VIIe-IXe siècle »
  • 10h05-10h30 – Kamel Chachoua, Anthropologue (CNRS, IREMAM) : « Kabyle de langue, Arabe de religion : Islam politique et revendication linguistique en Algérie »
  • 10h30-11h00 – Discussion / Modératrice : Rabia Bekkar

Session II – Prédications vernaculaires au Sahel

  • 11h00-11h25 – Tal Tamari, anthropologue (CNRS, IMAF) : « Le discours savant dans les langues ouest-africaines : l’exemple du mandingue »
  • 11h25-11h50 – Francesco Zappa,anthropologue (AMU, IREMAM) : « S’approprier le message coranique, mais par qui ? Relire Lamin Sanneh en temps de vernacularisation de l’islam en Afrique »
  • 11h50-12h25 – Discussion / Modérateur : Gilles Holder
  • 12h30-14h00 – Déjeuner

Session III – Parler global, parler local

  • 14h00-14h25 – Roman Loimeier, anthropologue (Université de Göttingen, Allemagne) : « Why does English not really work as a language of Islam in sub-Saharan Africa »
  • 14h25-14h50 – Gilles Holder, anthropologue (CNRS, IMAF) : « La stratégie francophone des intellectuels réformistes maliens : l’islam dans la République »
  • 14h50-15h25 – Discussion / Modératrice : Marie Miran
  • 15h25-15h35 – Pause café

Session IV – Registres de légitimité linguistique

  • 15h35-16h00 – Issouf Binaté, historien (Université Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire) : « Être arabisant en Afrique francophone : Regard croisé sur le retour de formation en terre arabe d’élites musulmanes (Burkina Faso et Côte d’Ivoire) »
  • 16h00-16h25 – Marie Miran, historienne (EHESS, IMAF) : « Côte d’Ivoire : promesses et faiblesses du français comme langue de l’islam »
  • 14h50-15h25 – Discussion / Modérateur : Kame Chachoua

Conclusion et remerciements

17h00-17h15 – Gilles Holder

Lieux

  • Métro Saint-Michel (sortie place Saint-André-des-Arts) - Maison Suger, 16 rue Suger
    Paris, France (75006)

Dates

  • lundi 21 mars 2016

Fichiers attachés

Mots-clés

  • islam, enjeu identiaire, langue vernaculaire, langue islamique

Contacts

  • Gilles Holder
    courriel : holder [dot] gilles [at] gmail [dot] com
  • Marie Miran-Guyon
    courriel : Marie [dot] Miran [at] ehess [dot] fr

Source de l'information

  • Gilles Holder
    courriel : holder [dot] gilles [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Langues en tension. Dire et penser l'islam en Afrique », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 17 mars 2016, https://doi.org/10.58079/uoi

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